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L'Essentiel Prépas n°48_avril 2021

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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AVRIL <strong>2021</strong> | N° 48<br />

PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES<br />

ENTRETIENS<br />

Alice Guilhon (Skema BS)<br />

Thomas Froehlicher (Rennes SB)<br />

Nicolas Arnaud (Audencia)<br />

et Annabel-Mauve Bonnefous (emlyon BS)<br />

Florence Legros (ICN BS)<br />

Imren Naji (Neoma BS)<br />

Damien Framery<br />

et Nicolas Thibault (APPLS)<br />

DÉBATS<br />

Continuum classes<br />

prépas / grandes écoles :<br />

retour sur la 3 ème édition<br />

Hybrider les savoirs :<br />

la nouvelle frontière<br />

LA BUSINESS<br />

SCHOOL<br />

DU NUMÉRIQUE RESPONSABLE<br />

> Hybridation ingénieur-manager<br />

> Entrepreneuriat > RSE<br />

Retrouvez notre article sur l'hybridation pages 30 et 31


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

ÉDITO + SOMMAIRE<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

MAIS COMMENT FAIRE ÉVOLUER<br />

LES CONCOURS ?<br />

Après la réforme du bac et celle des prépas ECG une réforme des<br />

concours semblait être une évidence pour tous. L’occasion notamment<br />

d’accroire l’attractivité de la filière. C’était sans compter avec les oppositions<br />

qui se manifestent depuis. « Très Grandes écoles » contre « moins<br />

grandes écoles », professeurs de classes préparatoires contre organisateurs<br />

de concours, sous les yeux d’un ministère de l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) qui joue les arbitres,<br />

les tensions sont multiples.<br />

Les épreuves de langue en question. Ce serait une révolution : les Grande<br />

écoles conceptrices de la banque ELVI (emlyon business school, ESCP Business<br />

School, ESSEC et HEC Paris) souhaiteraient tout simplement abandonner l’épreuve<br />

de traduction. A l’image de ce qu’a choisi le Concours Centrale-Supélec, ce serait<br />

une épreuve de synthèse qui la remplacerait. Une réforme qui rencontre une opposition<br />

totale du côté des professeurs de langue en classes préparatoires. « Les<br />

épreuves sont là pour estimer ce qui a été enseigné en classes préparatoires. Pas<br />

ce que les écoles veulent ensuite apprendre à leurs élèves », relève Christine Pires,<br />

vice-présidente de l’APHEC et coordinatrice des langues. Un groupe de travail<br />

constitué des concepteurs des banques de langues Elvi et Iena, des professeurs<br />

de l’APHEC, de l’ADEPPT et de l’APPLS ainsi que de l’inspection générale travaille<br />

maintenant à faire émerger un consensus. « Nous voulons préserver au moins l’une<br />

des deux traductions pour ne pas être privés de nos outils de travail auprès de nos<br />

étudiants », insiste Christine Pires.<br />

Bonifier or not bonifier. La question de la bonification des résultats de certains<br />

candidats issus de familles défavorisées lors des écrits fait également débat. Alors<br />

que la plupart des écoles comme de leurs élèves boursiers y sont aujourd’hui opposés,<br />

une solution intermédiaire consisterait à bonifier les « carrés ». En effet on<br />

le sait ces derniers sont issus en moyenne de famille moins favorisées. D’une part<br />

parce que l’investissement – forcément aléatoire – d’une année supplémentaire leur<br />

pèse forcément plus, d’autre part parce que ce sont souvent dans des classes préparatoires<br />

privées – et onéreuses – que les troisièmes années sont dispensées. Là<br />

aussi le consensus n’est pas établi pour une mesure qui profiterait essentiellement<br />

aux « bonnes écoles », celles là-même que les candidats reçus préfèrent éviter<br />

de rejoindre après une première tentative en se projetant vers les « très bonnes<br />

écoles » après une année supplémentaire.<br />

Il va falloir se décider… Tous ces débats doivent maintenant déboucher sur des<br />

décisions alors même que les élèves sont en train de choisir pour la première fois<br />

cette année d’intégrer les nouvelles classes<br />

préparatoires ECG. Avec une question que<br />

tout le monde se pose : les deux classes dites<br />

« mathématiques approfondies » vont-elles<br />

trouver leur public si rien dans les concours<br />

ne prouve leur intérêt pour les préparationnaires<br />

?<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

4 • Continuum CPGE-GE édition 3 : qu’en retenir<br />

8 • Sylvie Jean publie « Business School :<br />

suivez le guide ! »<br />

11 • emlyon met le cap sur l’hybridation<br />

12 • Kedge met ses étudiants au centre<br />

13 • Étudiants de prépas : ESCP lance le projet<br />

« Chances Augmentées »<br />

15 • Grenoble EM adopte le statut<br />

de « société à mission »<br />

16 • Géopolitique : NEOMA et l’Iris partenaires<br />

17 • Les lycées qui font réussir<br />

PUBLI INFORMATION<br />

9 • À IMT-BS, l’hybridation des compétences<br />

prépare les étudiants aux métiers<br />

émergents du numérique<br />

33 • A TBS, une expertise supplémentaire<br />

pour tous les étudiants<br />

ENTRETIENS<br />

19 • Alice Guilhon, directrice générale de Skema<br />

BS<br />

24 • Thomas Froehlicher, directeur général<br />

de Rennes SB<br />

27 • Florence Legros, directrice générale<br />

de ICN BS<br />

36 • Nicolas Arnaud et Annabel-Mauve<br />

Bonnefous, directeurs des programmes<br />

de Audencia et emlyon BS<br />

40 • Imren Naji, directrice du programme<br />

Grande école de Neoma BS<br />

42 • Damien Framery et Nicolas Thibault,<br />

président et vice-président de l’APPLS<br />

DOSSIER<br />

29 • Hybrider les savoirs : la nouvelle frontière<br />

REPÈRES<br />

44 • Comment les Grandes Ecoles se<br />

réinventent : 1. La révolution numérique<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : ICN BS<br />

2


6 e PROGRAMME<br />

GRANDE ÉCOLE<br />

CLASSEMENT<br />

SIGEM<br />

DEPUIS 19 ANNÉES<br />

CONSÉCUTIVES<br />

DIPLÔME VISÉ BAC +5<br />

never stop daring.<br />

« Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons<br />

vos expériences, Parce que le talent s’exprime grâce à la<br />

culture, nous multiplions les influences, Parce que leadership<br />

et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.<br />

Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »<br />

Nicolas ARNAUD<br />

Directeur Audencia Grande École<br />

Pour plus d’informations :<br />

Sylvie FROMAGEAU<br />

Responsable Concours & Admissions<br />

Tél.: 02 40 37 34 21<br />

sfromageau@audencia.com<br />

grande-ecole.audencia.com


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Continuum CPGE-GE édition 3 :<br />

qu’en retenir<br />

Les acteurs des classes préparatoires économiques et commerciales<br />

se sont (virtuellement) réunis le 26 mars pour la 3 ème édition de l’événement<br />

Continuum CPGE/Grande école organisé par l’APHEC et HEADway Advisory.<br />

Cette année, l’événement a été accueilli par l’EDHEC Business School.<br />

L’événement a réuni près de 90 participants :<br />

professeurs membres du bureau de l’APHEC,<br />

étudiants de grandes écoles (anciens étudiants<br />

de CPGE) et membres des grandes écoles<br />

(Direction générale, Direction de PGE, Direction des<br />

admissions etc…). La journée d’échange et de réflexion<br />

autour de l’avenir de la filière préparatoire s’articulait<br />

autour de deux temps forts :<br />

• les ateliers de groupe dans la matinée durant lesquels<br />

les participants devaient réfléchir et débattre autour<br />

de sujets d’actualité de la filière. Des restitutions ont<br />

eu lieu l’après-midi et réalisées par les étudiants ;<br />

• un débat rassemblant les parties prenantes de la<br />

filière CPGE et des grandes écoles avec pour thèmes<br />

des enjeux des classes préparatoires à l’heure de la<br />

réforme du baccalauréat et des concours.<br />

UNE MATINEE POUR FAIRE EMERGER DES IDEES<br />

Comme lors des deux premières éditions, les ateliers<br />

de groupes ont été la pierre angulaire de cette journée<br />

d’échange. Huit groupes composés d’étudiants (ex-<br />

CPGE), de professeurs et de représentants des écoles<br />

ont été invités à réfléchir sur des sujets d’actualité<br />

de la filière. Voici les conclusions de ces travaux<br />

atelier par atelier.<br />

Ces compétences développées en classes préparatoires<br />

vont de paires avec celles développées en Grandes<br />

écoles qui se fondent sur ces compétences et les<br />

développent afin qu’elles soient exploitables dans le<br />

monde professionnel.<br />

Cependant, il ressort que des compétences qui ne sont<br />

ni acquises en CPGE ni évaluées lors des concours -<br />

telles que les compétences digitales et technologiques<br />

ou encore des compétences comportementales - , sont<br />

jugées essentielles par les participants.<br />

Ouverture sociale des CPGE : Quelles actions<br />

peuvent-être mises en place pour favoriser<br />

l’ouverture sociale de la filière CPGE en amont ?<br />

Afin de dégager des idées pour favoriser l’ouverture<br />

sociale des CPGE en amont c’est-à-dire lors du recrutement<br />

des étudiants, le premier groupe de travail s’est<br />

d’abord penché sur les freins existants :<br />

• manque d’information sur la filière ;<br />

• autocensure et découragement des lycéens pour<br />

lesquelles les classes préparatoires demandent beaucoup<br />

de travail ;<br />

• influence de l’entourage dans le choix du cursus postbac.<br />

Les idées qui émergent pour favoriser l’inclusion sociale<br />

La prochaine édition<br />

Directeur de Rennes SB,<br />

Thomas Froehlicher a pris<br />

la parole pour annoncer<br />

que Rennes SB prenait le<br />

flambeau de cet événement<br />

pour la fin de l’année<br />

<strong>2021</strong> qui est également<br />

l’anniversaire des trente ans<br />

de la création de son école.<br />

Développement des compétences : Quelles sont<br />

les compétences particulières développées<br />

par les étudiants de classes prépa ? Quelles<br />

sont les compétences attendues par les GE et<br />

au-delà ? Quelles sont les compétences qui sont<br />

et doivent-être validées par les concours ?<br />

Deux groupes se sont penchés sur ce sujet. Il apparait<br />

que selon les participants à ces groupes de travail, les<br />

classes préparatoires permettent d’acquérir un socle<br />

de compétences diverses alliant à la fois hard skills<br />

(compétences linguistiques, capacité de raisonnement<br />

et d’analyse) et soft skills (capacité d’adaptation, rigueur,<br />

autonomie et sens de l’organisation, résilience, capacité<br />

d’écoute etc. …).<br />

4


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Des étudiants de l’ESCP<br />

