Elle sentit la planche perdre pied et amor<strong>ce</strong>r sa chute.Une idée lui traversa l’esprit : si elle s<strong>au</strong>tait maintenant, elle pourrait peut-être seraccrocher à une poutrelle. Toutefois, la planche magnétique dégringolerait dans le précipi<strong>ce</strong>,la privant de tout moyen de transport.La planche finit par interrompre sa glissade, mais Tally des<strong>ce</strong>ndait toujours. Lesdernières poutrelles du pont en ruine se trouvaient <strong>au</strong>-dessus d’elle désormais, horsd’atteinte. La planche s’enfonça vers le bas, ses diodes s’éteignant une à une à mesure quel’aimantation <strong>ce</strong>ssait d’opérer. Tally était trop lourde. Elle ôta son sac à dos, prête à lebalan<strong>ce</strong>r dans le vide. Mais comment survivrait-elle sans lui ? Elle n’<strong>au</strong>rait d’<strong>au</strong>tre choix quede retourner en ville, <strong>ce</strong> qui lui ferait perdre deux jours. Une brise marine, glaciales’engouffra dans la faille. Les bras de Tally se couvrirent de chair de poule, comme sous lesouffle de la mort.Mais la brise la porta brièvement et, pendant un instant, la planche demeura en équilibreinstable. Puis elle se remit à des<strong>ce</strong>ndre...Tally enfonça les mains dans les poches de son blouson et écarta les bras pour <strong>of</strong>frir unemeilleure prise <strong>au</strong> vent. Une <strong>au</strong>tre rafale survint, la soulevant légèrement, et allégea quelquepeu sa planche. L’une des diodes du détecteur de métal se remit à clignoter.Pareille à un oise<strong>au</strong> <strong>au</strong>x ailes déployées, Tally reprit de la h<strong>au</strong>teur.Les aimants de sustentation se raccrochèrent peu à peu à la piste, jusqu’à <strong>ce</strong> que laplanche remonte à la h<strong>au</strong>teur du pont brisé. Tally la ramena dou<strong>ce</strong>ment <strong>au</strong> bord de la faille.Un grand frisson la parcourut de h<strong>au</strong>t en bas quand elle regagna la terre ferme. Elledes<strong>ce</strong>ndit de sa planche, les jambes en coton.— La mer est froide, attention <strong>au</strong>x brisures, lâcha-t-elle d’une voix r<strong>au</strong>que.Comment avait-elle pu se montrer assez stupide pour fon<strong>ce</strong>r alors que les indications deShay l’avertissaient de se montrer vigilante ?Tally s’écroula sur le sol, prise d’un étourdissement. Sa fatigue la rattrapait. Elle revitmentalement la faille qui s’ouvrait sous elle, les vagues en contrebas qui s’écrasaient avecindifféren<strong>ce</strong> sur les rochers. Elle <strong>au</strong>rait pu être là-dessous à <strong>ce</strong>tte heure, battue et rebattuepar les flots, jusqu’à <strong>ce</strong> qu’il ne reste plus rien d’elle.Avant même que son cœur ait <strong>ce</strong>ssé de battre la chamade, l’estomac de Tally se mit àgronder.Elle fouilla dans son sac à dos à la recherche du purificateur d’e<strong>au</strong> qu’elle avait rempli àla rivière, et en vida le compartiment de purge. Une cuillerée de boue brunâtre s’en échappa.— Beurk, fit Tally en soulevant le couvercle pour regarder à l’intérieur.L’e<strong>au</strong> semblait claire et pure, sans odeur particulière.Tally but avec soulagement, mais en conserva pour son dîner – ou son petit-déjeuner,<strong>ce</strong>la revenait <strong>au</strong> même. Elle avait l’intention de voyager de nuit et de laisser sa planche serecharger pendant la journée, afin de ne pas perdre de temps.Plongeant la main dans son sac étanche, elle en sortit un sachet de nourriture choisi <strong>au</strong>hasard.— SpagBol, lut-elle sur l’étiquette avant de h<strong>au</strong>sser les ép<strong>au</strong>les.Hors du sachet, l’aliment avait l’apparen<strong>ce</strong> et la texture d’une baguette de coton séché.Elle le lâcha dans le purificateur où il se mit à bouillir en produisant de petits gargouillis.Tally regarda vers l’horizon. C’était la première fois qu’elle voyait le soleil se lever endehors de la ville. Comme la plupart des Uglies, elle se levait rarement assez tôt et, de toute
façon l’horizon était perpétuellement bouché par les immeubles de New Pretty Town. Lespectacle d’un <strong>au</strong>thentique lever de soleil la stupéfia.Une bande orange et j<strong>au</strong>ne embrasa le ciel, magnifique et inattendu, <strong>au</strong>ssi spectaculairequ’un feu d’artifi<strong>ce</strong>. Elle se modifia à un rythme régulier, tout juste per<strong>ce</strong>ptible. Voilàcomment se présentait la vie dans la nature, comprit-elle. Dangereuse ou splendide. Ou bienles deux.Le purificateur émit un ping ! Tally souleva le couvercle et se pencha <strong>au</strong>-dessus :c’étaient des pâtes avec une s<strong>au</strong><strong>ce</strong> rouge, des petites boules de soja et une délicieuse odeur.Elle consulta de nouve<strong>au</strong> l’étiquette.