Ali Fassi Fihri peut-il sauver le foot ? - Maroc Hebdo International
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Diffic<strong>il</strong>e d’imaginer une dégringolade<br />
plus vertigineuse. On touche <strong>le</strong> plancher.<br />
Le mondial 2010 en Afrique du Sud, <strong>le</strong><br />
premier du genre sur <strong>le</strong> sol africain, nous<br />
voulions l’organiser, nous ne serons<br />
même pas présents lors du tournoi final.<br />
Doub<strong>le</strong> défaite, un peu comme la doub<strong>le</strong><br />
peine. C’est la troisième fois que cela<br />
nous arrive, sans discontinuer. Notre dernière<br />
participation, à ce niveau, remonte<br />
à 1998, en France; après deux équipées<br />
mexicaines, en 1970 et en 1986, et une<br />
autre américaine en 1994.<br />
À aucun de ces rendez-vous planétaires<br />
du <strong>foot</strong> nous n’avons démérité, au point<br />
de crier, parfois, comme <strong>le</strong>s Romains de<br />
l’antiquité, “honneur à ces glorieux vaincus”.<br />
Nos déboires en cascade, dans <strong>le</strong><br />
<strong>foot</strong>; particulièrement, mais<br />
pas seu<strong>le</strong>ment; nous <strong>le</strong>s traînons<br />
comme une malédiction<br />
à répétition. À la longue, on<br />
finit par passer pour des<br />
“losers” invétérés. Comment en<br />
sommes-nous arrivés à un<br />
stade où <strong>il</strong> n’est pas seu<strong>le</strong>ment<br />
question de contre-performances, mais<br />
de déliquescence aggravée, de décomposition<br />
avancée ? Où se situe la fa<strong>il</strong><strong>le</strong>, <strong>le</strong><br />
fait déc<strong>le</strong>ncheur de ce processus qui nous<br />
tire inexorab<strong>le</strong>ment vers <strong>le</strong> bas? À quel<br />
ma<strong>il</strong>lon de la chaîne de responsab<strong>il</strong>ité<br />
<strong>peut</strong>-on imputer <strong>le</strong> péché originel? Les<br />
causes sont multip<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> résultat est <strong>le</strong><br />
même. Vo<strong>il</strong>à une réponse qui ressemb<strong>le</strong><br />
à une pirouette. Pas vraiment. Voyons<br />
voir.<br />
Combativité<br />
Le samedi 10 octobre 2009, au stade<br />
Omar Bongo, à Librev<strong>il</strong><strong>le</strong>, nos joueurs<br />
n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes.<br />
Encore plus que dans <strong>le</strong>s matches précédents,<br />
<strong>il</strong>s donnaient l’impression d’être<br />
a<strong>il</strong><strong>le</strong>urs que sur l’aire de jeu. Ils ne<br />
jouaient pas à l’économie. Ils faisaient<br />
une sorte de grève du zè<strong>le</strong>, à la limite du<br />
refus de combativité.<br />
Et quand <strong>il</strong>s n’étaient pas figés, comme<br />
pour mieux observer <strong>le</strong>s attaquants adverses<br />
mettre <strong>le</strong> ballon dans nos f<strong>il</strong>ets, <strong>il</strong>s<br />
montaient à l’assaut sans la hargne de<br />
vaincre, donc sans conviction. Un specta-<br />
<strong>Ali</strong> <strong>Fassi</strong> <strong>Fihri</strong><br />
et Moncef<br />
Belkhayat. Deux<br />
managers pour<br />
sortir <strong>le</strong> <strong>foot</strong><br />
marocain du fond<br />
du puits.<br />
c<strong>le</strong> désolant, certes, mais surtout intrigant.<br />
Pourquoi nos joueurs n’ont-<strong>il</strong>s pas<br />
l’envie de jouer, encore moins <strong>le</strong> goût de<br />
la victoire, alors qu’<strong>il</strong>s sont payés pour<br />
cela? Sont-<strong>il</strong>s blasés?<br />
Entraîneur<br />
Apparemment, “oui”. N’ont-<strong>il</strong>s aucun respect<br />
pour <strong>le</strong> ma<strong>il</strong>lot national? Un peu. Ne<br />
sont-<strong>il</strong>s pas conscients de la frustration<br />
qu’<strong>il</strong>s provoquent dans <strong>le</strong> large public<br />
d’amateurs de ce sport? Pas beaucoup.<br />
Sont-<strong>il</strong>s à ce point blasés? Sûrement.<br />
Sont-<strong>il</strong>s arrogants et indisciplinés? Certainement.<br />
En fait, c’est tout cela à la fois.<br />
Que faut-<strong>il</strong> changer pour booster la cote,<br />
l’entraîneur; l’équipe; <strong>le</strong> staff fédéral et<br />
son président avec; ou, carrément, <strong>le</strong><br />
ministre de la Jeunesse et des Sports? À<br />
ceci près que seul <strong>le</strong> public pourrait<br />
échapper à la purge.<br />
Dans ce genre de situation, c’est toujours<br />
l’entraîneur qui saute en premier. Pourquoi<br />
déroger à la règ<strong>le</strong>? Voyez <strong>le</strong> tintamarre<br />
médiatique qui persécute <strong>le</strong><br />
sé<strong>le</strong>ctionneur français, Raymond Domenec,<br />
depuis des années. “Le minaret du<br />
<strong>foot</strong> est tombé, ont pend l’entraîneur”,<br />
haut et court. On en a sacrifié des coachs<br />
sur l’autel du sport roi.<br />
Sont-<strong>il</strong>s pas conscients de la<br />
frustration qu’<strong>il</strong>s provoquent chez<br />
<strong>le</strong> large public d’amateurs de ce<br />
sport? Pas beaucoup.<br />
À tort ou à raison. Baddou Zaki, usé par<br />
ses chama<strong>il</strong><strong>le</strong>ries avec <strong>le</strong>s joueurs. Roger<br />
Lemerre, à peine essayé, vite remercié.<br />
Hassan Moumen, un intérimaire au pied<br />
<strong>le</strong>vé, ne devrait pas faire exception. Au<br />
suivant. La peau du dernier entraîneur<br />
encore en fonction (j’allais<br />
dire encore en vie) ne vaut pas un<br />
N° 857 Du 16 au 22 octobre 2009 ❘ MAROC HEBDO INTERNATIONAL ❘ 47