nouvelles de notre association - aafi-afics - UNOG
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la retraite et se jeta du haut <strong>de</strong>s remparts. La<br />
‘chance’ <strong>de</strong>vait être avec lui car il s’en tira avec <strong>de</strong><br />
légères blessures.<br />
Le gros <strong>de</strong>s troupes savoyar<strong>de</strong>s s’avançant vers<br />
la ville, convaincues qu’elles en trouveraient les<br />
portes ouvertes, se heurtèrent à leurs camara<strong>de</strong>s<br />
en déroute. Dans la nuit et la brume, les prenant<br />
pour <strong>de</strong>s Genevois, ils commencèrent même à<br />
s’entretuer avant <strong>de</strong> réaliser ce qui était arrivé.<br />
Les arrivants avaient peine à imaginer que leurs<br />
propres troupes d’élite, loin <strong>de</strong> les attendre à<br />
l’intérieur <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> la cité, fussent en fuite.<br />
Vers cinq heures du matin, à l’heure où les<br />
Savoyards avaient pensé être les maîtres <strong>de</strong> la<br />
cité, les Genevois avaient repris le contrôle <strong>de</strong> la<br />
situation.<br />
Pendant ce temps-là, le duc attendait <strong>de</strong>s<br />
<strong>nouvelles</strong> <strong>de</strong> son attaque surprise. A la place il<br />
apprit la déroute. Sa seule chance <strong>de</strong> soumettre<br />
la République protestante avait échoué,<br />
ignominieusement échoué. « Vous avez fait là<br />
une belle caca<strong>de</strong> ! » hurla-t-il <strong>de</strong> fureur au duc<br />
d’Albigny. Et, pour se calmer les nerfs, il fit<br />
exécuter sur le champ quatre capitaines<br />
espagnols …<br />
Les forces savoyar<strong>de</strong>s se dispersèrent<br />
immédiatement. Le duc était accablé et<br />
désespéré par ce désastre. Il se rendit à l’Abbaye<br />
<strong>de</strong> Hautecombe près <strong>de</strong> Chambéry avant <strong>de</strong><br />
retourner à Turin affronter la colère <strong>de</strong> ceux qui<br />
avaient perdu <strong>de</strong>s parents au combat et<br />
réalisaient la folie <strong>de</strong> cette aventure.<br />
Les Savoyards avaient perdu soixante hommes<br />
alors que seize Genevois seulement avaient été<br />
tués. Parmi ceux qui avaient donné leur vie pour<br />
défendre la cité on comptait <strong>de</strong>s citoyens<br />
d’origine, <strong>de</strong>s bourgeois, <strong>de</strong>s réfugiés, <strong>de</strong>s<br />
immigrants et <strong>de</strong>s soldats <strong>de</strong> la garnison. Cela<br />
aida à cimenter les relations entre les Genevois et<br />
les réfugiés huguenots.<br />
Les Genevois avaient fait treize prisonniers, tous<br />
<strong>de</strong>s nobles qui avaient espéré célébrer une<br />
gran<strong>de</strong> victoire ce jour-là. Comme il n’y avait eu<br />
aucune déclaration <strong>de</strong> guerre, les Genevois ne<br />
virent aucune raison à en observer les règles et<br />
traitèrent les prisonniers comme <strong>de</strong>s brigands. Ils<br />
rejetèrent les généreuses offres <strong>de</strong> rançon<br />
proposées par les prisonniers et organisèrent un<br />
simulacre <strong>de</strong> jugement. Tabazan, le bourreau <strong>de</strong><br />
la ville, les pendit le soir même. Il les décapita<br />
ensuite tout comme les quelque cinquante<br />
cadavres savoyards abandonnés sur le terrain .<br />
Leurs têtes furent plantées sur <strong>de</strong>s piques le long<br />
du boulevard <strong>de</strong> l’Oie en avertissement à tous les<br />
ennemis <strong>de</strong> la République.<br />
Un spectacle macabre, mais les citoyens y virent<br />
la confirmation d’un jugement <strong>de</strong> Dieu : qu’ainsi<br />
périssent les ennemis <strong>de</strong> la République et <strong>de</strong> la<br />
Réforme.<br />
Le dénouement<br />
Avant même l’exécution <strong>de</strong>s prisonniers, le peuple<br />
<strong>de</strong> Genève s’était rendu en masse à la Cathédrale<br />
Saint-Pierre, chantant la version <strong>de</strong> Théodore <strong>de</strong><br />
Bèze du Psaume 124 :<br />
Qu’Israël peut bien dire en ce jour<br />
Que si le Ciel pour nous n’eût pas été<br />
Si le Seigneur n’eût son Peuple assisté<br />
C’en était fait sans espoir <strong>de</strong> retour<br />
Quand l’ennemi sur nous se fût jeté.<br />
Des conjurés les rapi<strong>de</strong>s torrents<br />
Eussent sur nous cent et cent fois passé.<br />
Mais gloire à Dieu qui n’est plus courroucé<br />
Et qui n’a point permis à ces tyrans<br />
D’engloutir tout comme ils l’avaient pensé.<br />
Ils avaient remonté les étroites rues pavées qui<br />
menaient à la Cathédrale, aristocrates bien nés et<br />
petit peuple d’en bas, unis par un sentiment <strong>de</strong><br />
libération et <strong>de</strong> victoire qui les faisaient se sentir<br />
<strong>de</strong> la même famille. On pouvait voir le Conseiller<br />
genevois sourire et étreindre le paveur, le<br />
patricien échanger <strong>de</strong>s paroles chaleureuses avec<br />
le réfugié huguenot. Tous y allaient <strong>de</strong> leur récit<br />
<strong>de</strong> la bataille, combien ils avaient mis en déroute<br />
<strong>de</strong>s centaines, non, <strong>de</strong>s milliers d’ennemis;<br />
comment Isaac Mercier avait écarté toute une<br />
armée pour abattre la herse sur ces lâches<br />
assaillants ; et comment la Mère Royaume avait<br />
bondi à sa fenêtre pour cogner avec sa marmite<br />
sur <strong>de</strong>s douzaines <strong>de</strong> Savoyards.<br />
Genève avait été sauvée.<br />
Si Jacques Mercier ou François Bouzezel avaient<br />
préféré ignorer les bruits qu’ils avaient entendus,<br />
la Ville serait tombée.<br />
Si Isaac Mercier avait fui sur la rampe avec ses<br />
compagnons, au lieu <strong>de</strong> se hisser au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />
Porte Neuve et <strong>de</strong> laisser tomber la herse, la Ville<br />
serait tombée.<br />
Si Dame Piaget n’avait eu la présence d’esprit <strong>de</strong><br />
lancer sa clef, la Ville serait tombée.<br />
Si les citoyens <strong>de</strong> Genève, d’en haut et d’en bas,<br />
riches et pauvres, genevois d’origine et<br />
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