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Littérature jeunesse<br />
le <strong>libraire</strong>CRAQUE<br />
Éric Simard<br />
PANTOUTE<br />
May Sansregret<br />
MONET<br />
Brigitte Moreau<br />
MONET<br />
Frédérique Picard<br />
PANTOUTE<br />
Littérature jeunesse<br />
Par May Sansregret, librairie Monet<br />
Ceux que l’on pensait<br />
ne jamais aimer<br />
La Malédiction de la statuette bleue<br />
John Bellairs, Du Rocher Jeunesse, 14,95 $<br />
Après nous avoir fait connaître Kevin le magicien, John Bellairs nous<br />
invite à découvrir les aventures de Johnny Dixon. Tablant sur l’engouement<br />
que suscite actuellement l’Égypte ancienne auprès des jeunes, ce<br />
premier opus s’en inspire. Johnny, après avoir entendu une histoire<br />
étrange de statuette bleue impliquant un ancien curé, met la main sur l’objet.<br />
Mal lui en prit car celui-ci semble provoquer de drôles d’événements<br />
autour de lui allant même jusqu’à mettre sa vie et celles des autres en péril.<br />
Est-ce la malédiction de la statuette ou le fruit du hasard Si l’auteur ne<br />
révolutionne pas le roman d’aventures pour la jeunesse, il réussit à créer<br />
un climat inquiétant. Un style et des idées simples au service d’une intrigue efficace. Éric Simard<br />
Antonio S. et le mystère de Théodore Guzman<br />
Odo Hirsch, Pocket Junior, 8,95 $<br />
En commençant la lecture de ce livre, c’est comme si le rideau se levait et<br />
qu’on entrait dans le merveilleux monde du théâtre. On fait la connaissance<br />
d’Antonio S., qui aura le privilège et l’honneur de côtoyer le mystérieux<br />
Théodore Guzman, ancien grand acteur désormais retiré du<br />
monde. Une chance inouïe pour Antonio ! Guzman lui transmettra une<br />
partie de ses connaissances afin que son savoir puisse continuer d’exister<br />
après sa mort. Odo Hirsch aborde de grands thèmes profondément<br />
humains dans une ambiance riche. On a réellement l’impression de s’immiscer<br />
dans les coulisses de la création théâtrale. La vérité qui s’en dégage finit par nous submerger<br />
complètement. En refermant le livre, c’est un bel univers que l’on porte en soi. Éric Simard<br />
<strong>Le</strong> Gardien des créatures<br />
Franny Billingsley, Seuil Jeunesse, <strong>24</strong>,95 $<br />
Apprécier ce roman à sa juste valeur implique d’accepter d’emblée<br />
l’univers insolite et intemporel que l’auteur met en place. En ce lieu<br />
règnent de féroces créatures que l’on garde à la cave sous l’œil attentif de<br />
gardiens qui ont pour tâche d’absorber la fureur de ces êtres. Travestie en<br />
garçon, l’héroïne qui se croit dotée de pouvoirs particuliers endosse cette<br />
lourde tâche. Son caractère dur et vengeur se verra ébranlé lorsqu’elle partira<br />
garder les créatures déchaînées du domaine de Cliffsend. Intrigues,<br />
mystères et terreur attendent la jeune fille qui devra affronter d’innombrables<br />
épreuves pour enfin connaître sa véritable identité. Un roman énigmatique où s’entremêlent<br />
douceur et dureté, lumière et obscurité. May Sansregret<br />
La Cape de Stuart<br />
Sara Pennypacker (texte) & Martin Matje (ill.), Tourbillon, 17,75 $<br />
Vous avez l’humeur à la détente et à l’humour Voici un petit album<br />
haut en couleur qui vous plaira par son originalité rafraîchissante. Notre<br />
jeune héros s’ennuie, il est seul et désœuvré dans son nouveau logis, sans<br />
ami. Sans se laisser aller dans une amertume paralysante, il déploiera son<br />
ingénieuse imagination pour triompher de cette morosité : il cherchera à<br />
devenir un superhéros ! Or, comment y parvenir sans cape Qu’à cela ne<br />
tienne, il s’en fabriquera une avec les vieilles cravates de son père. Voilà<br />
comment une vieille boîte de cravates sera le déclencheur d’une série<br />
d’aventures, toutes plus désopilantes les unes que les autres. Brigitte Moreau<br />
Huit + Une<br />
Robert Cormier, L’école des loisirs, coll. Médium, 19,95 $<br />
Huit + Une font neuf nouvelles vraiment touchantes sur les pères de<br />
famille écrites par un Robert Cormier surprenant. Bien différent de ses<br />
ouvrages précédents (La Guerre des chocolats, De la tendresse), celui-ci est<br />
inspiré par l’amour de l’auteur pour ses enfants. La plus belle de ces nouvelles<br />
est sans doute celle du père traumatisé par le départ de sa fille pour<br />
l’université et qui spontanément écrit : « Vous élevez vos enfants pour<br />
qu’ils soient autonomes et indépendants et ils vous trahissent en devenant<br />
autonomes et indépendants ». Par ailleurs, celle du fils espionnant son<br />
