Zibeline n° 61 en PDF
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De l’art<br />
<strong>en</strong> puissance<br />
© Michel Cavalca<br />
Les onze danseurs de la Compagnie Käfig<br />
prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t depuis 2012 une nouvelle création,<br />
Käfig Brasil, née au Festival de Montpellier<br />
Danse. Quatre chorégraphes sont invités par<br />
Mourad Merzouki pour ce spectacle, apportant<br />
chacun un propos et une technique qui<br />
se conjugu<strong>en</strong>t aux propositions des danseurs.<br />
Hip hop, capoeira, samba, bossa nova, musique<br />
électronique, voix, danse contemporaine<br />
se tiss<strong>en</strong>t, se crois<strong>en</strong>t, se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t. Les arts<br />
martiaux donn<strong>en</strong>t à la danse une énergie combative,<br />
la danse permettant ici la formulation<br />
d’une p<strong>en</strong>sée et d’histoires.<br />
D<strong>en</strong>is Plassard situe les danseurs dans l’att<strong>en</strong>te<br />
d’un asc<strong>en</strong>seur, esthétique de dessin<br />
animé déjanté à la Tex Avery. On observe ces<br />
personnages <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ue de ville, cravatés, avec le<br />
regard de l’ethnographe. Étrangetés soulignées<br />
par les acrobaties physiques et vocales. On est<br />
pris <strong>en</strong>tre le rire et la poésie. Céline Lefèvre<br />
interroge sur le non-dit qui fait mal, les mains se<br />
pos<strong>en</strong>t sur les lèvres, se mord<strong>en</strong>t. Le besoin de<br />
dire <strong>en</strong>fin libéré autorise l’écoute de l’autre, la<br />
naissance de la solidarité, transcrite par la<br />
liberté de l’<strong>en</strong>semble sur scène. Octavio Nassur<br />
instaure un dialogue transculturel <strong>en</strong>tre le<br />
sport de combat qu’est la capoeira et le hip<br />
hop. Son esthétique se nourrit des contrastes,<br />
et des époustouflantes acrobaties de l’<strong>en</strong>semble.<br />
Anthony Égéa s’inspire de la musique<br />
électro pour une danse de masse toute <strong>en</strong> percussions,<br />
<strong>en</strong> ivresse des mouvem<strong>en</strong>ts répétés,<br />
dans une int<strong>en</strong>se jubilation. Jubilatoire <strong>en</strong> effet<br />
tout ce superbe spectacle où l’on s<strong>en</strong>t la pâte<br />
Merzouki, qui unit les étapes <strong>en</strong> une œuvre<br />
cohér<strong>en</strong>te et forte. Performances physiques,<br />
expressivité des danseurs, variété des sources<br />
d’inspiration, superbe occupation du plateau,<br />
tout concourt à la remarquable réussite de<br />
l’<strong>en</strong>semble. On <strong>en</strong> sort émerveillés.<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Käfig Brasil a été dansé le 9 février<br />
au Théâtre Durance, Château Arnoux<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
le 30 mars<br />
Le Carré, Sainte-Maxime<br />
04 94 56 77 77<br />
www.carreleongaumont.com<br />
23<br />
D<br />
A<br />
N<br />
SE<br />
Chanson de geste(s)<br />
Demi-brume, temps susp<strong>en</strong>du : un homme guide<br />
avec mille précautions un grand corps drapé à<br />
tête de loup v<strong>en</strong>u du fond des âges, l’accompagne<br />
jusqu’à la lumière et la chaise <strong>en</strong> front de<br />
scène ; un masque est doucem<strong>en</strong>t ôté qui <strong>en</strong><br />
cache un autre puis un autre... rires timides<br />
dans la salle, puis inquiets... sil<strong>en</strong>ce. Le zèbre...<br />
la gr<strong>en</strong>ouille... la bête se dépouille l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t et<br />
l’homme joue sur sa trompette un air crépusculaire<br />
à ressusciter Miles Davies ; un mom<strong>en</strong>t<br />
mec, cigarette au bec, la belle finit par sortir<br />
d’une ultime métamorphose…<br />
Tableau inaugural, première des Sad Songs<br />
imaginées, chorégraphiées et mises <strong>en</strong> musique<br />
par Thierry Baë(l’homme), dansées par Corinne<br />
Garcia, ce poème liminaire impose doucem<strong>en</strong>t<br />
un ajustem<strong>en</strong>t des s<strong>en</strong>s et laisse flotter le s<strong>en</strong>s.<br />
La salle ne s’y trompe pas et se serre dans une<br />
att<strong>en</strong>tion toute particulière qui ne faiblira pas.<br />
Flûte japonaise, ciels tourm<strong>en</strong>tés et évanesc<strong>en</strong>ce<br />
de la gestuelle : la danseuse est incarnée<br />
mais n’incarne ri<strong>en</strong> ; le musici<strong>en</strong> souffle et c’est<br />
un peu le matin du monde ou un morceau<br />
d’éternité sans visage. Peu à peu l’inquiétante<br />
étrangeté s’estompe<br />
ou plutôt se transforme<br />
pour laisser se<br />
déployer un numéro<br />
sidérant de hula hoop :<br />
le cerceau de plastique<br />
coqueluche des<br />
années 50 finissantes<br />
va <strong>en</strong>traîner tout autant<br />
qu’<strong>en</strong>traver la<br />
danseuse désormais<br />
id<strong>en</strong>tifiable (à qui )<br />
avec sa jolie robe bleue.<br />
Condamnée au déhanchem<strong>en</strong>t<br />
rythmé<br />
jusqu’à épuisem<strong>en</strong>t du sourire, la jeune femme<br />
t<strong>en</strong>te de survivre tout simplem<strong>en</strong>t : arroser une<br />
plante ou manger des corn-flakes relève de<br />
l’acrobatie ; t<strong>en</strong>dre et poignant comme le blues<br />
déchirant que l’homme joue sur sa guitare <strong>en</strong>tre<br />
deux apparitions <strong>en</strong> magici<strong>en</strong> raté, ce spectacle<br />
étonnant donne <strong>en</strong>vie de r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> soi-même,<br />
et d’y rester longtemps.<br />
MARIE JO DHO<br />
© Jerome Tisserand<br />
Sad Songs de Thierry Baë a été crée au théâtre<br />
des Bernardines, Marseille, <strong>en</strong> collaboration<br />
avec marseille objectif DansE du 14 au 16 février<br />
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