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nouvelles de notre association - aafi-afics - UNOG

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direction <strong>de</strong> la Porte Neuve, près du grand<br />

Bastion <strong>de</strong> l’Oie. Ils montèrent leurs échelles et<br />

les placèrent soigneusement contre les murs <strong>de</strong> la<br />

cité, juste en face <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> Jean-François<br />

Thellusson à la Corraterie. Puis ils remplirent les<br />

douves du mieux qu’ils purent avec les<br />

branchages qu’ils avaient apportés.<br />

Tout était prêt pour l’assaut final.<br />

L’attaque<br />

Un groupe remonta le chemin <strong>de</strong> la Tertasse en<br />

direction <strong>de</strong> la Grand’Rue, puis re<strong>de</strong>scendit la rue<br />

<strong>de</strong> la Cité et le long <strong>de</strong>s rues Basses jusqu’au<br />

Molard, sans rencontrer âme qui vive. Ils firent<br />

savoir que la ville était endormie. D’Albigny, sans<br />

plus attendre, envoya au duc un message pour lui<br />

dire que la ville était à eux. A son tour, le duc, ivre<br />

<strong>de</strong> victoire, envoya <strong>de</strong>s messages au roi <strong>de</strong><br />

France et à quelques autres pour annoncer la<br />

bonne nouvelle.<br />

Quelques <strong>de</strong>ux cents hommes avaient déjà<br />

grimpé aux échelles et se déployaient le long <strong>de</strong>s<br />

remparts. La ville était à eux, la victoire était déjà<br />

annoncée, à eux les dépouilles <strong>de</strong> guerre !<br />

Mais le sort <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s villes tient parfois<br />

à peu <strong>de</strong> chose.<br />

Jacques Mercier, l’un <strong>de</strong>s soldats <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> à la<br />

Porte <strong>de</strong> la Monnaie près <strong>de</strong> la rivière, entendit un<br />

bruit : fallait-il qu’il se donne la peine d’aller voir ?<br />

Ce n’était sûrement rien <strong>de</strong> sérieux. Le plus<br />

simple à faire - et le plus réglementaire - était <strong>de</strong><br />

rendre compte à son supérieur et <strong>de</strong> laisse celuici<br />

déci<strong>de</strong>r. Aussi informa-t-il son caporal, François<br />

Bousezel. Le caporal hésita à abandonner le<br />

brasero auquel il se chauffait, mais le <strong>de</strong>voir<br />

l’emporta. Les <strong>de</strong>ux hommes prirent une lanterne<br />

et montèrent au rempart. Là, dans le noir, horreur<br />

et stupéfaction, ils aperçurent <strong>de</strong>s groupes<br />

d’hommes armés en train <strong>de</strong> prendre position<br />

tandis que d’autres continuaient à monter aux<br />

échelles appuyées aux murs d’enceinte.<br />

A l’évi<strong>de</strong>nce, le pire était arrivé ! Avant que<br />

Bousezel ait eu le temps <strong>de</strong> lâcher un cri,<br />

Brunaulieu sauta sur lui et lui trancha la gorge, si<br />

bien que tout ce que le caporal put proférer fut un<br />

sanglant râle final. Glacé <strong>de</strong> terreur, Mercier lâcha<br />

son mousquet et courut aussi vite qu’il le put<br />

rejoindre le poste <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> et donner l’alerte. Ses<br />

camara<strong>de</strong>s entendirent son hurlement, d’autres<br />

aussi sortant <strong>de</strong> leur sommeil et réalisant ce qui<br />

se passait. De proche en proche on se mit à crier,<br />

à courir, à allumer <strong>de</strong>s lanternes, le tout dans la<br />

plus gran<strong>de</strong> confusion. Toutes les cloches <strong>de</strong> la<br />

ville se mirent à sonner et la nouvelle se répandit<br />

comme l’éclair à travers la cité : les Savoyards<br />

avaient attaqué et se trouvaient sur les remparts !<br />

La bataille<br />

Brunaulieu décida <strong>de</strong> concentrer son action sur la<br />

Porte Neuve, <strong>de</strong> la capturer et d’en faire le point<br />

d’entrée principal <strong>de</strong> ses troupes. Pendant qu’il s’y<br />

préparait, <strong>de</strong> violentes escarmouches éclataient<br />

en plusieurs endroits où <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong><br />

Brunaulieu cherchaient à pénétrer dans la cité.<br />

Chaffardon lança une attaque sur la Porte <strong>de</strong> la<br />

Monnaie et malgré une résistance désespérée<br />

ses défenseurs furent débordés. Plusieurs<br />

notables genevois furent tués dans cette bataille:<br />

Jacques Mercier qui avait donné l’alarme, et aussi<br />

Poteau, Muzy, Gallatin, Baudière ... Mais leur<br />

sacrifice ne fut pas vain: dans la bouscula<strong>de</strong> du<br />

combat, les Savoyards furent repoussés vers la<br />

Corraterie. Un groupe d’assaillants envahit le<br />

jardin <strong>de</strong> Julien Piaget entre la Tour Thellusson et<br />

la Porte <strong>de</strong> la Monnaie. Le serviteur <strong>de</strong> Piaget,<br />

Abraham <strong>de</strong> Baptista tenta <strong>de</strong> leur barrer le<br />

passage, sabre à la main. Mais que pouvait un<br />

seul homme, aussi déterminé fut-il, contre une<br />

force d’invasion aussi bien armée ? Abraham fut<br />

tué; mais il avait retardé l’ennemi <strong>de</strong> quelques<br />

précieuses minutes.<br />

Pendant que le combat faisait rage, Dame Piaget,<br />

épouse <strong>de</strong> Julien, était à sa fenêtre et calmement<br />

évaluait la situation. Appelant à l’ai<strong>de</strong> les soldats<br />

genevois, elle leur lança la clef <strong>de</strong> sa porte<br />

d’entrée: ainsi furent-ils en mesure <strong>de</strong> se ruer à<br />

travers la maison et <strong>de</strong> prendre les Savoyards à<br />

revers.<br />

C’est à ce moment crucial <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> Genève,<br />

alors que se décidait le sort <strong>de</strong> la cité, que la<br />

brave Mère Royaume joua son rôle mémorable.<br />

Catherine Cheynel était l’épouse <strong>de</strong> Pierre<br />

Royaume, étameur <strong>de</strong> son état et maître <strong>de</strong> la<br />

Monnaie. Réveillée par le vacarme <strong>de</strong>s combats<br />

et les cris, elle regarda par sa fenêtre, près <strong>de</strong> la<br />

Porte <strong>de</strong> la Monnaie. Réalisant ce qui se passait,<br />

elle attrapa sur son fourneau une lour<strong>de</strong> marmite<br />

pleine <strong>de</strong> soupe <strong>de</strong> légumes mijotante et, ajustant<br />

bien son coup, la balança sur la tête d’un soldat<br />

savoyard. La soupe bouillante refroidit le bougre<br />

illico. “Eh ben, grommela-t-elle entre ses <strong>de</strong>nts,<br />

quand même ça s’fait pas <strong>de</strong> venir la nuit sans<br />

s’annoncer ...”<br />

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