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FORMATION AGRICOLE ET RURALE - Agropolis International

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ConférenceLes enjeux geopolitiques et économiquesde la formation agricole et rurale• Conférence d’André GAURONConseiller maître à la Cour des Comptes,animateur du groupe de travail du ministèredes Affaires étrangères et européennes sur lesorientations stratégiques en matière de formationprofessionnelleLa coopération dans le domaine de la formationprofessionnelle est une préoccupation ancienne de la Franceet de nombreux bailleurs. Toutefois, les retards considérablesobservés en Afrique sub-saharienne en matière de scolarisationont conduit ces dernières années l’ensemble des bailleursinternationaux à donner la priorité, notamment en matièred’appui financier, à l’Education primaire pour tous (EPT) :« donner à tous les enfants d’ici à 2015 la possibilité d’accéderà un enseignement primaire obligatoire et gratuit de qualité etde le suivre jusqu’à son terme ». La question de la formationprofessionnelle resurgit aujourd’hui sous un angle nouveau,sous une double pression : d’une part, de l’achèvement du cyclecomplet du primaire par un nombre croissant de jeunes quis’exerce d’ores et déjà sur le secondaire et le supérieur, de l’autre,de la prise de conscience du rôle central de la qualification de lamain d’œuvre dans le développement.En outre, longtemps parent pauvre de formationprofessionnelle, l’économie dite informelle, qui couvre 80 % desactivités des pays les plus pauvres, leur assure les deux tiers duPIB et constitue, pour une très grande partie de la population, leseul moyen d’accéder à un revenu monétaire, est désormais aucœur de son renouveau 3 . En Afrique, pour un nombre croissantde bailleurs, « african agenda is a skill agenda ».Ce retour en force de la formation professionnelles’accompagne également d’un renouveau profond del’approche. Depuis la fin des années quatre-vingt dix, la logiqued’offre qui structure l’enseignement technique a cédé la placeà une approche par les besoins qui se concrétise à la fois parl’élaboration de référentiels métiers et par l’implication desprofessionnels. Le développement de l’apprentissage dual dansles métiers de l’artisanat a constitué à cet égard un champd’expérimentation particulièrement riche et permis la miseen place de nombreux dispositifs. L’heure semble venue d’encapitaliser les enseignements et de les inscrire dans une politiquenationale permettant de passer de formations pour quelques3Richard Walther et Ewa Filipiak, La formation professionnelle en secteur informel,AFD,Notes et documents, Juin 2007, enfin Richard Walther et Ewa Filipiak, Del’apprentissage traditionnel à l’apprentissage restructuré, AFD, ronéoté, décembre2007.centaines ou au mieux d’un ou deux milliers d’apprentis etd’artisans à une généralisation de ces formations. Par ailleurs,la décentralisation administrative offre de nouvelles possibilitésd’organisation et une meilleure mobilisation des acteurs, enpremier lieu des organisations professionnelles et sociales.Dans ce renouveau, la formation professionnelle endirection du milieu rural et agricole cherche encore sa place. Lanécessité d’une telle extension ne devrait pourtant faire aucundoute. Elle répond à deux enjeux : la nécessité d’augmenter laproduction agricole pour nourrir les populations urbaines et ruraleset celle d’accompagner le changement des modes d’exploitationqu’entraîne l’intensification de la pression démographique surles terres. Le premier défi de l’agriculture africaine est en effettechnique : c’est celui de sa faible productivité. Avec 3% decroissance annuelle, la production agricole répond juste à lacroissance démographique. Autrement dit, la croissance partête est nulle. De plus, cette augmentation est essentiellement lerésultat de modes extensifs de production – extension des terresmises en valeur - et non d’une amélioration de la productivité.Or, dans une économie mondialisée, l’ouverturedes économies africaines aux échanges se traduit par uneconcurrence croissante des importations de denrées alimentairesqui expose les populations aux aléas du marché mondial deces produits et de la spéculation qui le caractérise. Il faut eneffet rappeler ce que nous enseignent deux siècles d’histoireindustrielle : le développement économique suppose la baissedes prix des produits alimentaires, et il n’y a que deux façonsd’y parvenir, soit par les importations, soit par l’augmentationde la productivité de l’agriculture nationale. Dans un cas, c’estl’industrie qui absorbe l’exode rural et finance par ses exportationsles besoins alimentaires ; dans le second, c’est l’agriculture quipar un progrès technique soutenu et un changement des modesd’exploitation finance le développement économique. Modèleanglais contre modèle français. L’Afrique, qui n’a jamais connuce dernier, a cherché dans le modèle anglais que lui ont imposéles organisations internationales une solution à la pauvreté enoffrant à sa population urbaine l’accès à des produits alimentairesimportés bon marché, en premier lieu le riz. Elle n’en est que plusvulnérable à la récente hausse des prix mondiaux des produitsalimentaires, fut-elle d’origine spéculative.En Afrique sub-saharienne où les activités industrielles(qu’elles soient minières ou de transformation) offrentinsuffisamment d’emplois, l’existence d’un secteur rural porteurd’emplois et d’auto-emplois est essentielle. C’est pourquoi « lesenjeux liés au développement du secteur agricole et rural dépassentde loin les seuls enjeux de la production/productivité ». Dans ce63

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