les oraux pourrait être mise en place ;<br />

• accompagner les boursiers vers les cursus en alternance<br />

pour répondre à la barrière financière.<br />

Evolution des concours : les épreuves de langues<br />

doivent-elles évoluer et, si oui, comment ?<br />

des CPGE :<br />

• organiser une journée de l’orientation pouvant permettre<br />

aux élèves dès la 2nd de se rendre dans la formation qui<br />

les intéresse (plus tôt qu’en terminale), « vivre comme<br />

en prépa » ;<br />

• mettre en place du mentoring entre lycéens et étudiants<br />

de prépas pour permettre plus de diversité,<br />

plus de sensibilisation à ces formations et favoriser la<br />

création de lien ;<br />

• accentuer la communication sur les réseaux sociaux avec<br />

notamment des témoignages d’étudiants en assurant un<br />

discours rassurant et donnant de bonnes informations,<br />

communiquer sur le coût total des études en passant<br />

par une CPGE, comment financer les études etc. ;<br />

• impliquer les chefs d’établissement de lycées en termes<br />

d’informations auprès des élèves ;<br />

• favoriser la sensibilisation aux prépas dans les lycées<br />

de proximité<br />

Ouverture sociale des CPGE : Quelles actions<br />

d’ouverture sociale peuvent-être mises en<br />

place au moment des concours ?<br />

Pour le deuxième groupe focalisé sur ce sujet, la question<br />

est problématique. En effet, autant il parait nécessaire<br />

de donner accès à la filière à tout le monde, autant<br />

l’ouverture sociale ne doit pas se faire au détriment du<br />

mérite et des capacités de chacun. « Pourquoi ramener<br />

toujours les gens à leurs origines sociales ? ».<br />

Des propositions ont cependant retenu un ensemble<br />

de mesures telles que :<br />

• bonifier tous les carrés et garder les bonifications des<br />

cubes pour les boursiers et uniquement au sein des<br />

établissements de haut de classement. Les participants<br />

ont indiqué qu’une attention particulière devait être portée<br />

au fait qu’ici les notes ne devaient pas être augmentées ;<br />

• baisser la barre d’admissibilité pour certains établissements<br />

et permettre aux boursiers de se rattraper à<br />

l’oral. Une attention particulière devrait être portée sur la<br />

difficulté pour certains de participer aux oraux, à cause<br />

du coût que cela engendre. Une aide à la mobilité pour<br />

© ESCP BS<br />

Le groupe de travail s’est tout d’abord penché sur les<br />

contextes et enjeux de cette question. Il en ressort que<br />

les participants s’accordent sur le fait que « les langues<br />

sont une pièce maîtresse de l’architecture des classes<br />

préparatoires, fondamentales pour la pérennité de la<br />

filière et pour son identité ».<br />

Ils considèrent pour autant qu’il n’est pas nécessaire de<br />

modifier les épreuves de langues mais constatent que le<br />

niveau de langue est très disparate et qu’il existe un écart<br />

entre les tests internationaux demandés par les écoles<br />

(TOIC, TOEFL etc.) et les méthodes d’apprentissage et<br />

d’évaluation en CPGE.<br />

Les membres du groupe suggèrent cependant plusieurs<br />

mesures :<br />

• réflexion docimologique à mener sur l’évaluation des<br />

traductions (plus de “générosité” dans la notation de la<br />

part des jurys) ;<br />

• une épreuve mixant traductions avec une épreuve de<br />

synthèse (de restitution) dans le même domaine et une<br />

expression écrite ;<br />

• la sensibilisation en amont auprès des préparationnaires<br />

afin de les préparer aux différents tests de langue<br />

normatifs en grandes écoles ;<br />

• pas de suppression, mais ajout d’épreuves faciles<br />

à corriger pour préparer les étudiants aux tests en<br />

grandes écoles ;<br />

• des bases culturelles (géopolitique, histoire, économie,<br />

culture générale…) à solidifier chez les étudiants ;<br />

• des modifications nécessaires des épreuves orales de<br />

langue des grandes écoles en intégrant une présentation<br />

personnelle de l’étudiant et une importance amoindrie<br />

de l’accent de ce dernier afin d’éviter l’autocensure ;<br />

• veiller à ne pas rendre les épreuves de langue plus<br />

difficiles à la suite de la réforme de celles-ci au lycée ;<br />

• se diriger plutôt vers un maintien ou un tassement<br />

du niveau des langues dans les épreuves pour ne pas<br />

accentuer la baisse des exigences du bac.<br />

Evolution des concours : comment les autres<br />

épreuves doivent-elles évoluer ?<br />

Il avait été demandé aux participants ce groupe de traiter<br />

en particulier de la pondération des épreuves.<br />

Comme pour l’évolution des épreuves orales, les participants<br />

de ce groupe se sont penchés sur le contexte et<br />

les enjeux de cette question. Pour y répondre, il est selon<br />

eux nécessaire de prendre en compte la perspective<br />

de 2023 et de l’arrivée des élèves issus des nouvelles<br />

Les mathématiques<br />

toujours au cœur des débats<br />

La question des<br />

mathématiques a également<br />

été abordée : le groupe<br />

note la différence entre les<br />

étudiants qui prennent des<br />

cours de maths et ceux qui<br />

ne peuvent en prendre. Ceux<br />

qui prennent des cours de<br />

maths on plus confiance<br />

en eux et cela se retrouve<br />

lors des concours. Les<br />

solutions peuvent être : le<br />

financement par les écoles<br />

de cours de maths (en ligne<br />

éventuellement), un tutorat<br />

en ligne de mathématique<br />

ou des exercices seraient<br />

corrigés pour donner<br />

cette chance à tous.<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

classe préparatoires ECG. Il est également selon eux<br />

nécessaire de trouver un équilibre dans le nombre<br />

d’épreuves pour que « cela ne devienne pas trop lourd<br />

pour les candidats » tout en conservant la diversité de<br />

ces épreuves.<br />

Ils ont porté leur réflexion sur 4 sujets en particulier :<br />

le nombre d’épreuves, la nature des épreuves, la bonification<br />

et les coefficients des épreuves.<br />

• le nombre d’épreuves : la BCE a déjà commencé à<br />

rationaliser le nombre d’épreuves pour arriver à un<br />

équilibre entre le nombre d’épreuves par matières et la<br />

diversification des risques. De plus, les écoles s’interrogent<br />

sur l’opportunité d’ajouter ou non une épreuve<br />

complémentaire pour une option. Enfin, 2 épreuves pour<br />

une matière semblent être le nombre idéal ;<br />

• la nature des épreuves : d’ores et déjà des commissions<br />

disciplinaires ont été mises en place, il y a des travaux<br />

et des discussions en cours pour s’adapter à la réforme<br />

du bac. Il s’agirait selon le groupe de conserver des<br />

épreuves « classiques » à l’écrit et de faire ressortir la<br />

personnalité des étudiants en épreuve orale. Cependant,<br />

l’idée d’avoir une épreuve qui fasse le lien entre l’écrit<br />

et l’oral a semblé pertinente. Que cela soit à l’écrit ou<br />

à l’oral, la création d’un lien et d’une continuité parait<br />

importante ;<br />

• la bonification des boursiers et/ou des carrés : pas<br />

d’unanimité sur ce sujet au sein du groupe. Il est apparu<br />

que dans tous les cas il s’agissait d’un palliatif parce que<br />

les problèmes d’inégalités remontent à bien plus loin.<br />

Il faut surtout agir en amont et en aval des concours.<br />

Concernant la pondération des matières et des épreuves,<br />

l’idée principale du groupe est de respecter les grandes<br />

pondérations en nombre d’heures par semaine, c’est-àdire<br />

qu’il y ait une cohérence entre le nombre d’heures<br />

consacrées en cours à une matière par semaine et le<br />

coefficient de cette matière au concours.<br />

Il est aussi important de garder un équilibre entre mode<br />

de raisonnement des mathématiques et autres modes<br />

de raisonnement via les matières plus humaines ou<br />

littéraires.<br />

Passage des oraux : quelles évolutions possibles<br />

?<br />

Pour les participants, les oraux sont un moment privilégié<br />

qui permet au candidat de « briller ». Cependant,<br />

les entretiens dit « traditionnels » peuvent être discriminants,<br />

à la fois parce qu’ils ne sont pas préparés de<br />

la même manière selon les classes préparatoires et à<br />

la fois selon le milieu social d’origine de l’étudiant. Les<br />

formats d’épreuves différents en fonction de l’établissement<br />

demandent une préparation spécifique à chaque<br />

épreuve orale, cela peut être une source de stress pour<br />

les étudiants.<br />

Les solutions qui sont misent en avant sont :<br />

• l’entretien traditionnel reste important. Mais penser à<br />

un système hybride (ex : cas d’entreprise pour l’épreuve<br />

EDHEC qui met l’accent sur des « softs skills ») ;<br />

• les épreuves collectives/interactives peuvent diminuer<br />

le stress ;<br />

• il est nécessaire d’avoir une préparation plus homogène<br />

dans les prépas. Le spécifier de manière plus explicite<br />

dans le programme pour une plus grande équité ;<br />

• les écoles pourraient venir aider au sein des prépas ;<br />

• la création d’une épreuve supplémentaire selon le<br />

« talent » du candidat.<br />

Comment communiquer autour de la filière<br />

pour la rendre plus attractive ?<br />

Selon les participants à ce groupe de travail, il y a une<br />

méconnaissance des lycéens sur la filière CPGE et sur<br />

ses programmes par un manque d’information de la<br />

part des conseillers d’orientation. Il existe également<br />

une autocensure dans certains lycéens et une peur du<br />

financement lors de la poursuite en école. Les participants<br />

notent également une grande concurrence de<br />

la part des universités et des écoles de commerce de<br />

moindre valeur.<br />

L’idée principale est d’organiser une journée nationale<br />

dédiée à la filière dans une logique associative d’un<br />

continuum Lycée – CPGE – Grande école en proposant<br />

une prise de parole des parties prenantes (APHEC, BNEM,<br />

CGE, APLCPGE, ADEPT et APPLS) tout en continuant à<br />

communiquer massivement sur les réseaux sociaux ou<br />

via une plateforme dédiée.<br />

Les objectifs de ce grand événement seraient de :<br />

• valoriser les CPGE publiques et privées de proximité en<br />

informant les lycéens dès la seconde sur le fonctionnement<br />

et sur les programmes des classes préparatoires<br />

et des grandes écoles ;<br />

• communiquer davantage sur le prestige et la reconnaissance<br />

des écoles membres de la CGE ;<br />

• faire intervenir à la fois des directeurs de Grandes<br />

écoles, des conseillers d’orientation, des lycéens, et des<br />

alumni issus de divers milieux et aux parcours différents ;<br />

• rassurer les lycéens sur le financement des études<br />

(apprentissage, bourses etc.) ;<br />

• développer la visite 360° en créant un salon de toutes<br />

les écoles de la Conférence des Grandes écoles (CGE).<br />

Cela permettra d’aborder le cadre de vie du campus, les<br />

activités, les outils mis à disposition etc. …)<br />

La question des points<br />

3 points importants ont été<br />

soulignés par le groupe :<br />

• la nécessité de conserver<br />

une différence de minimum<br />

3 points de coefficient (delta)<br />

entre les mathématiques<br />

appliquées et approfondies ;<br />

• l’alignement des coefficients<br />

de HGG et d’ESH étant<br />

donné qu’il n’y aura<br />

qu’une heure de cours de<br />

différence entre les deux<br />

par semaine à l’avenir ;<br />

• l’idée de donner des<br />

points de coefficient au<br />

choix pour l’étudiant : 28<br />

ou 29 coefficients fixes et<br />

1 ou 2 points de coefficient<br />

que l’étudiant pourrait<br />

attribuer à l’épreuve qu’il<br />

désire, là où il est le plus<br />

fort, car il se connaît.<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

UN DEBAT POUR ASSURER LA CONTINUITE<br />

Voici dans l’ordre les thèmes qui ont été abordés et<br />

l’essentiel des contributions.<br />

Des étudiants de l’Inseec Grande école<br />

La réforme du bac<br />

Pascal Charpentier souligne que ce sont cette année<br />

« deux plaques tectoniques qui s’entrechoquent entre<br />

COVID et réforme ». La pluralité des parcours issus de<br />

la réforme des classes préparatoires prend forme avec<br />

la création des 4 parcours comportant des niveaux de<br />

mathématiques différents. Et justement à propos des<br />

mathématiques, selon Alain Joyeux, « l’absence possible<br />

de mathématiques dans les parcours des lycéens vient<br />

