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Rapport annuel ADRAO 1996Points saillants des activitésUn outil pour la mise en valeurdes bas-fondsLA CONCEPTION défectueuse des aménagements hydroagricoles condamne trop souvent à l’échec lestentatives de mise en valeur des bas-fonds ouest-africains. En collaboration avec des partenaires nationauxdu Mali et du Ghana, les chercheurs du Centre de coopération internationale en recherche agronomiquepour le développement (CIRAD) ont créé un nouvel outil de diagnostic qui devrait permettre d’améliorerles performances. Leurs recherches s’inscrivent dans le cadre du travail du Consortium bas-fonds, auquelparticipe l’ADRAO.Des espoirs à vau-l’eauCette année, les paysans de Boundiali, en Côte d’Ivoire,comptaient sur une récolte de riz exceptionnelle. Participantà un essai en milieu réel sur l’amélioration de la maîtrise del’eau, ils avaient travaillé d’arrache-pied aux côtés deschercheurs pour concevoir et construire des diguettes encourbes de niveau. Puis ils avaient planté, désherbé et fertiliséleurs rizières.Mais les intempéries devaient réduire leurs espoirs ànéant. Une nuit, un violent orage s’est abattu sur la région.Les bas-fondspourraient être lemoteur dudéveloppementdans la régionDes crues subites ont détruit les diguettes et emporté lesplants.Cet incident est venu rappeler—s’il en était besoin—lesrisques d’échec qui guettent les tentatives de mise en valeurdes bas-fonds en Afrique de l’Ouest. Même les aménagementshydroagricoles les plus simples doivent être conçusjudicieusement pour pouvoir résister aux extrêmesclimatiques. Des erreurs de jugement similaires ont été fatalesà beaucoup de petits périmètres irrigués dans la région.Une ressource stratégiqueLes bas-fonds, bien qu’ils ne représentent qu’une petitefraction (5%) des terres arables de l’Afrique de l’Ouest, sontune ressource importante et encore sous-exploitée.Dotés de sols fertiles et d’une alimentation en eaurelativement abondante, ils offrent un grand potentiel pourl’agriculture. Quand la maîtrise de l’eau est adéquate, la productiony est moins risquée que sur les plateaux, et lespaysans sont donc en mesure d’utiliser de plus grandesquantités d’intrants. Dans les vallées situées à proximité demarchés urbains, des cultures maraîchères et fruitièresintensives peuvent se combiner avec la riziculture etl’élevage. Et si l’eau est présente tout au long de l’année,l’intégration de la pisciculture dans les systèmes deproduction devient possible.Avec un tel potentiel, les bas-fonds pourraient être lemoteur du développement agricole dans la région. Pourtant,40
Rapport annuel ADRAO 1996Points saillants des activitésla vaste majorité de ces terres—quelque 30 millionsd’hectares—est actuellement inexploitée. D’après les estimationsdes chercheurs, si l’on pouvait mettre en valeur neserait-ce que 3% de ces superficies et porter les rendementsà un modeste niveau de 3 tonnes par hectare, la productionrizicole de l’Afrique de l’Ouest augmenterait de 2,25 millionsde tonnes par an et la région deviendrait exportatricenette de cette denrée.L’amélioration de la maîtrise de l’eau est la clé de lamatérialisation de ce scénario prospère. Or, les aménagementsqui ont été réalisés jusqu’à présent dans les vallées secaractérisent par un taux d’insuccès consternant. Les erreursde calcul dans leur conception physique sont en grande partieresponsables de cette situation. L’erreur la plus communeconsiste à sous-estimer les débits de crue maximaux que lesstructures devront supporter pendant les orages, comme àBoundiali. Mais on recense bien d’autres lacunes, commel’absence de prise en compte de la nature et de la perméabilitédes sols, ou la mise sous irrigation de superficies trop limitéespour justifier le coût des nouvelles structures.Cependant, les erreurs de calcul de ce type ne constituentqu’un aspect du problème. Plus graves sont l’absenced’appréciation des besoins des usagers et le défautd’adaptation des aménagements aux conditionssocioéconomiques et à la localisation géographique. Ainsi,des zones éloignées des marchés ne conviennent pas à descultures de contre-saison. Ou encore, il se peut que lapopulation n’ait pas tellement besoin d’un surcroît de riz,mais plutôt d’eau pour le bétail ou pour les usagesdomestiques. On aboutit alors à une situation où lespérimètres sont mal entretenus, sous-utilisés ou utilisés àdes fins différentes de celles pour lesquelles ils ont étéaménagés. Dans le pire des cas, ils sont purement etsimplement laissés à l’abandon.En dépit du taux élevé d’échec enregistré dans le passé,des perspectives plus favorables se dessinent à l’heureactuelle. Les périmètres étatiques ne sont plus à l’ordre dujour et l’on assiste à une prolifération de périmètres privésaménagés par les usagers eux-mêmes, qui ont tout intérêt àce que leur entreprise réussisse. L’approche dirigiste quiprésidait autrefois à la planification des projets s’efface auprofit d’un processus participatif, dans le cadre duquel lacommunauté rurale est associée à la conception del’aménagement, contribue à son financement et prend encharge une grande partie des travaux de construction.Un outil de diagnosticDans ces conditions, il s’avère plus que jamais nécessairede concevoir les aménagements avec rigueur, tout en limitantles coûts du processus de conception. Pour ne pas retomberdans les erreurs du passé, les aménagistes sont tentésd’adopter une démarche exhaustive : ils s’efforcent demesurer l’ensemble des paramètres afin d’éliminer toutecause d’échec. Mais dans le contexte actuel de contractiondes financements, cette approche n’est plus applicable. Ilfaut un outil qui donne aux aménagistes les moyens de cernerrapidement les paramètres permettant de déterminer si unaménagement pourra ou non donner les résultats escomptés.Le CIRAD et ses partenaires ont mis au point cet outil,le diagnostic rapide de pré-aménagement (DIARPA). Celuiciest le résultat de plus de dix années de travail mené encollaboration avec l’Institut d’économie rurale (IER) du Maliet le Savanna Research Institute (SARI) du Ghana. Cetterecherche a bénéficié de l’appui du Consortium bas-fonds,association informelle d’institutions nationales etinternationales opérant sous les auspices de l’ADRAO (voirencadré).Les chercheurs ont tout d’abord analysé les différents typesd’aménagements existant dans les sites clés des deux pays.Ils ont déterminé les caractéristiques physiques et la finalitéAprès nous le déluge : les aménagements secaractérisent jusqu’à présent par un taux d’échecélevé41
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