CR<strong>É</strong>ER DES EMPLOIS DANS LES TERRITOIRESCette démarche, très construite, passe par un travail, enliaison avec les collectivités concernées, de diagnosticterritorial, d’identification de programmes de développementet de fixation de priorités ; des cabinets spécialiséssont choisis pour conduire le diagnostic territorialet aider les collectivités à élaborer leurs programmesd’action.Au niveau territorial, tous les acteurs sont associés ausein d’un comité de site de la défense, présidé par lePréfet, afin d’élaborer un plan local de redynamisation(PLR), ou, pour les sites les plus touchés, un contrat deredynamisation de site de défense (CRSD).L’élaboration des programmes est maintenant trèsavancée dans l’Oise et les collectivités concernées ontdéfini leurs priorités :• Pour Noyon, ville où, aux aides prévues de la part duministère de la Défense s’ajoute un dispositif de franchisefiscale sur le site du quartier libéré par leRégiment du Tchad, le projet de contrat de redynamisationprévoit une contribution de 8 millions d’eurossur un ensemble de programmes représentantquelque 20 millions d’euros, autour de quatre axesprincipaux :- accroître l’offre d’enseignement et développer uninternat d’excellence ;- dynamiser le tissu économique en le repositionnantsur l’éco-conception ;- développer la recherche, l’innovation, l’expérimentationet la formation dans le secteur de l’éco-conception;- promouvoir les loisirs et le tourisme verts.• Pour Compiègne, un montant de 2,4 millions d’eurosviendra accompagner trois programmes prioritaires – évaluésà 4,8 millions d’euros – parmi dix analysés :- viabilisation du foncier pour accueillir le siège del’Office National des Forêts (ONF) dont le déménagement,de Paris à Compiègne avant la fin 2012 (300emplois), a fait l’objet d’une convention officielle avecles ministres concernés ;- développement de l’offre foncière d’accueil d’entreprisesindustrielles et logistiques sur un ancien site militaire;- reconversion d’un hangar militaire et création d’unpôle événementiel.• Il en va de même pour Senlis, où le projet de plan derestructuration de défense retient deux priorités etapportera 1,6 million d’euros sur 5,3 millions d’eurosd’investissements :- requalification et modernisation de la zone industrielle,vieillissante, située à la sortie de l’autoroute A1 ;- création d’une pépinière d’entreprises dédiées au secteurtertiaire, qui sera située sur le site militaire qui vaêtre libéré.Notons que ces crédits ne seront attribués que dans lecadre de cofinancements, ce qui oblige les collectivitésà identifier et à convaincre d’autres financeurs (Région,communautés, investisseurs immobiliers...). Jusqu’àprésent, seule la phase de l’élaboration technique desprogrammes d’action a été achevée.En outre, le ministère de la Défense a créé une sociétéfinancière, la SOFIRED, dotée de 45 millions d’euros,destinée à accorder, au terme d’une instruction que laSOFIRED mène elle-même, des prêts sans garantie àdes entreprises implantées sur les départements affectéspar des restructurations de défense (dont, en Picardie,l’Oise et l’Aisne). Ces prêts sont destinés à jouer le rôlede quasi-fonds propres et à favoriser la mobilisation desautres financements.L’originalité de la SOFIRED réside dans le fait qu’elleconsidère que l’accompagnement de l’entreprise n’estpas uniquement financier et qu’il est important de luiproposer, en parallèle, un dispositif d’accompagnementhumain par des consultants, dans les domaines où lechef d’entreprise estime avoir besoin d’une assistancespécialisée (organisation de la gestion ou de la production,système d’information, propriété intellectuelle,approche de nouveaux marchés…). Ce dispositif mixted’accompagnement (humain et financier) est appelé la«Sofibox ».Autres dispositifs d’interventionIl convient de mentionner les dispositifs d’accompagnementhumain et d’aides (prêts d’honneur comprisentre 1 500 et 10 000 euros) à la création d’entreprisesproposés par les plateformes d’initiative locale(« PFIL »). Ces PFIL sont soutenues par les collectivitéset l’Oise en compte trois pour être au plus près desentrepreneurs : Oise-Est Initiative, Oise-OuestInitiative et Oise-Sud.Les prestations apportées sont :• l’accueil du porteur de projet, et sa réorientation, lecas échéant ;• son accompagnement, à travers un diagnostic généraldu projet, qui passe par une évaluation des besoins etune analyse du projet, ainsi qu’à travers des conseilstechniques ;• un soutien financier : prêt à taux 0 %, sans garantieni caution personnelle, dont le but est de renforcer lesfonds propres et de faire effet levier avec le prêt bancaire;• le suivi, après la création de l’entreprise.En outre, le Conseil régional apporte aussi une subventionau créateur d’entreprise (programme dont l’applicationest suspendue depuis les élections régionales demars 2010).LA DIFFICILE <strong>É</strong>LABORATION DE STRAT<strong>É</strong>GIESTERRITORIALESLa structure multipolaire du département, commedécrite plus haut, et l’absence de rôle affirmé pour leConseil général sur le plan du développement économiqueconduisent à ce qu’il n’y ait pas une stratégie26R<strong>É</strong>ALIT<strong>É</strong>S INDUSTRIELLES • AOÛT 2010