affaiblir les classes préparatoires et impacte négativement<br />

la transversalité des différents étudiants ». Mais selon<br />

Pierre Mathiot, il était difficile de placer les mathématiques<br />

dans le tronc commun du fait notamment du « manque<br />

de professeurs de mathématiques ».<br />

Toujours sur la réforme du bac, pour Pascal Charpentier<br />

le Grand Oral est « une épreuve moderne, du 21 ème siècle ».<br />

A savoir si le Grand Oral favorisera l’ouverture sociale il<br />

« est encore trop tôt pour le dire. Mais des études seront<br />

réalisées pour voir l’impact de cette nouvelle épreuve ».<br />

Les concours d’entrée<br />

Concernant les concours d’entrée en Grandes écoles,<br />

Hugues Contant assure que la « logique d’évaluation est<br />

de plus en plus individuelle et se perfectionne chaque<br />

année ». Il est nécessaire selon lui de le faire pour<br />

« suivre à la fois les évolutions des métiers mais aussi les<br />

volontés des générations d’étudiants ». Céline Davesne<br />

informe que « Ecricome et la BCE dans une logique de<br />

collaboration et sont en phase de concertation pour<br />

faire émerger de nouvelles épreuves plus équilibrées<br />

et plus communes ».<br />

L’ouverture sociale<br />

La question de l’ouverture sociale des CPGE a pris une<br />

grande place dans les débats. Plusieurs idées émergent<br />

notamment pour agir sur la contrainte financière que<br />

représentent les études dans une Grande école. Pour<br />

cela, les prêts à taux 0 sont proposés mais cela reste un<br />

prêt dont la charge peut être élevée. Un investissement<br />

massif des écoles via des fondation qui financent tout<br />

ou partie du coût de la scolarité pour les étudiants des<br />

familles les plus défavorisés peut être également envisagé.<br />

Sur ce sujet, Emmanuel Métais rappelle que « pour<br />

l’EDHEC BS, 60 M€ sur le plan 2025 ont été dédiés aux<br />

familles défavorisées ». D’autres idées émergent comme<br />

la défiscalisation complète des frais de scolarité pour<br />

les parents, ou une grille tarifaire des frais de scolarité<br />

en fonction du quotient familial des parents.<br />

© Inseec U<br />

Alain Joyeux fait remarquer que « les classes préparatoires<br />

sont complétement gratuites et accessibles<br />

pour tous et que selon lui le problème réside aussi dans<br />

le manque d’information des lycéens et le manque de<br />

formation des conseillers d’orientation qui ne délivrent<br />

pas la bonne information aux élèves ». Cela favorise<br />

l’émergence de coachs d’orientation privés. Il faut selon<br />

lui « repenser l’information ».<br />

En conclusion de cette journée, tous ou presque sont<br />

d’accord pour rappeler que les classes préparatoires<br />

« restent une formation d’excellence qui est trop souvent<br />

attaquée et doit se renforcer en interne et en image ». La<br />

prochaine réforme ira dans ce sens pour répondre aux<br />

nouveaux contextes et enjeux de la nouvelle génération.<br />

Fanny Bole du Chomont<br />

Les participants au débat<br />

A la suite des restitutions<br />

des travaux de groupes,<br />

une table ronde était<br />

organisée et réunissait<br />

autour d’Olivier Rollot,<br />

pour HEADway Advisory<br />

et l’Essentiel <strong>Prépas</strong>, les<br />

participants suivants :<br />

- Pascal Charpentier,<br />

président de l’APLCPGE<br />

et proviseur du lycée<br />

Le Parc à Lyon ;<br />

- Hugues Contant, directeur<br />

du développement stratégique<br />

de l’EDHEC BS ;<br />

- Céline Davesne,<br />

directrice générale adjointe<br />

de NEOMA BS ;<br />

- Alain Joyeux, président<br />

de l’APHEC ;<br />

- Pierre Mathiot, directeur<br />

de Science Po Lille et<br />

copilote du comité de suivi<br />

de la réforme du bac ;<br />

- Emmanuel Métais, directeur<br />

général de l’EDHEC BS ;<br />

- Olivier Sidokpohou,<br />

inspecteur général en<br />

charge de la réforme des<br />

classes préparatoires.<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Sylvie Jean publie « Business<br />

School : suivez le guide ! »<br />

NOMINATIONS<br />

Directrice du programme Grande école de emlyon BS depuis l’été 2020<br />

après avoir notamment dirigé celui de Neoma, Sylvie Jean est l’une des meilleures<br />

connaisseuses des questions que se posent les étudiants de classes préparatoires<br />

sur leur future école. Pour leur répondre elle publie « Business School :<br />

suivez le guide ! » (Vuibert).<br />

Ce livre vous l’avez écrit avec toute une équipe de<br />

spécialistes. Comment vous êtes-vous organisés ?<br />

C’est au début du confinement en mars 2020, alors<br />

que j’étais en plein processus de recrutement à emlyon<br />

que le processus a été lancé mais nous en discutions<br />

déjà depuis un an avec Vuibert. J’en ai parlé avec<br />

d’autres directeurs de programmes et responsables<br />

en convenant que nous ne parlerions pas de nos écoles<br />

en particulier, que nous sortirions de nos chapelles<br />

pour nous exprimer plus largement et répondre ainsi<br />

aux questions que j’évoquais.<br />

Pourquoi ce titre ? Pourquoi « business school » et<br />

pas « écoles de commerce » ou de management ?<br />

Cela a effectivement été un long débat. Nous avions<br />

pensé à « guide de survie » mais cela nous a paru<br />

trop anxiogène. Nous avons finalement opté pour la<br />

terminologie « business school » avec l’appellation<br />

« suivez le guide ! » pour nous adresser également<br />

aux parents qui sont très impliqués mais n’ont pas<br />

forcément tous les codes.<br />

Thomas Allanic<br />

Thomas Allanic a été nommé<br />

directeur général de l’Inseec<br />

Grande école le 24 février.<br />

Il en était directeur général<br />

par intérim depuis le départ<br />

d’Isabelle Barth en juin 2020.<br />

Thomas Allanic avait intégré<br />

l’Inseec GE en juin 2019 pour<br />

y diriger son campus parisien<br />

alors qu’il occupait jusqu’ici<br />

le poste de responsable du<br />

programme Grande école<br />

de l’ESCP. Thomas Allanic<br />

est titulaire d’une maîtrise<br />

de sociologie de l’Université<br />

Paris 8. En 2002, il débute<br />

sa carrière en tant que<br />

gestionnaire de scolarité de<br />

master 2 à ESCP Europe. Il<br />

a par la suite occupé le poste<br />

de responsable des étudiants<br />

de l’année pré-Master ainsi<br />

que de chef de projet pour<br />

la réforme du Master in<br />

Management Grande École<br />

de 2007 à 2011. En 2011, il<br />

devient responsable de la<br />

coordination académique<br />

au sein de la direction<br />

académique Europe puis<br />

directeur du Master in<br />

Management Grande École<br />

ESCP à partir de mai 2013.<br />

Véronique Tran<br />

Pourquoi publier aujourd’hui un guide consacré<br />

aux business schools en compagnie<br />

d’autres responsables comme Nicolas<br />

Arnaud ou Nathalie Hector ?<br />

Après des années de visites dans les classes préparatoires<br />

je sais quelles sont les questions que se<br />

posent les candidats, aussi bien sur les programmes<br />

que les stages, la carrière, la vie associative, l’entreprenariat<br />

ou encore l’international. Et il faut aussi<br />

répondre à d’autres questions comme celles d’élèves<br />

créatifs qui se demandent s’ils pourront développer<br />

leur art dans une école. C’est à toutes ces questions<br />

que nous répondons dans ce livre notamment pour<br />

bien faire comprendre ce que les écoles veulent dire<br />

quand elles emploient des termes comme incubateur,<br />

accélérateur, etc. ou des anglicismes. Nos candidats<br />

ne connaissent pas tous ces termes alors que nous<br />

leur donnons des quantités de chiffres.<br />

« Business school : suivez le guide ! », Sylvie Jean avec<br />

Thierry Picq, Isabelle Chevalier, Hervé Colas, Rachel<br />

Beaujolin, Catherine Champeyrol, Nicolas Arnaud, Nathalie<br />

Hector, Anne-Claire Pache, Jordane Pedron, Elodie Saint<br />

Yves, éditions Vuibert, mars <strong>2021</strong>, 176 pages, 14, 90 €<br />

8<br />

Véronique Tran prend la<br />

direction du campus de<br />

Berlin de ESCP à partir<br />

du 2 <strong>avril</strong> <strong>2021</strong>. Elle y<br />

succède à Andreas Kaplan<br />

nommé directeur du campus<br />

de Paris. Après avoir<br />

rejoint ESCP en tant que<br />

professeur de comportement<br />

organisationnel et de<br />

psychologie organisationnelle<br />

en 2006, Véronique Tran<br />

était depuis 2018 directrice<br />

scientifique de l’Executive<br />

MBA et du programme de<br />

management général, Elle a<br />

également été coordinatrice<br />

des cours du Master in<br />

Management (MiM),<br />

première coordinatrice<br />

du département européen<br />

(Management), puis<br />

directrice académique du<br />

Master in European Business<br />

(MEB) transformé en MBA<br />

in International Management,<br />

le MBA à temps plein de<br />

ESCP, de 2015 à 2018.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

À IMT-BS, l’hybridation<br />

des compétences prépare les<br />

étudiants aux métiers émergents<br />

du numérique<br />

Faire évoluer ensemble les compétences des managers et des ingénieurs,<br />

croiser les cultures dans les enseignements comme dans la vie associative :<br />

l’hybridation prépare nos étudiants aux métiers émergents du numérique<br />

à chaque instant de leur parcours.<br />

INVENTIVITÉS DIGITALES : DESIGNER,<br />

INGÉNIEUR, MANAGER (ID-DIM), UNE FORMATION<br />

MULTIDISCIPLINAIRE POUR RÉPONDRE AUX<br />

BESOINS DES ENTREPRISES<br />

Les entreprises doivent, plus que jamais, être créatives<br />

pour réagir, innover et se réinventer face<br />

aux nouveaux défis de notre société numérique.<br />

Pour les accompagner dans ces transitions, elles<br />

sont en quête de talents possédant, d’une part, de<br />

solides compétences managériales mais aussi des<br />

soft skills aujourd’hui incontournables tels que la<br />

créativité, l’intelligence collective ou la nécessité,<br />

pour le manager de demain, de maîtriser les enjeux<br />

technologiques et de pouvoir dialoguer avec les<br />

différentes parties prenantes d’une entreprise.<br />

Pour répondre à ces enjeux, Institut Mines-Télécom<br />

Business School a créé en 2018 Id-DIM, une formation<br />

interdisciplinaire de niveau master II regroupant<br />

les étudiants managers d’IMT-BS, les ingénieurs de<br />

Télécom SudParis et les élèves designers de l’ESAD<br />

de Reims. « La formation Id-DIM prépare à la création<br />

et au développement de projets numériques nécessitant<br />

une forte interdisciplinarité, explique Flavien<br />

Bazenet, enseignant-chercheur en entrepreneuriat<br />

et en innovation à IMT-BS et concepteur de la formation.<br />

Elle a d’ailleurs été conçue dans cet état<br />

d’esprit en collaboration avec l’école d’ingénieurs<br />

Télécom SudParis et l’ESAD de Reims. »<br />

Les étudiants de la formation Id-DIM travaillent<br />

essentiellement en mode projet. Cela leur offre la<br />

possibilité de co-créer, de développer et de prototyper<br />

des projets en équipe interdisciplinaire,<br />

comme ils seront amenés à le faire dans le monde de<br />

l’entreprise. « Cette formation permet aux étudiants<br />

de s’ouvrir vers d’autres disciplines, de travailler<br />

sur de nouvelles matières telles que la philosophie<br />

des usages numériques ou le management de la<br />

créativité collective, précise Flavien Bazenet. Nous<br />

faisons évoluer le programme chaque année selon les<br />

besoins et les métiers des entreprises partenaires. »<br />

En tant que « problem solver », le manager doit faire<br />

preuve de créativité. C’est pourquoi Flavien Bazenet<br />

a créé, dans le cadre de la chaire d’enseignement<br />

« Inventivités Digitales » dont il est titulaire, la Semaine<br />

de la Créativité et de l’Innovation. « Chaque année<br />

et durant une semaine entière, tous les étudiants<br />

de deuxième année du Programme Grande École<br />

(Master I) travaillent de manière hybride en équipe<br />

mixte ingénieurs-managers, explique-t-il. L’objectif<br />

est de développer leur créativité, individuelle, de<br />

favoriser le travail en équipe interdisciplinaire, mais<br />

également de les inciter à faire de la veille et de la<br />

prospective. »<br />

Flavien Bazenet, enseignantchercheur<br />

en entrepreneuriat<br />

et en innovation à IMT-BS,<br />

concepteur de la formation<br />

Id-DIM et titulaire de la<br />

chaire Inventivités Digitales<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

