maquette fini 2 - Maroc Hebdo International
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SOCIÉTÉ ET CULTURE<br />
© Ph.DR<br />
Menaces, tentative de meurtre et chantage … Ce sont les ingrédients<br />
de l’affaire du Tahiti Beach Club qui a vu son inauguration ternie par<br />
la destruction de l’un de ses bâtiments.<br />
Histoire d’un casse<br />
Les bulldozers sont passés par là.<br />
Après de longs mois<br />
d’attente, le Tahiti<br />
Beach Club a finalement<br />
ouvert ses portes sur<br />
la corniche de Aïn Diab à<br />
Casablanca. Ravis de pouvoir<br />
profiter de ce joyau dédié<br />
à la plaisance qui compte<br />
douze piscines et plusieurs<br />
restaurants et qui est le seul<br />
club sur la corniche de<br />
Casablanca à disposer d’une<br />
plage privée, les Casablancais<br />
ont à peine remarqué les traces<br />
de destruction qui maculent<br />
un espace situé sur la terrasse<br />
du site. Il s’agit des vestiges<br />
de l’ancien bâtiment qui<br />
devait abriter le café Venezia<br />
Ice et qui a été détruit suite à<br />
une décision de la mairie de<br />
Casablanca, deux jours à<br />
peine avant l’inauguration du<br />
Tahiti Beach Club. Rappel<br />
des faits.<br />
Jeudi 26 mai 2005, 19 heures<br />
25, à l’entrée du Tahiti Beach<br />
Club, en face du chantier d’un<br />
bâtiment en fin de construction,<br />
un bulldozer s’apprête<br />
à détruire le fruit de deux<br />
mois de dur labeur. Ne comprenant<br />
pas la décision de la<br />
mairie qui aurait décrété cette<br />
destruction sans prendre la<br />
peine de l’en aviser au préalable,<br />
Sâad Benkirane, le<br />
promoteur du projet tente de<br />
s’interposer. Mais le chauffeur<br />
de l’engin n’en a cure, il<br />
dirige son engin contre le<br />
bâtiment objet du litige. Sâad<br />
Benkirane a à peine le temps<br />
de s’écarter. En quelques<br />
secondes, cet ouvrage qui<br />
allait abriter un café Venezia<br />
Ice qui devait employer une<br />
trentaine de personnes est<br />
réduit à un amas de fer et de<br />
béton. Au passage, le bulldozer<br />
aura occasionné plusieurs<br />
fissurations dans les<br />
fondations de la terrasse du<br />
Tahiti Beach Club et surtout,<br />
il a failli écraser Saad<br />
Benkirane.<br />
Selon des témoignages<br />
consignés dans le PV de la<br />
plainte déposée par Sâad<br />
Benkirane au lendemain de<br />
l’incident, le chauffeur du<br />
bulldozer aurait en effet dirigé<br />
son engin alors même que<br />
celui-ci se tenait devant lui.<br />
Dans cette plainte adressée<br />
au procureur du Roi près du<br />
tribunal de première instance<br />
de Casablanca, Sâad<br />
Benkirane accuse Ali<br />
Benjelloun, l’adjoint du maire<br />
de Casablanca chargé de l’urbanisme<br />
de tentative de meurtre.<br />
Contacté à ce sujet, Ali<br />
Benjelloun dira qu’il n’a fait<br />
que son travail. «J’ai agi<br />
selon les directives de<br />
Un projet de 30 millions de<br />
dirhams employant 160 personnes<br />
a été détruit.<br />
M.Mohamed Sajid, le maire<br />
de Casablanca. La destruction<br />
de Venezia Ice a été<br />
décrétée suite à quatre arrêt<br />
de chantiers pour la simple<br />
raison que ce bâtiment n’était<br />
pas prévu dans le plan initial<br />
déposé à la mairie par<br />
M.Benkirane». Pour ce qui<br />
est de la tentative de meurtre,<br />
Ali Benjelloun niera<br />
même jusqu’à la présence de<br />
Saad Benkirane sur les lieux<br />
le jour de cette destruction.<br />
Le plaignant soutient pourtant<br />
qu’il dispose d’une centaine<br />
de témoins oculaires<br />
disposés à attester de la véracité<br />
de ses propos.<br />
Les promoteurs du Tahiti<br />
Beach Club, un projet de 30<br />
millions de dirhams<br />
employant 160 personnes et<br />
qui se donnait pour objectif<br />
d’égayer la corniche de<br />
Casablanca, s’interrogent<br />
aujourd’hui sur les causes de<br />
l’acharnement de la mairie<br />
contre leur projet. Entre autres<br />
questions, ils se demandent<br />
quelle est l’autorité qui<br />
a décrété cette destruction qui<br />
s’est déroulée en totale<br />
contradiction avec les dispositions<br />
des articles 67 et 68<br />
du code de l’urbanisme ?<br />
D’autant que ni le wali ni le<br />
gouverneur de l’époque et<br />
encore moins le procureur<br />
n’ont avalisé cette destruction<br />
comme le prévoit la procédure<br />
dans ce genre de situations.<br />
Pourtant d’autres établissements<br />
voisins du Tahiti Beach<br />
Club dont les bâtiments hauts<br />
de plusieurs mètres cachent la<br />
mer en violation flagrante de<br />
la loi sur l’urbanisme n’ont<br />
jamais été inquiétés… Des<br />
faits cependant antérieurs à<br />
l’élection de Mohamed Sajid<br />
à la tête de la mairie de<br />
Casablanca qui, en homme<br />
de dialogue, tente actuellement<br />
de régler cette affaire à<br />
l’amiable pour éviter qu’elle<br />
ne prenne plus d’ampleur. ❏<br />
Majdouline El Atouabi<br />
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<strong>Maroc</strong> <strong>Hebdo</strong> <strong>International</strong> N° 662 du 22 au 28 Juillet 2005