Septembre 12 - BECI
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dossier<br />
Green<br />
Bilan carbone et compensation CO2<br />
Le soufflé est retombé<br />
L’engouement pour la compensation volontaire d’émissions de CO2 est retombé en raison de la<br />
crise économique et du manque de transparence de certains projets. Cela ne veut pas dire que son<br />
préalable, à savoir le bilan carbone, est jeté au feu. La conscientisation a bien lieu. Simplement, les<br />
entreprises préfèrent d’abord balayer devant leur porte.<br />
26<br />
n° 09 - septembre 20<strong>12</strong> - Entreprendre<br />
En Belgique, les premières sociétés<br />
spécialisées dans le marché naissant<br />
de la compensation volontaire<br />
d’émissions de CO2* sont apparues vers<br />
2007-2008, dans la foulée de l’entrée<br />
en vigueur du protocole de Kyoto (en<br />
2005). Le film d’Al Gore et le sommet de<br />
Copenhague ont amplifié le mouvement<br />
de conscientisation aux enjeux climatiques.<br />
Puis est arrivée une crise financière<br />
et économique, dont le monde ne<br />
s’est toujours pas complètement remis.<br />
Les entreprises ont revu leurs priorités.<br />
« On peut dire, en ce qui concerne l’intérêt<br />
pour la compensation Co2, que le soufflé<br />
est retombé. Un signe parmi d’autres est<br />
que des organismes environnementaux<br />
comme l’Ademe en France ou Inter-Environnement<br />
Wallonie en parlent beaucoup<br />
moins, voire plus du tout, » constate André<br />
Heughebaert, chercheur à l’ULB et auteur<br />
d’une étude comparative sur les mécanismes<br />
de compensation CO2. La crise<br />
n’explique pas tout :« Les mécanismes de<br />
compensation eux-mêmes ont été beaucoup<br />
décriés pour le manque d’efficacité et<br />
les lourdeurs des projets, avec ici et là des<br />
cas de vol. » La Chine, l’Inde et l’Afrique<br />
du Sud s’arrogent la part du gâteau des<br />
projets bénéficiaires des crédits CO2, en<br />
grande partie dans l’éolien, avec parfois<br />
des effets d’aubaine pour de grands projets<br />
d’énergie renouvelable qui auraient<br />
de toute façon eu lieu. Par contre, les pays<br />
les moins développés sont délaissés.<br />
« Certains ont pu considérer la compensation<br />
comme un moyen relativement<br />
aisé de s’acheter une image verte, mais<br />
la priorité d’une entreprise doit d’abord<br />
être de regarder en interne comment<br />
limiter ses propres émissions de CO2. La<br />
compensation CO2 ne vient qu’en fin de<br />
parcours, en complément, pour des émissions<br />
impossibles à réduire, » poursuit<br />
André Heughebaert. On pense en particulier<br />
aux voyages en avion, à certains<br />
déplacements en voiture ou à des événements<br />
d’entreprise.<br />
« Il est clair que les entreprises font attention<br />
à leurs dépenses et que certains<br />
projets de compensation ont été mis en<br />
suspens. Mais la conscientisation fonctionne.<br />
Nous constatons effectivement<br />
qu’un certain nombre d’entreprises qui<br />
voyaient la compensation comme un<br />
moyen marketing de redorer leur blason<br />
écologique ont décroché. Mais celles qui<br />
ont développé une vision globale de leur<br />
responsabilité environnementale continuent<br />
de s’y intéresser, » résume Antoine<br />
Geerinckx, cofondateur de Co2Logic, pionnier<br />
de la compensation CO2 en Belgique.<br />
Les PME bientôt ‘invitées’ ?<br />
D’après lui, la compensation n’est qu’un<br />
outil en bout de course. La première étape,<br />
essentielle, est de réaliser un diagnostic<br />
de son efficacité écologique, à travers la<br />
réalisation d’un bilan CO2. « La compensation<br />
est surtout le fait de grandes entreprises,<br />
alors que le bilan CO2 intéresse aussi<br />
de plus en plus de PME. Un tel bilan ouvre<br />
les yeux et permet ensuite de prendre des<br />
mesures structurelles en interne, qui non<br />
seulement bénéficient aux climats mais<br />
allègent aussi la facture énergétique des<br />
entreprises. »<br />
Antoine Geerinckx pointe par ailleurs<br />
une évolution qui fait que même les<br />
PME les moins sensibilisées à l’environnement<br />
vont devoir s’intéresser aux bilans<br />
CO2 : « Certaines institutions publiques<br />
et grandes entreprises réfléchissent à<br />
inciter leurs fournisseurs à présenter un<br />
bilan carbone et à prendre des mesures<br />
le cas échéant. Il est question en Grande-<br />
Bretagne que toute société qui exporte vers<br />
le pays doive présenter un « greenhouse<br />
gas reporting ». En France, les entreprises<br />
de plus de 500 salariés sont tenues de<br />
remettre un bilan carbone. De telles mesures<br />
vont sans doute arriver en Belgique,<br />
où pour l’heure seuls quelques cabinets<br />
ministériels publient et améliorent leurs<br />
bilans CO2. »<br />
Pas une fin en soi<br />
Ces dérives ont toutefois eu un mérite<br />
involontaire : celui de rappeler que<br />
la compensation n’est pas une finalité en<br />
soi, mais doit s’inscrire dans une vision<br />
globale de développement durable.<br />
Antoine Geerinckx (CO2Logic) :<br />
« Certaines institutions publiques et<br />
grandes entreprises réfléchissent à inciter<br />
leurs fournisseurs à présenter un<br />
bilan carbone »<br />
« Neutre en CO2 »<br />
Climact, un concurrent de Co2Logic,<br />
a décidé, vu les dérives évoquées plus<br />
haut, de ne plus se charger directement<br />
de compensation CO2, mais de simplement<br />
proposer un accompagnement