Fotolia.com 1 5 5 La contrefaçon des produits de luxe Elisabeth PONSOLLE DES PORTES Counterfeit luxury goods L’expansionduphénomènedelacontrefaçondans<strong>le</strong> monde atteint de manière spécifique l’industrie luxe. Les marques françaises figurent parmi <strong>le</strong>s marques <strong>le</strong>s pluscontrefaitesdansl’Unioneuropéenneenmatièrede parfums, cosmétiques, de vêtements et d’accessoires. Premièrevictimedelacontrefaçon, <strong>le</strong> secteurduluxea mis en place une stratégiequiprivilégielavei<strong>le</strong> législative, la co laboration avec <strong>le</strong>s pouvoirs publics et <strong>le</strong>s acteurs économiques ainsi que la sensibilisation du grandpublic. Dans<strong>le</strong>cadredesaCommissionPouvoirs Publics, <strong>le</strong> Comité Colbert gère plusieurs dossiers dont celuideladéfensedelapropriété inte<strong>le</strong>ctue<strong>le</strong>. La lu te contre la contrefaçon constitue l’un de ses objectifs principaux. Thegloba<strong>le</strong>xpansionofthephenomenonofcounterfeitproducts, fake imitationsandcopies has particularly a fectedtheluxurygoodsmarket. In EuropeanUnion, Frenchbrandsofperfumes, cosmetics, clothesand accessoriesareamongsthosecopiedthemost. Theluxurygoodsindustryhas, therefore, reactedtothissituation by adoptingastrategy whichprivi<strong>le</strong>ges<strong>le</strong>gislativemonitoring, colaboratingwiththeauthoritiesandeconomic actorsinvolved, andmakingthegeneralpublicawareoftheprob<strong>le</strong>m. ThroughitsPublicAuthoritiesCommission theColbertCommiteeisresponsib<strong>le</strong>foranumberofprojects, oneofwhichisprotectingInte<strong>le</strong>ctualProperty Rights. One of its main objects is thefight against counterfeiting, fake imitations and copies. Photo Julio Pia ti © Comite Colbert ElisabethPonso <strong>le</strong> des Portes Depuis2003, ElisabethPonso <strong>le</strong> desPortes estDéléguéegénéra<strong>le</strong>duComité Colbert, une associationcréée par Jean-JacquesGuerlainquirassemb<strong>le</strong>aujourd’hui75maisonsdeluxe. De 1986 à 1998, e a été Secrétaire généra<strong>le</strong>del’ICOM (InternationalCouncilofMuseums). Entre1998et2003, e <strong>le</strong> futnomméeDirectricegénéra<strong>le</strong> del’UniondesFabricants, organisationdelobbyingindustrielutantpourladéfensedelapropriétéinte<strong>le</strong>ctue<strong>le</strong>. E <strong>le</strong> y a créé<strong>le</strong>GlobalAntiCounterfeitingGroup (GACG) qu’e <strong>le</strong> présidait jusqu’en 2002. La contrefaçon entre concurrence et délinquance Bertrand WARUSFEL = ? + Certaines notions ont la particularité d'être approchées de manière très différenciée, voire contrastée, par plusieurs disciplines La contrefaçon est de ce <strong>le</strong>s-là Vue par <strong>le</strong>s juristes comme une catégorie générique regroupant <strong>le</strong>s différentes atteintes aux droits de propriété inte <strong>le</strong>ctue <strong>le</strong>, e <strong>le</strong> est surtout étudiée par <strong>le</strong>s économistes comme l'une des variab<strong>le</strong>s impactant <strong>le</strong>s résultats commerciaux ou la propension à l'innovation des entreprises, tandis qu'e <strong>le</strong> a fait depuis dix ans une entrée remarquée dans <strong>le</strong> vocabulaire et <strong>le</strong>s préoccupations des criminologues, au titre des nouve <strong>le</strong>s formes de criminalité Counterfeiting, fake imitations, copying: competition or crime Certain notions have the particularity of being looked at in di ferent, even contrasted ways by di ferent disciplines. Counterfeiting is one such examp<strong>le</strong>. The <strong>le</strong>gal profession see it as a generic category, grouping together a who<strong>le</strong> range of violations of inte <strong>le</strong>ctual property rights. On the other hand economists see counterfeiting as one of the important variab<strong>le</strong>s which have a negative impact on sa<strong>le</strong>s and the propensity for companies to innovate. Furthermore, over the last ten years counterfeiting has occupied an ever larger place