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nouvelles de notre association - aafi-afics - UNOG

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alcon à toutes les fêtes <strong>de</strong>s habitants : mariage,<br />

<strong>de</strong>uil, tout ceci au son du tam-tam.<br />

Ma tranquillité fut <strong>de</strong> courte durée. M. Rosenborg<br />

qui atteignait l’âge <strong>de</strong> la retraite reçut un câble <strong>de</strong><br />

New York l’incitant à quitter son poste très<br />

rapi<strong>de</strong>ment (ce que je trouvais pour ma part très<br />

frustrant pour un homme <strong>de</strong> son âge). Il partit<br />

comme indiqué, me laissant bien entendu le soin <strong>de</strong><br />

tout expédier ses affaires personnelles. J’avais<br />

obtenu finalement une secrétaire locale (débutante,<br />

fille d’un expert <strong>de</strong> l’UNICEF) qui m’aidait quelque<br />

peu. Toutes <strong>de</strong>ux, nous emballâmes les affaires <strong>de</strong><br />

M. Rosenborg. Nous nous sommes bien amusées<br />

en parcourant les albums <strong>de</strong> photos <strong>de</strong> son<br />

mariage, <strong>de</strong> ses enfants et en mettant la main sur<br />

<strong>de</strong>s choses assez personnelles. Entrer ainsi dans<br />

l’intimité d’un inconnu, ce fut assez drôle. M.<br />

Rosenborg parti, on nous annonça la venue d’un<br />

remplaçant par intérim, M. Sameh, Représentant<br />

Rési<strong>de</strong>nt au Togo. Ce <strong>de</strong>rnier coulait rester à<br />

l’hôtel, car il serait là pour une courte durée. On le<br />

mit en gar<strong>de</strong> contre les dangers qu’il courait en<br />

s’alimentant à l’hôtel journellement. Son stage fut<br />

<strong>de</strong> courte durée, car un jour on apprit par la radio,<br />

par une voix tonitruante, que l’ONU est expulsée,<br />

prétendument responsable <strong>de</strong> la mort du lea<strong>de</strong>r<br />

communiste Lumumba. Ce fut le bouquet. Le<br />

premier qui partit ce fut M. Sameh qui m’ordonna <strong>de</strong><br />

rester pour fermer le bureau. Quelle panique !<br />

Comme nos bureaux étaient prêtés par le<br />

Gouvernement, je craignais <strong>de</strong> ne plus y avoir<br />

accès. D’un jour à l’autre, plus <strong>de</strong> téléphone, plus<br />

<strong>de</strong> chauffeur. Avec l’ai<strong>de</strong> d’un ami qui avait une<br />

voiture, car je ne savais pas conduire, je me<br />

précipitais au bureau pour ramasser d’abord la<br />

caisse, tous les passeports <strong>de</strong>s experts disséminés<br />

dans le field, ainsi que le mien, vite ôter le drapeau<br />

<strong>de</strong>s Nations Unies qui pendait lamentablement sur<br />

un balcon, faute <strong>de</strong> mât. Je procédais à un<br />

véritable déménagement et j’installais tant bien que<br />

mal tout dans ma chambre à coucher, le seul<br />

endroit tenable avec air conditionné. Tout juste si je<br />

ne <strong>de</strong>vais pas faire <strong>de</strong> la varappe pour atteindre<br />

mon lit. Il fallait aller à la poste en taxi ou à pied<br />

pour avertir tous les experts et répondre à l’OMS, à<br />

l’UNICEF, à l’ICAO, etc. <strong>de</strong> ne pas m’envoyer <strong>de</strong>s<br />

experts. Je m’empressais <strong>de</strong> leur annoncer « We<br />

are expelled, I repeat expelled ». Par chance, la<br />

seule personne sur qui je pouvais compter fut le<br />

Chargé d’affaires <strong>de</strong> Suisse très étonné <strong>de</strong> me voir<br />

