Association pour le développement de la ... - Africa Rice Center

Rapport annuel ADRAO 1996Points saillants des activitésà une autre. Dans les régions humides, les rizières sont loinde fournir le seul habitat potentiel. Un espace aussi réduitque l’empreinte laissée par un pied dans la boue joue le mêmerôle pour peu que de l’eau y stagne. En revanche, lespérimètres irrigués du Sahel représentent pratiquement leseul habitat permanent pour les moustiques dans une zoneoù, la saison des pluies étant courte, la population demoustiques demeure faible pendant la majeure partie del’année. La savane se situe en position intermédiaire entreces deux extrêmes.Au-delà de ces considérations, des questions pluscomplexes se posent. La dynamique de population et le cyclebiologique du moustique vecteur du paludisme sont tels quedes populations plus nombreuses n’impliquent pasnécessairement une augmentation du risque de transmissionde la maladie. Et même si le risque est accru, cela ne signifiepas nécessairement que les cas de paludisme seront plusfréquents. L’incidence de la maladie dépend de la sensibilitédes habitants et des mesures préventives qu’ils prennent,lesquels facteurs varient fortement selon le degréd’exposition antérieur et selon le niveau d’instruction, lesrevenus et la perception des risques.Une étude intersectorielleEn 1995, le consortium a lancé un projet visant à étudierces aspects. Il s’agit d’une étude intersectorielle, qui apour caractéristique distinctive d’intégrer les disciplinesde l’agriculture avec la santé humaine et les sciencessociales.Des recherches sont effectuées dans des zonesreprésentatives des trois grands écosystèmes rizicoles del’Afrique de l’Ouest. En Côte d’Ivoire, 24 villages ont étésélectionnés dans la zone forestière humide et le mêmenombre dans la zone de savane : huit font une seule culturede riz par an, huit pratiquent la double culture, et dans lesautres, les bas-fonds sont incultes ou ne sont pas cultivés enriz. Les essais de la zone sahélienne ont lieu au Mali, où descomparaisons sont établies entre des villages des périmètresirrigués de l’Office du Niger et des villages des zonespastorales arides.Dans chaque village, les chercheurs du consortiumanalysent les effets des systèmes de production et despratiques culturales sur les populations de moustiques toutau long de la saison des pluies et de la saison sèche. Aintervalles de six semaines, ils mesurent le nombre moyende piqûres de moustique infectieuses par personne etenregistrent le nombre de nouveaux cas de paludisme.Un phénomène sans rapport avec lacroissance du rizDans un écosystème typique de la zone de transition entrela forêt et la savane, les chercheurs se sont rendu compteque la densité de moustiques dans les rizières chutaitbrutalement six semaines environ après le semis ou lerepiquage. Des chutes similaires enregistrées dans des étudesprécédentes avaient été imputées aux effets de l’ombragefourni par le riz. Mais dans les essais du consortium, on aconstaté que le même phénomène se produisait avecdifférentes densités de plantation, et cela que le riz ait étérepiqué (et en soit donc à un stade de développement plusavancé) ou qu’il ait été semé directement.Surpris, les chercheurs ont répété l’essai en ajoutant cettefois une parcelle vide. Celle-ci a été préparée pour le semis—nettoyée à l’aide d’herbicides et fertilisée—, mais elle n’apas été ensemencée.A leur grand étonnement, ils ont constaté que lapopulation de moustiques de la parcelle vide se comportaitexactement de la même manière et chutait fortement aprèssix semaines. « Il y a là un phénomène qui n’est pas enrapport avec la croissance du riz, mais avec la préparationdu sol et l’application d’intrants », commente ThomasTeuscher, le médecin suisse chargé de la coordination dutravail du consortium.Teuscher et ses collègues procèdent actuellement à unenouvelle série d’essais. Ils comparent des parcelles avec etsans application d’intrants, en distinguant les effets desengrais et des herbicides. Dans la première année, lesparcelles situées en zone hydromorphe et les parcelleslocalisées dans des bas-fonds (contenant de l’eau stagnante)ont produit des quantités similaires de larves de moustique.Mais dans les bas-fonds, là où des intrants avaient étéappliqués, la période de reproduction a été deux fois pluslongue que dans les parcelles qui n’avaient pas reçu d’intrants(12 semaines, contre six semaines), de sorte que la populationde moustiques a atteint un niveau cinq fois supérieur. « Onne sait comment, les intrants semblent modifier le milieu29