in the vocabulary and preoccupations of criminologists, as a new form of crime. Bertrand Warusfel © Bibanesi - Professeur à la faculté des sciences juridiques et politiques de l'Université de Li <strong>le</strong> 2. Ses travaux portent notamment sur <strong>le</strong> droit de l'information et la propriété inte <strong>le</strong>ctue <strong>le</strong>, la protection du secret et <strong>le</strong> cadre juridique du renseignement et de l'inte ligence économique. Membre du comité de rédaction des Cahiers de la sécurité, il est éga<strong>le</strong>ment avocat au ba reau de Paris. Introduction à la sécurité économique Gérard PARDINI L a sécuritééconomiqueconstitue Enfin, livre témoigned’une un conceptetunepratiquequi préoccupationspécifiquepour<strong>le</strong>s ont connudenombreuses PME. Ces dernières, qui ne bénéficient difficultéspourémerger ni moyensnidesrelaisd’in- fluencedesgrandsgroupes, réclament dans<strong>le</strong>champdespréoccupationsde l’État. une approcheciblée, la plus économe possib<strong>le</strong> et surtout extrêmement Le méritedel’ouvrage de Gérard pédagogique pour évitertoutrejet. Pardini est de se nourrir de ce Ainsiquel’écritGérardPardini, « <strong>le</strong>s constat sans pour autant s’y arrêter. actionsco<strong>le</strong>ctives axées sur la sécurité économiqueetadaptéesaux élément primordial mais trop PME nécessitent un important Tout au contraire, il rappe<strong>le</strong> un souventoccultédansl’ensemb<strong>le</strong>des travail préparatoire d’expression des discourssurlasécuritégloba<strong>le</strong>des besoins pour être acceptées et porter organisations, qu’e <strong>le</strong> soient publiques des fruits ». ou privées. L’argument en question est <strong>le</strong> suivant : la sécuritése situe au Prenantactequelapremièreri- chesse l’entreprise est l’information, fondement même l’efficacité, de la performancedelachaînede laque <strong>le</strong> permetseu<strong>le</strong>laproductionde va<strong>le</strong>ur, en particulierdece<strong>le</strong>des connaissanceauprofitdel’innova- et, donc, du développement, de entreprises. Cette idée se révè<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>mentextrêmementpertinentepourpoint sur protection des secteurs la croissanceetdel’emploi, cet En outre, l’auteurfaitéga<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>tion <strong>le</strong>s pô<strong>le</strong>sdecompétitivité. Plus loin, sensib<strong>le</strong>svia<strong>le</strong>contrô<strong>le</strong>desinvestis- sements, dimensionessentie<strong>le</strong>deforcequelasécuritéd’unefirme permetd’intégrerdifférentespréoc-toutepolitiqueindustrie<strong>le</strong>rénovéeconditionneaujourd’huisapérennité cupationspubliques, créer dans laque<strong>le</strong>s’inscritl’idéeprécé-etsacompétitivitéfaceàuneconcur- synergiesrée<strong>le</strong>setdescolaborationsdemmentévoquée, à savoir rence mondia<strong>le</strong>deplusenplus public/privé, bref donnerdusens compétitivitédesentreprise s’indexe diversifiée et offensive. ouvrage montreclairementetavec l’approche « sécuritééconomique » et une orientationstratégiqueau aussisurlasécuritéetnonseu<strong>le</strong>ment développement local. sur coûts salariaux. Angélique LAFONT 1 6 0 2009, Lavoisier, 122 p., 45 € INHESJ, Adjointe au ChefduDépartement SécuritéÉconomique Sécurité privée en France : réf<strong>le</strong>xion sur un secteur en p<strong>le</strong>ine expansion Jean-Jacques KONADJE D ans toute société démocratiquement organisée, de différents domaines et prend en compte la survei lance, la sécurité a pendant longtemps fait partie <strong>le</strong> gardiennage, la protection, <strong>le</strong>s vigi<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s maîtres-chiens, des fonctions régaliennes de l’État. E <strong>le</strong> <strong>le</strong>s gardes du corps, <strong>le</strong>s convoyeurs armés, <strong>le</strong>s opérateurs apparaît comme <strong>le</strong> fondement de l’harmonie vidéo, <strong>le</strong>s personnels de sûreté des aéroports ou des ga<strong>le</strong>ries commercia<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s