L’AVIS DES RECRUTEURS<br />

Chaque année, l’enquête sur l’insertion des jeunes<br />

diplômés de la Conférence des Grandes Écoles le<br />

prouve : les jeunes diplômés d’IMT-BS s’insèrent<br />

durablement et de plus en plus rapidement dans le<br />

monde professionnel. Selon la dernière enquête,<br />

80 % des diplômés en poste ont trouvé leur 1er emploi<br />

avant même l’obtention de leur diplôme. Agilité,<br />

expertise sur les métiers de la transformation digitale<br />

et double-culture « ingénieur-manager » : Christine<br />

Lefebvre Deloupy, Responsable Marque Employeur<br />

chez Allianz France, et Yves Thalassinos, Directeur<br />

des Flux chez Allianz France nous expliquent ce qui<br />

fait la force des diplômés d’Institut Mines-Télécom<br />

Business School.<br />

Quels types de profils recrutez-vous pour<br />

rejoindre les équipes d’Allianz France ?<br />

C’est assez large mais nous recrutons essentiellement<br />

des profils spécialisés sur les métiers de la transformation<br />

digitale. Nous recherchons des experts<br />

en data et digital : ces fonctions constituent nos<br />

enjeux principaux, pour aujourd’hui et pour demain.<br />

Nous recherchons également des profils ingénieurs<br />

(data scientists, data analysts).<br />

Par ailleurs, nous souhaitons recruter des profils<br />

ayant une forte capacité d’adaptation. La créativité<br />

et un bon relationnel sont, selon nous, des qualités<br />

essentielles au travail d’équipe.<br />

Les diplômés d’Institut Mines-Télécom Business<br />

School répondent-ils à vos attentes ?<br />

Les jeunes diplômés d’IMT-BS sont agiles et flexibles.<br />

Ils savent agir en position de leader et dans un<br />

esprit collaboratif. Ils ont de fortes compétences<br />

en management, en numérique et ont su également<br />

développer un savoir-être qui leur permet de travailler<br />

efficacement sur des projets transverses.<br />

Le double diplôme manager-ingénieur, proposé<br />

à IMT-BS est une vraie force pour les étudiants<br />

ayant suivi ce cursus :<br />

ils acquièrent une double<br />

casquette et nous apprécions<br />

particulièrement<br />

ces profils « hybrides ».<br />

Nous accueillons en ce<br />

moment même un stagiaire<br />

d’IMT-BS travaillant<br />

sur un projet en lien avec<br />

l’Intelligence Artificielle.<br />

Son profil riche est intéressant<br />

pour une entreprise<br />

telle qu’Allianz<br />

France.<br />

Yves Thallassinos<br />

Eva Lefeuvre, étudiante de la majeure Id-DIM à IMT-BS<br />

« J’ai choisi d’intégrer IMT-BS pour son<br />

expertise dans les métiers du numérique<br />

et pour la proximité entre les étudiants<br />

managers et ingénieurs sur un même<br />

campus. Je souhaitais acquérir des<br />

compétences managériales mais aussi<br />

comprendre les aspects techniques d’un<br />

projet numérique. Tout naturellement, je me<br />

suis tournée vers la majeure Id-DIM en 3e<br />

année. Les cours y sont partagés avec des<br />

Allianz France est le<br />

parrain de la promotion<br />

2023 : participez-vous, en tant<br />

que parrain, à des événements au<br />

sein de l’école ?<br />

Cela fait deux ans que nous participons<br />

à des défis entreprises. Nous<br />

travaillons avec des étudiants de 3 e<br />

année et des profils mixtes ingénieurs<br />

et managers. C’est très enrichissant car<br />

nous échangeons ainsi avec des profils<br />

complémentaires. Ces événements<br />

« mixtes » et cette hybridation des<br />

compétences sont rares ailleurs qu’à<br />

IMT-BS, où les étudiants managers et<br />

les étudiants ingénieurs sont amenés à<br />

échanger tout au long de leur parcours !<br />

Prochainement, nous participerons Christine Lefebvre Deloupy<br />

également à plusieurs forums de recrutement<br />

ainsi qu’à l’Innovation Game,<br />

un challenge autour des enjeux de Développement<br />

Durable et de Responsabilité Sociétale.<br />

En conclusion, quelles sont selon vous les<br />

3 forces d’Institut Mines-Télécom Business<br />

School ?<br />

Parmi les trois singularités de cette business school,<br />

il y a d’abord une expertise réelle sur les transformations<br />

numériques et les innovations technologiques.<br />

Ensuite, nous sommes face à une mixité et une<br />

complémentarité des profils comme en entreprise.<br />

Enfin, IMT-BS est une école publique, accessible au<br />

plus grand nombre. Cela reste rare pour une école<br />

de management.<br />

étudiants managers, ingénieurs et designers.<br />

Nous n’apprenons pas à devenir experts en<br />

design ou en ingénierie mais plutôt à travailler<br />

ensemble en “mode projet”, en équipe<br />

hybride, à se comprendre en développant<br />

un “langage commun” à nos trois métiers.<br />

C’est un réel atout pour notre insertion<br />

professionnelle. Grâce à la formation, nous<br />

bénéficions du réseau des trois écoles.<br />

Cela nous ouvre davantage de portes !<br />

D’ailleurs, l’hybridation entre managers<br />

et ingénieurs va bien au-delà des cours !<br />

La vie quotidienne et la vie associative<br />

nous permettent d’échanger au quotidien<br />

avec les ingénieurs de Télécom SudParis.<br />

J’ai notamment fait partie de l’association<br />

sportive où managers et ingénieurs<br />

organisaient ensemble divers projets<br />

sportifs : c’était très enrichissant. »<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Emlyon met le cap sur l’hybridation<br />

Après les années de turbulences qu’a connu son école, la présidente<br />

du directoire de emlyon, Isabelle Huault, a présenté un plan stratégique<br />

« Confluence » ambitieux sans être exagérément optimiste.<br />

Un objectif : être dans les quinze meilleures<br />

« Global business universities » européennes<br />

dans le classement du Financial Times au même<br />

titre que Saint-Gallen ou la Bocconi. Une méthode<br />

essentielle : l’hybridation. Un moyen : une hausse<br />

de 60 % des moyens de l’école d’ici à 2025 et pour un<br />

investissement de 9 millions par an. « Essentiellement<br />

avec une croissance interne mais aussi pourquoi pas<br />

avec des alliances avec d’autres établissements »,<br />

précise la présidente, qui entend également « former<br />

des managers responsables ». À l’horizon 2025 ils<br />

devraient être 12 500 à être formés à emlyon. Le tout<br />

sans augmentation des frais de scolarité.<br />

Objectifs ODD. Devenant « société à mission » en<br />

juillet <strong>2021</strong>, emlyon redéfinit tous ces diplômes à l’aune<br />

des Objectifs de développement durable de l’ONU. Un<br />

label « Sustenaible Development Goals Inside » est<br />

créé pour valider cette transformation. Un parcours<br />

obligatoire « Agir pour le climat » sera dans ce cadre<br />

proposé aux étudiants du programme Grande école puis<br />

du BBA. Inclusive l’école va renforcer son programme<br />

« Egalité des chances » avec notamment l’objectif de<br />

recevoir 30 % d’étudiants boursiers et surtout 500<br />

apprentis – plus de cinq fois plus qu’aujourd’hui avec<br />

la création d’un CFA - en 2025. En revanche aucune<br />

modulation des frais de scolarité en fonction des<br />

revenus des parents n’est prévue.<br />

L’hybridation comme socle. Sous la direction de sa<br />

doyenne des programmes, Annabel-Mauve Bonnefous,<br />

emlyon entend faire de l’hybridation le « socle<br />

de ses programmes » en s’alliant à différents autres<br />

établissements : « Comme déjà avec l’ENS Lyon pour un<br />

certificat d’initiation à la recherche nous allons chercher<br />

les meilleures compétences pour créer ensuite<br />

des certificats que nos étudiants pourront mettre en<br />

avant ». En revanche la création d’une école de droit,<br />

dont il avait été questions du temps de l’ancienne<br />

direction, est abandonnée au profit des sciences de<br />

l’ingénieur et des edtech.<br />

Si 80 % des cours seront donnés en présentiel, emlyon<br />

investit également 17 millions d’euros sur 3 ans pour<br />

encore mieux délivrer à distance les 20 % restants.<br />

à venir. Une implication qui va aussi se traduire par une<br />

participation aux programmes « Nous tenons également<br />

à confier à nos alumni, qui ont d’extraordinaires<br />

compétences, la délivrance de 15 % de chacun de nos<br />

programmes », reprend la directrice des programmes.<br />

Trois nouveaux instituts de recherche. Avec l’objectif<br />

de monter à 200 professeurs permanents en 2025 (+40<br />

par rapport à <strong>2021</strong> dont au moins 45 % de femmes),<br />

la recherche reste au cœur du projet de emlyon qui<br />

va se doter de trois instituts. Artificial Intelligence<br />

& Management Institute, Social Innovation Institute,<br />

Ethno-institute. « Tous ces travaux nous souhaitons<br />

également les valoriser dans le grand public avec des<br />

webinars et conférences accessibles à tous », souligne<br />

Tessa Melkonian, la doyenne de la faculté.<br />

S’implanter plus largement dans le monde. Après<br />

Casablanca et Bhubaneshwar emlyon entend s’implanter<br />

plus largement dans le monde en créant un campus à<br />

Bombay, en association la Xavier University, et également<br />

en Amérique latine. « Ces campus nous sont très<br />

utiles car ils nous ont permis de recevoir des étudiants<br />

qui ne pouvaient pas venir sur nos campus français »,<br />

rappelle Isabelle Huault. Par ailleurs de nouveaux<br />

accords de partenariat viennent d‘être signés avec<br />

UCLA et Berkeley. L’objectif est ainsi de passer des<br />

40 % actuels à 60 % d’étudiants étrangers.<br />

En 2023 emlyon s’installera<br />

sur son tout nouveau<br />

campus : le hub « Gerland ».<br />

Un campus ouvert sur<br />

la ville avec notamment<br />

des espaces qui seront<br />

accessibles à tous. Un<br />

investissement de 140 M€.<br />

S’appuyer sur les alumni. Une direction spécifique<br />

« Advancement & Alumini Relations » va être créée<br />

pour lever des fonds et animer le réseau. Des alumni<br />

qui devraient entrer au capital dans les six ou huit mois<br />

© emlyon BS<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Kedge met ses étudiants au centre<br />

« KEDGE souhaite créer de l’impact et apprendre à créer de l’impact,<br />

révéler et développer le potentiel de ses étudiants, les mettre au centre de tout. »<br />

