Ali Fassi Fihri peut-il sauver le foot ? - Maroc Hebdo International

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CHRONIQUE
Un livre de Jaml Dati, Dans l’ombre de Rachida
Un frère encombrant…
Oui, la famille Dati est compliquée -on le sait avec
une Rachida qui est ce qu’elle est aujourd’hui,
députée européenne et puis sa fratrie à problèmes
judiciaires.. Mais aussi quel destin! L’actualité de
cette semaine en témoigne au mieux. D’un côté, Rachida
Dati, qui fait son entrée mardi 13 octobre au Musée Grévin.
Le statue de cire de l’ex-garde des Sceaux a été installée au côté
de Simone Veil, l’un de ses mentors. Prenant alors la pose
auprès de son double, en compagnie de son père et de ses
sœurs, elle a déclaré que «c’est une partie de ma vie qui se
consacre ce soir» en découvrant sa statue. De l’autre, sont frère
Jamal qui vient de publier, après bien des péripéties, un livre
d’entretiens avec le journaliste Xavier Bénéroso (Dans l’ombre
de Rachida, Calmann-Lévy, Paris, 238 pages).
Un parcours passablement chaotique
que celui de Jamal. Son adolescence
est celle d’un
“sauvageon” de banlieue, pour
reprendre la formule d’un ministre
de l’Intérieur de gauche, Jean
Pierre Chevènement. Mineur
délinquant multirécidiviste -des
Par Mustapha
Sehimi
petits vols ici et là - il finit comme
dealer puis comme taulard.
Condamné à six mois de prison
avec sursis en première instance,
le voilà qui écope en appel à Nancy d’une année d’emprisonnement
ferme. Une disproportion tout à fait exceptionnelle.
Le ciel lui tombe sur la tête. Il est proprement catastrophé à
l’idée qu’il va perdre son emploi d’ouvrier spécialisé: «Mes
sœurs, elles ne comprennent pas, répète-t-il, tout ce qu’elles voient,
c’est la réussite de Rachida… De toute façon, ça a toujours été
comme ça pour moi… »
Comment peut-il faire face à une situation qu’il ne maîtrise
pas: celle d’une victime collatérale de la guerre déjà engagée
entre la magistrature et sa sœur par suite des réformes voulues
par Nicolas Sarkozy? Il finit par suivre une procédure
d’aménagement de peine, assisté par son avocat nancéen, M e
Frédéric Berna, et obtient ainsi de travailler la journée et de
rejoindre la prison la nuit.
À la fin 2008, Jamal décide d’écrire un livre sur son histoire.
Il en parle à son avocat pour lui trouver un éditeur de la
place. Une demi-heure plus tard, ses sœurs l’appellent pour
le dissuader de se lancer dans cette affaire. Son avocat est
interloqué: «Il n’y a qu’une seule explication possible: notre
conversation a été écoutée. Par qui? Pourquoi? Qui est sur
écoute? Lui? Moi? Les deux? Comment peut-on dire à
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quelqu’un: “Si tu écris un livre, tu pourrais bien aller en prison?”»
Jamal tien bon et, en accord avec l’éditrice et le journaliste,
l’accord se fait sur un livre d’entretiens. Pas un
pamphlet, mais un matériau de première main donc sur le
monde de la cité de banlieue, de la drogue, de la prison,… En
même temps, autre chose: la famille Dati, dans tous ses états
pourrait-on dire, avec tous ses portraits contrastés, de Rachida
à Jamal. Un livre à risque: le contrat d’édition est subtilisé au
domicile de Jamal, le manuscrit disparaît de chez l’éditeur
-il y a de la “barbouzerie” dans l’air… Lamentable.
Jamal tient bon. Des pressions de toutes sortes sont exercées
pour retarder la publication, initialement prévue en juin
2009, au motif que Rachida est candidate aux élections européennes
sous les couleurs de l’UMP. Aujourd’hui, Jamal a
recouvré son droit à la parole. Tout a été fait pour évacuer cette
“imperfection” que constitue ce frère dans le clan Dati. Il
devait, aux yeux de sa famille, rester à l’ombre, aux oubliettes
Une “tueuse” qui a fait
tant de victimes dans sa
quête de légitimité et de
reconnaissance de
compétence.
même. Icône républicaine des “beurettes” instrumentalisée
par Sarkozy au titre de la diversité, Rachida Dati a fait montre
de dureté à son endroit.
À 37 ans, Jamal, père de famille, livre un témoignage souvent
touchant sur sa vie, sur les siens, sur la mort de sa mère qui
le hante toujours, sur son divorce, sur les difficultés de sa réinsertion
et sur tous ses efforts contre la toxicomanie. Cet
homme a beaucoup souffert. Mais, dans tout cela, il garde
une affection particulière pour Rachida, sa sœur. Leurs relations
ne sont pas simples, mais lui, il aime sa sœur.
De son côté, celle-ci a-t-elle les mêmes sentiments? Jamal en
donne un portrait pas toujours flatteur, telle qu’en elle-même:
manipulatrice, une ambition démesurée, une “tueuse” qui
a fait tant de victimes dans sa quête de légitimité et de reconnaissance
de compétence, un logiciel psychologique perturbé
illustré, entre autres, par sa pose en robe Dior et bas
résille à la une de Paris Match - une beurette en mal de repères…
Dommage !