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une bande dessinee idéologique : rahan - Revue des sciences ...

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(19) L.H. Morgan, p. 133.<br />

(20) A. Laming, pp. 146, 149.<br />

(21) L.H. Morgan, p. 642.<br />

6 ; 111, 118), du feu (114, 178), de la<br />

mort (80, 24). Ce qui est inconnu, hors<br />

de proportion comme <strong>une</strong> méduse<br />

géante (92, 73), un brontosaure (96,<br />

70), <strong>une</strong> statue (50, 68), du cristal<br />

(117, 310), un objet insolite comme le<br />

coutelas de R (25, 35 ; 114, 779), un<br />

lieu étrange d'où sort <strong>une</strong> plainte (65,<br />

4), ces êtres, objets ou phénomènes,<br />

provoquent <strong>une</strong> occultation de la raison,<br />

qui n'est qu'un manque intellectuel,<br />

parallèle au manque ordinaire,<br />

physiologique ou social. Ceci explique<br />

que l'un induise l'autre: «C'est<br />

c/uand le malheur les frappe que Ceux<br />

Qui Marchent Debout invoquent ainsi<br />

les esprits» (39, 52), version primitive<br />

du raisonnement qui ramène tout<br />

trouble psycho-social «irrationnel»<br />

(autrement dit, non compris <strong>des</strong> spécialistes),<br />

à <strong>une</strong> quelconque origine<br />

économique. Avec constance, le produit<br />

de l'imagination est le contraire<br />

du monde objectif. Le contraste est<br />

immense entre ces «grossières superstitions»<br />

(19) et la réalité nue. La faille<br />

où l'on sacrifie aux ombres n'est que<br />

la demeure d'un pauvre dynosaure<br />

aveugle (65, 77) et le «miracle de la<br />

lance sacrée» s'explique par la foudre<br />

qui vient opportunément frapper<br />

l'arme plantée dans le crâne d'un tricératops<br />

«immortel» (35, 25). Ces<br />

«sottes croyances», — au mieux «curieuses»<br />

(58, 59) comme celles que décrivent<br />

les dépliants de nos agences de<br />

voyage —, naissent dans l'esprit livré<br />

à lui-même. Elles se comparent aux<br />

dégâts <strong>des</strong> drogues hallucinogènes,<br />

qui font entrevoir <strong>des</strong> têtes innombrables<br />

de serpents monstrueux (79, 12),<br />

multiplication qu'on rapprochera du<br />

polythéisme foncier de l'homme primitif,<br />

à l'intellect éclaté. Les rituels<br />

sont, bien entendu, à la mesure de ces<br />

illusions. Lâcher <strong>des</strong> flèches sur <strong>des</strong><br />

peintures pariétales prépare <strong>une</strong><br />

chasse fructueuse (2, 30), conformément<br />

à la théorie — in vérifiée — de S.<br />

Reinach (20) ; toucher un bois de<br />

renne donne de la vigueur (44, 35). La<br />

prière au volcan qui menace, « <strong>une</strong> de<br />

ces incantations qui irritaient tant R »<br />

(93, 31), se substitue à l'action efficace.<br />

4. La nature ennemie<br />

La contradiction, cependant, ne se réduit<br />

pas à un jeu social ou mental. Elle<br />

s'incarne dans la physiologie, sans<br />

doute, pour <strong>une</strong> part, à l'insu <strong>des</strong> auteurs<br />

: R est clairement sapiens sapiens<br />

europoïde, «blond aux yeux<br />

bleus», opposé à <strong>des</strong> personnages très<br />

majoritairement bruns, aux faciès<br />

africains, orientaux, sibériens ou...<br />

néanderthaliens (84, 14). Quelques<br />

groupes très frustes sont de véritables<br />

australopithèques et le contraste est<br />

alors maximal. Mais la «contradiction<br />

morphologique» est plus ténue<br />

lorsqu'on oppose les femmes, généralement<br />

je<strong>une</strong>s et séduisantes, aux<br />

hommes de la tribu, noueux, hirsutes,<br />

mal rasés et renfrognés. Au chef, à<br />

l'allure saine et franche, se superpose<br />

un sorcier rabougri, au regard<br />

fuyant... Les proches de 7?, ceux qui<br />

lui ressemblent le plus, sont roux ou<br />

châtains clairs, c'est-à-dire «demiblonds<br />

» (ou même verts) (18, 38). Seul<br />

R, ses parents et sa famille adoptive —<br />

ce qui montre que la morphologie est<br />

pertinente, «culturelle» et non bonnement<br />

«naturelle» —, sont réellement<br />

du Nord (35, 4). On sait bien, depuis<br />

L.H. Morgan, que le progrès est dû à<br />

<strong>des</strong> populations «surtout aryenne et<br />

sémitique» (21) ! La dichotomisation<br />

ne s'arrête pas en si bon chemin. Audelà<br />

<strong>des</strong> limites du domaine social,<br />

beaucoup d'hommes se conduisent envers<br />

les animaux comme de vulgaires<br />

exploiteurs, inutilement cruels. D'autres,<br />

minoritaires, sont exemplairement<br />

bienveillants. Quant aux animaux<br />

eux-mêmes, ils sont à classer en<br />

deux catégories. Les uns possèdent les<br />

qualités <strong>des</strong> meilleurs hommes. Les<br />

autres sont prédateurs et il convient de<br />

s'en protéger (32, 38 ; 65, 4 ; 88, 30).<br />

Cet aspect culmine chez les fauves qui<br />

tuent «pour le plaisir» (58, 54) et les<br />

monstres échappés d'<strong>une</strong> préhistoire<br />

de cauchemar, tyrannosaures (54, 55)<br />

ou ptéranodons (59, 69). Ces êtres visiblement<br />

irrécupérables, c'est-à-dire<br />

sans ressemblance avec les hommes, se<br />

conduisent comme les plus inexcusa-<br />

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