La conservation de la diversité biologique dans les forêts ... - IUCN

seulement aux grandes questions environnementales, mais également aux problèmes des
populations habitant les forêts, a fait que l'on a attendu de la part de l'OIBT des actions dont
certaines allaient bien au-delà des objectifs déclarés de l'Organisation, alors que d'autres
entraînaient implicitement un conflit entre l'objectif de conservation et des objectifs plus
directement liés au commerce international des bois tropicaux.
L'une des premières mesures qu'a prises l'OIBT en relation avec ses objectifs de conservation a été
de demander à l'IIED de mener une étude sur la durabilité des pratiques actuelles en matière de
gestion des forêts naturelles pour la production de bois d'oeuvre dans ses pays membres. Cette
étude, terminée en septembre 1988 et présentée à la troisième session du Comité permanent en
novembre 1988, a été par la suite résumée dans un ouvrage intitulé "No timber without trees" (Pas
de bois sans arbres) (Poore et al., 1989). Les résultats de l'enquête menée en Afrique, en Asie, en
Amérique du Sud et aux Caraïbes (une vingtaine de pays) ont montré que seule une très petite
fraction des forêts tropicales humides était gérée de manière durable dans tous les sens du terme.
Parallèlement, le rapport a pris soin de souligner que, dans de nombreuses régions, certains
éléments de gestion durable étaient en place et qu'en général le problème tenait davantage au fait
que les techniques disponibles en matière de régénération et d'aménagement n'étaient pas
appliquées avec suffisamment de rigueur et de cohérence plutôt qu'à un manque de connaissance
des activités qui pourraient et devraient être entreprises.
Néanmoins, la conclusion évidente était que la production actuelle de bois tropicaux des forêts
naturelles contribuait à l'appauvrissement des forêts, et que, tant que les améliorations nécessaires
ne seraient pas apportées aux pratiques gestionnaires, l'action de l'OIBT pour promouvoir le
commerce international des bois tropicaux risquait d'être incompatible avec les objectifs de
l'Organisation en matière de conservation des forêts tropicales et de leurs ressources génétiques.
Pour ceux dont la préoccupation principale est la conservation des forêts ombrophiles tropicales qui
diminuent rapidement, il en résultait donc que l'OIBT devait réduire ou suspendre l'exploitation
forestière en attendant l'introduction d'une véritable gestion durable, en imposant par exemple des
restrictions à l'importation de bois de feuillus tropical dans les pays consommateurs. Une telle
mesure aurait à l'évidence un impact négatif sur les économies nationales, les sociétés
d'exportation de bois et les particuliers des pays producteurs et irait donc à l'encontre des objectifs
que l'OIBT cherche à atteindre dans ce domaine.
L'OIBT et les intérêts des producteurs
Les délégations des pays producteurs présentes à l'OIBT ont généralement soutenu l'accent qui a
été mis jusqu'à présent sur les questions de conservation, notamment par les défenseurs de
l'environnement de la communauté des ONG et les médias, ainsi que sur les activités apparentées
en matière de reboisement et de gestion des forêts. Cette attitude tient en partie au moins à la
représentation relativement forte du côté "biologique" de la profession forestière dans les
délégations de pays producteurs par rapport aux délégations de pays consommateurs dans lesquels
les compétences et intérêts commerciaux et industriels ont été plus fortement représentés.
Historiquement, le secteur forestier des pays tropicaux n'a pratiquement jamais bénéficié des
ressources nécessaires à une gestion et une régénération satisfaisantes des forêts. Les forestiers des
pays producteurs considéraient l'OIBT comme un nouveau moyen d'apporter les ressources
financières requises de manière urgente pour soutenir la gestion durable et la conservation des
ressources des forêts tropicales, notamment par un transfert en provenance des pays industrialisés
consommateurs. Selon eux, l'absence de personnel qualifié et le manque d'investissements dans le
secteur étaient les principaux responsables d'une mauvaise gestion. L'utilisation durable et la
conservation des forêts et de leurs ressources génétiques sont inévitablement plus coûteuses que
des pratiques forestières s'accompagnant de gaspillages et témoignant d'une vue à court terme. Ces
objectifs ne seront atteignables qu'avec un investissement suffisant en personnel et en
infrastructure, et grâce à une gestion du capital forestier plutôt qu'à son exploitation rapide en vue
d'un profit matériel et financier plus immédiat. Compte tenu des autres pressions potentiellement
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