Zibeline n° 61 en PDF
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Les caprices de l’empereur<br />
À la cour de l’empereur, la vérité n’est<br />
pas bonne à dire. Seul un <strong>en</strong>fant s’y<br />
risque fortuitem<strong>en</strong>t : «Mais l’empereur<br />
est nu !». S’inspirant du conte<br />
d’Anders<strong>en</strong>, la compagnie Graine de<br />
malicea plus d’un tour dans son sac<br />
pour transformer les carafes, coupes,<br />
gobelets, pipettes et cabochons<br />
pour un royaume. Danielle Pasquier<br />
et Roland Boully insuffl<strong>en</strong>t<br />
vie aux objets, métamorphos<strong>en</strong>t un<br />
paysage de sable <strong>en</strong> château et<br />
campagne, donn<strong>en</strong>t corps et voix<br />
à l’empereur, aux courtisans et au<br />
peuple. Car au royaume ça caquette<br />
jour et nuit, ça fait des courbettes,<br />
ça minaude, ça flagorne et ça complote<br />
drôlem<strong>en</strong>t ! À la manière d’un<br />
Éclore ou pas<br />
tableau de Rembrandt -effets de<br />
transpar<strong>en</strong>ce du verre et s<strong>en</strong>sualité<br />
des étoffes et des d<strong>en</strong>telles imaginaires-,<br />
les deux comédi<strong>en</strong>s racont<strong>en</strong>t<br />
le conte par petites touches délicates,<br />
chuchotem<strong>en</strong>ts, gestes l<strong>en</strong>ts et<br />
maniérés, une ritournelle, de précieux<br />
éclairages, dans une semi-obscurité<br />
pour plus d’intimité. Dans cette<br />
proximité complice, le public se<br />
laisse pr<strong>en</strong>dre dans les mailles du<br />
filet et, jusqu’à la fin, vit au rythme<br />
des toilettes impériales, des amusem<strong>en</strong>ts<br />
de la cour, des caprices<br />
de l’empereur… dans l’att<strong>en</strong>te de<br />
voir apparaître cette étoffe magique<br />
que deux tisserands perfides<br />
tram<strong>en</strong>t <strong>en</strong> secret. Mais tout n’est<br />
qu’illusion : «tisse tisse la laine, tisse<br />
tisse le peuple» chante le bouffon…<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
Les Habits neufs de l’Empereur<br />
a été joué du 19 au 21 février au PJP,<br />
Le Revest<br />
RetrouveZ sur notre site ces critiques spectacles et découvreZ les autres !<br />
- Le rêve, soirée transfert à la Criée<br />
- Ponts susp<strong>en</strong>dus au 3 bis f<br />
-Médée à Miramas<br />
- Le jour des meurtres aux Carmes<br />
-Jean la chance au Toursky<br />
L’univers plastique de la Cie Att<strong>en</strong>tion<br />
fragile est précieux, fait d’un<br />
équilibre assez miraculeux <strong>en</strong>tre<br />
esprit de récup, amour pour la couleur<br />
et l’esprit des contes, modestie de<br />
la bricole et équilibre des espaces<br />
et du mouvem<strong>en</strong>t. Sur le Parvis de<br />
l’opéra leur installation de caravanes<br />
poétiques était fascinante…<br />
mais leur prestation le fut moins.<br />
Lorsque Gilles Cailleauévoque tout<br />
Shakespeare <strong>en</strong> deux heures on est<br />
emporté par la richesse du monde<br />
évoqué, des histoires qui se crois<strong>en</strong>t<br />
à toute vitesse. Cette Naissance de<br />
Dalida est tout l’inverse : tout est<br />
l<strong>en</strong>t et ri<strong>en</strong> ne varie, et le monde<br />
évoqué est pauvre.<br />
Plus généralem<strong>en</strong>t : on n’échappe<br />
pas aujourd’hui à l’évocation nostalgique<br />
des mauvais chanteurs de<br />
variétoche <strong>en</strong> guise de culture<br />
populaire ; or Dalida, ou Mireille<br />
Mathieu, sont des mythes parce<br />
