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lumineuses, échos fantomatiques des étin<strong>ce</strong>lles imprimées sur sa rétine. Prenant conscien<strong>ce</strong>qu’elle était complètement aveuglée, Tally sentit une goutte de sueur froide couler <strong>au</strong> creuxde son dos.— Qui attendons-nous, <strong>au</strong> juste ?— Il s’appelle David.— David ? Drôle de nom. (Aux oreilles de Tally, <strong>ce</strong> nom semblait inventé de toutespiè<strong>ce</strong>s. Elle décida une fois de plus que <strong>ce</strong>tte histoire n’était qu’une blague.) Donc, ton amiva s’amener comme ça ? Ne me dis pas qu’il habite dans les ruines, quand même ?— Non. Il vit assez loin d’ici. Mais peut-être qu’il se trouve dans le coin. Il vientrégulièrement.— Tu veux dire qu’il est d’une <strong>au</strong>tre ville ?Shay la dévisagea, mais Tally ne parvint pas à déchiffrer son expression dans l’obscurité.— Quelque chose dans <strong>ce</strong> genre.Shay ramena son regard sur l’horizon, comme si elle guetta i un t signal en réponse <strong>au</strong>sien. Tally s’enveloppa dans son blouson : à rester ainsi immobile, elle réalisait que le tempss’était singulièrement rafraîchi. Elle se demanda quelle heure il pouvait être .Sans sa bagued’interfa<strong>ce</strong>, elle n’avait <strong>au</strong>cun moyen de le savoir.La lune quasi pleine des<strong>ce</strong>ndait dans le ciel, il était donc minuit passé, estima Tally en serappelant ses cours d’astronomie. C’était l’un des bons côtés d’une sortie hors de la ville :tous <strong>ce</strong>s trucs con<strong>ce</strong>rnant la nature qu’on apprenait à l’école devenaient d’un seul coupbe<strong>au</strong>coup plus utile. Elle se souvint <strong>au</strong>ssi comment la pluie tombait sur les montagnes ets’infiltrait dans le sol, avant d’en rejaillir chargée en minér<strong>au</strong>x. Elle s’écoulait ensuite jusqu’àla mer, taillant des rivières et des canyons sur son passage <strong>au</strong> fil des siècles. Quelqu’un quivivrait là pourrait circuler en planche en suivant les rivières, comme à <strong>ce</strong>tte époque trèsancienne où les ancêtres des Rouillés, moins fous que leurs enfants, se déplaçaient grâ<strong>ce</strong> àde petites embarcations taillées dans des arbres.Elle récupéra peu à peu sa vision nocturne et parcourut l’horizon. Verrait-on vraiment un<strong>au</strong>tre embrasement dans la nuit, répondant à <strong>ce</strong>lui de Shay ? Tally espérait que non. Ellen’avait jamais rencontré personne d’une <strong>au</strong>tre ville. À l’école, elle avait appris que dans<strong>ce</strong>rtaines agglomérations, on parlait une <strong>au</strong>tre langue, on ne devenait Pretty qu’à l’âge dedix-huit ans, ou <strong>au</strong>tres bizarreries de <strong>ce</strong> genre.— Shay, on devrait peut-être rentrer, non ?— Attendons encore un peu.Tally se mordit la lèvre.— Écoute, peut-être que ton David n’est pas dans le coin <strong>ce</strong>tte nuit.— Ouais, peut-être. Mais j’espérais qu’il serait là. (Elle fit fa<strong>ce</strong> à Tally.) Ce seraitvraiment cool que tu le connaisses. Il est... différent.— À l’entendre, j’en ai l’impression.— Je n’invente pas, tu sais.— Hé, je te crois ! protesta Tally.Avec Shay, elle ne savait jamais tout à fait à quoi s’en tenir.Shay se retourna vers l’horizon en se rongeant les ongles.— OK., j’ai l’impression qu’il ne viendra plus. On n’a qu’à y aller si tu veux.— C’est juste qu’il se fait tard, et il nous reste une sacrée trotte. En plus, je suis decorvée de nettoyage demain.