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LE CINÉMA À L’ÉPREUVE DES PHÉNOMÈNES DE CONCENTRATION

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139. La domination de l’exploitation sur la distribution constitue un paradoxe français qui tient au fait<br />

que l’intégration verticale en France s’est effectuée par un mouvement des exploitants diversifiant<br />

leurs activités vers la distribution et la production. Cette intégration verticale est ancienne mais se<br />

renforce du fait des nouvelles pratiques de programmation dictées par les exploitants, de leurs<br />

stratégies innovantes de tarification mais également par l’entrée en lice de nouveaux acteurs.<br />

B2/ Les relations des distributeurs indépendants<br />

avec les chaînes de télévision<br />

140. La présence des chaînes de télévision dans la distribution constitue un second élément de<br />

recomposition de ce chaînon de la filière. Lorsqu’il prend en charge la sortie d’un film français, un<br />

distributeur peut tenter d’obtenir – souvent sans succès – d’autres mandats que celui de la distribution<br />

en salles, tandis que lorsqu’il s’agit d’un film étranger, il achète le plus souvent l’intégralité des<br />

mandats de commercialisation (à l’exception de celui à l’export), c’est-à-dire : le mandat salles, le<br />

mandat ventes télévisuelles, les mandats vidéo, VàD et VàDA 81 . C’est précisément, la détention de<br />

ces droits annexes qui permet au distributeur de constituer un catalogue de films pour chercher à<br />

compenser les pertes sur les films français déficitaires en salles.<br />

141. A l’heure actuelle, deux grandes chaînes de télévision, Canal Plus et M6, possèdent leur structure<br />

de distribution en salles : Studiocanal et Société Nouvelle de Distribution. Il faut y ajouter TF1 avec<br />

sa filiale TF1 Droits audiovisuels, qui s’est spécialisée dans la distribution à l’international et avait<br />

conclu un accord, qui a récemment pris fin, avec UGC pour la distribution en salles. De même,<br />

Orange Studio a développé une activité de coproduction et d’acquisition de films français et<br />

européens.<br />

142. En 2014, Studiocanal et SND couvrent à elles seules 10,3% des parts de marché de la distribution<br />

de films en salles, pour 4,2% des sorties (28 films). Comme le signale le rapport du « Club des 13 » 82 ,<br />

les prix que les filiales de distribution des chaînes de télévision pratiquent pour acquérir les films<br />

étrangers porteurs placent les distributeurs indépendants dans une difficulté concurrentielle.<br />

Dans un secteur marqué par un fort aléa, les chaînes de télévision en clair mettent donc en place<br />

une stratégie de gestion du risque, afin que leurs investissements soient le plus rentable possible.<br />

Il convient de rappeler que la valeur d’une œuvre cinématographique sur les antennes d’une<br />

chaîne de télévision est directement liée à son nombre d’entrées et, plus généralement, à son<br />

niveau d’exposition au moment de sa sortie en salles de cinéma. La dégradation des conditions<br />

d’exposition des films en salles conduit les chaînes de télévision à minimiser leur risque sur les<br />

films préachetés, en privilégiant les films produits ou distribués par un groupe d’exploitation,<br />

à même de garantir un niveau d’exposition. En effet, ces derniers sont à même de garantir,<br />

à minima au sein de leur réseau, un niveau minimal d’exposition de l’œuvre, indépendamment<br />

de la qualité artistique de l’œuvre achevée. Ainsi, la dégradation des conditions d’exposition<br />

des films en salles de cinéma renforce également le pouvoir économique des groupes<br />

d’exploitation sur le secteur de la production et de la distribution, entraînant un phénomène<br />

de concentration verticale. <strong>À</strong> titre d’exemple, TF1 a préacheté 15 films, dont 9 étaient distribués<br />

par une filiale d’un groupe d’exploitation en salles de cinéma. Dans 7 de ces 9 cas, le groupe était<br />

également producteur ou coproducteur délégué.<br />

81 <br />

La chronologie des médias régit l’agenda des modalités d’exploitation d’un film. Après l’obtention du visa d’exploitation par le CNC,<br />

le film commence sa carrière en salle, après quatre mois il est disponible en vidéo, dvd, vidéo demande à l’acte, après dix mois sur<br />

les chaînes payantes ayant signé un accord avec les professionnels (première fenêtre de diffusion), après 22 mois sur les autres<br />

chaînes payantes (seconde fenêtre de diffusion) et les chaînes gratuites investissant 3,2% de leur chiffre d’affaires dans le préachat<br />

d’œuvres européennes et EOF, après 36 mois en vidéo à la demande par abonnement, après 48 mois en vidéo à la demande<br />

gratuite.<br />

82 <br />

<strong>LE</strong> CLUB <strong><strong>DE</strong>S</strong> 13, « Le milieu n’est plus un pont mais une faille », avril 2008.<br />

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