agents assurant la sécurité aux abords des stades, des tribunaux, etc. Ces acteurs et domaines peuvent être regroupés en deux types de biens. D’un côté, il y a <strong>le</strong>s biens dits substituab<strong>le</strong>s comme <strong>le</strong>s missions de survei lance et de prévention et de l’autre côté, <strong>le</strong>s biens dits complémentaires comme la survei lance privée é<strong>le</strong>ctronique et <strong>le</strong> transport de fonds. permettant à chaque citoyen de s’épanouir, et constitue <strong>le</strong> catalyseur du progrès co <strong>le</strong>ctif et du bonheur individuel. De Hobbes à Locke en passant par Rousseau, la sécurité a toujours été perçue comme un domaine exclusivement réservé à l’État qui en est <strong>le</strong> garant. En France, depuis plus de deux décennies, face à l’émergence du secteur de la sécurité privée, l’État change peu à peu de stratégie tout en délégant progressivement désormais une partie de ses pouvoirs de sécurité au privé. Dans <strong>le</strong> cadre de la réorganisation de l’architecture généra<strong>le</strong> de la sécurité, Paris entend impliquer la sécurité privée dan sa mission de sécurité co <strong>le</strong>ctive. La création d’une délégation interministérie <strong>le</strong> à la sécurité privée et la récente nomination du préfet hors cadre, Jean-Louis Blanchou, à la tête de cette structure, traduisent la volonté manifeste de l’État français de coopérer avec <strong>le</strong> secteur de la sécurité privée. De te <strong>le</strong>s initiatives ne vont pas sans susciter des controverses, des débats et des inquiétudes dans l’opinion publique française. Le présent articl est une réf<strong>le</strong>xion sur cette profession qui ne connaît pas la cris et avec laque <strong>le</strong> l’État français doit désormais composer. Un secteur hétérogène, disparate et multiforme En France, la sécurité privée est considérée comme un secteur stratégique et sensib<strong>le</strong>. Il regroupe différents acteurs Le paysage de la sécurité privée en France se compose de trois types d’entreprises. Nous avons d’abord <strong>le</strong>s grosses entreprises qui sont au nombre de 170. E <strong>le</strong>s représentent 3,5 % des entreprises, emploient 80 % des effectifs et réalisent 75 % du chiffre d’affaires, avec une très forte croissance. Chacune de ces grosses entreprises a plus de 100 employés, et même plus de 500 pour 30 d’entre e <strong>le</strong>s. 1 Nous avons éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s moyennes entreprises qui sont environ 300 et représentent 6,6 % du marché de la sécurité privée. E <strong>le</strong>s ont entre 20 et 100 salariés et se partagent 12,5 % du chiffre d’affaires du secteur de la sécurité privée. Enfin, <strong>le</strong>s entreprises privées estimées à 4 230 représentent 90 % du marché et emploient moins de 20 salariés. Parmi e <strong>le</strong>s, plus de 60 % sont des travai <strong>le</strong>urs et 30 % ont entre 1 et 4 salariés, si bien que ces 90 % des entreprises ne correspondent pas à 10 % des agents du secteur. Selon L. Tournyol du Clos, « la stratégie de ces petites entreprises est clairement ce <strong>le</strong> du moindre coût. A l’image des « discounters » de grande distribution, l’o fre de sécurité y est proposée au plus bas prix, en contrepartie d’une moindre qualité, du faib<strong>le</strong> salaire des agents, d’une prise de risques profe sionnels importante, et d’un grand turn-over de ces entreprises ». 2 (1) Lo raine Tournyol du Clos, « Évolutions de l’o fre de la sécurité privé en France : une approche économique » in Revue (2) Ibid. internationa<strong>le</strong> de criminologie et de police technique et scientifique, avril, 2006, N° 59:1, PP. 48-57. 4 6 9 Repères Un nouveau paradigme pour l’étude des crises et de la résilience sociéta<strong>le</strong> - Paul THÉRON ............. 141 Sécurité privée en France : réf<strong>le</strong>xion sur un secteur en p<strong>le</strong>ine expansion Jean-Jacques KONADJE ...................................................................................................................................... 