nouvelles de notre association - aafi-afics - UNOG
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eux seraient amenées à Rome et offertes au<br />
pape.<br />
Après que les officiers et les soldats se seraient<br />
assouvis sur les femmes et les jeunes filles – les<br />
premiers arrivés par les échelles ayant eu la<br />
priorité – on gar<strong>de</strong>rait les plus jolies et on tuerait<br />
les autres, les corps étant jetés dans le Rhône. Le<br />
même sort serait réservé aux lettrés,<br />
commerçants et artisans : les gens ayant reçu<br />
une éducation - représentant toujours un danger -<br />
<strong>de</strong>vant être éliminés. On éventrerait les femmes<br />
enceintes, on écraserait les fœtus et on jetterait<br />
au fleuve mères et enfants.<br />
Le duc Charles-Emmanuel I avait nommé<br />
d’Albigny à la tête <strong>de</strong> ses troupes : c’était un<br />
Français dauphinois renégat qui avait combattu<br />
son propre roi. Albigny avait fui la France et offert<br />
ses services à Charles-Emmanuel qui l’avait<br />
nommé gouverneur <strong>de</strong> Savoie. Les troupes qu’il<br />
commandait comprenaient <strong>de</strong>s Savoyards, bien<br />
entendu, mais surtout <strong>de</strong>s mercenaires :<br />
espagnols, napolitains, français. D’Albigny<br />
nourrissait pour Genève une haine aveugle, ce<br />
qui le désignait tout naturellement pour cette<br />
entreprise. Sous son autorité on retrouvait<br />
Brunaulieu, celui qui avait mesurés les murs<br />
d’enceinte : il s’était fait administrer les <strong>de</strong>rniers<br />
sacrements, déterminé à vaincre ou à mourir.<br />
Approche à pas <strong>de</strong> loup<br />
Les troupes savoyar<strong>de</strong>s se rassemblèrent à La<br />
Roche, Bonneville et Bonne. Le duc, qui avait<br />
quitté Turin le 6 décembre, arriva au pont<br />
d’Etrembières, aux abords <strong>de</strong> Genève, pour<br />
passer ses troupes en revue avant l’attaque : son<br />
infanterie, sa cavalerie, ses trois cents soldats<br />
d’élite qui monteraient à l’assaut <strong>de</strong>s murailles,<br />
leur armure noircie pour ne refléter aucune lueur ;<br />
mais aussi les mulets et les chariots, croulant<br />
sous les béliers à défoncer murs et portes, les<br />
tenailles à couper les chaînes, les explosifs, les<br />
bottes <strong>de</strong> branchages pour remplir les douves et<br />
les fameuses échelles démontables.<br />
En tout trois mille combattants, prêts à attaquer<br />
une ville <strong>de</strong> douze mille habitants à la<br />
malheureuse petite garnison faiblement armée et<br />
sereinement ignorante du danger qui fondait sur<br />
elle.<br />
La nuit était froi<strong>de</strong> et le sol gelé, une légère bise<br />
soufflait, la lune avait disparu et l’obscurité était<br />
complète. Les soldats se protégeaient du froid en<br />
pensant au riche butin qui les attendait.<br />
Le duc, ayant passé ses troupes en revue et les<br />
ayant trouvées prêtes à l’action, <strong>de</strong>scendit la rive<br />
gauche <strong>de</strong> l’Arve vers Veyrier et Pinchat. Là, il prit<br />
ses quartiers pour attendre les <strong>nouvelles</strong> <strong>de</strong> la<br />
victoire. Les troupes se divisèrent alors en <strong>de</strong>ux<br />
sections et commencèrent leur <strong>de</strong>scente sur<br />
chaque rive <strong>de</strong> l’Arve : l’une par Gaillard, Pinchat<br />
et Carouge ; l’autre par Villette et Champel.<br />
Elles se rejoignirent sous le plateau <strong>de</strong> Champel<br />
et se dirigèrent vers la Jonction, là ou l’Arve se<br />
jette dans le Rhône, puis remontèrent le Rhône<br />
en direction <strong>de</strong> la ville endormie. La fatigue <strong>de</strong> la<br />
marche, la tension due à l’obligation <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r un<br />
silence absolu, l’obscurité et le froid, l’idée <strong>de</strong> la<br />
bataille toute proche, tout conspirait à tendre les<br />
nerfs <strong>de</strong>s soldats. Aussi, lorsqu’un lièvre, effrayé<br />
par la soldatesque, fonça brusquement dans ses<br />
rangs, quelques soldats pensèrent qu’il s’agissait<br />
d’un espion en fuite et déclenchèrent quelques<br />
instants d’intense confusion.<br />
Un peu plus tard, ils distinguèrent soudain<br />
quelques ombres dans l’obscurité. Etaient-ce<br />
quelques soldats genevois alertés et les attendant<br />
en embusca<strong>de</strong> ? Toutes les colonnes stoppèrent<br />
et d’intenses discussions eurent lieu à voix basse.<br />
Les chefs ordonnèrent à quelques soldats <strong>de</strong><br />
ramper entre les arbres et les buissons pour aller<br />
aux <strong>nouvelles</strong>. La peur au ventre ils s’exécutèrent<br />
pour découvrir que les ombres en question<br />
n’étaient que <strong>de</strong>s tissus <strong>de</strong> coton que les<br />
tisserands <strong>de</strong> Genève avaient pendus là pour les<br />
sécher.<br />
C’est ainsi qu’après six heures <strong>de</strong> marche<br />
silencieuse, les troupes se réunirent à Plaine<br />
Palais (Plainpalais). Un Jésuite écossais, le père<br />
Alexan<strong>de</strong>r Hume les fit vibrer contre cette<br />
forteresse protestante. Il leur distribua <strong>de</strong>s billets,<br />
ou talismans, morceaux <strong>de</strong> parchemins revêtus<br />
d’une formule magique supposée les protéger <strong>de</strong><br />
la mort par le fer, le feu ou l’eau ; c’était, à<br />
l’époque, <strong>de</strong> pratique courante dans les armées<br />
catholiques. Il leur annonça que la gloire les<br />
attendait, sur la terre comme au ciel. Il savait que<br />
l’un <strong>de</strong>s ses compatriotes, John Knox, un fervent<br />
protestant, était venu à Genève quarante ans plus<br />
tôt. Une victoire catholique, aidée par sa<br />
contribution personnelle, laverait cette honte.<br />
Brunaulieu divisa ses troupes d’assaut en quatre<br />
ou cinq petits groupes. Leur tâche étaient <strong>de</strong> se<br />
saisir <strong>de</strong>s grilles d’accès à la ville, ou <strong>de</strong> les faire<br />
sauter, afin que le gros <strong>de</strong>s troupes puisse entrer.<br />
Au plus profond <strong>de</strong> la nuit, à l’heure où les<br />
cimetières baillent <strong>de</strong> sommeil et où l’enfer exhale<br />
ses malédictions sur le mon<strong>de</strong>, ces troupes se<br />
faufilèrent furtivement à travers Plainpalais en<br />
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