Alexandre de Navailles, le directeur général de KEDGE, résume ainsi<br />

les grandes ambitions du programme stratégique 2020-2025 de son école.<br />

Aujourd’hui Kedge entend devenir l’école de<br />

référence de « celles et ceux qui apprennent<br />

et réussissent en faisant » et « donner accès<br />

à un enseignement supérieur de très haut niveau<br />

à toutes et tous, en s’engageant pour l’égalité des<br />

chances ». À l’international alors qu’elle est présente sur<br />

deux campus en Chine (Shanghai et Suzhou) et deux en<br />

Afrique (Dakar et Abidjan), elle souhaite se renforcer en<br />

Chine et en Afrique et développer de nouveaux projets en<br />

Asie avec comme objectif de multiplier par 4 le nombre<br />

de ses étudiants internationaux à horizon 2025. À cette<br />

date son chiffre d’affaires devrait atteindre les 170 M€.<br />

Une école « durable » et « diverse ». Pour renforcer<br />

son positionnement et ses ambitions en matière de<br />

RSE, Kedge a regroupé toutes les initiatives ainsi que<br />

l’organisation déployée sur ce sujet sous une bannière<br />

unique : KEDGE IMPAKT. Son efficacité sera mesurée par<br />

un comité de développement durable. KEDGE a choisi le<br />

Positive Impact Rating (évaluation de référence par les<br />

étudiants de l’impact et de l’influence positive des écoles<br />

sur la société) comme indicateur de performance synthétique.<br />

L’école se fixe pour objectif de passer du niveau 3 au<br />

niveau 4 “transforming” en 2025 et de rejoindre ainsi les<br />

dix meilleurs établissements classés au niveau mondial.<br />

Alors que Kedge consacre aujourd’hui plus de 6 M€ de<br />

soutien direct et indirect à l’inclusion sociale, l’objectif est<br />

d’augmenter cette enveloppe afin que 100 % des foyers<br />

non imposables puissent en bénéficier. KEDGE ambitionne<br />

ainsi d’accompagner plus de 1 000 collégiens et lycéens<br />

tous les ans par les dispositifs d’égalité des chances.<br />

Rendre la recherche plus visible. KEDGE est aujourd’hui<br />

l’un des leaders européens en matière de recherche académique<br />

en management avec une production de recherche<br />

qui compte plus de 100 000 citations structurées autour<br />

de ses 7 centres d’excellence et d’expertises thématiques.<br />

Le projet a aujourd’hui pour ambition de développer<br />

l’impact et la visibilité des travaux de recherche auprès<br />

des différents publics de l’école (entreprises, étudiants,<br />

académie et grand public/écosystème). La stratégie du<br />

développement inclut le renforcement des synergies au<br />

sein des centres existants et la proposition de nouveaux<br />

centres autour des « thématiques à fort potentiel ».<br />

été créée et des comités étudiants par thématique sont<br />

mis en place mensuellement afin de suivre les résultats<br />

et les plans d’actions d’amélioration. Il s’agit également<br />

ainsi de renforcer la proximité avec les étudiants et de les<br />

rendre « acteurs de la démarche ». La démarche s’appuie<br />

sur une méthodologie alliant recherche appliquée, équipe<br />

support et mise en œuvre itérative avec les étudiants.<br />

Dans ce cadre Be-U est le dispositif d’accompagnement<br />

personnel et professionnel créé par KEDGE pour développer<br />

et valoriser les soft skills de ses étudiants.<br />

Doubler le volume en executive education. L’ambition<br />

de Kedge est de doubler à nouveau son volume d’activité<br />

en executive education après « quatre années de fort<br />

développement ». Pour ce faire Kedge va orienter ses<br />

actions vers la formation aux nouvelles compétences<br />

issues des multiples transitions auxquelles doivent faire<br />

face les organisations (numérique, pilotage par la donnée,<br />

mobilité, sociales et sociétales), en lien avec les centres<br />

d’excellence de l’école.<br />

Toujours plus digitale. KEDGE investit dans la formation<br />

et l’accompagnement du corps professoral via la formation<br />

Teaching with Innovative Pedagogy lancée en janvier <strong>2021</strong>.<br />

Ce programme de formation aux innovations pédagogiques<br />

a pour objectif de faire découvrir et expérimenter de nouvelles<br />

méthodes et outils qui promeuvent l’apprentissage<br />

KEDGE compte 14 800<br />

étudiants et 172 professeurs<br />

permanents sur huit campus<br />

(ici le campus de Bordeaux).<br />

© Kedge BS<br />

Améliorer l’expérience étudiante. KEDGE veut « être<br />

exemplaire dans l’expérience proposée à ses étudiants<br />

et diplômés ». Une direction de l’expérience étudiante a<br />

actif, le peer learning et l’engagement des étudiants. Par<br />

ailleurs KEDGE investit dans ses moyens digitaux afin de<br />

proposer une expérience de cours optimale : 100 % des<br />

salles de cours seront connectées à la rentrée <strong>2021</strong>.<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Étudiants de prépas : ESCP lance<br />

le projet « Chances Augmentées »<br />

ESCP et la Fondation ESCP souhaitent « encourager<br />

l’égalité des chances, en accord avec une des<br />

valeurs qui est la pluralité ». C’est dans ce but,<br />

qu’elles ont décidé de créer le projet « Chances<br />

augmentées » qui s’adresse aux étudiants en fin de<br />

première année de classe préparatoire (ECE, ECS,<br />

ECT, A/L, B/L), boursiers d’échelon 4 à 7, souhaitant<br />

intégrer une des toutes meilleures écoles de commerce<br />

françaises, celles qu’on appelle les « parisiennes »<br />

même si elles ne le sont pas toutes, via le concours<br />

de la Banque commune d’épreuves (BCE).<br />

EN BREF<br />

• L’Association of Masters<br />

Business Administration<br />

(AMBA) accrédite pour la<br />

première fois le Programme<br />

Grande École de TBS alors<br />

que son Global Executive<br />

MBA obtient l’accréditation<br />

pour la 6 ème fois consécutive.<br />

• Le Programme Grande<br />

École de l’EM Strasbourg<br />

voit son grade de Master<br />

renouvelé pour la durée<br />

maximale de cinq années.<br />

Dans ce cadre ESCP va inviter 50 étudiants de CPGE<br />

à venir passer deux jours sur son campus de Paris<br />

République, les 26 et 27 août <strong>2021</strong>, pour se préparer<br />

aux épreuves orales d’entretien de personnalité et<br />

de langues vivantes spécifiques à ESCP Business<br />

School de manière optimale. Ils pourront bénéficier<br />

d’un coaching individuel et de groupe afin de « donner<br />

le meilleur d’eux-mêmes et de se sentir en confiance<br />

face à cet exercice ».<br />

La Fondation ESCP prendra en charge ces deux<br />

journées en remboursant les billets de train (depuis<br />

une adresse en France métropolitaine) et en organisant<br />

le logement chez des étudiants actuels volontaires.<br />

Les candidatures se font via un google forms et sont<br />

ouvertes jusqu’au lundi 12 <strong>avril</strong> <strong>2021</strong> inclus.<br />

© Grenoble EM<br />

Écriture inclusive : GEM prend position<br />

A l’occasion du 8 mars <strong>2021</strong>, journée internationale<br />

des droits des femmes, Grenoble<br />

École de Management (GEM) a décidé<br />

de prendre position sur les différentes<br />

règles de l’écriture inclusive :<br />

• Oui à l’utilisation du féminin et du masculin<br />

lorsque ceux-ci désignent des personnes.<br />

Exemples : « L’ensemble des collaboratrices<br />

et des collaborateurs » ; « Les<br />

étudiantes et les étudiants » ;<br />

• Oui à l’accord des noms de fonctions,<br />

grades, métiers et titres. Exemples : chercheuse,<br />

autrice, enseignante, directrice ;<br />

• Oui à la non-utilisation du mot générique<br />

« Homme » avec une majuscule de<br />

13<br />

prestige pour parler des femmes et des<br />

hommes, pour préférer des termes plus<br />

neutres. Exemple : parler de « droits humains<br />

» plutôt que « droits de l’Homme » ;<br />

• Non au point médian permettant d’employer<br />

dans le même temps le masculin<br />

et le féminin dans un même mot car<br />

il perturbe la lecture, rend extrêmement<br />

complexe l’écriture, et disqualifie les personnes<br />

porteuses de certaines formes de<br />

handicap (dyslexie, ...). Exemples : « les<br />

candidat·e·s », « les étudiant.e.s »<br />

© ESCP BS<br />

• L’Essec lance un portail<br />

de signalement en ligne<br />

pour les violences sexuelles,<br />

sexistes, mais aussi les<br />

agissements racistes ou<br />

LGBTIphobes ou toute autre<br />

forme de discrimination.<br />

• L’EDHEC Business<br />

School est lauréate du Case<br />

Centre Award <strong>2021</strong>, concours<br />

créé en 1991 par le Case<br />

Centre qui distingue chaque<br />

année les « case studies »<br />

les plus remarquables dans<br />

les sphères académique et<br />

pédagogique. L’étude de<br />

cas « Dollar Shave Club,<br />

disrupting the shaving<br />

industry », co-rédigée par<br />

Karin Kollenz-Quétard,<br />

professeur de stratégie à<br />

l’EDHEC, est désignée<br />

« overall winner » et obtient<br />

la plus haute récompense<br />

parmi plus de 500 écoles et<br />

universités concurrentes.<br />

• NEOMA Business School<br />

ouvre sa Coding School aux<br />

professeurs de l’Association<br />

des professeurs de classes<br />

préparatoires économiques<br />

et commerciales (APHEC)<br />

pour les accompagner à<br />

préparer leurs enseignements<br />

au langage Python.<br />

• TBS a remporté le prix<br />

de la Meilleure Stratégie<br />

d’Innovation délivré par<br />

l’Association des MBA<br />

(AMBA) et Business<br />

Graduates Association<br />

(BGA) à l’occasion de leurs<br />

Excellence Awards. Le projet<br />

pédagogique présenté, intitulé<br />

« Enseigner par la comédie :<br />

injecter de l’humour dans des<br />

vidéos éducatives », « insuffle<br />

de la créativité dans les cours<br />

dispensés aux élèves ».


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Grenoble EM adopte le statut<br />

