LE CINÉMA À L’ÉPREUVE DES PHÉNOMÈNES DE CONCENTRATION
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129. On observe donc qu’un billet vendu au même prix par un exploitant indépendant ou par un affilié<br />
rapporte deux fois plus à celui qui est resté indépendant. Mais, s’il reste indépendant, il perd sa<br />
clientèle car cette dernière préfère utiliser sa carte illimitée pour voir le film de son choix, dans<br />
une salle du circuit, pour moins cher. L’exploitant indépendant n’a donc pas d’autre choix que de<br />
s’affilier et de perdre la moitié de sa recette sur les spectateurs qu’il conservera comme clients mais<br />
qui présenteront la carte. Toute la question est de savoir si l’effet volume compensera l’effet marge.<br />
130. Sachant qu’un spectateur qui allait au cinéma sans carte engendrait une recette de 2,10 euros<br />
et qu’un spectateur porteur d’une carte déclenche une recette de 1,03 euros, combien faut-il de<br />
nouveaux spectateurs porteurs de carte pour compenser ce différentiel de 1,07 euros ? Réponse :<br />
il faut que deux spectateurs porteurs de la carte viennent remplacer le spectateur sans carte pour<br />
que la carte ne nuise pas à l’exploitant indépendant. Il convient donc que le flux de spectateurs qui<br />
s’encartent soit compensé par un flux deux fois plus important d’entrées.<br />
131. Afin de mesurer l’effet de l’affiliation, on peut prendre un exemple simplifié d’un exploitant ayant<br />
une fréquentation de 99 000 entrées à un prix moyen de 5 euros, dont deux tiers sont réalisés sur<br />
la base d’un taux de location de 50% et un tiers sur la base d’un taux de location de 35%. Un tel<br />
exploitant perçoit en principe une recette nette (part exploitant) de 228 690 euros. En revanche,<br />
si 25% de ses entrées sont délivrées au titre d’une formule illimitée, dont un tiers sur la base d’un<br />
taux de location à 35%, et un tiers de ses entrées « classiques » le sont sur la base du même taux<br />
(le restant sur un taux de 50%), sa recette n’est alors plus que de 192 885 euros. Soit un manque à<br />
gagner de 35 805 euros.<br />
132. On observe par ailleurs que le prix moyen de l’entrée vendue à l’unité par un multiplexe est plus élevé<br />
que pour une salle classique. Le CNC indique que la recette moyenne par entrée 74 progresse plus<br />
vite dans les multiplexes que dans les salles traditionnelles 75 . Donc les multiplexes, et notamment<br />
les circuits de salles, augmentent le prix des entrées vendues à l’unité plus rapidement que les<br />
autres salles et leur prix est plus élevé.<br />
133. Pris en ciseaux par le couple prix plus élevé de l’entrée vendue à l’unité par les circuits et<br />
prix plus bas à l’abonnement, les salles indépendantes ne peuvent que pratiquer des prix à<br />
l’unité plus bas que les circuits et s’affilier aux réseaux en acceptant de renoncer à une part<br />
importante de leur marge, dans l’espoir que l’effet volume compense l’effet prix et maintienne<br />
leur rentabilité.<br />
74 <br />
La mesure du prix moyen annuel de la place de cinéma est une affaire compliquée. L’INSEE produit chaque année un indice basé<br />
sur un nombre restreint de salles. Le CNC dispose de l’ensemble des chiffres nécessaires au calcul. Il calcule une recette moyenne<br />
par entrée, afin de prendre en compte les rabais, tarif jeune et carte d’abonnement.<br />
75 <br />
La recette moyenne peut légèrement différer du prix. Les données du CNC ne prennent pas en compte les places gratuites, ce qui<br />
est logique. La recette moyenne par entrée (RME) est passée de 5,39 euros en 2000 à 6,38 euros en 2014 et 6,44 euros en 2016. En<br />
prenant en compte l’inflation de 27,4%, on observe une légère augmentation de la RME. Elle devrait être égale à 6 euros pour être<br />
constante. Elle a donc augmenté, prenant en compte l’inflation de 7%, entre 2000 et 2016. Ce résultat moyen cache, en fait, une très<br />
grande différence d’évolution du prix de la place de cinéma des multiplexes, d’un côté, et des autres salles, de l’autre. En moyenne,<br />
sur la période 2000-2016, la RME des multiplexes est supérieure de 0,33 € à la RME globale. Les autres établissements affichent une<br />
RME inférieure à la moyenne (-0,43 € en 2016).<br />
Sources : CNC, « Soutien au cinéma, à l’audiovisuel et au multimédia, Rapport et perspectives 2014 – 2016 », 2014 ; CNC, « L’évolution<br />
de l’économie des salles de cinéma », octobre 2009 ; CNC, « Les dossiers du CNC » n°332, « Bilan 2014 », mai 2015 ; calculs<br />
de l’auteur.<br />
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