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Numéro 24 - Le libraire

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<strong>Le</strong>s<br />

bonnes feuilles<br />

<strong>Le</strong>s auteurs<br />

de l’automne<br />

2004<br />

(Livre premier)<br />

Littérature québécoise<br />

© BIS<br />

MYLÈNE GILBERT-DUMAS<br />

<strong>Le</strong>s Dames de Beauchêne (tome II)<br />

Enseignante dans école secondaire de la Rive-Sud de Québec, Mylène<br />

Gilbert-Dumas nous revient avec le second tome des Dames de<br />

Beauchêne (VLB Éditeur), dont le volet initial mêmement intitulé, lui<br />

avait permis de remporter le Prix Robert-Cliche du premier roman en<br />

2002. <strong>Le</strong> premier livre se terminait à la fin de la guerre de Sept Ans, en<br />

1758, et racontait comment une veuve, Marie, accompagnée de sa fille<br />

Odélie et de sa belle-sœur Marie-Antoinette,<br />

avaient survécu à ce dramatique épisode de<br />

notre histoire. Dans ce second volet de leurs<br />

aventures, l’auteure commence son récit un<br />

an plus tard, et s’attaque cette fois à la<br />

célèbre bataille des Plaines d’Abraham : «<br />

C’est l’agonie de la Nouvelle-France que je<br />

relate à travers les yeux des gens ordinaires.<br />

On retrouve mes héroïnes quelques<br />

semaines après leur retour à Québec. L’hiver<br />

s’en vient et tout le monde ne parle que de<br />

la menace anglaise qui pèse sur la ville. Ce<br />

n’est pas un secret : à l’été 1759, la ville sera<br />

assiégée par Wolfe et Montcalm fera ce qu’il<br />

pourra pour repousser les assaillants.Mais ce<br />

ne sont pas les détails militaires qui m’intéressent. Marie, Odélie et<br />

Antoinette ne font évidemment pas partie de l’armée et c’est à travers<br />

elles que je fais voir la vie des gens à l’intérieur des murs », explique la<br />

romancière.<br />

Dosant avec justesse récits de conquête et de passion amoureuse,<br />

Mylène Gilbert-Dumas est passionnée par l’histoire et les voyages :<br />

« <strong>Le</strong> premier roman historique que j’ai lu s’appelait Zemindar,de Valerie<br />

Fitzgerald. J’avais 19 ans, c’était l’été et l’histoire se déroulait en Inde. J’ai<br />

eu chaud comme si j’y étais.C’est là que j’ai compris l’intérêt d’un roman<br />

de ce genre. Quand c’est bien raconté, c’est un vrai voyage dans le<br />

temps.J’ai voulu faire un roman dont le cadre historique nous accroche.<br />

Je voulais qu’il soit véridique, mais il fallait aussi que l’intrigue soit captivante.Je<br />

n’ai pas eu besoin d’aller bien loin pour savoir ce qui touche les<br />

gens. C’est ce qui me touche moi aussi ! J’aime reconnaître le lieu, les<br />

personnages ou les événements. Et notre histoire regorge d’épisodes<br />

extraordinaires qui valent la peine d’être racontés dans un roman.Il suffit<br />

de trouver le bon angle. » Face au fait historique, Mylène Gilbert-<br />

Dumas privilégie donc l’humain :« Quand on pense à notre histoire,et<br />

surtout quand on l’étudie au secondaire,on oublie souvent que ce sont<br />

des gens comme vous et moi dont on parle.Marie,Odélie et Antoinette<br />

ne sont ni meilleures ni pires que les femmes que l’on côtoie tous les<br />

jours.On les suit avec leurs forces et leurs faiblesses à travers ces événements<br />

extraordinaires qui ont sculpté notre pays. » Portraits de<br />

femmes et d’hommes de tête, dont certains ont d’ailleurs véritablement<br />

existé, histoires de cœur et d’honneur, peinture du quotidien des<br />

colons au XVIII e siècle : <strong>Le</strong>s Dames de Beauchêne tome II rassemble tous<br />