de « société à mission »<br />

Grenoble École de Management devient la première<br />

grande école de management française à devenir<br />

une société à mission, dispositif créé par la loi<br />

PACTE en 2019. Son conseil d’administration<br />

a voté à l’unanimité pour cette « évolution majeure qui<br />

entérine plusieurs dizaines d’années d’engagement sociétal<br />

et qui engage statutairement l’École pour le futur ».<br />

GEM rejoint ainsi une centaine d’entreprises en France,<br />

telles que la MAIF, Danone, Les Echos ou encore Yves<br />

Rocher, qui ont fait publiquement état de leur « volonté<br />

d’orienter résolument leur activité vers la poursuite<br />

d’objectifs sociaux et/ou environnementaux, en mobilisant<br />

ses parties prenantes et en adoptant une démarche de<br />

transparence ». « En franchissant le pas de la Société à<br />

mission, GEM a pour ambition de matérialiser l’ambition<br />

du plan stratégique 2025 sur les domaines de la transition<br />

sociétale et écologique pour incarner son positionnement<br />

de Business Lab For Society. Cela permettra de pérenniser<br />

toutes les actions entreprises à GEM depuis des<br />

années sur l’engagement RSE à travers un cadre formel et<br />

engageant, tout en formant ses étudiantes et étudiants à<br />

devenir des acteurs de la transition sociétale et écologique.<br />

C’est en enfin pour nous une manière d’ouvrir la voie du<br />

statut d’entreprise à mission de la Loi PACTE aux autres<br />

établissements d’enseignement supérieur », explicite<br />

Loïck Roche, le directeur général de GEM.<br />

Dans ce cadre cinq 5 objectifs stratégiques<br />

ont été fixés :<br />

- agir avec éthique et défendre l’intégrité<br />

physique et morale des personnes : refuser<br />

tout comportement ou parole portant atteinte<br />

aux droits, à la santé et la dignité de<br />

chaque individu (objectif de développement<br />

durable 3 de l’ONU) ;<br />

- défendre le droit à la différence, encourager<br />

la diversité et s’opposer à toute forme<br />

de discrimination en veillant notamment à<br />

l’égalité Femmes Hommes (ODD 5 et 10) ;<br />

- favoriser l’accès à une éducation de<br />

qualité pour toutes et tous, œuvrer pour<br />

l’inclusion et l’égalité des chances (ODD 4) ;<br />

- promouvoir la solidarité et les principes<br />

de Paix économique et combattre toute<br />

forme de corruption et de violence (ODD<br />

11, 16 et 17) ;<br />

- reconnaître l’urgence écologique en luttant activement<br />

contre le réchauffement climatique en préservant les<br />

ressources naturelles et la biodiversité notamment par<br />

une ambition Zero Waste (ODD 12 et 13).<br />

Le statut de Société à mission entraîne des responsabilités<br />

pour l’entreprise qui est auditée tous les 2 ans.<br />

© Grenoble EM<br />

L’EDHEC et EURECOM<br />

signent une alliance stratégique<br />

École d’ingénieur et centre de recherche<br />

de pointe en sciences du numérique, du<br />

Campus SophiaTech à Sophia Antipolis.,<br />

EURECOM rassemble des partenaires<br />

académiques et industriels internationaux<br />

au service de la recherche et des étudiants.<br />

Après plus de 15 années de rapprochement<br />

progressif, EURECOM et l’ED-<br />

HEC, ont souhaité aller plus loin dans<br />

leur collaboration avec l’entrée de l’ED-<br />

HEC au GIE d’EURECOM. L’EDHEC<br />

y devient ainsi la seule école de management<br />

et fait désormais partie intégrante de<br />

son Groupement aux côtés d’universités<br />

européennes de premier plan comme TU<br />

Munich, Politecnico di Torino, NTNU ou<br />

Aalto University et des écoles de l’Institut<br />

Mines Telecom, membre fondateur<br />

du groupement.<br />

Les deux écoles souhaitent aujourd’hui<br />

capitaliser sur la forte complémentarité<br />

de leurs expertises au sein d’un écosystème<br />

original de création de connaissance<br />

de pointe pour répondre aux besoins de la<br />

société en croisant les compétences Tech<br />

et Management. Elles ont ainsi l’ambition<br />

de déployer un projet de recherche autour<br />

du thème « Tech, IA and Business » à<br />

l’échelle internationale et en partenariat<br />

avec les membres du GIE.<br />

Executive Education :<br />

l’EM Normandie crée EM<br />

Normandie Compétences<br />

C’est dotée d’un nouveau<br />

portefeuille de plus de<br />

60 formations construit<br />

autour de 9 thématiques<br />

clefs accessibles via une<br />

pédagogie hybride et<br />

100 % compatible avec une<br />

activité professionnelle que<br />

la nouvelle structure EM<br />

Normandie Compétences<br />

voit le jour au sein de l’EM<br />

Normandie. Fondée sur<br />

une « pédagogie agile » et<br />

des formats courts ou longs<br />

adaptés à chaque profil,<br />

une expérience « hybride<br />

novatrice en comodalité »<br />

(e-learning, présentiel,<br />

blended learning, sprint...)<br />

et un coaching personnalisé,<br />

EM Normandie Compétences<br />

« garantit un suivi complet et<br />

personnalisé du bénéficiaire<br />

afin de s’assurer qu’il<br />

capitalise sur les compétences<br />

acquises durant son<br />

parcours de formation ».<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Géopolitique :<br />

NEOMA et l’Iris partenaires<br />

IRIS Sup’, l’école de l’Institut de relations internationales<br />

et stratégiques (IRIS) et NEOMA ont signé un<br />

partenariat global, au croisement de la géopolitique<br />

et du management, avec quatre parcours dédiés<br />

pour les étudiants du programme Grande école, des<br />

événements communs et l’élaboration de nouveaux<br />

programmes conjoints.<br />

Nés sous l’impulsion de Michel-Edouard Leclerc, à<br />

la fois président de NEOMA et membre du conseil<br />

d’administration de l’IRIS, ces parcours mixtes seront<br />

proposés aux étudiants de 3 e année du PGE à partir de<br />

la rentrée <strong>2021</strong>. Ils pourront ainsi passer leur année de<br />

M2 dans l’un des parcours d’IRIS Sup’ pour étudier la<br />

géopolitique, la géostratégie appliquée aux entreprises,<br />

aux administrations et aux ONG.<br />

À l’issue de cette spécialisation, les étudiants seront<br />

titulaires à la fois du titre de niveau 7 délivré par IRIS<br />

Sup’ et du diplôme du Programme Grande École de<br />

NEOMA. « De plus en plus d’étudiants se passionnent<br />

pour ces sujets. Ils ont ainsi conscience que la géopolitique<br />

fait partie intégrante du développement des<br />

entreprises analyse Delphine Manceau, la directrice<br />

générale de NEOMA Business School. Notre mission<br />

est de répondre à cette attente et de les aider à se<br />

construire un regard pointu sur les réalités du monde<br />

international ».<br />

© Neoma BS<br />

Pascal Boniface, fondateur<br />

de l’Iris, Delphine Manceau,<br />

Christine Aubrée, directrice<br />

d’Iris Sup, et Michel-Edouard<br />

Leclerc signent la convention<br />

Audencia signe un partenariat avec<br />

la New York Film Academy<br />

C’est une nouvelle et spectaculaire illustration<br />

de sa volonté de toujours plus hybrider<br />

les profils : Audencia vient de signer<br />

un partenariat avec la New York<br />

Film Academy (NYFA). Dès début 2022,<br />

l’école proposera aux étudiants de son<br />

Programme Grande école de rejoindre<br />

pour un semestre les plus de 7500 élèves<br />

qui étudient chaque année au sein de<br />

l’école américaine. Ils auront ainsi l’opportunité<br />

d’acquérir une double compétence<br />

dans des domaines très variés<br />

© Audencia BS<br />

comme la photographie, la production et<br />

la scénarisation.<br />

Au sein de NYFA, les étudiants choisiront<br />

parmi un large éventail de programmes<br />

d’arts visuels et de la scène qui incluent<br />

la réalisation de films, le jeu d’acteur pour<br />

le cinéma, l’animation 3D et les effets visuels,<br />

le journalisme audiovisuel, la cinématographie,<br />

le montage numérique, la<br />

réalisation de documentaires, la conception<br />

de jeux, la conception graphique, le<br />

théâtre musical. Dans les cours, ils développeront<br />

des compétences qui « s’appliqueront<br />

à toutes leurs activités futures » :<br />

en organisation, en leadership, en rédaction<br />

et en pensée critique acquises en produisant<br />

des productions complexes seront<br />

« d’une énorme valeur dans tous leurs<br />

projets futurs ».<br />

La NYFA regroupe des enseignants de<br />

prestigieuses facultés américaines telles<br />

que Columbia, Stanford, Harvard ou Yale.<br />

Elle possède de nombreux campus dans<br />

plus de dix pays.<br />

Les associations étudiantes<br />

de BSB majoritairement<br />

présidées par des femmes<br />

C’est une première. Sur les<br />

26 associations étudiantes<br />

de BSB, les élections des<br />

bureaux qui ont eu lieu<br />

récemment ont livré un<br />

verdict inédit : 14 sont<br />

dorénavant présidés par des<br />

femmes. « Même si cela<br />

fait plus de 10 ans qu’il y a<br />

toujours au moins une femme<br />

responsable au sein de la vie<br />

associative, c’est la première<br />

fois qu’on dépasse les 50 % »,<br />

se réjouit Alexandrine<br />

Bornier, responsable du<br />

département Développement<br />

et accompagnement<br />

personnels. Mieux, sur les<br />

quatre Bureaux principaux –<br />

La Fédération des Étudiants,<br />

qui chapeaute l’ensemble des<br />

associations de l’École, le<br />

Bureau des Élèves (BDE), le<br />

Bureau des Sports (BDS) et<br />

le Bureau des Arts (BDA) –<br />

trois femmes sont présidentes.<br />

L’ESC Clermont donne<br />

un « coup de pouce » à la<br />

mobilité internationale<br />

Après une année qui a vu<br />

la mobilité étudiante se<br />

réduire drastiquement,<br />

l’ESC Clermont lance une<br />

bourse de 500 euros, baptisée<br />

UPGRADE, qui se veut un<br />

« coup de pouce » pour tous<br />

les étudiants des programmes<br />

Bachelor et Master Grande<br />

École, inscrits en 2020-<br />

<strong>2021</strong>. Pour en bénéficier, ils<br />

doivent prévoir un départ<br />

en <strong>2021</strong> ou 2022 pour une<br />

durée minimum de 2 mois<br />

et s’organiser pour suivre<br />

un semestre ou une année<br />

complète en double diplôme ;<br />

réaliser un stage, une mission<br />

humanitaire ou travailler à<br />

l’étranger ; ou concrétiser<br />

un projet personnel (tour du<br />

monde, trek, etc.) à l’étranger.<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

De la seconde au bac :<br />

le classement des lycées<br />

qui font réussir leurs élèves<br />

Ils ne sont que six lycées généraux et technologiques à avoir amené<br />

100 % de leurs élèves entrés en seconde en 2017 à obtenir leur bac trois<br />

ans plus tard, en 2020, en leur sein.<br />

Vous pouvez<br />

consulter les<br />

résultats académie<br />

par académie sur le<br />

site Monbacetmoi<br />

Comment choisir un lycée ? Si les contraintes<br />

géographiques sont importantes une marge<br />

de choix n’en est pas moins possible. Bien sûr<br />

il y avait les séries du bac – et maintenant les<br />

spécialités du bac général – qui ne sont pas dispensées<br />

partout. Bien sûr certaines langues vivantes ne le sont<br />

pas non plus. Mais in fine c’est souvent le taux de réussite<br />

au bac d’un lycée – voire le taux de ses élèves obtenant<br />

une mention – qui attirent le plus l’attention des parents<br />

et des élèves. Oui mais sont-ils bien certains que ces<br />

taux reflètent aussi la capacité d’un lycée à faire réussir<br />

le plus grand nombre d’élèves ? C’est pour répondre à<br />

cette question que le ministère de l’Education publie ses<br />

indicateurs de la valeur ajoutée des lycées. Et parmi<br />

ceux-ci le taux d’accès de la seconde au bac que le<br />

site Monbacetmoi a entrepris de présenter dans son<br />

« Classement des lycées qui font réussir leurs élèves ».<br />

Six lycées à 100 % en 2020. Ils ne sont que six lycées<br />

généraux et technologiques à avoir amené 100 % de leurs<br />

élèves entrés en seconde en 2017 à obtenir leur bac trois<br />

ans plus tard, en 2020, en leur sein (ce qu’on appelle le<br />

« taux d’accès seconde-bac ») : le lycée Château-Blanc<br />

de Chalette-sur-Loing (académie d’Orléans-Tours), le<br />

lycée Guillaume-Tirel (Paris), le lycée Sainte-Chrétienne<br />

de Saint-Avold (académie Nancy-Metz), le lycée François-Rabelais<br />

d’Ifs (académie de Normandie) et les lycées<br />

hôteliers de Biarritz et du Gosier (Guadeloupe). Six lycées<br />

de bonne facture puisque cinq d’entre eux cumulent cet<br />

excellent taux d’accès de la seconde au bac avec un<br />

taux de réussite à ce même bac de 100 % en 2020. Mais<br />

des taux comparables peuvent-ils être atteints dans de<br />

« grands lycées » plus reconnus ? Tout à fait puisqu’à Paris<br />

la célèbre l’École alsacienne présente un taux d’accès de<br />

99 % (et 93 % de mentions au bac) comme le lycée Hoche<br />

à Versailles (95 % de mentions).<br />

Si ces lycées conservent tous leurs élèves ou presque<br />

de la seconde au bac, d’autres n’en gardent même pas la<br />

moitié. Le lycée de Bretagne à Nantes ne conserve ainsi<br />

Séries et spécialités :<br />

le cas particulier des<br />

élèves contraints de<br />

changer de lycée<br />

Si un élève de première suit,<br />

dans son lycée de destination,<br />

une série technologique ou<br />

une spécialité générale non<br />

proposée dans son lycée<br />

d’origine, sa situation est<br />

alors considérée comme un<br />

succès pour le lycée d’origine.<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

