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LE CINÉMA À L’ÉPREUVE DES PHÉNOMÈNES DE CONCENTRATION

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A3/ L’intégration verticale donne naissance<br />

à des marchés bifaces<br />

214. L’intégration verticale permet aux groupes d’être de puissants acteurs, qui interviennent<br />

simultanément sur les deux faces du marché. D’un côté, comme exploitants, les circuits<br />

remplissent les salles en proposant des abonnements qui drainent le public et, de l’autre côté, la<br />

présence massive du public justifie de vendre cher l’espace publicitaire, qui constitue un coût pour<br />

leur activité de distributeurs mais une recette pour leur facette exploitant. Cette configuration est<br />

appelée « marché biface 111 ». On désigne sous le terme de « marché biface » des marchés dont<br />

le modèle économique tient dans l’exploitation des effets de réseaux indirects. Sur un versant<br />

du marché, la demande sera d’autant plus forte que, sur l’autre, les utilisateurs seront nombreux.<br />

L’exemple canonique est celui de la plateforme Google, gratuite pour les utilisateurs mais dont<br />

la profitabilité s’explique par la vente de l’espace publicitaire. La presse gratuite présente aussi<br />

la caractéristique d’un marché biface, où les tarifs publicitaires et les contenus eux-mêmes sont<br />

simultanément déterminés.<br />

215. La filière du cinéma présente donc un caractère de marché biface, où la baisse du prix de<br />

vente de la place de spectacle peut être compensée par la vente de l’espace publicitaire. Sur<br />

une face du marché, les spectateurs payent pour voir un film et, sur l’autre, les annonceurs payent<br />

pour avoir accès à des spectateurs.<br />

216. Les interactions entre les deux côtés du marché induisent de fortes complémentarités entre les<br />

produits. Cette complémentarité croisée entre produits génère des externalités. La croissance<br />

de la base installée d’un côté du marché impacte la structure de prix au profit du fournisseur<br />

du bien complémentaire. Il y a donc une incitation pour le producteur d’un bien à proposer<br />

le bien complémentaire. Les firmes proposant les deux biens sont appelées plateformes.<br />

L’internalisation 112 des externalités de réseau entre les deux faces du marché leur confère un<br />

avantage concurrentiel.<br />

111<br />

Un journal s’adresse à la fois au marché des lecteurs et au marché des annonceurs publicitaires ; Sony vend des Playstations mais<br />

doit courtiser les développeurs de jeux vidéos, sur lesquels il prendra une commission ; Apple vend des iPhones et prend une commission<br />

de 30% sur les ventes d’applis iPhone ; American Express doit séduire des clients, mais aussi des magasins qui accepteront<br />

sa carte ; le Salon de l’auto loue des stands à des constructeurs, et fait payer l’entrée aux visiteurs.<br />

112<br />

Par cette internalisation, la plateforme se propose d’avoir « les deux côtés à bord » en choisissant un prix adapté en termes de<br />

niveau et de structure. Geoffrey PARKER ; Marshall W. VAN ALSTYNE, Management Science, « Two-Sided Network Effects: A Theory<br />

of Information Product Design », no20, vol 51, pp. 1494–1504, 2005, montrent que la structure de prix dépend des externalités<br />

intermarchés. Une politique de tarification optimale peut être, en particulier, de proposer durablement un bien pour un prix nul.<br />

Cela est possible, notamment lorsque le coût de production marginal est négligeable. Ainsi, une firme peut subventionner une<br />

partie arbitrairement importante du marché. La proposition selon laquelle un prix négatif permet la maximisation du profit global<br />

est intéressante d’un point de vue pratique.<br />

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