d’ensemble du département, mais plutôt des tentativesde stratégies locales élaborées au niveau de chaque collectivité(communauté d’agglomérations ou de communes,pays).Une approche stratégique est cependant nécessaire, enraison, d’une part, des mutations très fortes vers unedésindustrialisation sans apparition concomitante desources d’emplois de remplacement et, d’autre part, del’abondance des sources de financement aujourd’huidisponibles pour accompagner la création d’emplois.Le principal frein à la définition de stratégies et à samise en œuvre est la faiblesse des ressources humainesconsacrées à la réflexion, à la définition et à la mise enœuvre de programmes d’action tournés vers le développementdes territoires et des entreprises qui y sontimplantées. Cela concerne la prospection et l’identificationde projets, l’accueil de porteurs de projets, lemontage de dossiers avec la réponse aux cahiers descharges des entreprises (foncier, ressources humaines,financements), la participation aux processus de décision,le suivi de la concrétisation des projets.Les effectifs très limités existants consacrés à l’interfaceavec les aspects de développement des entreprises (distinctsde ceux des politiques d’emploi) interviennentprincipalement à travers la participation aux procéduresde mise en œuvre des financements, comme décritesplus haut.Ce volume limité de ressources humaines pour l’animationéconomique se vérifie au niveau des collectivités,des services de l’Etat (par exemple le pôle 3 E(Entreprises, Economie, Emploi) de la Direccte estconcentré au siège de la Région à Amiens : il est encours de constitution et n’a pas de représentant dansl’Oise), des organismes de recherche et formation (aussibien l’UTC que l’Institut LaSalle), des organismesconsulaires ou professionnels tournés vers les besoinsimmédiats et les intérêts de leurs adhérents. Le renforcementdu « capital humain » est indispensable pourtirer toute l’efficacité des ressources financières d’accompagnementéconomique disponibles aujourd’hui.Fort heureusement, on observe des orientations qui traduisentune évolution positive :• l’élaboration (imposée par le ministère de la Défense)de diagnostics économiques locaux et de propositions,conduits par des cabinets spécialisés, les collectivitésconcernées et les administrations dans le cadre desrestructurations de Défense (dans l’Oise, à Noyon, àCompiègne et à Senlis), a poussé à une réflexion stratégique;• l’Agglomération de Compiègne – qui s’est dotée deservices plus étoffés qu’ailleurs dans le département –cherche à tirer profit de la libération de sites militairespour développer une offre foncière et immobilière nouvellelui permettant, en s’appuyant sur l’UTC et sur lePôle de compétitivité « Industrie et Agro-Ressources »,de développer des filières industrielles (filière verte /bioénergies,cluster bois), d’attirer des sièges sociaux(comme pour l’ONF) et de développer le tourismed’affaires et de loisirs (château impérial, haras, forêt) ;• la communauté d’agglomération du Beauvaisisappuie un projet stratégique : l’Institut La Salle deBeauvais qui envisage à présent de créer une plateformetechnologique et scientifique tournée vers les traitementsde la biomasse par micro-onde, par l’ozone oupar méthanisation, et une pépinière technologique,pour accueillir des entreprises intéressées par ses programmeset ses équipes. A cet égard, elle compte s’appuyersur les expériences réussies des pépinières crééespar les universités LaSalle de Barcelone et de Madrid ;• le Sud-Oise vient de mettre en place une authentiqueagence de développement, distincte des services assurantla gestion administrative de la collectivité.Cette agence s’est rapidement dotée d’un directeur etde trois chargés de mission spécialisés.• des industriels du Sud-Oise (Montupet, Arcelor-Mittal, Cray Valley, des PME) ont constitué une associationpour mettre en oeuvre de manière partagée deséquipements lourds (tomographe, capacités de calculinformatique) ;• le CETIM met en œuvre auprès de quelques entreprisesdes actions collectives – avec financementspublics et privés de diagnostics et de réflexions stratégiquesdestinés à renforcer la flexibilité et la compétitivitédes entreprises (programme ACAMAS, jusqu’àprésent limité aux entreprises de la métallurgie et de lamécanique) ;• de même, ont été lancés autour de deux grandesentreprises des programmes collectifs visant à améliorerles relations clients-fournisseurs et à développer la réactivitédes PME travaillant en relation avec un donneurd’ordres important.LA CONTRIBUTION DU COMMISSAIREÀ LA R<strong>É</strong>INDUSTRIALISATIONFace à un univers aussi émietté, mon action deCommissaire à la réindustrialiation s’oriente selon troisaxes (les « 3P ») : personnes, projets, procédures.En premier lieu, il y a une véritable demande, de la partdes collectivités, de pouvoir échanger et présenter leursattentes et leurs projets. D’où l’importance d’aller à larencontre des acteurs : collectivités, entreprises, organisationsprofessionnelles et syndicales… On passe ainside relations formelles à la constitution de véritablesréseaux fondés sur la confiance entre personnes, laquellefavorise une accélération de la prise de décision.A côté des projets soumis au Commissaire, il y a ceuxqu’il impulse lui-même, et au bon déroulement desquelsil veille. Pour ma part, je me suis attaché aussi bien àfaire progresser la réflexion collective sur des filières stratégiques,telles le machinisme agricole ou l’éolien offshore en Picardie (Somme et Oise, principalement) enexaminant les retombées industrielles potentielles, qu’àidentifier et soutenir des projets exogènes susceptibles des’implanter et de générer à chaque fois un nombre significatifd’emplois, de l’ordre de 400 à 500 : comme leCLAUDE TRINKR<strong>É</strong>ALIT<strong>É</strong>S INDUSTRIELLES • AOÛT 2010 27