père et réalisant que ce dernier est aussi une personne distincte saura sûrement vous émouvoir.<br />
Frédérique Picard<br />
<strong>Le</strong>s contes traditionnels fourmillent d’êtres détestables et tyranniques qui<br />
sèment nombre d’embûches sur la route du héros ou de l’héroïne. Tel est le rôle<br />
généralement attribué aux belles-mères, celles qui, on s’en souvient, ont rendu<br />
si pénible la vie de Cendrillon et de Blanche-Neige. Heureusement, cet héritage<br />
n’a pas empêché la littérature romanesque pour la jeunesse de délaisser ce<br />
stéréotype pour réactualiser complètement le personnage.<br />
C’est ainsi qu’Anne Vantal nous présente,<br />
dans Chère Théo, une belle-mère grecque<br />
aussi exotique que fascinante, dotée d’une<br />
magnifique authenticité. L’attachement qui<br />
naît entre elle et l’héroïne est extrêmement<br />
fort et demeure au premier plan du roman.<br />
Rapidement, la jeune fille souffre d’un sentiment<br />
de culpabilité face à sa mère, mais<br />
l’auteur en<br />
profite pour<br />
livrer au lecteur<br />
un savoureux<br />
entretien où la<br />
mère explique<br />
pourquoi elle<br />
ne se sent en<br />
rien menacée.<br />
Malgré tout, un<br />
véritable drame<br />
survient plus<br />
tardivement<br />
dans le récit<br />
lorsque le père<br />
de la jeune fille et Théo se quittent. Cette<br />
femme, qui fut si longtemps dans sa vie, disparaît<br />
tout à coup : « L’arrivée de Théo<br />
avait été un cadeau des dieux. Son départ, un<br />
coup du diable. » En fait, Chère Théo<br />
constitue un véritable hommage aux individus<br />
qui croisent notre vie et qui, heureusement,<br />
y laissent une parcelle d’eux-mêmes.<br />
Dans la même lignée, mais pour les plus<br />
jeunes lecteurs, Nancy Montour nous offre<br />
<strong>Le</strong> Cœur au vent, un roman<br />
illustré avec chaleur et poésie<br />
par Geneviève Côté. Cette foisci,<br />
le récit relate le temps d’apprivoisement<br />
entre l’héroïne et<br />
son beau-père. Ce dernier, à<br />
l’image de l’ancre tatouée sur<br />
son bras, prétend être un port<br />
d’attache pour cette famille<br />
meurtrie. Au fil du récit, il<br />
parvient à se hisser dans le cœur<br />
de la petite. C’est avec philosophie<br />
et admiration qu’elle l’accueille<br />
volontiers dans sa vie : « (…)<br />
Vincent, lui, a choisi de veiller sur moi parce<br />
que mon papa n’est plus là. »<br />
Dans Tu parles, Charles, le héros de Vincent<br />
Cuvellier trouve aussi du réconfort, mais pas<br />
là où il s’y attendait. Ses parents, autrefois<br />
séparés, sont à nouveau ensemble, mais il<br />
semble qu’ils n’en aient plus pour bien<br />
longtemps. <strong>Le</strong>s chicanes se poursuivent et le<br />
héros sent l’inévitable approcher. De plus, il<br />
doit chaque jour apporter les devoirs à un<br />
garçon de sa classe, Charles, qui est alité à la<br />
suite d’un accident. Il le fait à contrecœur, car<br />
il le considère comme un « type pas comme<br />
les autres » qui a « une tête de vieux, des<br />
habits de vieux » et même que « quand il<br />
n’est pas là, on ne le remarque même pas ».<br />
Pourtant, il se sent<br />
mieux aux côtés de<br />
Charles. Peu à<br />
peu, il découvre<br />
son humour, ses<br />
intérêts et sa véritable<br />
personnalité.<br />
Étrangement,<br />
cette nouvelle amitié<br />
saura alléger les<br />
souffrances qui le<br />
submergent.<br />
Ainsi, bien que ces<br />
trois textes traitent<br />
d’un sujet très précis, idéal pour susciter<br />
des discussions, ils offrent<br />
surtout un magnifique<br />
moment de lecture empreint<br />
d’émotion et de sensibilité. Il<br />
est même surprenant de voir de<br />
quelle façon ils nous démontrent<br />
que, parfois, ceux que<br />
l’on croyait nos ennemis viennent<br />
tout doucement, à la<br />
manière d’une fée marraine,<br />
améliorer notre existence.<br />
Chère Théo, Anne Vantal (texte) & Marc Boutavant (ill.),<br />
Actes Sud Junior, coll. <strong>Le</strong>s premiers romans, 11,25 $<br />
<strong>Le</strong> Cœur au vent, Nancy Montour,<br />
Dominique et compagnie, coll. Roman rouge, 8,95 $<br />
Tu parles, Charles !, Vincent Cuvellier, Éditions du Rouergue, coll. ZigZag, 11,25 $<br />
Autres titres sur le thème du divorce :<br />
<strong>Le</strong> Démariage, Babette Cole, Seuil, 22,95 $<br />
Maman ours est partie, René Gouichoux (texte) & Olivier Tallec (ill.),<br />
Père castor/Flammarion, 21,95 $<br />
Un chien dans un jeu de quilles, Carole Tremblay (texte) & Dominique Jolin (ill.),<br />
Soulières éditeur, coll. Chat de gouttière, 8,95 $<br />
le <strong>libraire</strong> • SEPTEMBRE 2004 45