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30 VENDREDI 26 DÉCEMBRE 2008 L A L I B R E 2<br />

D É B A T S<br />

Opinion - FORTIS<br />

Unesolutionbelgo-néerlandaise<br />

w Une solution qui permette à Fortis Belgique, et aussi à Fortis<br />

Bank Nederland, de subsister au sein de Fortis Holding comme<br />

une entreprise autonome, jusqu’à la fin de la crise.<br />

Kris VANSANTEN et Léonard KONINGSWIJK<br />

Managing Partners de Quanteus Belgique et Pays-Bas<br />

Le cocktail dangereux d’une crise<br />

générale des liquidités, d’une politique<br />

de reprise interpellante<br />

chez Fortis et d’une prise en main<br />

faiblarde par les autorités a mené à une<br />

destruction inédite de valeur dont les conséquences<br />

risquent de se répercuter encore<br />

pendant des années.<br />

Les développements<br />

quotidiens QUE LE<br />

dans la saga Fortis ont<br />

laissé des blessures<br />

profondes : dans les relations<br />

avec nos voisins<br />

du nord, chez les<br />

collaborateurs, clients<br />

UNIQUEMENT<br />

et actionnaires de Fortis,<br />

dans les caisses de<br />

REGARDER<br />

l’Etat et dans la confiance<br />

en l’Etat de<br />

LES INTÉRÊTS<br />

droit.<br />

Les temps sont<br />

mûrs pour une approche<br />

forte où sur base du respect mutuel<br />

l’on puisse travailler à une solution qui est<br />

au fond accessible et qui puisse être acceptée<br />

par toutes les parties prenantes.<br />

La condition de base pour arriver à une<br />

solution plus satisfaisante est que le gouvernement<br />

ne s’érige pas plus longtemps<br />

dans un splendide isolement mais se positionne<br />

face à toutes les parties prenantes<br />

en optant pour une attitude de respect démocratique.<br />

Cela implique que le gouvernement<br />

renonce à l’idée selon laquelle il<br />

faut uniquement regarder les intérêts des<br />

épargnants. Il est de fait crucial de protéger<br />

les épargnants et c’est même fondamental<br />

pour le sauvetage de l’économie.<br />

Mais rien n’empêche que l’on regarde également<br />

vers les intérêts des autres parties<br />

concernées, en l’occurrence aussi les entreprises<br />

(sollicitatrices de crédits) et les<br />

actionnaires et l’intérêt qu’ils représentent<br />

également pour l’économie.<br />

L’arrêt de la Cour d’appel offre une<br />

chance unique pour parvenir à une<br />

meilleure solution. Pourquoi ne saisirait-on<br />

pas cette chance des deux mains et<br />

ne mettrait-on pas tout en œuvre afin de<br />

bien utiliser le temps dont on dispose ? La<br />

pression immédiate pour arriver à une solution<br />

a disparu. Fortis a certes un problème<br />

temporaire de liquidités mais elle<br />

est de par sa nature une entreprise solvable<br />

et débouchant sur du bénéfice. Les<br />

causes fondamentales du problème de liquidités<br />

ont entre-temps été prises en<br />

charge : le financement d’ABN Amro n’est<br />

plus un problème, l’augmentation de capital<br />

par les autorités politiques a bien renforcé<br />

le capital de base de Fortis, la garantie<br />

d’Etat de 150 millions d’euros offre des<br />

garanties supplémentaires à ceux qui<br />

procurent des liquidités et les récentes diminutions<br />

des taux à l’échelon de la planète<br />

donneront à court terme plus d’oxygène<br />

au secteur financier. A côté de cela,<br />

BNP est obligée de procurer des liquidités<br />

pendant une période de 65 jours.<br />

On a donc du temps maintenant pour<br />

travailler à une solution plus satisfaisante.<br />

Nous sommes pour cette raison favorables<br />

à une solution qui soit meilleure<br />

pour toutes les parties prenantes en Belgique<br />

comme aux Pays-Bas. Nous proposons<br />

une solution qui permette à Fortis<br />

GOUVERNEMENT CESSE<br />

DE PENSER QU’IL FAUT<br />

DES ÉPARGNANTS.<br />

JEAN-LUC FLÉMAL<br />

Belgique, et aussi à Fortis Bank Nederland,<br />

de subsister au sein de Fortis Holding<br />

comme une entreprise autonome et<br />

cela au moins jusqu’à ce que l’on soit sorti<br />

de la présente crise. Ceci implique que<br />

l’Etat belge convertisse sa participation<br />

dans Fortis Bank en une participation<br />

dans Fortis Holding et<br />

réalise ensuite une<br />

hausse de capital extraordinaire<br />

dans Fortis<br />

Holding. Avec ces<br />

moyens exceptionnels,<br />

Fortis Holding pourrait<br />

racheter Fortis<br />

Bank Nederland à<br />

l’Etat néerlandais.<br />

Ce scénario a certainement<br />

des chances<br />

de réussite car il offre<br />

une solution apaisante<br />

pour pratiquement<br />

toutes les parties<br />

prenantes.<br />

- L’Etat belge : Il fait ce qui est bon pour<br />