155 Se protéger sur Internet, Conseils pour la vie en ligne C Xavier TANNIER réé à la fin des années <strong>le</strong> web est susceptib<strong>le</strong>d’êtreutilisé 1960, Internet était à par un moteurderecherche », une l’origine un réseau photographie ou un commentaire reliantdesuniversités que l’on préférait enfouiàjamais américainesentre<strong>le</strong>s. peut se retrouver dans <strong>le</strong>s premières Depuis<strong>le</strong>milieudesannées1990 pages de résultatsd’unerecherche lorsqu’ilfutrenduaccessib<strong>le</strong>au lancéeparnotre (potentiel) employeur grandpublic, Internetestdevenuun par exemp<strong>le</strong>. Une fois posté(e) sur <strong>le</strong> formidab<strong>le</strong> outil de communication web, touteimageouécritestrelayé(e) et d’accèsàlaconnaisance. Véritab<strong>le</strong> par d’innombrab<strong>le</strong>s canaux et sauvegardé(e) pour un temps indéfini. espace de liberté où chacunpeut s’exprimer et naviguer à sa guise, il S’il est doncaisédeseconstituerune o fre éga<strong>le</strong>mentàtoutepersonne mauvaiseréputation, il est en revanche connectée, manière rapid et gratuite, la po sibilité s’informer via lorsqu’e<strong>le</strong>aétéécornée. Conserver<strong>le</strong> <strong>le</strong>s moteursderechercheetdese 2010, Eyro<strong>le</strong>s, contrô<strong>le</strong> notre vie privée et tout très di fici<strong>le</strong> de rétablir son image créer d’étendresonréseausocial 218 p., 16,90 € particulièrementce<strong>le</strong>denosenfants par <strong>le</strong> biais me sagerieé<strong>le</strong>ctro- niqueouencoredesitestelFacebook. des paramètres de confidentialité et est alorsvivementconseilé : choix Internet fait ainsi aujourd’hui partie é<strong>le</strong>ctroniques(s), adre se IP,…) et cul- (goûtsculturels, habitudede (en accès et vente libre…) sur la toi<strong>le</strong> du contenuquel’onsouhaitemetre aussibiendelavieprofessionne<strong>le</strong>ture<strong>le</strong> que privée, rendant même consommation,…) en e fet notamment. D’autantplusquese souventlafrontièreentre<strong>le</strong>sdeuxrecherchéesàdesfinspublicitaires. créer des problèmespersonnelsou imprécise. À ce titre, l’usagequel’on Véritab<strong>le</strong>s mannes financières, nombre ces donnéesconstituantnotreIl convient de réfléchir à deux fois profe sionnelsn’estpas<strong>le</strong>seuldanger. en fait doit être réfléchi à bien des égards et « contrô<strong>le</strong>r sa vi ligne, profilsontainsirevenduesentouteavantdepubliersur<strong>le</strong>Netafin cela s’apprend ». discrétion, par Goog<strong>le</strong>notamment, d’éviter, particulier, d’être poursuivi aux entreprisesquipeuventainsienjusticepourateinteàlavie privée La multitude d’informations personne<strong>le</strong>sdiséminéesunpeupartoutInternetofreéga<strong>le</strong>mentaux usurpa- plagiatouencorepourincitationà sur la toi<strong>le</strong> a permisàcertainsdeteursd’identitésetpluslargementla commi sion d’activités i licites, et mieux cib<strong>le</strong>r <strong>le</strong>ur publicité. Mais à l’image, di famationouinjure, s’enrichirléga<strong>le</strong>mentouiléga<strong>le</strong>ment. aux criminelsl’opportunitéd’arriverpluslargementdecauserunpréju- plupart de nos faits et gestessur<strong>le</strong> espions, la techniquedel’hame- Web tracés et nos informations çonnage (phishing) encore<strong>le</strong>mon- La se d’informations circulant En e fet, l’auteurnousavertitquelaà<strong>le</strong>ursfins. Deslogicielsmalveilantsdiceàautrui. personne<strong>le</strong>sco<strong>le</strong>ctées. Reconstituer tage d’arnaques perme tent ainsi de sur web depuissesdébutsetla la vie de quelqu’unestaujourd’huivo<strong>le</strong>r des informations personne <strong>le</strong>s diversitédesauteurs (institutions, en- personnesprivées,…) doivent faci<strong>le</strong> <strong>le</strong>s entreprisesl’ontbienqui serontrevenduesouutiliséesàtreprises, compris. Cesdiférentesdonnéesfontmauvaisescient. éga<strong>le</strong>mentconduireàgarderune