les éléments d’un excellent roman historique.Il faut croire que l’auteure<br />

a bien fait ses devoirs !<br />

17 le <strong>libraire</strong> • SEPTEMBRE 2004<br />

© Pascale Millet<br />

GERMAINE DIONNE<br />

Tequila Bang Bang<br />

Germaine Dionne a fait son entrée en littérature<br />

avec un <strong>Le</strong> Fils de Jimi (Boréal, 2002),<br />

court roman dans lequel elle racontait<br />

l’amour d’une jeune hippie pour son bébé,<br />

conçu une nuit de débauche où le LSD se<br />

mêlait gaiement avec la guitare de Hendrix.<br />

L’auteure y dépeignait la détresse<br />

amoureuse de Nastassia, qui multiplie les<br />

amants, et sa dépendance affective envers<br />

son fils. Dans Tequila Bang Bang, l’auteure<br />

décrit une relation plus conflictuelle :<br />

Emma et Madeleine, sa mère, traînent chacune un lourd passé<br />

qu’elles ne sont, pas plus l’une que l’autre, prêtes à effacer. Comme<br />

des vases communicants, les deux livres de Germaine Dionne se<br />

répondent : « J’ai le sentiment d’avoir écrit, avec ce deuxième<br />

roman, l’envers du premier. Sinon, pourquoi serais-je passée d’une<br />

histoire d’amour symbiotique entre une mère et un fils à une histoire<br />

de haine entre une mère et sa fille Il y a là opposition,<br />

comme si j’avais écrit mon deuxième roman contre le premier »,<br />

souligne l’écrivaine. Entre les deux récits, notons donc la récurrence<br />

de thèmes plutôt durs (angoisse, alcoolisme, toxicomanie, violence)<br />

et le décor,très « québécois », un village où tout le monde se connaît.Installée<br />

en Bretagne depuis plusieurs années, Dionne avoue que<br />

son« attirance pour le roman familial, qui s’inscrit cette fois dans un<br />

milieu rural, est directement liée à [son] “ exil ” .» Emma ne voit pas<br />

d’un bon œil que sa mère, une « vieille peau » qu’elle accuse<br />

d’avoir fait fuir son père, las des infidélités de son épouse, vienne<br />

troubler son univers, dont l’équilibre reste fragile : « La détresse<br />

d’un jeune adulte a quelque chose de romantique par rapport à<br />

celle d’un adulte vieillissant, explique l’auteure. À 20 ans, on ne<br />

craint pas d’exacerber son spleen “ en se la pétant ”, alors qu’à 50<br />

ans, on boit pour l’oublier. Je peux me tromper, mais il me semble<br />

que la détresse chez les adultes se manifeste davantage par le<br />

cynisme que par la violence des sentiments. Et le cynisme est pour<br />

<strong>Le</strong>s nostalgiques des années 60 seront<br />

aux anges avec le troisième roman de<br />

Guy Lalancette, Un amour empoulaillé<br />

(VLB éditeur), dont le héros est une<br />

sorte de Roméo moderne aux prises<br />

avec des secrets de famille qui portent<br />

ombrage à sa belle Juliette. Une histoire<br />

d’amour et de loyauté qui plaira<br />

à ceux qui ont encore le cœur pur.<br />

© Michel Gagné<br />

moi une forme de résignation, de<br />

démission. » Cette idée, Dionne l’a<br />

bien figurée : accoudée au zinc du<br />

Viking, Emma se noie dans la tequila.<br />

Autour d’elle, une faune bigarrée<br />

s’ébroue, tente de l’empêcher de<br />

sombrer, l’incite à regarder vers l’avant.<br />

Tour à tour, Manon, la copine d’enfance,<br />

Georges, le séducteur, Nono, le<br />

proprio du dépanneur et Thierry, le<br />

tenancier français, livreront leur vision<br />

du drame qui se joue dans la tête<br />

d’Emma, dans laquelle l’image de<br />

Madeleine se superpose à celle d’un<br />

amour de jeunesse malheureux.<br />

Réussira-t-elle à faire table rase de son<br />

passé Oui. Mais de manière plutôt<br />

spéciale. La réponse dans Tequila Bang<br />

Bang,qui se goûte comme le nom de<br />

l’alcool qu’il porte : avec audace et<br />

fureur.<br />

Ah ! Ces après-midi passées au bistro du<br />

coin, devant un bol de latte, un bon livre<br />

à la main… Du jour au lendemain, le<br />

personnage principal de L’Homme-café<br />

(Québec Amérique) abandonne famille,<br />

amis et travail pour demeurer en permanence<br />

dans un café. Qu’est-ce qui a bien<br />

pu motiver son geste Dans ce roman<br />

aux accents baroques, François Désalliers<br />

propose une intéressante réflexion sur la<br />

solitude, la création et, vous l’aurez deviné,<br />

les relations interpersonnelles.

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