Ali Fassi Fihri peut-il sauver le foot ? - Maroc Hebdo International

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Le prix Nobel de la paix à Barack Obama
L’obamania a encore frappé
Le moins que l’on puisse dire est que nul n’avait prévu
l’attribution du prix Nobel de la paix à Barack Obama.
Elle est au mieux surprenante, au pire prématurée.
Si Barack Obama n’a rien fait de concret pour mériter
cet honneur, il a pour lui le discours du Caire à l’égard du
monde musulman, des gestes hautement symboliques visà-vis
de la Russie, une main tendue à l’Iran et la Corée du
Nord, l’étalage de bonnes intentions comme le désarmement
nucléaire et la participation des Etats-Unis à la lutte
contre le réchauffement climatique.
Le prix Nobel de la paix récompense en principe une ou plusieurs
personnalités qui ont contribué par leur action au rapprochement
des peuples, à la propagation des droits de
l’Homme, à la liberté des
citoyens ou encore à l’instauration
de la paix dans une région
du monde.
À l’évidence, la décision est nettement
politique. Elle vise à
encourager Barack Obama à
persister dans ses orientations
Par Gabriel
Banon
politiques, aussi bien à l’étranger
qu’à l’intérieur des Etats
Unis et le récompense pour la
nouvelle image qu’il donne de
l’Amérique et pour sa rupture avec la politique de son prédécesseur.
Ses projets politiques sont empreints d’humanité
et ses ambitions internationales cultivent la réconciliation.
Mais les belles intentions de Barack Obama suffisent-elles à
faire de lui un grand Président? Il est un peu tôt pour en juger,
il n’a derrière lui que dix mois d’exercice.
Le comité d’Oslo a toujours navigué, avec succès, entre trois
catégories de lauréats. La première concerne les acteurs
reconnus de la recherche de la paix, la deuxième vise un acte
politique international qui a fait avancer la paix dans le monde
et enfin la troisième, qui couronne l’action spécifiquement
politique d’une personnalité elle-même entièrement politique.
C’est à cette dernière catégorie qu’on doit rattacher le prix
Nobel de la paix de Barack Obama.
Les jurés ont pris un risque en s’engageant dans le soutien
actif et non plus apparemment neutre. C’est résolument un
engagement partisan qui dénonce implicitement les adversaires
du lauréat.
A aujourd’hui, quels succès peut-on mettre à l’actif de Barack
Obama, hormis la victoire électorale d’un afro-américain à la
Présidence des Etats-Unis. Il n’est pas sûr que cette récom-
CHRONIQUE
pense soit un service rendu au Président américain. Cette
reconnaissance avant l’heure lui crée des obligations de réussite
dans ses orientations politiques, et peut devenir un handicap
que ses adversaires politiques ne manqueront pas
d’utiliser.
Il faut reconnaître que l’attribution du prix Nobel de la paix
à Barack Obama grandit sa stature internationale tout en
s’ajoutant aux pressions qui déjà s’exercent sur lui. Obama
ne s’y trompe pas, qui se déclare humble et honoré. Il précise
d’ailleurs «qu’il accepté le prix Nobel non pas comme une reconnaissance
de ses propres accomplissements, mais comme un
appel à l’action.» Il ajoute qu’il est «soucieux de partager ce
prix avec tous ceux qui s’engagent au service de la paix, du désarmement
nucléaire, du réchauffement climatique et de la défense
des libertés.» D’autres Présidents américains avaient été récom-
Quels succès peut-on
mettre à l’actif de
Barack Obama?
pensés : Théodore Roosevelt, Woodrow Wilson et Jimmy
Carter, mais Obama est le premier Président américain en
exercice à l’être.
Les juges d’Oslo ont sans doute autant sanctionné la présidence
de Bush qu’ils ont honoré Obama. Ceux qui se réjouissent
de la nouvelle insistent sur l’invitation à agir. Desmond
Tutu, ancien militant pour la paix, a, par exemple, jugé la
décision «surprenante mais merveilleuse. »
Si Barack Obama a beaucoup parlé, il n’a encore eu le temps
de rien accomplir. Son Nobel de la paix ne choque pas mais
surprend. L’Académie Nobel qui a couronné Arafat en 1994
mais ignoré le Mahatma Gandhi, a-t-elle rendu service
aujourd’hui à Barack Obama.
Espérons que ce prix va aider Obama à aller vers plus de
réalisations qui, pour l’instant, ne dépassent pas encore le
stade des bonnes intentions et de la magie du Verbe.
Cela fait un an que le monde ne cesse d’aduler cette nouvelle
icône de la politique. C’est ce qu’on appelle l’Obamania. C’est
elle apparemment qui vient de frapper le jury d’Oslo.
N° 857 Du 16 au 22 octobre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 33