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LE CINÉMA À L’ÉPREUVE DES PHÉNOMÈNES DE CONCENTRATION

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au film et peut réduire le risque par une campagne de publicité. Lorsque le distributeur investit<br />

en publicité, l’exploitant qui commercialise ses espaces est bénéficiaire à deux niveaux. Une<br />

fois en recette directe (vente de l’espace publicitaire) et une seconde fois par le prélèvement<br />

de 50% sur la recette nette issue du prix des billets pour l’achat desquels le distributeur a<br />

dépensé les coûts de promotion.<br />

174. C’est donc le fonctionnement de la chaîne de valeur qui découple la prise de risque et la<br />

rémunération, aux dépens des distributeurs, des producteurs et des ayants droit, sous le poids<br />

du rapport de force favorable aux exploitants, et notamment aux circuits de salles. Alors que<br />

le fonctionnement traditionnel reposait sur le principe que les producteurs pouvaient transférer une<br />

partie de leur risque vers l’aval de la chaîne en échange de mandats et conserver la possibilité d’un<br />

profit supplémentaire 98 (auquel les ayants droit sont associés) si le film est un succès, la probabilité de<br />

voir apparaître des remontées des salles diminue avec les charges transférées par l’exploitation sur<br />

la distribution. Les distributeurs doivent amortir ces charges nouvelles. En conséquence, le reliquat<br />

susceptible de remonter s’amenuise. Ce sont les ayants droit, les producteurs et les distributeurs,<br />

ainsi que les autres partenaires des films, dont les chaînes de télévision, qui supportent le risque<br />

inhérent à l’activité cinématographique, tandis que les réseaux de salles bénéficient de la plus<br />

grosse part des profits, sans grande exposition au risque, sur les films qui constituent pourtant la<br />

source même de leur activité.<br />

175. Cette déformation de la chaîne de valeur est illustrée par les chiffres produits par le CNC 99 . Pour<br />

619 films d’initiative française sortis entre 2004 et 2007, une étude de René Bonnell pour le<br />

CNC (2013) 100 indique que les distributeurs encaissent 595,2 millions d’euros, dont ils déduisent<br />

420,9 millions d’euros de coûts de distribution opposables et 260,7 millions d’euros de MG. Ils<br />

engrangent 97 millions d’euros de soutien automatique, soutien sélectif et contribution Canal+.<br />

Ils facturent leur commission 169,6 millions d’euros. Le solde est donc négatif de 180,2 millions<br />

d’euros. Ce qui veut dire que le secteur de la distribution est déficitaire à l’issue de l’exploitation<br />

en salles. Inversement, chaque année, le secteur de l’exploitation en salles, et notamment les<br />

trois circuits de salles, sont bénéficiaires. En 2013, le résultat net de Gaumont est un bénéfice<br />

de 8,1 millions d’euros. En 2011, celui de CGR était de 7 millions d’euros 101 . Celui d’UGC, en 2013,<br />

était de 18,3 millions d’euros.<br />

98<br />

La rémunération « normale » du producteur est comprise dans le devis du film. Le profit supplémentaire associé à un film qui trouve<br />

un vaste public est constitué par les remontées des salles. Les ayants droit sont également associés à de tels succès.<br />

99<br />

René BONNELL, « Le financement de la production et de la distribution cinématographiques à l’heure du numérique », Rapport,<br />

décembre 2013.<br />

100<br />

René BONNELL, « Le financement de la production et de la distribution cinématographiques à l’heure du numérique », Rapport<br />

CNC, décembre 2013..<br />

101<br />

De nombreux cinémas étant gérés par d’autres sociétés, ces données ne représentent qu’une partie du résultat.<br />

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