Evaluation du Projet «Appui àla prévention et àla prise en charge ...
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popu<strong>la</strong>tion comme étant une des ma<strong>la</strong>dies féminines les plus fréqu<strong>en</strong>tes dans <strong>la</strong> communauté.<br />
Toutefois, après description de c<strong>et</strong>te pathologie par les consultants, il s’avère que seulem<strong>en</strong>t<br />
quelques-uns <strong>en</strong> ont <strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>du</strong> parler dans leur milieu social <strong>et</strong> très peu d’informateurs ont vu des<br />
personnes qui <strong>en</strong> sont atteintes. En eff<strong>et</strong>, contrairem<strong>en</strong>t aux prestataires de santé, <strong>la</strong> grande<br />
majorité des informateurs <strong>du</strong> milieu communautaire ne connaît pas <strong>la</strong> fistule obstétricale. Dans<br />
bi<strong>en</strong> des cas, ceux-ci font une confusion <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> fistule <strong>et</strong> les pertes b<strong>la</strong>nches ou d’autres<br />
ma<strong>la</strong>dies de l’appareil génital de <strong>la</strong> femme. Selon une tradipratici<strong>en</strong>ne d’Ab<strong>en</strong>gourou :<br />
« C’est bobodouman » qui fait ça, si tu fais beaucoup d’accouchem<strong>en</strong>t, le « bobodouman »<br />
(utérus) devi<strong>en</strong>t faible <strong>et</strong> on urine sur soi. Moi même qui suis devant toi, si j’ai l’<strong>en</strong>vie de<br />
« pisser » que je ne vais pas vite je pisse sur moi ».<br />
Quels que soi<strong>en</strong>t le sexe, <strong>la</strong> catégorie socioprofessionnelle <strong>et</strong> <strong>la</strong> zone d’<strong>en</strong>quête, l’on observe un<br />
faible niveau de connaissance des fistules obstétricales chez les popu<strong>la</strong>tions. Les différ<strong>en</strong>ts<br />
témoignages recueillis auprès des informateurs confirm<strong>en</strong>t ce résultat :<br />
« Je n’ai jamais vu ni <strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>du</strong> ça » (FGD, Femme, Ab<strong>en</strong>gourou).<br />
« C’est ma première fois d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ça » (FGD, Accoucheuse traditionnelle, Duékoué).<br />
« Sincèrem<strong>en</strong>t, je ne connaissais pas c<strong>et</strong>te ma<strong>la</strong>die » (FGD, Homme Abidjan).<br />
« Moi, j’ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>du</strong> parler de c<strong>et</strong>te ma<strong>la</strong>die mais, je n’ai jamais vu quelqu’un qui a c<strong>et</strong>te<br />
ma<strong>la</strong>die » (FGD, Femme, Ab<strong>en</strong>gourou).<br />
Ce faible niveau de connaissance se justifie selon les <strong>en</strong>quêtés par <strong>la</strong> grande discrétion dont font<br />
preuve les femmes victimes de c<strong>et</strong>te ma<strong>la</strong>die. Il ressort de <strong>la</strong> majorité des <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s que des cas<br />
de fistules peuv<strong>en</strong>t exister dans <strong>la</strong> communauté sans qu’on ne le sache, hormis les personnes de<br />
l’<strong>en</strong>tourage proche de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>de. En eff<strong>et</strong>, c<strong>et</strong>te ma<strong>la</strong>die est perçue par celles qui <strong>la</strong> viv<strong>en</strong>t<br />
comme un drame. Ces dernières éprouv<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> honte eu égard à aux odeurs nauséabondes<br />
constantes <strong>et</strong> insupportables qu’elles dégag<strong>en</strong>t.<br />
III.3.2) Opinions/Perceptions <strong>et</strong> attitudes des popu<strong>la</strong>tions vis-à-vis des fistules<br />
obstétricales<br />
a) Opinions <strong>et</strong> perceptions vis-à-vis des fistules obstétricales<br />
Après une brève description des fistules obstétricales par les chercheurs, <strong>la</strong> quasi-totalité des<br />
informateurs a déc<strong>la</strong>ré que c<strong>et</strong>te pathologie est très invalidante <strong>et</strong> équivaut à <strong>la</strong> mort. Selon eux,<br />
c’est une sale <strong>et</strong> honteuse ma<strong>la</strong>die qui est plus grave que le SIDA :<br />
« C’est pas une bonne ma<strong>la</strong>die, c’est une ma<strong>la</strong>die honteuse, si tu as une telle ma<strong>la</strong>die, c’est plus<br />
que le SIDA, c’est <strong>la</strong> mort » (EI, accoucheuse traditionnelle, Ab<strong>en</strong>gourou). Une autre<br />
informatrice dit ceci : « C’est pas une bonne ma<strong>la</strong>die, il y a ma<strong>la</strong>die <strong>et</strong> ma<strong>la</strong>die, ça, c’est pas<br />
bon <strong>du</strong> tout parce que tu vas dans un coin, tu es mouillés, ça, ça fait honte » (FGD, femmes,<br />
Bouaké).<br />
Le faible niveau de connaissance des fistules obstétricales <strong>et</strong> les opinions négatives des<br />
popu<strong>la</strong>tions sur <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die, détermin<strong>en</strong>t leurs perceptions <strong>et</strong> attitudes vis-à-vis des femmes qui<br />
<strong>en</strong> sont victimes. Dans l’<strong>en</strong>semble, <strong>la</strong> plupart des informateurs p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t que <strong>la</strong> surv<strong>en</strong>ue de <strong>la</strong><br />
fistule est liée à des causes surnaturelles <strong>et</strong>/ou à <strong>la</strong> pratique <strong>du</strong> multipart<strong>en</strong>ariat qui expose à des<br />
activités sexuelles int<strong>en</strong>ses. C<strong>et</strong>te perception est tra<strong>du</strong>ite dans le témoignage de c<strong>et</strong> informateur :<br />
« Mais il y a une fille qui est ici qui a c<strong>et</strong>te ma<strong>la</strong>die. Cep<strong>en</strong>dant, pour elle c’est un peu différ<strong>en</strong>t.<br />
Elle n’urine pas comme ça, quand elle est à <strong>la</strong> maison, elle n’urine pas, mais c’est quand elle<br />
vi<strong>en</strong>t parmi les g<strong>en</strong>s qu’elle urine. Elle p<strong>en</strong>se que c’est un sort qu’on lui a j<strong>et</strong>é, c<strong>et</strong>te dernière est<br />
étudiante » (E.I., Accoucheuse traditionnelle, Ab<strong>en</strong>gourou). une autre participante partage <strong>la</strong><br />
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