de la guadeloupe - Manioc

(451)et tous les soins, qu'aux Antilles, on sait si bien prodigueraux étrangers; il s'établit chez lui avec Rhodez. Bientôtune foule de petits détails qu'on apprit sur le mystèrequi avait présidé à son embarquement à la Rochelle, surses actions et ses paroles , par fois extraordinaires, pendantla traversée, se répandirent dans l'île et intriguèrenttout le monde. M. Nadau, lieutenant de roi du Marin,voulut l'avoir chez lui, et il fut s'y loger. Dans une lettrequ'il écrivit à son premier hôte, il signa d'Est au lieu deTarnaud; il n'en fallut pas davantage pour tourner toutesles têtes; on en conclut que c'était Hercule-Renaud d'Est,prince héréditaire de Modène, et frère de la duchesse dePenthièvre. Des officiers qui connaissaient la duchesseprétendirent qu'ils se ressemblaient comme deux gouttesd'eau; on le traita de monseigneur ; on lui prépara desfêtes, et il eut l'air de confier au commandant: qu'il ne s'attendaitpas à être reconnu, mais qu'il voulait absolumentgarder l'incognito et ne paraître que le comte deTarnaud.Le marquis de Caylus était alors gouverneur-généraldes îles du Vent à la Martinique, et le délabrement deses affaires le livrait à une foule d'intrigants qui le jetaientdans des spéculations dont le fruit était pour eux,et l'odieux pour lui; M. de Ranché était intendant-général.La colonie se trouvait froissée, et la disette qu'elleressentait par l'état de blocus où la tenaient les Anglais ,augmentait son mécontentement. De toutes parts on portaitdes plaintes au nouveau prince, contre M. de Caylus :il jurait qu'il ferait cesser un pareil scandale , et M. Nadaucroyait sa fortune faite. Ces bruits parvinrent au gou-