ainsil’objetd’échangescommerciaux. certainedistancequantàlaperti- tives de nos identités administrative d’avoir consciencequ’InternetaLescontenusauvegardésur<strong>le</strong>sites (nom, prénom, date de naissance, « unemémoired’éléphant ». Comme institutionnels, forums, blogs, Les diversescaractéristiquesconstitu- Il est en outreéga<strong>le</strong>mentimportantnenceetlavéracitédecesinformations. adre se, sexe,…), numériques (adre se(s) « tout ce qui est en accèspublicsur sagesé<strong>le</strong>ctroniquesouencore 1 6 2 L Un nouveau paradigme pour l’étude des crises et de la résilience sociéta<strong>le</strong> Paul THÉRON a résilience sociéta<strong>le</strong>… Le sujet est d’actualité : épisode Cet artic<strong>le</strong> présente <strong>le</strong> paradigme d’étude des crises et neigeux du 8 décembre 2010, crise financière des deux de la résilience qui a émergé ces dernières années au cours dernières années, canicu<strong>le</strong> de 2003, révolution tunisienne du 14 janvier 2011, puis égyptienne, lieu, il dre se un rapide panorama critique de quelques de mon travail avec mes équipes et étudiants. En premier inondations au Queensland,… Autant d’événements qui ont précipité des communauté socia<strong>le</strong>s et des crises. Ensuite, il présente deux cas – parmi d’autres – sur approches méthodologiques utilisées pour étudier <strong>le</strong>s nations au bord du gou fre, quand ce ne fut pas… dedans. la base desquels <strong>le</strong> paradigme de la dynamique des crises a été élaboré. Il présente dans un troisième temps <strong>le</strong>s La notion de résilience – sociéta<strong>le</strong> qui plus est – reste définitions et <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de la dynamique des crises et de confuse. Si tout <strong>le</strong> monde s’accorde désormai sur <strong>le</strong> fait la résilience qui ont résulté de ces études. Il en discute que par<strong>le</strong>r de résilience n’a de sens qu’en cas de choc ensuite <strong>le</strong>s implications. Enfin, il propose une démarche extrême, de crise, <strong>le</strong> concept est récent, surtout dans <strong>le</strong> d’analyse rétrospective (de retour d’expérience si l’on veut) domaine de sciences politiques, de sciences du danger qui en a été extrapolée pour me tre à jour <strong>le</strong>s mécanismes et de sciences des organisations. Qu’est-ce qu’une crise ? de la cris et <strong>le</strong>s re sorts de la résilience sociéta<strong>le</strong>. Quand est-on en crise ? Comment se développe-t-e <strong>le</strong> et s’éteint-e <strong>le</strong> ? Quels sont ses e fets, et sur quoi et qui ? Comment réagit-on aux crises ? Qui concourt à <strong>le</strong>s surmonter ? En agi sant comment et sur quoi ? Avec quels moyens ? Au débo té ou bien au terme d’une préparation minutieuse ? Etre résilient, est-ce surmonter <strong>le</strong>s événements au moment de <strong>le</strong>ur survenance ou bien est-ce se reconstruire une fois l’orage pa sé ?… Pou répondre à ces questions, et d’autres encore, nous manquons d’abord de définitions claires. Et nous manquons au si d’études approfondie sur la dynamique des crises et de la réponse des acteurs, du citoyen, que la loi Bachelot Quelques approches de l’étude des crises et de la résilience de 2004 place au centre de la réponse aux crises, et des communautés socia<strong>le</strong>s auxque <strong>le</strong>s il appartient, à l’État dans ses prérogatives, en passant par <strong>le</strong>s co <strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s, axées bien qu’insu fisamment encore, sur <strong>le</strong>s plans communaux de sauvegarde et <strong>le</strong>s entreprises, <strong>le</strong>s opérateurs de services vitaux et <strong>le</strong>s PME. Il est donc nécessaire de mener de te <strong>le</strong>s études aujourd’hui pour mieux déterminer, dès demain, <strong>le</strong>s meil- a sez régulièrement fau ses et bien souven tendancieuses, rarement scientifiques. L’opinion ainsi formatée pour la ma se est dépourvue de perspective, nous livrant seu<strong>le</strong>ment à l’ivre se immédiate, vite pa sée, a-historicisante. Bachelard, dans