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R É A L I T É S

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CR<strong>É</strong>ER DES EMPLOIS DANS LES TERRITOIRESUn paramètre essentiel pour analyser les futures opportunitésindustrielles dans notre pays est la notion defrontière technologique, qui regroupe, pour chaquecatégorie de biens ou de services, les meilleures technologieset configurations existantes.L’Europe et la France se situent depuis quelque tempsdéjà sur cette frontière technologique. Contrairementaux pays émergents, qui se lancent dans une stratégie derattrapage visant à produire et commercialiser des biensdéjà existants, tout l’enjeu consiste ici à inventer, àmettre au point, à valider et à faire diffuser des offresradicalement nouvelles. Il s’agit donc largement d’unprocessus d’expérimentation, de tâtonnement, debouillonnement créatif, avec d’inévitables redondances,gaspillages ou échecs.Plusieurs demandes économiques et sociales nouvellesoffrent un point d’appui pour développer ces nouvellesactivités industrielles : l’environnement, la santé, les loisirsculturels… Dans tous ces cas, il n’y a pas de solutiontechnologique, de format de bien ou de service,d’organisation productive et de modèle économiquequi s’imposeraient spontanément, mais, au contraire,de multiples possibilités s’offrent.Dans cet univers d’expérimentation et de variété, lesinvestissements dans la R&D, dans la production etdans la commercialisation seront vraisemblablementplus fragmentés, de plus petite taille et d’une durée devie plus courte qu’aujourd’hui. Ce contexte spécifiqueoffre une première opportunité de positionnementsgéographiques différenciés entre territoires pour l’accueil,la conduite et la consolidation d’investissementsindustriels.Il faut ensuite s’interroger sur le possible visage futur dela structure industrielle de notre pays. Celle-ci se caractériseaujourd’hui par un petit nombre de très grandesentreprises, une quasi-absence, désormais criante, d’entreprisesintermédiaires et de nombreuses PME et TPE.En 2008, seulement 4 % des entreprises industriellesont plus de cinquante salariés, 82 % en ont moins dedix, et 14 % en ont entre dix et quarante-neuf. Ce vastetissu méconnu de PME (souvent familiales et dirigéespar leurs propriétaires fondateurs) est clairement menacé,sur le court terme, par la consolidation internationaleaccélérée de grandes firmes globales (y comprisd’origine domestique), par le départ à la retraite prochainde nombreux dirigeants-actionnaires principauxet par l’effort financier croissant d’investissement et deR&D requis pour rester compétitif.A partir de là, on peut imaginer deux scénarios diamétralementopposés : soit un affaiblissement lent, maiscontinu, de ce tissu de PME (le paysage industrielconservant sa structure actuelle, mais à une échelle plusréduite ; la large couverture sectorielle et géographiquede l’industrie domestique serait ainsi amoindrie maismaintenue) ; soit, dans un second scénario, la concurrenceintensifiée et le départ à la retraite massif de dirigeants(ainsi que d’une fraction importante des personnels)pourrait conduire, en l’espace de dix ou quinzeans, à la disparition presque complète de la myriade dePME et TPE existant actuellement (ne subsisteraientalors que les très grandes firmes globales et un réseau destart-up et de jeunes petites entreprises centrées sur l’innovationet en recomposition permanente en matièrede produits, d’actifs et de main-d’œuvre).Dans le premier cas, les formes et la géographie de l’investissementindustriel resteraient sensiblement lesmêmes qu’aujourd’hui, mais à un niveau bien entenduinférieur et décroissant.Dans le second cas, on assisterait, à l’opposé, à unereconfiguration complète et très ouverte, à ce stade, deslieux d’investissement privilégiés (concentrés sur lespetites firmes innovantes et les grands groupes mondiaux),ainsi que de la nature de ces investissements.Pour apprécier la rupture potentielle, il suffit de rappelerqu’en 2008, 30 % des investissements sont consacrésau renouvellement d’équipements, contre 20 % àleur modernisation et seulement 15 % à l’introductionde nouveaux produits.La troisième variable à prendre en considération estl’ouverture possible d’un degré territorial de différenciationdes investissements industriels. En raison dupoids des normes et des standards, des éventuellesréglementations nationales et/ou européennes et de larecherche d’économies d’échelle, cette dimension a étélargement absente, dans le passé. Pour un type donnéde bien (ou de service), les technologies, les formesd’organisation et les modèles économiques étaient sensiblementles mêmes, quel que soit le lieu d’implantationen France. Mais comme on l’a vu, il n’est pas dit,compte tenu du poids des caractéristiques d’usage et dela variété technologique existante, que dans les secteursprésentant les opportunités de croissance industrielleles plus prometteuses (environnement, santé, culturelnumérique), une seule solution s’imposera et dominerale marché.On peut, au contraire, imaginer qu’à l’issue de la phased’expérimentation et de validation des offres potentielles,subsisteront plusieurs modèles et configurations.Cette possibilité ouvre un espace potentiel de différenciationterritoriale permettant la coexistence, dans unmême secteur, d’investissements industriels déconcentréscorrespondant à des trajectoires distinctes, avecpour résultat une rupture historique avec la tendanceactuelle de très forte polarisation géographique des activitésindustrielles.Un paramètre inconnu, de nature politique et institutionnelle,très difficile à anticiper aujourd’hui, joueraun rôle décisif dans le jeu effectif des trois variablesbrièvement décrites précédemment : le degré d’autonomiedes territoires, à l’échelle de la région ou de groupesde régions, leur permettant de jouer un rôle actif dansces processus, d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégieslocales avec des moyens qui leur soient propres.Selon l’évolution de l’organisation territoriale, lesmoyens financiers respectifs des acteurs (locaux et centralisés),la poursuite (ou non) de la dynamique européenneet le bilan des multiples initiatives observablesaujourd’hui dans les diverses collectivités territoriales, la72R<strong>É</strong>ALIT<strong>É</strong>S INDUSTRIELLES • AOÛT 2010

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