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R É A L I T É S

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ILARION PAVELPhoto 19 : Nano-robot réparant lescellules du corps humain, imaginépar des auteurs de romans de science-fiction(©www.techtoggle.com).produit par les plantes. Mais ce n’est que depuis récemmentqu’il est en contact avec des nanoparticulesmanufacturées, ce qui pose pertinemment la questionde leur impact sur sa santé. C’est pourquoi plusieursprojets de recherche ont été lancés sur le thème de latoxicité potentielle des nanoparticules.Ces études posent de grands défis car la réponse de l’organismedépend de chaque nanoparticule et il est difficilede tirer des conclusions générales pour des classesplus larges. De plus, certaines nanoparticules nontoxiques peuvent piéger, à leur surface, des moléculestoxiques et pénétrer dans l’organisme : cet effet estappelé «cheval de Troie».Au-delà de l’impact sur la santé se pose la question dudevenir des nanoparticules disséminées dans la nature,de leurs interactions avec les plantes et les animaux etde leur transport dans l’environnement.Enfin, les nanotechnologies soulèvent des problèmeséthiques. Manipuler des cellules souches ou remplacerdes organes défaillants de l’organisme humain peutconduire à des dérapages, en particulier à des travauxvisant à améliorer l’être humain ou à augmenter artificiellementses capacités.ACCEPTABILIT<strong>É</strong> SOCIALECes perspectives suscitent des inquiétudes, d’autant plusque les objets nanométriques, invisibles à l’œil nu, nesont pas perceptibles directement. Certaines expériencesmalheureuses comme l’utilisation de l’amiante dans laconstruction, longtemps présenté comme un matériaumiracle (isolant électrique, résistant au feu et à l’agressionchimique) alors qu’il est toxique, ont rendu legrand public plus anxieux face aux risques potentiels.Une mesure radicale consisterait à abandonner larecherche en nanotechnologies. Cela nous protégeraitcertes des risques potentiels, mais nous priverait enmême temps des retombées positives de cette recherche.Il appartient à la société de peser les bénéfices et lesrisques et de décider de poursuivre ou d’abandonnercette voie de recherche et de développement. Par unaccord international, l’ensemble des pays pourrait déciderd’abandonner la recherche en nanotechnologies etchoisir d’explorer d’autres voies.Plus raisonnablement, plusieurs actions sont envisageables: mettre au point des protocoles d’évaluationtoxicologique et éco-toxicologique, avec des tests delaboratoire in vitro et sur animal, des règles de bonusage dans la production des nanoparticules, des systèmesde surveillance sanitaire des personnes exposées,des règlements de traçabilité des produits nano, desmoyens pour que les consommateurs soient informésen toute transparence, des comités d’éthique pours’interroger sur l’opportunité de développer les nanotechnologies.Ces problèmes, qui relèvent plus de décisions politiquesque de choix scientifiques et techniques, ne sontd’ailleurs pas spécifiques aux nanotechnologies. Il y aun espace de liberté et un espace de contraintes : ce quenous réaliserons ne dépend que de nous.Pour assumer ses décisions et juger les choix technologiques,le citoyen doit avoir une culture scientifique.Comment comprendre le monde d’aujourd’hui sansun minimum de compréhension de la science ?Comment ne pas se sentir perdu, impuissant, frustré,quand on ne se représente pas du tout la façon dontfonctionne un circuit électrique ? Aujourd’hui, seulsquelques cerveaux privilégiés ont accès à la compréhensionde la réalité, alors que le plaisir de faire un pasde plus vers le réel inaccessible est un des plus merveilleux.Il est urgent de transformer l’enseignementdes sciences. L’école doit apporter à chacun, quelquesoient ses possibilités intellectuelles apparentes, lesmoyens d’être un peu moins myope face au réel.R<strong>É</strong>ALIT<strong>É</strong>S INDUSTRIELLES • AOÛT 2010 83

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