toute seule avec toute cette responsabilité. J’avais<br />

peur que l’on m’arrête car, aux dires du chauffeur<br />

qui venait me narguer, je faisais <strong>de</strong> la<br />

« résistance ». J’ai fait faire <strong>de</strong>s caisses par la<br />

mission catholique pour envoyer tout le matériel <strong>de</strong><br />

bureau et j’appris à clouer <strong>de</strong>s couvercles <strong>de</strong> caisse<br />

en me tapant bien souvent sur les doigts. Il fallais<br />

aussi expédier les affaires privées <strong>de</strong>s experts, déjà<br />

partis dans leur pays respectif. Je crois que je n’ai<br />

jamais été si fatiguée <strong>de</strong> ma vie et cette insécurité<br />

troublait mon sommeil. J’avais pris soin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r<br />

cachés chez moi les rapports confi<strong>de</strong>ntiels <strong>de</strong>s<br />

experts, ainsi que la comptabilité que je pensais<br />

envoyer à New York via Genève, car bien entendu il<br />

n’y avait plus <strong>de</strong> valise diplomatique. Seule la<br />

machine à co<strong>de</strong>r prit le chemin <strong>de</strong> Lomé avec l’ai<strong>de</strong><br />

d’une ambassa<strong>de</strong>.<br />

Il restait encore malheureusement un expert très<br />

difficilement atteignable qui travaillait pour les<br />

mines. M. Agassiz était donc le seul, avec sa<br />

femme et ses <strong>de</strong>ux fils encore en Guinée. Sa<br />

femme au moins eut le temps <strong>de</strong> faire toutes leurs<br />

valises. Enfin, les voici prêts à partir. Je les<br />

accompagne à l’aéroport. Surprise, on veut<br />

l’interroger car comme M. Agassiz avait travaillé<br />

précé<strong>de</strong>mment au Kivu pour une société belge, on<br />

le soupçonnait. De quoi ??? Je ne peux toujours<br />

pas le dire. A <strong>notre</strong> gran<strong>de</strong> indignation, il fut conduit<br />

au poste <strong>de</strong> police et y passa la nuit. Alors, me<br />

voilà avec sa femme et les <strong>de</strong>ux enfants sur les<br />

bras. On retourne chez moi, on arrange <strong>de</strong>s<br />

matelas par terre, on mange, la gorge serrée.<br />

Enfin, le len<strong>de</strong>main arrive et M. Agassiz est relâché.<br />

Ses valises furent toutes fouillées minutieusement.<br />

Quant à moi, j’étais angoissée en pensant à tout ce<br />

que mes bagages contenaient.<br />

Après <strong>de</strong>ux semaines et sept mois d’une mission<br />

cauchemar<strong>de</strong>sque ce fut enfin mon tour <strong>de</strong> partir, à<br />

mon immense soulagement. Le Chargé d’affaires<br />

suisse vint me chercher et m’assura que mes<br />

valises ne seraient pas ouvertes. Tel fut le cas, par<br />

bonheur.<br />

Pour oublier cet échec et considérant que je<br />

méritais un peu <strong>de</strong> repos, je m’arrêtais trois jours à<br />

Dakar, sans visa. Ce fut un plaisir pour moi <strong>de</strong><br />

visiter cette belle ville, voir un peuple heureux et<br />

souriant. Je finissais ma mission sur une note gaie.<br />

Malgré tout, j’avais attrapé, non <strong>de</strong>s amibes, mais le<br />

virus <strong>de</strong> l’Afrique, et après quelques mois <strong>de</strong><br />

morosité passé au Palais, je partais pour le Congo<br />

(Zaïre).<br />

Qu’apprend-on en mission ? La patience,<br />

l’indulgence et surtout à mettre ses nerfs en<br />

veilleuse.<br />

Petit détail. De retour à Genève, j’envoyais un<br />

rapport détaillé à New York et je reçus en<br />

remerciements, une lettre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lignes …<br />

<br />

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