la Formation de l’esprit scientifique, présente la notion d’opinion comme un « presque pas pensé », un « tout juste perçu », une « intuition », subreptice et poétique tout au mieux, qu’il oppose au jugement, c’està-dire au fruit d’un travail procédant des connai sances <strong>le</strong>ures façons d’optimiser <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de l’État, d’impliquer co <strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s et entreprises, et de préparer nos et du raisonnement. concitoyens à l’éventualité de crises majeures aux e fets potentie <strong>le</strong>ment paralysants et dévastateurs pour notre pays, S’en tenir à l’opinion de tel ou tel commentateur ne voire pour <strong>le</strong>s pays voisins et nos partenaires extérieurs. su fit pas pour comprendre. Mais comment analyser ce Les crise sont devenues l’un des objets favoris des médias, et pour une bonne raison : e <strong>le</strong>s sont une actualité peu coûteuse, e <strong>le</strong>s font directement écho à nos pa sions et sont créatrices d’un certain plaisir, et beaucoup de gens peuvent aisément s’en emparer pour faire valoir, quand ce n’est <strong>le</strong>ur personne, <strong>le</strong>urs croyances ou interprétations, 1 4 1 Notes de <strong>le</strong>cture Introduction à la sécurité économique - Angelique LAFONT............................................................................ 160 La police scientifique et technique - Elsa GAUSSIN ............................................................................................ 161 Se protéger sur Internet - Angelique LE MAZOU .............................................................................................. 162 Garantir que <strong>le</strong> crime ne paie pas - Jocelyne KAN ............................................................................................. 163 retour L’évaluation et la réparation du préjudicenédesactesdecontrefaçon et ses évolutions depuis la loi de 2007 Corinne CHAMPAGNER KATZ Le préjudiceconstitue<strong>le</strong>dommagecauséàautruipar des actes, qu’ils soient volontaires ou involontaires. S’ils recouvrent des situations très variées, <strong>le</strong>s actes de contrefaçonpeuventsedéfinirdemanièregénéra<strong>le</strong> comme toute utilisationd’undroitdepropriété inte<strong>le</strong>ctue<strong>le</strong> (droitd’auteur, droitsdesartistes-interprètes, marques, brevets, dessinsetmodè<strong>le</strong>s, obtentionsvégéta<strong>le</strong>s, etc.) nonautoriséepar<strong>le</strong>titulairedecedroit. Par l’atteinte qu’ils portent droit propriété du titulaire, <strong>le</strong>s actesdecontrefaçoncausentnécessairement un préjudice, dont la victimeestfondéeàdemander réparationensolicitantnotammentdesdommageset intérêts 1 . © laurenthamels-Fotolia.com Evaluatingandrepairingthedamagecausedbycounterfeiting and its development since Law of 2007 Prejudicemeanstheharmorinjurythatresultsormayresultfromsomeaction, whethervoluntaryorinvoluntary. Eventhoughcounterfeitingcancoverawiderangeofactivities, generalitcanbeconsideredasaclassicexamp<strong>le</strong> of the non-authoriseduseofinte<strong>le</strong>ctualpropertyrights (copyright, performancerights, brands, trademarks, patents, designs, models, plantvariety protections, etc.). Counterfeit acts violate therightful owner's rights. They, therefore, causeprejudice. Consequentlythe victimisjustifiedindemandingreparationandsolicitingdamages. Corinne Champagner Katz (1) « La réparationdupréjudiceenmatièredecontrefaçon », artic<strong>le</strong>coécritparCorinneChampagnerKatzetCharloteGalichet, Le tre juridiqueduportaildespme, <strong>le</strong> 18 mai2010. 