Ali Fassi Fihri peut-il sauver le foot ? - Maroc Hebdo International

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seule dénomination vaudrait bien qu’on
les quitte sans regret, comme Kharrouba,
Souk el Kalb et d’autres bidonvilles mal
famés sis route de Bouknadel sont venus
par la suite ajouter leur laideur à celle déjà
existante. Comment expliquer un tel “succès”,
qui a contribué à hisser la ville de
l’Amiral Ben Aïcha au deuxième rang des
cités les plus peuplées du Maroc? D’abord
et avant tout, la modicité du loyer dans
ces quartiers. Prix souvent sans aucune
mesure avec ceux de Rabat, ce qui a
constitué une véritable tentation pour
bien du monde. S’offrir la capitale à si
peu de frais, quelle aubaine! D’autant plus
que c’est le coût de la vie dans son ensemble
qui y est abordable et pas seulement le
loyer. Les grands taxis, qui ne désemplissent
jamais, effectuent le trajet entre les
deux rives du Bouregreg à quatre ou cinq
dirhams. Scénario idoine pour un
modeste fonctionnaire, même si les
embouteillages au niveau des deux ponts
existants peuvent être cauchemardesques.
Exode
Dans ces conditions, il y a trop de tentations
pour les malfrats qui peuvent provenir
de n’importe quelle région du Maroc,
des Shoul aux Zaërs, en passant par le
Gharb ou même le Rif. De toute façon, la
criminalité n’a pas de nationalité, même
si la misère est en tout temps mauvaise
conseillère.
Pour cerner un peu ce fléau qui s’abat
sur Salé, nous avons interrogé un officier
de police, lui-même originaire de cette
ville. D’emblée, nous avons ressenti chez
lui un profond malaise du fait que l’institution
qu’il représente soit montrée du
doigt, et tient à corriger certaines impressions
bien ancrées dans les esprits: «Il est
trop injuste de constater que notre travail
soit si peu reconnu. Vous devez savoir que la
mission d’un agent de police consiste à déférer
devant la justice les individus pris en flagrant
délit ou dénoncés par la population.
Quelle marge de manœuvre nous reste-t-il
lorsque certains juges nous ordonnent purement
et simplement de nous mêler de nos
oignons et de ne pas faire de zèle?».
Notre interlocuteur se réfère indirectement
aux instructions transmises à cer-
L’intervention des forces de sécurité mettra-t-elle fin à l’inscurité ?
tains juges eux-mêmes de ne pas encombrer
la population carcérale existante. Et
l’officier d’ajouter: «Parfois, l’échange entre
juge et policier peut tourner ainsi: Vous avez
une preuve tangible contre ce type? Vous
avez dit non? Pourquoi alors me faire perdre
mon temps? Relâchez-le!».
Approches
Dans ces conditions, biens des criminels
de la pire espèce se sentent pousser des
ailes puisque même à supposer que l’accusé
soit effectivement jugé, il purgeait
généralement des peines disproportionnées
par rapport à la nature de ses crimes.
Le climat de ras-le-bol général qui s’est
emparé ces derniers temps de l’opinion
publique suite à la remontée de l’insécurité
peut-il inciter à de plus lourdes peines
et à davantage de patrouilles et de vigilance?
C’est ce que les citoyens espèrent.
Dans ces conditions, biens des
criminels de la pire espèce se
sentent pousser des ailes…
Ils demandent aussi à ce que certaines
ONG ne fassent pas de la question de la
criminalité un fonds de commerce. Des
slogans ont été scandés dans ce sens
dans certaines villes où l’on a condamné
notamment “l’approche sociale et
humaine” réclamée par une partie de la
société civile vis-à-vis d’un fléau qui terrorise
la population. Il est même curieux
de constater que des citoyens s’organisent
pour exiger exactement l’approche
contraire au nom du droit à la sécurité.
Ismaïl Harakat
N° 857 Du 16 au 22 octobre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 25