que 37 % de ses élèves de seconde jusqu’au bac et le<br />

lycée La Salle à Igny 38 %, soit pour ce dernier un taux<br />

de 44 % inférieur à ce qu’il devrait être selon les experts<br />

du ministère. Une catégorie de lycées où on trouve des<br />

lycées dont les résultats au bac sont bons comme Ort<br />

à Montreuil : 100 % de réussite au bac, 78 % d’élèves<br />

obtenant une mention mais seulement 45 % d’élèves y<br />

suivant leur scolarité de la seconde au bac. Comme le<br />

signalent les auteurs de l’étude, de nombreux facteurs<br />

propres au lycée peuvent influer sur ce taux d’accès alors<br />

que d’autres lui échappent. Les facteurs liés à la politique<br />

de l’établissement sont :<br />

- la politique de réorientation des élèves en difficulté vers<br />

d’autres structures ou d’autres séries situées dans<br />

d’autres établissements ;<br />

- la gestion des redoublements ;<br />

- la politique à l’égard des élèves en situation d’abandon<br />

d’études.<br />

Les facteurs subis par l’établissement sont :<br />

- l’attractivité d’établissements voisins ;<br />

- l’orientation vers une série, une combinaison de spécialités<br />

ou une option non proposée par l’établissement<br />

(l’impact de ce dernier facteur est neutralisé par les<br />

experts, un changement de lycée pour ce motif étant<br />

considéré comme une réussite pour le lycée d’origine).<br />

La méthodologie. Chaque année le ministère de l’Education<br />

publie ses indicateurs de la valeur ajoutée des lycées.<br />

Au-delà des simples taux de réussite au bac – particulièrement<br />

excellents en 2020 en raison de l’épidémie – il s’agit<br />

de montrer comment un lycée est capable de faire réussir<br />

ses élèves au-delà de ce qui était attendu en prenant en<br />

compte les disparités importantes de recrutement entre<br />

les lycées en termes de profils scolaires et socio-économiques.<br />

Mais les indications que fournit le ministère<br />

ne s’arrêtent pas là. Les taux d’accès de la seconde à<br />

la terminale sont également calculés. Un indicateur sur<br />

lequel le site Monbacetmoi a pris le parti de réaliser son<br />

classement. En effet chaque année, nombreuses sont<br />

les familles à choisir un lycée en fonction du seul taux<br />

de réussite au bac, sans prendre la peine de regarder si<br />

ce taux n’est pas la résultante d’une équation simple : ne<br />

gardons que les meilleurs !<br />

Or si dans certains cas les élèves ainsi mis à l’écart<br />

le sont pour des raisons objectives, il n’est pas non plus<br />

rare qu’il s’agisse également de motiver les autres en<br />

montrant la sortie aux plus faibles. Mais qu’arrive-t-il à<br />

ceux qui n’entrent pas dans les clous de la réussite ? À<br />

un âge où les échecs sont particulièrement difficiles à<br />

vivre on imagine leur désarroi alors même qu’ils pensaient<br />

rester dans le même lycée de la seconde à la terminale.<br />

Toutes ces raisons amènent aujourd’hui à constituer ce<br />

classement fondé sur la capacité des lycées à amener<br />

leurs élèves de la seconde à l’obtention du bac. Un taux<br />

particulièrement significatif en 2020 alors qu’on craignait<br />

que beaucoup d’étudiants confinés décochent.<br />

Pour donner tous les éléments nécessaires à un choix<br />

raisonné le site Monbacetmoi publie également le nombre<br />

de candidats, les taux de réussite réels et attendus<br />

ainsi que les taux de mention de chaque lycée général<br />

et technologique.<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Alice Guilhon<br />

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE SKEMA BS<br />

« Nous voulons donner à chacun de nos étudiants<br />

le choix de venir ou pas sur des campus »<br />

Présidente du Chapitre des Grandes<br />

écoles de management de la Conférence<br />

des grandes écoles, directrice générale<br />

d’une école, Skema BS, implantée dans<br />

le monde entier, Alice Guilhon est le<br />

témoin privilégié d’un enseignement<br />

supérieur en profonde mutation. Sa<br />

vision d’un monde qui sort peu à peu de<br />

la crise.<br />

Olivier Rollot : Un an après le début de la<br />

pandémie quel bilan en tirez-vous pour<br />

l’enseignement supérieur ?<br />

Alice Guilhon : La question c’est d’abord ce que nous<br />

avons pu en apprendre. Pour nos étudiants cette crise<br />

a été une forme d’apprentissage accéléré de la gestion<br />

de crise. On les a préparés sous contrainte à une forme<br />

de vie professionnelle qu’ils vivront, mêlant le distanciel<br />

et les technologies et l’approche multiculturelle. C’est<br />

une génération née dans la technologie qui va accélérer<br />

le remplacement d’une catégorie de population frappée<br />

d’illettrisme technologique. Je ne nie pas que cette<br />

période a été difficile à vivre pour nos étudiants mais<br />

ils ont aussi appris à travailler différemment.<br />

Demain il n’est pas question de continuer à travailler<br />

à distance mais de donner le choix du mode d’apprentissage.<br />

Le campus ne sera plus seulement un<br />

lieu où on suit des cours mais de plus en plus un lieu<br />

de socialisation. Ce sera un lieu sur lequel on trouve<br />

également des espaces pour travailler, monter ses<br />

projets, voire suivre un cours à deux pas de l’amphi<br />

parce qu’on s’y sent mieux. Aujourd’hui on peut tout le<br />

temps, partout, se connecter et même être interactifs<br />

avec des chats, quiz, etc.<br />

L’enseignement en ligne ne peut pas prendre le pas<br />

sur la dialectique classique. Pour apprendre il faut de<br />

l’interaction, du contact, se voir pour mieux parler, se<br />

comprendre.<br />

O. R : Diriez-vous que l’enseignement<br />

supérieur français a été plus résilient que<br />

d’autres pendant cette crise ?<br />

A. G : La pandémie a été très dure pour l’enseignement<br />

supérieur mais elle nous a également permis de nous<br />

réinventer et de nous projeter dans l’avenir tous ensemble<br />

– toutes les écoles de management – pour améliorer<br />

le système. Alors que nous sommes toujours restés<br />

relativement ouverts aux autres, d’autres pays se sont<br />

fermés à 100 % comme les États-Unis, qui ont préféré<br />

figer tout le système avant de le rouvrir à l’identique.<br />

Le nouveau campus<br />

parisien<br />

C’est sur 30 000 m 2 que<br />

Skema a ouvert campus<br />

parisien de Suresnes : 15<br />

000 m 2 étaient l’ancien<br />

siège d’Airbus et autant des<br />

usines Blériot, le pionnier<br />

de l’aéronautique qui<br />

vont maintenant devenir<br />

des logements étudiants.<br />

Un investissement de<br />

120 M€ financé par un<br />

crédit-bail et pour lequel<br />

Skema a avancé 40 M€.<br />

O. R : Les campus ont encore tout leur utilité ?<br />

A. G : Nous voulons donner à chacun de nos étudiants<br />

le choix de venir ou pas sur des campus qui sont aussi<br />

des lieux de vie. Ce sont en quelque sorte des prolongements<br />

de leur maison. D’ailleurs nos étudiants sont<br />

revenus sur les campus dès que la jauge l’a permis.<br />

© Skema BS<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

O. R : Les jeunes ne sont pas une « génération<br />

sacrifiée » ?<br />

A. G : Nous devons les rassurer : ils ne sont pas une<br />

« génération sacrifiée ». Nous avons l’obligation de<br />

leur délivrer la même qualité d’enseignement qu’à<br />

leurs prédécesseurs. Et de leur côté les entreprises<br />

continuent à recruter même si pour certains secteurs<br />

(événementiel, communication, tourisme, etc.) c’est<br />

plus difficile. Je suis rassurée de constater que la<br />

reprise est là et que les entreprises vont de plus en<br />

plus embaucher dans les mois à venir.<br />

Pour autant je n’évacue pas les problèmes psychiques<br />

énormes que connaissent aujourd’hui les jeunes. Nous<br />

avons ainsi développé notre dispositif SKEMA KARE<br />

sur chaque site en y plaçant des psychologues, des<br />

référents, des lieux d’écoute. Selon les études que<br />

nous avons réalisées, si 84 % de nos étudiants sont<br />

satisfaits de l’enseignement que nous leur délivrons,<br />

beaucoup ont également besoin de parler. Et en priorité<br />

les étudiants internationaux à la fois loin de leur famille<br />

et en mal d’interactions sociales.<br />

O. R : Certains élèves ont quand même<br />

protesté contre le maintien de frais de<br />

scolarité qu’ils jugeaient trop élevés<br />

alors qu’ils devaient suivre leurs cours à<br />

distance…<br />

A. G : Nous aurions dû communiquer avant. Quand<br />

nous l’avons fait, quand nous avons expliqué notre<br />

modèle, nos coûts, tout le monde a compris pourquoi<br />

nous maintenions les mêmes coûts, notamment pour<br />

investir dans le distanciel. Aujourd’hui nos étudiants sont<br />

satisfaits de pouvoir bénéficier de ces technologies.<br />

O. R : Différentes études ont montré que<br />

l’enseignement supérieur français était<br />

loin de prendre la mesure de la détresse<br />

psychologique de beaucoup de jeunes,<br />

contrairement aux États-Unis par exemple,<br />

et cela bien avant la Covid. Il y a une prise de<br />

conscience aujourd’hui ?<br />

A. G : Nos jeunes sont plus fragiles. Peut-être parce<br />

que plus cocoonés. Peut-être parce qu’ils vivent très<br />

mal d’être coupés d’une communauté dans laquelle ils<br />

vivent. La crise sanitaire a fait émerger cette fragilité<br />

que nous n’avions pas vu venir et que l’on retrouve<br />

dans toutes les nationalités.<br />

O. R : Le modèle de SKEMA, c’est le multicampus.<br />

Comment vos différents campus<br />

ont-ils vécu la crise ?<br />

A. G : Nous l’avons d’abord vu éclater en Chine puis<br />

au fur et à mesure dans le monde. Quand nous avons<br />

dû fermer notre campus en Afrique du Sud, la Chine<br />

Skema a ouvert début <strong>2021</strong> une nouveau campus de 15 000 m2 à Paris<br />