1 0 6 AvocatauBarreaudeParis. Spécialisteendroitdelapropriétéinte<strong>le</strong>ctue<strong>le</strong>. Consultanteeninteligence économique. Auditricedela16 e sessionàl’InstitutNationaldesHautesÉtudesdeSécurité. LieutenantColonelde la Réserve Citoyenne Gendarmerie Nationa<strong>le</strong>. La sécurité du produit Nicolas KERBELLEC © liusa - Fotolia.com L’émergence de nouveaux acteurs importants pour l’économie mondia<strong>le</strong> et l’arrivée en puissance du commerce en ligne n’ont fait qu’accroitre la volonté et <strong>le</strong> besoin de protectionnisme des entreprises Ce besoin regroupe diverses problématiques qui ne sont pas toutes dissociées <strong>le</strong>s unes des autres La sécurité d’un produit, la lutte contre <strong>le</strong>s contrefaçons, la traçabilité, tous ces qualificatifs très proches ne facilitent pas la vie des entreprises qui souhaiteraient travai <strong>le</strong>r <strong>le</strong> sujet Product security New, important actors have emerged in the world economy. Internet commerce has arrived in force. These factors have only increased the need, and desire for corporate protectionism. This situation ref<strong>le</strong>cts a number of prob<strong>le</strong>ms which are not a l dissociated from one another. Product security, the fight against counterfeiting and traceability, are a l closely linked, essential activities, but they also create a growing burden for a responsib<strong>le</strong> company. Nicolas Kerbel<strong>le</strong>c Docteur en chimie diplômé de l'INSA de RENNES, Nicolas Kerbe <strong>le</strong>c est <strong>le</strong> Président de la société OLNICA, société spécialisée dans <strong>le</strong> marquage anti-contrefaçon des matériaux et produits 1 3 1 Réalités et perspectives du traitement judiciaire de la contrefaçon Alain GIRARDET © Olivier Le Moal - Fotolia.com 1 6 La justicen'apasuntraitementunifiédelacontrefaçon. Cela est notammentdûaufaitquecetermerecouvre une grande diversité de situations. Les droits propriété inte<strong>le</strong>ctue<strong>le</strong>encausepeuventêtretrèsdifférents (marques, droitsd'auteur, modè<strong>le</strong>s, brevets). Par ai <strong>le</strong>urs, il fautdistinguerlacontrefaçon "crapu<strong>le</strong>use", où l'atteinte manifesteauxdroitsd'untiers vise à réaliserdesprofits rapides et utilise souvent des voies clandestines, la contrefaçon « concurrentie <strong>le</strong> » qui émerge entre entreprises concurrentes qui opèrent sur <strong>le</strong> même marché et qui se suivent "d'un peu trop près". The realities and perspectives of judiciary towards counterfeiting Thecourtsdonottreatcounterfeitinguniformly. Thisispredominantlybecausetheterm counterfeitingcovers a who<strong>le</strong>rangeofactivities. Forexamp<strong>le</strong>, theinte<strong>le</strong>ctualpropertyrightsaffectedbycounterfeiting, involvesbrand names, trademarks, copyrights, prototypes, modelsandpatents. It important, however, to distinguishbetween «criminal» counterfeiting, orfakeimitationswherethemanifestinfringementofathirdparty'srightsistomakemoney quickly, usualybyilicitmeans, andcounterfeitingorcopyingwhichcanbequalifiedmoreas «competitive». This latterusualyinvolvesaconflictofinterestbetweentwocompaniesvyingfor thesameparticularmarket. © Gi <strong>le</strong>s Martin Alain Girardet Président de chambre à la Cour d'appel de Paris. Professeur associé à l'Université Paris 12. Contrefaçon : un crime invisib<strong>le</strong> Mickaël R. ROUDAUT Source : Le Figaro/Paul Delort La contrefaçon, marché criminel sous-reporté et mal évalué, poursuit sa mutation vers <strong>le</strong>s produits de consommation courante A mesure que <strong>le</strong> faux cib<strong>le</strong> des produits de tous <strong>le</strong>s jours, il cherche à pénétrer <strong>le</strong> marché licite de distribution Là, réside l'avenir de la lutte contre <strong>le</strong> phénomène De fait, un véritab<strong>le</strong> partenariat publicprivé (cogestion) s'impose avec évidence Counterfeiting: an invisib<strong>le</strong> crime Counterfeiting is a criminal activity which is underestimated and hardly reported in the media. Today it is in the process of mutating towards the daily consumab<strong>le</strong>s sector. If such fake imitations are now targeting everyday products, it means that they are looking to penetrate the <strong>le</strong>gitimate distribution market. If this is the case, however, it wi l provide us with an ideal opportunity to further the combat agains this phenomenon. To this end, it is obvious that some form of joint, public-private partnership is required to succeed. Mickaël R. Roudaut Administrateur à la Direction Généra<strong>le</strong> Affaires Intérieures de la Commission européenne Diplômé en droit public, droit communautaire et en criminologie Chargé de cours à l'éco<strong>le</strong> des officiers de la Gendarmerie nationa<strong>le</strong> Conférencier aux Universités de Paris I Panthéon-Assas, d'Auvergne et de Strasbourg Notamment auteur de « Marchés criminels – Un acteur global », PUF, mai 2010 2 5
