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La police technique et scientifique<br />
Christian JALBY<br />
Nouvel<strong>le</strong> vedette des séries policières,<br />
la police technique<br />
et scientifique bénéficie aujourd’hui<br />
d’une forte notoriété médiatique. La<br />
science est en effet présentée au public<br />
comme un outil indispensab<strong>le</strong> voire<br />
l’unique moyen de résoudre <strong>le</strong>s enquêtes<br />
criminel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus diffici<strong>le</strong>s.<br />
Mais derrière l’image de « super<br />
enquêteurs » donnée par <strong>le</strong>s nombreuses<br />
fictions, quel rô<strong>le</strong> jouent exactement<br />
<strong>le</strong>s experts de la police technique et<br />
scientifique en matière d’investigation<br />
? Quel est <strong>le</strong>ur véritab<strong>le</strong> périmètre<br />
d’intervention et comment <strong>le</strong>ur profession<br />
est-el<strong>le</strong> organisée ?<br />
A travers cet ouvrage, Christian<br />
Jalby décrit de façon complète et<br />
actualisée la police technique et<br />
scientifique et explique comment<br />
cette dernière a révolutionné <strong>le</strong>s<br />
méthodes d’investigations policières.<br />
Retraçant l’histoire de cette branche<br />
spécifique de la police, l’auteur met<br />
en exergue plusieurs raisons majeures<br />
expliquant la montée en puissance de<br />
la preuve technique et scientifique.<br />
Cette dernière a notamment bénéficié<br />
de l’évolution des mentalités, des progrès<br />
de la science et d’une certaine<br />
volonté de promouvoir ce type de<br />
preuve considérée comme incontestab<strong>le</strong><br />
et neutre.<br />
Le passage de la preuve subjective,<br />
reposant sur <strong>le</strong> témoignage et l’aveu, à<br />
la preuve objective, issue de la science,<br />
a donné une nouvel<strong>le</strong> dimension aux<br />
constatations criminel<strong>le</strong>s. Le moindre<br />
indice est effectivement devenu capital<br />
élargissant par-là même <strong>le</strong> champ de<br />
la preuve.<br />
Accès sommaire<br />
2010, PUF, col<strong>le</strong>ction<br />
Que sais-je ?, 128 p., 9 €<br />
Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> recours aux moyens<br />
de la police technique et scientifique,<br />
et notamment au fichier national<br />
automatisé des empreintes génétiques<br />
(FNAEG), s’est développé depuis la<br />
loi du 15 mars 2003. Longtemps cantonné<br />
à la répression des affaires<br />
criminel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus graves, <strong>le</strong> FNAEG<br />
peut désormais être utilisé pour quasiment<br />
tous <strong>le</strong>s délits et inclut à la<br />
fois <strong>le</strong>s personnes condamnées et <strong>le</strong>s<br />
individus mis en cause.<br />
Toutefois, l’auteur nous rappel<strong>le</strong><br />
que la police technique et scientifique<br />
n’a pas relégué l’enquêteur « traditionnel<br />
» au second plan. Bien au<br />
contraire, el<strong>le</strong> lui a conféré une place<br />
essentiel<strong>le</strong> et ce pour deux raisons.<br />
Tout d’abord, l’officier de police judiciaire<br />
demeure <strong>le</strong> « maître du jeu<br />
de la scène de crime », <strong>le</strong>s spécialistes<br />
de l’identité judiciaire intervenant<br />
uniquement sur sa demande. De surcroît,<br />
l’administration de la preuve<br />
scientifique repose sur <strong>le</strong> principe de<br />
comparaison. Un indice peut en effet<br />
révé<strong>le</strong>r la présence d’une personne<br />
sur la scène de crime mais n’atteste<br />
en aucun cas de sa participation à<br />
l’infraction. La preuve scientifique a<br />
donc besoin d’être corroborée par <strong>le</strong>s<br />
constatations faites au cours de<br />
l’enquête classique.<br />
Après avoir expliqué en détails<br />
l’organisation et l’encadrement juridique<br />
de cette profession, l’auteur<br />
nous offre enfin sa vision des perspectives<br />
d’évolution de la police<br />
technique et scientifique. Cette<br />
dernière est susceptib<strong>le</strong> de connaître<br />
un frein à son développement en<br />
raison notamment de son coût é<strong>le</strong>vé,<br />
qui va nécessiter un effort financier<br />
des pouvoirs publics sur <strong>le</strong> long terme,<br />
et de l’adaptation constante des malfaiteurs.<br />
Quant aux axes d’amélioration,<br />
ils devront porter sur la recherche<br />
d’une plus grande fiabilité de la<br />
chaîne criminalistique via des actions<br />
de formation et la mise en place<br />
d’un dispositif d’assurance qualité.<br />
Le droit d’exercer des laboratoires<br />
sera ainsi conditionné à l’obtention<br />
d’une accréditation et au développement<br />
d’une politique de qualité. Les<br />
efforts devront éga<strong>le</strong>ment se concentrer<br />
sur l’amélioration des systèmes d’information<br />
pour traiter, à terme, un<br />
plus grand nombre de données.<br />
En conclusion, il est évident qu’avec<br />
<strong>le</strong>s progrès de la science <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de la<br />
police technique et scientifique prendra<br />
de plus en plus d’amp<strong>le</strong>ur dans<br />
la résolution des affaires péna<strong>le</strong>s.<br />
Mais il faut garder à l’esprit que la<br />
réussite des enquêtes repose avant tout<br />
sur <strong>le</strong> croisement de plusieurs sources<br />
d’investigations.<br />
Elsa GAUSSIN<br />
INHESJ,<br />
Chargée d’études et de recherche<br />
Département Sécurité Economique<br />
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