qu’on nous les a marketées ainsi,<br />
depuis 30 ou 40 ans. Le théâtre devrait<br />
nous aider à échapper à nos<br />
formatages par les professionnels<br />
du «temps de cerveau disponible», et<br />
pas à y plonger avec complaisance.<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
La naissance de Dalida a eu lieu<br />
le 6 mars<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
A Table ! par les appr<strong>en</strong>tis de la Fai-Ar<br />
Le 3 avril à 12h<br />
Parvis de l’opéra, Marseille<br />
04 91 03 81 28<br />
www.lieuxpublics.com<br />
© Vinc<strong>en</strong>t Lucas<br />
© X-D.R<br />
-Cyrano de Bergerac à Châteauvallon<br />
-la Commune Paris 1871 au Vitez<br />
-Que la noce comm<strong>en</strong>ce aux Salins<br />
...Femmes,<br />
ombres portées des hommes...<br />
Né du désir d’interroger la figure<br />
féminine dans l’immigration féminine,<br />
Va jusqu’où tu pourras réunit<br />
trois écritures, trois auteurs à qui le<br />
Dynamo Théâtre a passé commande<br />
: la Turque Sedef Ecer, le<br />
Belge Stanislas Cotton, et le<br />
Français Michel Bellier, porteur<br />
du projet avec Joëlle Cattino, qui<br />
met <strong>en</strong> scène cette trilogie. Découpée<br />
<strong>en</strong> trois récits, L’abs<strong>en</strong>te,<br />
Les invisibles et Le rêve d’Angleterre,<br />
la pièce raconte l’épopée de<br />
Perce-neige, jeune femme dont le<br />
seul horizon est d’être la Kouma<br />
(troisième épouse) dans son couple,<br />
et qui va «profiter» d’un tremblem<strong>en</strong>t<br />
de terre pour disparaitre<br />
vraim<strong>en</strong>t, fuir pour se reconstruire<br />
dans cette Europe qu’on dit accueillante.<br />
Sur sa route des r<strong>en</strong>contres,<br />
femmes et hommes qui façonneront<br />
son dev<strong>en</strong>ir. Deux femmes<br />
notamm<strong>en</strong>t, qui, comme elle, vont<br />
tout faire pour se fondre dans le<br />
paysage, «des moins que des ombres»<br />
cherchant la vie... Galanthine,<br />
trans cachée sous son niqab qui<br />
appr<strong>en</strong>d à avancer, juste avancer<br />
(et quelle interprétation de la part<br />
de Fabi<strong>en</strong> Aïssa Besetta !), et Kardel<strong>en</strong><br />
(Sedef Ecer tout <strong>en</strong> ret<strong>en</strong>ue),<br />
seul souti<strong>en</strong> financier de sa<br />
nombreuse famille et portant son<br />
quatrième <strong>en</strong>fant, <strong>en</strong> quête d’une<br />
r<strong>en</strong>aissance. Marseille, Bruxelles,<br />
Londres... seule Perce-neige, dev<strong>en</strong>ue<br />
Dunya, arrivera, à quel prix !, à<br />
destination. Un quatrième récit,<br />
indisp<strong>en</strong>sable respiration humoristique,<br />
vi<strong>en</strong>t compléter, et éclairer,<br />
l’histoire : celle d’une artiste qui<br />
exposera ses œuvres, toutes issues<br />
de la vie de Perce-neige, «l’abs<strong>en</strong>te»<br />
par excell<strong>en</strong>ce dont on peut<br />
réécrire l’histoire pour qu’elle colle<br />
à une att<strong>en</strong>te... esthétique. En télescopant<br />
les styles narratifs, et<br />
faisant se croiser théâtre, chants et<br />
vidéos, le Dynamo théâtre transporte,<br />
et questionne durablem<strong>en</strong>t,<br />
la notion d’id<strong>en</strong>tité.<br />
DO.M.<br />
Va jusqu’où tu pourras a été créé<br />
au Théâtre de Grasse<br />
les 14 et 15 février, et joué le 8 mars<br />
au Sémaphore, Port-de-Bouc<br />
www.journalzibeline.fr<br />
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