Association pour le développement de la ... - Africa Rice Center

Rapport annuel ADRAO 1996Points saillants des activitésUne expertise venue d’AsieEN ASIE, la gestion intégrée est devenue une alternative viable à la lutte chimique contre les insectess’attaquant au riz et à d’autres cultures. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentationet l’agriculture (FAO) collabore avec les gouvernements et programmes nationaux pour introduire cesméthodes en Afrique de l’Ouest. L’ADRAO et les chercheurs nationaux fournissent l’expertise techniquerequise.Les champs de la connaissanceNon loin de la piste, six poteaux surmontés d’une bâcheforment un abri rudimentaire au beau milieu des rizières.Sous cet abri, des tables et des chaises en bois sont disposéesautour d’un tableau de papier. On a dessiné sur celui-ci, defaçon sommaire mais réaliste, des chenilles, des cicadelles,une punaise d’eau, une guêpe et même une araignée au centrede sa toile. Penchés vers le sol ou accroupis sur leurs talonsen différents points du champ voisin, 25 paysans sont arméschacun d’un bloc et d’un stylo.Il est huit heures trente, ce vendredi du mois de juillet1995, dans le périmètre irrigué de Dawhenya au Ghana.L’abri et le champ constituent le cadre dépourvu de toutesophistication où est testée—pour la première fois en Afriquede l’Ouest—une nouvelle méthode de transfert detechnologie de gestion intégrée : l’école paysanne. Chaquevendredi depuis le début de la saison culturale, lesproducteurs locaux se rendent dans cette école. Actuellement,ils sont occupés à observer les insectes sur les plants de rizen pleine croissance. Ils regagneront bientôt l’abri pourconsigner leurs observations sur le tableau de papier et enfaire part au reste du groupe. Les exposés donneront lieu àune discussion, à la suite de quoi il sera décidé de prendreou non des mesures de lutte contre les ravageurs.L’école paysanne est avant tout un lieu d’apprentissagepratique, par l’observation directe et l’exploration de larizière. Mais c’est aussi un lieu de réflexion—un forum oùles paysans peuvent échanger des idées et où des agentsextérieurs tels que les vulgarisateurs et les chercheursviennent apporter leur contribution. Le résultat, dans cepérimètre irrigué réputé pour son usage abusif des pesticides,est une approche plus subtile de la lutte contre les ravageurs,qui se sert des connaissances acquises pour mettre en oeuvreune panoplie de mesures incluant la préservation des ennemisnaturels, l’utilisation de pratiques culturales appropriées etla culture de variétés résistantes. Les produits chimiques nesont plus appliqués qu’en dernier ressort. Les champs debataille sont devenus des champs de la connaissance. Ils sontaujourd’hui un creuset dans lequel se forge l’avenir de lalutte contre les ennemis des cultures en Afrique.Les dessins despaysanstémoignent àla fois d’unsens aigu del’observationet d’unerelation intimeavec la nature45