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Siddhart Dhanvant Shanghvi<br />

Rencontre<br />

Siddhart Dhanvant Shanghvi<br />

Un imaginaire d’hier<br />

et d’aujourd’hui<br />

De sa venue rapide comme l’éclair, le<br />

vendredi 6 juin 2014, à l’ambassade de<br />

l’Inde, Siddhart a laissé une trace éphémère<br />

mais toutefois diffuse tel un parfum émanant<br />

de ses livres, et à défaut d’un scandale….<br />

Vaporeux, un tantinet<br />

superficiel, des chaussures<br />

ou plutôt des chaussons qui<br />

évoqueraient une sortie lit,<br />

l’auteur de trente-sept ans semble<br />

prendre toutes les situations à la<br />

cause légère. Il faut souligner qu’il<br />

aime surprendre et donc invente<br />

et réinvente une métamorphose à<br />

chaque apparition, une façon à lui<br />

de se faire remarquer pour exister ou<br />

plutôt ne plus jamais grandir.<br />

Ce jour là, avait-il une envie subite<br />

d’écriture, la France lui avait-elle<br />

procuré les effluves nécessaires pour<br />

son prochain roman ? Voilà qu’une fois<br />

à demi-assis dans son fauteuil rouge<br />

tel un trône, il trépigne d’impatience<br />

de nous faire lecture de son « café<br />

littéraire » pour nous faire boire sa<br />

tasse…<br />

A 26 ans, Siddhart devient une star,<br />

plutôt un people au pays de Ganesh, en<br />

2004, ses livres révèlent un véritable<br />

parfum de scandale. En secouant le<br />

politico correct de la nation, il s’est<br />

vite attiré les foudres de la presse<br />

conservatrice indienne qui qualifie<br />

ses écrits d’obscènes et de choquants<br />

« Parce que je parle de la sexualité des<br />

femmes et du plaisir, c’est donc un<br />

sujet tabou. Mes héroïnes sont libres,<br />

fortes, elles dominent les hommes,<br />

les chevauchent pendant l’amour, et<br />

l’on m’accuse de mettre en péril la<br />

virilité de l’homme ! » Siddhart, en<br />

quasi-féministe, s’allie aux femmes<br />

qui le lui rendent bien. Il y a une<br />

vraie mouvance sexuelle en Inde, de<br />

ce fait, Siddhart est bien obligé de<br />

le faire constater mais comment le<br />

crier autrement que dans le roman ?<br />

Détrompez-vous, ce n’est pas la<br />

romance sexuelle entre un Anglais et<br />

un jeune Indien qui fait scandale mais<br />

de toucher au sacré, à la condition<br />

féminine que l’on entrevoit dans les<br />

pages de son livre comme tachée par<br />

des scènes saphiques ou zoophiles :<br />

une épopée certifiée de Kâma-Sûtra<br />

d’un genre !<br />

Tout a commencé par l’Angleterre,<br />

précurseur des démons enfouis dans<br />

la plume de Siddhart, pour cause<br />

comme le précise l’auteur « Il n’y a pas<br />

d’agents littéraires en Inde, … ». Mais<br />

peut-on se poser la question, est-ce<br />

du pain béni pour ces colonisateurs<br />

qui veulent entacher l’Inde par une<br />

pâle vengeance ? Que penser de<br />

cette Inde indo-britannique ? Et<br />

pourtant les Anglais en prennent pour<br />

leur grade. L’auteur montre, dans son<br />

premier roman : « La fille qui marchait<br />

sur l’eau » 2004 Editions des Deux<br />

Terres, une époque révolue, celle des<br />

années vingt au cœur de Bombay<br />

où baignent luxure et débauche sans<br />

limite. Mais qu’à cela ne tienne, la<br />

presse britannique l’encense et voit<br />

en lui un auteur né. Il fréquente la<br />

jet set de Bombay, et grâce à cet<br />

émolument médiatique, l’Inde le<br />

considère, mais comme une sorte<br />

d’anarchiste sexuel et d’élément<br />

perturbateur qui, toutefois, trouve son<br />

public et peut-être, un porte-parole en<br />

la matière. Siddhart attire l’attention,<br />

on lui propose de mettre en avant ses<br />

articles dans de grands quotidiens,<br />

hebdomadaires et autres de la presse<br />

indienne et internationale.<br />

Comme dans son premier ouvrage, il<br />

décrit l’Inde des privilèges, post-érotico<br />

soap-opéra dans une veine de contes<br />

fantastiques en fortes émotions. Dans<br />

son second « Les derniers flamants<br />

de Bombay » 2010 Editions des Deux<br />

Terres, il nous replonge parmi les<br />

nantis de manière plus contemporaine<br />

en toile de fond : Bollywood et son<br />

masala de sexe, d’argent, de célébrité,<br />

et de meurtre qui battent en brèche<br />

les valeurs fondamentales de la haute<br />

société indienne.<br />

Siddhart Dhanvant Shanghvi fait<br />

dans le méli-mélo des genres mais<br />

est-ce là son art ? Il réussit tout de<br />

même à le dépêtrer à qui le veut bien<br />

voir comme à ses lecteurs qui veulent<br />

voyager dans ses rêves et s’imprégner<br />

de son âme littéraire. n<br />

Laurent Adicéam-Dixit<br />

Nouvelles De L’Inde<br />

juillet-août 2014<br />

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