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Romain Rolland
Histoire
©National Library of France
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devise : « Nous sommes l’Humanité ».
Parce qu’il faut établir la fraternité
entre les croyants dont les religions
respectives constituent, en leur
totalité, une synthèse de la Religion
éternelle, il s’intéresse au Yoga qui,
signifiant « joug » ce qui réunit, n’est
pas éloigné du terme « religion » dont
la racine religare fait référence à l’idéal
de « relier » les hommes entre eux. Or
les Yogas proposent cet idéal de foi,
d’action et de raison en une parfaite
synthèse.
« L’âge noir, l’âge des ténèbres »,
écho du Kali-Yuga des Hindous, lui
rappelle aussi la théorie des âges et la
doctrine des cycles chère à Héraclite
et Empédocle, comme si les deux
continents s’abreuvaient à une source
commune. Jetant des passerelles entre
les religions hindoue et chrétienne,
son Essai tend à retrouver, de Maître
Eckhart et Saint-Jean de la Croix à
Ramakrishna et Vivekananda, une
harmonie du Monde et de l’Être, où
communieraient, les philosophies
védantique et néo-platonicienne et,
dans une sorte de pan-mysticisme,
mystiques chrétiennes et mystiques
hindoues.
Ailleurs, ce sont les travaux de J.
C. Bose, naturaliste spécialisé dans
des recherches sur la sensibilité des
végétaux, qui, en avançant par une
démonstration scientifique l’hypothèse
de l’unité cosmique – les plantes
sont des êtres vivants – éveillent son
attention. Preuve est ainsi faite qu’il n’y
a pas contradiction entre foi et science,
tradition et progrès matériel, Orient
et Occident. C’est pourquoi, dans les
deux livres sur la mystique de l’Inde,
sont cités, à côté du Mahâbhârata et
du Râmâyana, les noms de Cervantès,
Goethe, Beethoven, Shakespeare,
Tolstoï, et Schiller et son « Je suis
concitoyen de ceux qui viendront plus
tard ».
Le Songe d’une Vie
Cette pensée hindoue, si elle le
séduit intellectuellement, Rolland estil
homme à se donner les moyens de
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la vivre au quotidien? Que pouvait
bien signifier son attirance pour la
non-violence si elle n’était pas assortie
d’une décision de vivre le satyagraha
ici et maintenant ? Le Mahatma ne s’y
trompe pas, qui lui fait observer, lors de
son séjour à la villa Olga, qu’il vit dans
une pièce surchauffée, sous un mauvais
climat et qu’il devrait faire une cure
de nature, d’air et de soleil ! L’auteur
aborde l’Inde tout en restant à quai, y
fait escale, pourrait-on dire, sans faire
l’expérience décisive de l’immersion
telle que la vit le voyageur. Le pays
des Brahmanes et des Upanisads
reste un continent mythique. Enfin,
à l’impossibilité d’un voyage vers la
vallée du Gange et de l’Indus, s’ajoute
le rejet d’un aspect du yoga et de sa
pratique fondée sur une philosophie
de l’énergétique. Son étude de l’Inde
révèle sa difficulté à découvrir une
autre culture sans références à la
sienne propre.
« L’œuvre indienne » de Romain
Rolland est toutefois de grande
importance. Même si de nombreuses
circonstances le détournent d’une
confrontation directe, il fut un des
grands passeurs entre le continent
européen et l’Inde, et en France, le
premier à approcher ce pays d’aussi
près, au point de le faire découvrir
et aimer à plusieurs générations de
lecteurs.
En fin de compte, après avoir
répondu à un désir humaniste de
rapprocher les peuples en marche
vers l’unité, action héroïque pour
construire la cité de la fraternité
humaine, le « pèlerinage aux sources »
de Romain Rolland est ramené à
une circumnavigation de l’âme où
la confrontation avec l’Orient est
une étape d’un « voyage intérieur »
identifié au « songe d’une vie », ce
qu’évoque plus largement le reste de
son œuvre. n
Roland Roudil
Dès sa création, en 1999, à Brèves
(Bourgogne), dans le village ou
Romain Rolland repose près de ses
ancêtres, l’Association Romain Rolland
a été rejointe par un grand nombre
d’universitaires français et étrangers
et d’admirateurs de l’auteur de Jean-
Christophe et Au-dessus de la mêlée.
L’association compte en 2014, plus de
350 adhérents et 300 correspondants,
répartis dans 24 pays du monde.
L’Association propose conférences,
journées d’études et colloques sur les
nombreux thèmes qu’offre l’œuvre de
Rolland : pacifisme, Inde, musique,
engagement politique, théâtre… Elle
édite en partenariat avec la Sorbonne,
une revue semestrielle référencée
dans de nombreux pays : les
« Cahiers de Brèves » qui rassemblent
des contributions universitaires
internationales, témoignant de la
vitalité de la recherche rollandienne.
En 2015, à l’occasion du Centenaire du
prix Nobel de Littérature, décerné en
1915 à Romain Rolland, l’Association
Romain Rolland, sera partenaire de
l’Ambassade de l’Inde en France pour
un colloque intitulé « Romain Rolland
et l’Inde ».
Siège de l’Association : 1 rue Colas
Breugnon – 58530 – Brèves - France
Présidente : Martine Liégeois
www.association-romainrolland.org
Nouvelles De L’Inde
juillet-août 2014
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