a contrefaçon est un phénomène de société qui constitue, en quelque sorte, un marqueur de ses vices <strong>le</strong>s plus modernes. Lui consacrer un numéro des Cahiers de la Sécurité procède de la reconnaissance qu’el<strong>le</strong> impacte notre sécurité de multip<strong>le</strong>s façons et que, de ce fait, il est important de la combattre directement et non de manière collatéra<strong>le</strong> en raison des divers aspects qu’el<strong>le</strong> revêt. C’est ce sur quoi s'accordent tous <strong>le</strong>s auteurs qui ont contribué uti<strong>le</strong>ment à cette présentation. La contrefaçon constitue d’abord une violation d'un droit de propriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>. Les atteintes à ce droit recouvrent un large éventail d’infractions. Tromper <strong>le</strong>s consommateurs par <strong>le</strong> jeu des marques ou du copyright, c'est-à-dire du piratage, comporte des conséquences importantes car il n’est pas possib<strong>le</strong> de transformer chaque citoyen en gardien vigilant de la conformité. Les consommateurs sont donc, dans cette perspective, une proie faci<strong>le</strong> et deviennent des otages. Le pouvoir régalien doit donc intégrer cette dimension par toutes <strong>le</strong>s voies qui sont offertes. Ainsi, <strong>le</strong> marquage et <strong>le</strong>s normes intègrent-ils progressivement <strong>le</strong>s nécessités d’une meil<strong>le</strong>ure sécurité des produits. Accessoirement, cela éclaire <strong>le</strong> débat stratégique sur <strong>le</strong> siège de la future juridiction européenne des brevets dont <strong>le</strong>s progrès dans <strong>le</strong>urs « spécifications » sont éga<strong>le</strong>ment de nature à améliorer, sur <strong>le</strong> terrain, la lutte contre <strong>le</strong>s contrefacteurs. Cet effort est d’autant plus nécessaire que la montée en puissance des transactions de toute nature via <strong>le</strong> réseau internet, et la mondialisation réel<strong>le</strong> ou virtuel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> entraîne, fait émerger de nouveaux acteurs. Le protectionnisme développé à l'abri des frontières est dès lors inopérant et ne peut pas résoudre <strong>le</strong>s problèmes posés. Il faut donc choisir d'autres outils comme conjuguer des dispositifs de dissuasion en rendant accessib<strong>le</strong>s, efficaces et opératoires <strong>le</strong>s moyens d’une véritab<strong>le</strong> traçabilité. Observons que tous <strong>le</strong>s pays suivent ce chemin. La Chine, souvent considérée comme <strong>le</strong>ader de la contrefaçon depuis plusieurs décennies, a fait éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> choix de l’innovation pour développer ses industries et des projets économiques ambitieux. Comment pourrait-el<strong>le</strong> se protéger demain sans rejoindre la lutte contre la contrefaçon ? L’Italie el<strong>le</strong>-même fait face à un développement sans précédent de cette criminalité qu’un auteur appel<strong>le</strong> à juste titre <strong>le</strong> « crime invisib<strong>le</strong> ». Les pouvoirs publics ne doivent pas sous-estimer la menace que la contrefaçon constitue pour <strong>le</strong>s intérêts vitaux du pays d’autant que cette activité s’adosse <strong>le</strong> plus souvent à des branches du crime organisé qu’el<strong>le</strong> revitalise. Le même constat pourrait être dressé pour l’industrie du luxe, victime historique particulièrement en ce qui concerne <strong>le</strong>s marques françaises. Accès sommaire 5