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Quel management pour la societe de demain - Philosophie ...

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Alors que le capitalisme industriel consistait essentiellement en <strong>la</strong> production <strong>de</strong><br />

marchandises par d’autres marchandises (en ce compris <strong>la</strong> force physique humaine), le<br />

capitalisme cognitif consiste essentiellement en <strong>la</strong> production <strong>de</strong> connaissances au<br />

moyen <strong>de</strong> connaissances (telles l’éducation, <strong>la</strong> finance,…). Il consiste également en <strong>la</strong><br />

production du vivant au moyen du vivant (en particulier les développements récents en<br />

biotechnologie et agroalimentaire). Mais ne nous méprenons pas : le capitalisme<br />

cognitif n’est pas une extension du capitalisme industriel à <strong>la</strong> connaissance. Il ne s’agit<br />

pas <strong>de</strong> vendre <strong>de</strong>s connaissances comme un sac <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre. Il s’agit plutôt <strong>de</strong><br />

mesurer et <strong>de</strong> vendre, comme le fait magistralement Google, <strong>la</strong> partie implicite et<br />

contextuelle <strong>de</strong>s connaissances (par exemple <strong>la</strong> prospection ou les éléments <strong>de</strong><br />

connaissances qui résistent à <strong>la</strong> codification numérique). La valeur économique <strong>de</strong> cette<br />

connaissance rési<strong>de</strong> dans plusieurs éléments : elle ne se délocalise pas facilement, elle<br />

est une accumu<strong>la</strong>tion singulière <strong>de</strong> l’expérience et elle capture <strong>de</strong>s externalités<br />

positives. Si l’objectif du capitalisme cognitif <strong>de</strong>meure celui <strong>de</strong> l’accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong><br />

richesses, <strong>la</strong> nature, le type et les modalités <strong>de</strong> cette accumu<strong>la</strong>tion sont en train <strong>de</strong><br />

changer radicalement. Ainsi, à l’instar <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> pollinisation <strong>de</strong>s abeilles, l’activité<br />

<strong>de</strong> « réseautage » social, dans ou hors <strong>de</strong> l’entreprise, <strong>de</strong>vient l’un <strong>de</strong>s principaux<br />

vecteurs <strong>de</strong> création <strong>de</strong> valeur. Travailler et se former ne représentent plus <strong>de</strong>ux<br />

sphères séparées, mais les <strong>de</strong>ux faces d’une même médaille. Dans ce modèle, <strong>la</strong><br />

valeur d’une entreprise se détermine dès lors avant tout hors <strong>de</strong> ses murs : son<br />

potentiel innovant, son organisation, son capital intellectuel, ses ressources humaines<br />

débor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> toutes parts. La formation et l’éducation, les interactions sociales<br />

informelles, bref <strong>la</strong> vie en société dans son ensemble produit directement <strong>la</strong> richesse en<br />

réseau. Le marché, l’entreprise et l’action publique <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s convertisseurs, <strong>de</strong>s<br />

courroies <strong>de</strong> transmission. Dans ce cadre, les entreprises qui réussiraient le mieux sont<br />

celles, comme nous allons le voir ci-<strong>de</strong>ssous, qui insèrent leurs productions dans<br />

<strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> biens collectifs et qui stimulent l’interactivité avec leurs parties<br />

prenantes. Comme on le détaillera plus tard, <strong>pour</strong> les col<strong>la</strong>borateurs <strong>de</strong> l’entreprise, le<br />

changement est également majeur : <strong>la</strong> frontière établie par le sa<strong>la</strong>riat entre <strong>de</strong>s activités<br />

productives au sein <strong>de</strong> l’entreprise et l’activité « pollinisatrice » en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’entreprise<br />

s’estompe. Via Google, on « travaille » infinitésimalement à l’accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

richesse collective, même un dimanche après-midi.<br />

Quant à l’Etat, sa tâche principale <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> libérer le potentiel productif dont est<br />

porteur l’individu du travail immatériel. La notion d’impôt doit alors être adaptée <strong>pour</strong><br />

prendre appui sur <strong>la</strong> mobilité et les transactions immatérielles, et non plus sur <strong>la</strong><br />

transformation matérielle. Si c’est <strong>la</strong> réallocation <strong>de</strong>s capitaux ou <strong>de</strong>s compétences qui<br />

est créatrice <strong>de</strong> richesse, il est logique que ce soit cette réallocation qui supporte<br />

l’impôt, d’autant plus que <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> cette réallocation est <strong>la</strong>rgement sous-estimée<br />

actuellement.<br />

Ainsi <strong>la</strong> transformation <strong>de</strong> notre système économique vers un capitalisme cognitif<br />

renforce l’importance <strong>de</strong> bien gérer les externalités positives et négatives. Ces éléments<br />

sont au cœur <strong>de</strong> ce que l’on appelle aujourd’hui <strong>la</strong> Responsabilité Sociétale <strong>de</strong>s<br />

Entreprises. Il ne s’agit plus seulement d’une question d’image ou <strong>de</strong> marketing, mais<br />

d’un enjeu majeur <strong>pour</strong> le futur <strong>de</strong> toute entreprise. Ce changement est d’ailleurs<br />

souhaitable si l’on en juge par le seul exemple <strong>de</strong>s abeilles : <strong>la</strong> diminution drastique du<br />

nombre <strong>de</strong>s essaims ces <strong>de</strong>rnières années - provoquée peut-être par l’effet indirect <strong>de</strong><br />

certains pestici<strong>de</strong>s – met en danger toute notre production agricole. Et, <strong>pour</strong> le coup, ce<br />

n’est pas un danger « immatériel ».<br />

En conclusion, Au travers du questionnement percutant du capitalisme cognitif par Yann<br />

Moulier Boutang et Antoine Rebiscoul, nous avons mieux compris <strong>pour</strong>quoi l’enjeu<br />

stratégique <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong>vient <strong>la</strong> production extensive par captation <strong>de</strong>s<br />

externalités positives. En ce sens, l’entreprise ne va pas chercher à créer <strong>la</strong> vague<br />

mais à <strong>la</strong> capter. Mais ce<strong>la</strong> n’est pas si simple.<br />

En effet, les externalités sont souvent complexes et difficile à internaliser. Reprenons<br />

l’exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> pollinisation. Le travail <strong>de</strong>s abeilles est beaucoup plus important que<br />

ce qu’elles ne rapportent en miel et en cire quand elles font <strong>la</strong> pollinisation <strong>de</strong> toutes les<br />

cultures agroindustrielles, artisanales et <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature sauvage.<br />

www.philosophie-<strong>management</strong>.com 26

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