D'HANDWIERK 8 / 2018
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<strong>D'HANDWIERK</strong> 08|<strong>2018</strong><br />
INFO<br />
je le fasse, mais il m’est déjà arrivé de refuser. Non pas<br />
parce que je n’y arrivais pas, mais parce qu’en tant que<br />
bijoutier, j’ai « l’oeil », et que j’arrive à discerner le travail<br />
qui a été réalisé sur un bijou. Si la pièce est très belle,<br />
très bien sertie, travaillée longuement et de manière<br />
originale, je ne la transforme pas. Je respecte le travail<br />
accompli par mes homologues et ce même si ces pièces<br />
ne plaisent pas ou plus au client potentiel qui pousse la<br />
porte de ma boutique.<br />
Est-ce que vous sauriez définir ce qui vous plaît le<br />
plus, dans votre métier ?<br />
Sans hésiter : le fait que tout soit toujours différent. Tous<br />
les jours, je vois et je travaille quelque chose de nouveau.<br />
Chaque client est particulier, chaque client a ses propres<br />
goûts, ses propres préférences de pierres et de couleurs.<br />
Et en fonction des uns et des autres, il faut s’adapter. Je<br />
trouve cela passionnant.<br />
Que diriez-vous aux jeunes quoi souhaiteraient<br />
s’orienter vers votre métier ?<br />
Je leur dirais qu’il faut avant tout qu’ils aiment la matière<br />
en elle-même, l’or, les métaux, mais aussi et surtout qu’ils<br />
aient bien conscience des tenants et des aboutissants du<br />
métier.<br />
En effet, être bijoutier, ce n’est pas vendre des bijoux,<br />
comme on le pense ou on l’imagine souvent et à tort.<br />
Être bijoutier, c’est créer des bijoux, leur donner ou leur<br />
redonner vie. Et on ne devient pas bijoutier si facilement,<br />
cela ne s’apprend pas du jour au lendemain, il s’agit véritablement<br />
d’un travail de longue haleine.<br />
Vous savez, j’ai fait cinq années d’études, je travaille<br />
depuis seize ans déjà et je ne suis pas encore sûr de savoir<br />
tout faire. Chaque jour, le bijoutier apprend quelque chose<br />
de nouveau. La forme, la matière, la taille de la pierre, sa<br />
couleur initiale, sa couleur à la chauffe, tout est surprenant.<br />
Et ce que je trouve encore plus surprenant, c’est que<br />
ce métier artisanal n’a pas changé. Il y a 70 ans, on exerçait<br />
le métier de la même manière : avec peu d’outils, et<br />
beaucoup de dextérité.<br />
Je dirais également aux jeunes qu’il est nécessaire qu’ils<br />
aient une certaine fibre artistique, de l’originalité, de la<br />
créativité, de l’adaptabilité mais aussi de la patience, de<br />
l’endurance, de la persévérance.<br />
Mais que si la passion les anime, l’exercice du métier<br />
devrait être facilement possible et épanouissant. Il offre<br />
des tas de possibilités, dont celle de voir les yeux des<br />
clients briller lorsqu’on leur remet l’écrin qui contient<br />
leur bijou, souvent après quelques semaines d’attente. Ils<br />
ont su être patients, ou ont été impatients, peu importe :<br />
dans tous les cas, percevoir cette petite étincelle dans leurs<br />
regards vaut parfois autant que tout l’or du monde.<br />
Sabrina Funk | Secrétaire Général<br />
T +352 42 67 67 - 312 | E sabrina.funk@cdm.lu | I www.cdm.lu<br />
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