le pays. Les épargnants sont sauvés. Lors<br />

d’un retournement de la conjoncture économique,<br />

la vente pourra se faire à un prix<br />

plus élevé ce dont profiteront le Trésor et<br />

donc également le contribuable. L’économie<br />

sera stimulée et les entreprises belges<br />

ne devront plus frapper aux portes parisiennes<br />

pour obtenir du crédit. Enfin, un<br />

centre de décision important restera en<br />

Belgique.<br />

- Les actionnaires : ils continueront à<br />

marquer un intérêt visible pour une entreprise<br />

dotée d’activités réellement opérationnelles<br />

et auront donc de nouveau<br />

des perspectives de plus values et de dividendes<br />

lors d’une reprise de l’économie.<br />

Les activités d’assurances resteront de<br />

surcroît aussi intégralement entre les<br />

mains du holding.<br />

- Fortis Belgique : la transaction actuelle<br />

(la vente à BNP Paribas) est ressentie<br />

comme une vente en liquidation où<br />

Fortis est ramenée à un statut de filiale<br />

étrangère. Les fonctions de direction centrales,<br />

en ce inclus les compétences décisionnelles<br />

partiront à Paris. L’on perdra<br />

de la sorte beaucoup de valeur ajoutée.<br />

Par contre, continuer à exister de manière<br />

indépendante, avec Fortis Nederland inclus,<br />

devrait être la meilleure formule et<br />

engendrer un nouvel enthousiasme.<br />

- L’Etat néerlandais : Il se retrouve actuellement<br />

dans une intégration forcée de<br />

Fortis Bank Nederland dans ABN Amro<br />

qui conduira à une perte de valeur. En effet,<br />

il est aussi question d’un chevauchement<br />

important entre les deux entités. A<br />

côté de cela, il semble y avoir des risques<br />

auxquels on n’a pas encore pensé. (Que<br />

l’on songe à Madoff : la perte estimée<br />

pourrait aller jusqu’à un milliard<br />

d’euros). L’Etat néerlandais préfère dès<br />

lors se débarrasser de Fortis Bank Nederland.<br />

- ABN Amro Nederland : La banque se<br />

trouve face à une intégration forcée et<br />

lourde avec Fortis Bank Nederland qui<br />

ira de pair avec une perte d’emplois. La<br />

focalisation sur les clients plutôt que sur<br />

la situation interne est très nécessaire.<br />

Mais le travail d’intégration l’empêche. A<br />

côté de cela, la vente de Fortis Bank<br />

Nederland offrirait à ABN Amro la possibilité<br />

d’interrompre la vente de certaines<br />

activités dont elle aurait dû se défaire selon<br />

les instances de la concurrence dans<br />

le cadre de la reprise de Fortis. On pense<br />

ici à la vente d’un certain nombre de bureaux<br />

d’affaires et de la Hollandsche<br />

Bank Unie (qui est toujours intégrée à<br />

ABN Amro). Ces éléments ont été vendus<br />

mais pas encore cédés par Fortis provisoirement<br />

à la valeur comptable à la<br />

Deutsche Bank. Si l’intégration d’ABN<br />

Amro et de Fortis Bank Nederland ne se<br />

poursuivait pas, cette transaction pourrait<br />

être annulée et pourrait prévenir<br />

une séparation pénible. Une demande de<br />

dommages éventuelle de la Deutsche<br />

Bank pourra être couverte par le produit<br />

de la vente de Fortis bank Nederland au<br />

Fortis Holding. Et ils applaudiraient<br />

aussi la vente de la Fortis Bank Nederland.<br />

- Fortis Bank Nederland : c’est la même<br />

chose pour elle. A côté de cela, il faut trouver<br />

pour l’instant des solutions dans<br />

moult domaines pour pouvoir mettre sur<br />

pied une entreprise bancaire digne de ce<br />

nom. Le retour de la Fortis Bank Nederland<br />

au sein de Fortis Holding pourrait résoudre<br />

directement ces difficultés. Donc<br />

ici aussi, la voie proposée est applaudie<br />

positivement.<br />

Nous sommes convaincus qu’un tel scénario<br />

pourrait réellement réussir. Il permettrait<br />

en outre de garder un centre décisionnel<br />

important en Belgique et de restaurer<br />

des relations humaines qui ont été<br />

mises à mal. Enfin, c’est une alternative<br />

plus que valable pour la transaction avec<br />

BNP. Le gouvernement belge ne devrait<br />

ainsi pas se positionner plus longtemps<br />

comme un chien battu pendant les négociations<br />

mais pourrait se muer en acteur<br />

de pointe qui se bat vraiment pour les intérêts<br />

de ses citoyens dans un grand respect<br />

de tous. n<br />

M Le gouvernement belge ne devrait pas se positionner plus longtemps comme un chien battu pendant les négociations mais pourrait se muer en acteur de pointe qui se<br />

bat vraiment pour les intérêts de ses citoyens dans un grand respect de tous.<br />

© S.A. <strong>IPM</strong> 2008. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

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