Environnement Les soeurs solaires Les soeurs solaires Eclairer des vies Alors que la nuit tombe, les habitants de 111 villages reculés de trente-deux pays africains, latino-américains, arabes et asiatiques, ont une pensée pour Tilonia, au Rajasthan ! Leurs maisons sont éclairées grâce à l’énergie solaire des panneaux photovoltaïques installés et entretenus par les mères et grands-mères de chaque village, rentrées de l’Inde après une formation de six mois. Ces villageoises sont parties de chez elles pour la première fois de leur vie pour se rendre au Rajasthan où des femmes sans formation leur ont appris à monter des équipements élaborés. En l’absence d’un langage commun, les formatrices se sont fait comprendre par des gestes et des codes-couleurs attribués à chaque élément de l’assemblage, de la même manière dont elles ont ellesmêmes été formées par leurs aînés. Ces femmes qui viennent au Barefoot L’heure de lire des histoires College de Tilonia sans jamais avoir utilisé ne serait-ce qu’un tournevis sont les mêmes qui, plus tard, fabriquent des panneaux solaires et installent des systèmes d’éclairage. Installée dans des villages à travers le monde, cette tribu de plus en plus nombreuse de femmes formées est surnommée « Les Sœurs Solaires » ou encore « Les Guerrières du Soleil ». Mochozi est une grand-mère congolaise qui est d’avis qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre de nouvelles astuces. Venue elle aussi du Congo, Moyoni, 38 ans et mère de huit enfants. Elles font partie du nouveau groupe de vingt-quatre stagiaires parmi lesquels ne figure qu’un seul homme, venu de Jordanie. Moyoni a arrêté l’école après le CM1 en primaire, mais elle connaît quelques mots d’anglais. Son séjour dans ce village du Rajasthan si différent du sien lui plaît beaucoup, et si le cassava (manioc) lui manque, goûter à une autre cuisine ne lui pose pas de problème. Ce groupe, comme le précédent, est formé par des habitants locaux. Originaire du village voisin de Baori, Magan Kanwar, 45 ans, a appris l’assemblage et l’installation d’équipements solaires en 2004 et est depuis devenue formatrice à son tour. En tant que femme mariée, il fut un temps où elle ne pouvait pas partir travailler à l’extérieur et se contentait donc de quelques travaux de couture à domicile. Mais c’était avant que le programme de formation solaire ne la recrute. Magan Kanwar reconnaît n’avoir jamais imaginé rencontrer des femmes de tant d’horizons différents. Il arrive qu’un ancien stagiaire l’appelle d’un village au fin fond d’un pays étranger. Deux autres locaux, Ganpat et Firoz Khan, font eux aussi partie de ce programme mené par Bhagwat Nandan, l’un des premiers élèves de cette école. Jusqu’à aujourd’hui, quelque 142 femmes ingénieurs solaires formées à Barefoot sont reparties dans trente-deux pays pour allumer des ampoules électriques dans plus de 10 000 foyers de 111 villages. C’est la communauté d’un village choisi qui décide des candidates, dont les frais de transport et de formation sont pris en charge par le programme de coopération technique et économique du ministère des Affaires étrangères, un partenariat salué par la communauté photovoltaïque mondiale. De retour de leur formation en Inde pour installer un système d’éclairage solaire dans leurs villages respectifs, ces mères et ces grands-mères deviennent des membres actifs, auto-dépendants et productifs au sein de la communauté. En 2005, le Barefoot College a formé trois grands-mères afghanes qui ont par la suite assuré l’entretien du premier village afghan éclairé grâce à l’énergie solaire. Elles se sont également occupées de former vingt-sept autres habitantes locales afin de garantir un éclairage permanent. Bien d’autres femmes afghanes sont venues dans cette école depuis, et l’aide offerte dans ce cas a également compris l’approvisionnement d’installations photovoltaïques pour leur pays. Les « Sœurs Solaires » ont transformé la vie des villageois. Des femmes modestes, ne sachant pas forcément lire et écrire, ont été formées en groupes les unes après les autres à Tilonia pour devenir ingénieurs solaires et eau, sages-femmes, designers, chargées de communication, architectes ou mêmes des entrepreneurs sociaux en milieu rural. Cette électrification a permis aux jeunes gens et jeunes filles gardant le bétail la journée d’étudier après le coucher du soleil. Les femmes peuvent obtenir un revenu supplémentaire en effectuant des travaux d’aiguille le soir. Les médicaments périssables peuvent être réfrigérés dans les cliniques de village. A cela s’ajoutent les avantages du point de vue environnemental. En Afrique, une famille rurale brûle environ 60 litres de kérosène par an pour éclairer son foyer. Une lampe à pétrole basique rejette l’équivalent d’une tonne de dioxyde de carbone en moins de dix ans. En remplaçant le pétrole et le bois, l’énergie solaire améliore considérablement la qualité de
Moines transportant des panneaux solaires au Ladakh