— SpagBol... spaghetti à la bolognaise !Elle se rest<strong>au</strong>ra avec appétit. Le soleil la réch<strong>au</strong>ffait, les vagues grondaient encontrebas ; il y avait des siècles qu’elle n’avait pas mangé <strong>au</strong>ssi bien.Après le repas, comme la planche avait encore suffisamment de batterie, Tally décida dereprendre la route. Elle relut les premières lignes de la note de Shay :Prends les montagnes et, après la brèche, continue sur ta lancéeJusqu’à <strong>ce</strong> que tu en trouves une longue et plate.La mer est froide, attention <strong>au</strong>x brisures.À la deuxième, commets la pire erreur.La deuxième indiquait peut-être un deuxième pont brisé, et Tally préférait le découvriren plein jour ; tout à l’heure, si elle avait repéré la faille une fraction de seconde plus tard,elle <strong>au</strong>rait fini comme un sachet de SpagBol <strong>au</strong> pied de la falaise.Mais son premier problème consistait à passer le gouffre. Il était <strong>au</strong>trement plus largeque la brèche dans les montagnes russes – be<strong>au</strong>coup trop pour qu’elle envisage de lefranchir d’un bond. Elle semblait condamnée à le contourner à pied. Elle s’enfonça versl’intérieur des terres à travers les h<strong>au</strong>tes herbes, pas mécontente de se dégourdir les jambesaprès une nuit passée sur sa planche. La faille de tarda pas à se refermer et, une heure plustard, Tally retrouvait la piste de l’<strong>au</strong>tre coté.Elle reprit son vol plus lentement désormais, les yeux fixés vers l’avant, ne se risquantque par intermitten<strong>ce</strong> à jeter un coup d’œil sur le paysage.Des montagnes se dressaient à sa droite, si h<strong>au</strong>tes qu’elles étaient coiffées de neige bienqu’on ne soit qu’<strong>au</strong> début de l’<strong>au</strong>tomne. Tally avait toujours considéré la ville comme unmonde en soi, immense, mais par ici, tout atteignait des dimensions considérables. Et lespectacle <strong>of</strong>frait une telle be<strong>au</strong>té ! Elle commençait à comprendre pourquoi les gens vivaient<strong>au</strong>trefois dans la nature, même si l’on n’y trouvait nulle tour de fête ou résiden<strong>ce</strong>. Ni mêmede dortoir.Le fait de songer à la ville lui révéla à quel point ses muscles endoloris <strong>au</strong>raient appréciéun bain ch<strong>au</strong>d. Tally s’imagina dans une baignoire géante à jets tourbillonnants où l’on <strong>au</strong>raitdissous un gros paquet de bulles de massage. Elle se demanda si son purificateur seraitassez effica<strong>ce</strong> pour ch<strong>au</strong>ffer suffisamment l’e<strong>au</strong> d’une baignoire, <strong>au</strong> cas improbable où elle endénicherait une. Comment se lavait-on à La Fumée ? (Tally s’inquiétait de l’odeur qu’elledégagerait après plusieurs jours sans bain.) Y avait-il du savon dans son kit de survie ? Dushampooing ? Pas de serviettes, en tout cas. Elle n’avait encore jamais pris conscien<strong>ce</strong> de laquantité de choses dont elle avait besoin <strong>au</strong> quotidien.La deuxième brisure se présenta une heure plus tard : un pont effondré par-dessus unerivière qui serpentait entre les montagnes.
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Scott WesterfeldUglies tome 1
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quelques secondes, elle fut convain
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— Jure-moi simplement d’arrête
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de crier. Peut-être que la gardien
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Shay s’esclaffa.— Je t’en pri
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— Peut-être. Est-ce que ça s’
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Shay regarda les tours de fête au-
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— Pas un seul ?— Quand j’éta
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Et les gens s’entretuaient pour d
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Tally cligna ses paupières.— Bie
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nue, luisante d’une sorte d’iso
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BELLE MENTALITÉ— Nous étions de
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t-il vraiment derrière ces grands
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David haussa les épaules et se dé
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EN CAS DE D O M M AIls la conduisir
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dire :— Si ça vous amuse.— Par
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FUITETally n’avait jamais fait de
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planche et, pendant une chute libre
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AZ ET MADDYDavid franchit la crête
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COMPLICES— On a encore le temps,
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Au moins, le gilet fonctionnerait s
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SERMENT D’HIPPOCRATEIls restèren
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vous pourriez être Pretties. Ouais
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David secoua la tête.— De quoi p
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Tally songea à la lettre qu’elle