rouvrait le sien. Jusqu’à la fin 2020 nos campus ont<br />

été pratiquement vides si on excepte celui de Belo<br />

Horizonte qui accueille beaucoup de Brésiliens. Puis<br />

en <strong>2021</strong> nous avons été surpris de voir 400 de nos<br />

étudiants partir aux États-Unis, 250 à Cape Town –<br />

pour y suivre des cours en ligne et en présentiel - et<br />

même 200 en Chine pour lesquels des visas ont pu<br />

être obtenus. Aujourd’hui ils sont ainsi entre 1 500 et<br />

1 800 sur l’ensemble de nos campus internationaux.<br />

Le modèle SKEMA reste plébiscité par des étudiants<br />

qui veulent toujours autant continuer à étudier, vivre<br />

et voyager à l’étranger. Il faut juste aujourd’hui pour<br />

nous avoir les reins solides pour tenir le temps du<br />

retour à la normale.<br />

O. R : Quel rôle particulier va jouer votre tout<br />

nouveau campus parisien ?<br />

A. G : Toute décision doit être prise dans l’alignement<br />

stratégique. Les racines historiques de SKEMA sont à<br />

Nice et Lille. Il ne faut pas s’en séparer si on ne veut pas<br />

perdre ses valeurs. Paris n’est pas un « siphon » pour<br />

les deux autres campus sur lesquels nous gardons des<br />

forces vives. Notre nouveau « campus Grand Paris » va<br />

en revanche nous permettre de rayonner encore mieux<br />

à l’international. Plus l’école est globale, plus l’ancrage<br />

parisien doit être fort. Nous ne nous implanterons pas<br />

dans d’autres villes en France.<br />

La « consilience » au<br />

programme du PGE<br />

Au XVIII ème siècle le<br />

philosophe et scientifique<br />

William Whewell invente la<br />

notion de « consilience » pour<br />

désigner une convergence de<br />

savoirs propre à expliquer<br />

un phénomène historique<br />

particulier. Aujourd’hui la<br />

consilience fait son entrée<br />

dans le programme Grande<br />

école de Skema car « dans<br />

un monde de plus en plus<br />

complexe, les futurs managers<br />

doivent être capables de<br />

développer des stratégies<br />

associant plusieurs champs<br />

disciplinaires mais aussi de<br />

donner sens à leur action en<br />

l’inscrivant dans les grandes<br />

préoccupations de notre<br />

temps : l’éthique (dimension<br />

individuelle), la responsabilité<br />

(dimension interpersonnelle)<br />

et l’environnement<br />

(dimension globale) ».<br />

Frédéric Munier, professeur<br />

de géopolitique et Rodolphe<br />

Desbordes, professeur<br />

d’économie co-animent à<br />

SKEMA les enseignements<br />

de ce nouveau parcours.<br />

© Lora-Barra-Photography<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

O. R : Votre stratégie reste donc globale ?<br />

A. G : Dès le début de l’école notre stratégie est toujours<br />

de créer une marque globale sur le modèle des<br />

grandes entreprises internationales. Une multinationale<br />

de l’éducation haut de gamme, possédant les meilleures<br />

accréditations, excellente en recherche, en ajoutant<br />

petit à petit des étages à la fusée. Aujourd’hui nous<br />

vivons sur le même modèle que Microsoft ou Google.<br />

En Chine nous avons à la fois un campus à Suzhou<br />

et une « joint school » à Nankin, qui nous permettent<br />

d’être une structure de référence et de développer<br />

demain d’autres campus. Aux États-Unis, SKEMA vit<br />

sa vie et devient peu à peu une école américaine. Au<br />

Brésil nous nous implantons sur un nouveau bâtiment<br />

de 6 000 m2 au centre-ville de Belo Horizonte où nous<br />

dispensons notre propre diplôme. En Afrique du Sud,<br />

notre campus de Cape Town sera demain un site important.<br />

Ainsi nous sommes une marque globale qui<br />

crée ses propres entités. Nous allons d’ailleurs les<br />

pousser à participer indépendamment aux classements<br />

des business schools de chaque région.<br />

O. R : Votre modèle a quand même évolué ?<br />

A. G : Quand nous sommes allés nous installer en Chine<br />

il s’agissait pour nous de donner à nos étudiants une<br />

véritable éducation globale de qualité, leur offrir le monde<br />

entier en apprentissage. Nous y avons fait d’importants<br />

investissements avec beaucoup de personnels et<br />

beaucoup d’étudiants. Mais au début il ne s’agissait pas<br />

d’aller former des Chinois en Chine alors qu’aujourd’hui<br />

nous proposons un master avec l’université Jiao Tong<br />

de Shanghai et une « joint school » avec Nankin.<br />

Partout nos sites restent à taille humaine. Nous recevons<br />

en tout 9 000 étudiants mais aucun site ne dépasse<br />

les 2 500. Notre principe reste « l’échange de sièges ».<br />

Nous faisons partir nos étudiants français sur nos<br />

autres campus et vice-versa nous faisons venir des<br />

étudiants internationaux. Et plus il y a de mobilité plus<br />

cela fonctionne.<br />

O. R : SKEMA est globale. SKEMA entend<br />

également aller plus loin que le périmètre<br />

de la seule business school. Où en est votre<br />

ambition de devenir une « comprehensive<br />

school » (« école multidisciplinaire »)<br />

dévoilée il y a maintenant un an ?<br />

A. G : Ce que nous voulons c’est devenir un institut<br />

multidisciplinaire autour du business. Nous avons<br />

déjà créé une école de droit (« SKEMA Law School for<br />

Business ») au Brésil et nous formalisons la maquette<br />

de notre école « SKEMA AI School for Business » aux<br />

États-Unis. En France nous travaillons à la création<br />

de notre propre école de design après avoir travaillé<br />

avec un partenaire.<br />

O. R : Dans l’intelligence artificielle (IA) votre<br />

stratégie est un peu différente ?<br />

A. G : A Montréal nous nous positionnons différemment<br />

avec le concours de l’ancienne Consule de France à<br />

Montréal, Catherine Feuillet, qui nous a rejoint pour<br />

nous aider dans notre développement. Il ne s’agit<br />

pas d’y créer un campus autour de l’intelligence artificielle<br />

mais un laboratoire de R&D qui irrigue tous<br />

nos programmes. Revenons un peu en arrière. Quand<br />

l’IA est apparue, nous avons commencé par créer un<br />

double diplôme avec une école d’ingénieurs spécialisée,<br />

l’Esiea. Il y a trois ans nous nous sommes demandé<br />

quel était l’environnement emblématique en IA dans le<br />

monde. Montréal nous est rapidement apparu comme<br />

la ville à privilégier. Nous y avons recruté le professeur<br />

Thierry Warin pour établir une tête de pont, un centre<br />

de R&D en IA dans des locaux flambant neufs en face<br />

de l’Université de Montréal. Là-bas nos professeurs<br />

s’appuient sur tout l’écosystème montréalais pour<br />

dessiner des programmes qui sont ensuite basculés<br />

Le nouveau campus parisien de Skema se situe dans les anciens bâtiments<br />

de la direction d’Airbus, en bord de Seine, à Suresnes<br />

Management et design<br />

SKEMA et The Sustainable<br />

Design School ont acueilli<br />

en 2020 les nouveaux<br />

étudiants de la toute première<br />

promotion du parcours en<br />

double diplôme accrédité par<br />

la Conférence des Grandes<br />

Ecoles : « Entrepreneurship<br />

& Sustainable Design ».<br />

Au 1 er semestre, les<br />

étudiants sont reçus sur<br />

le campus de SKEMA<br />

pour suivre des cours<br />

adaptés à l’environnement<br />

entrepreneurial. Au 2 e<br />

semestre, les étudiants se<br />

rendent sur le campus de The<br />

SDS pour suivre des cours<br />

d’innovation et de design<br />

adaptés au développement<br />

durable. En fin de cursus, les<br />

étudiants doivent réaliser soit<br />

un mémoire de recherche<br />

soit un business plan.<br />

O. R : Où allez-vous maintenant vous<br />

implanter ?<br />

A. G : Inde, Australie, Russie - nous avons trois pays en<br />

ligne de mire mais la crise a ralenti le rythme et nous ne<br />

serons pas implantés en Inde dès 2022 comme nous<br />

l’espérions. Il faut comprendre que c’est un long travail.<br />

D’abord deux ans au moins pour s’implanter, ensuite<br />

dix ans pour être reconnus en Chine - mais seulement<br />

six mois aux États-Unis - puis le développement. En<br />

Chine l’école est quasiment autonome financièrement<br />

aujourd’hui.<br />

© Skema BS<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

© Skema BS<br />

Skema lance le MSc<br />

Finance durable<br />

et fintech<br />

Avec celui de Lille le campus de Sophia Antipolis fait partie des deux campus « historiques » de Skema<br />

sur tous nos sites. Et notamment à Sophia Antipolis exemple ce que nous appelons des « nano degrees »<br />

où nous possédons un institut d’IA qui compte 25 en droit ou en IA que les étudiants peuvent également<br />

professeurs. La personne en charge de notre site suivre. Je crois aux cours en ligne en executive education<br />

mais je ne crois pas aux formations 100 % en<br />

Montréalais est la directrice Alumni & Fundraising de<br />

SKEMA, Madeleine Martins.<br />

ligne pendant une longue durée.<br />

Dès la rentrée <strong>2021</strong>, sur le<br />

Campus Grand Paris de<br />

SKEMA et via ce programme<br />

pionnier, les étudiants<br />

seront formés aux nouveaux<br />

critères environnementaux,<br />

sociaux et de gouvernance<br />

(ESG) qui « permettent une<br />

analyse extra-financière<br />

de l’entreprise ».<br />

O. R : De nombreux défis technologiques<br />

attendent les business schools. Comment<br />

allez-vous résister aux GAFAM s’ils se<br />

lancent dans la course à l’éducation ?<br />

A. G : Nous sommes dans un environnement où, depuis<br />

des milliers d’années, la formation d’un esprit prend<br />

une durée incompressible. Il faut trois, cinq, huit ans<br />

pour se former et se serait méconnaître notre métier<br />

que de croire que l’obtention d’un certificat en ligne<br />

permet d’aller plus vite. Il faut prendre le temps de<br />

maturer un concept. Il faut considérer tout ce qu’il se<br />

passe entre deux séances d’apprentissage pour établir<br />

des interactions et structurer un esprit.<br />

En résumé je suis très sereine pour notre modèle face<br />

à des certificats vendus 3 000 €. Dans nos écoles,<br />

quand nos étudiants apprennent à coder, c’est après<br />

s’être cassé les dents en mathématiques, en IA. C’est<br />

comme cela qu’on peut former de futurs CEO. Si Apple<br />

veut demain lancer un master dans le numérique en cinq<br />

ans cela se complique. Mais quel serait leur intérêt ?<br />

Regardez les entreprises qui délivrent des programmes<br />

en ligne. Leur offre de cours est excellente mais quand<br />

ils veulent délivrer de véritables diplômes, ils doivent<br />

faire appel à des Grandes Ecoles ou à des universités.<br />

O. R : Pour autant SKEMA dispense<br />

également des certificats.<br />

A. G : Nous avons bien sûr une offre en ligne mais<br />

plus spécifiquement en executive education. Avec par<br />

O. R : L’executive education reste un relais<br />

important de croissance ?<br />

A. G : En dix ans nous sommes passés d’un chiffre<br />

d’affaires nul à 7 à 8 millions d’euros par an. Un chiffre<br />

qui doublera d’ici quatre ou cinq ans. Aujourd’hui nous<br />

signons de très beaux contrats avec de grandes entreprises,<br />

notamment quand il s’agit de technologies<br />

ou de management au féminin, des points forts que le<br />

marché a repérés. L’executive education est aujourd’hui<br />

une branche qui se renforce.<br />

O. R : SKEMA a donc toujours les moyens de<br />

son développement ?<br />

A. G : Nous n’avons eu aucun problème à financer<br />

notre nouveau campus parisien à hauteur de 120 millions<br />

d’euros, 80 millions que nous avons empruntés<br />

et 40 millions sur fonds propres. Nous progressons<br />

également en fundraising avec une directrice, Madeleine<br />

Martins, qui applique des méthodes anglo-saxonnes<br />

très efficaces. Avec elle, nous avons pu par exemple<br />

dégager 160 000 € pour financer des bourses Covid.<br />

D’autres financements arrivent directement des entreprises<br />

vers nos laboratoires et en particulier l’Institut<br />

d’Intelligence artificielle (« SKEMA IA Institute ») qui est<br />

financé à hauteur de 1 à 1,5 million d’euros.<br />

En tant qu’association, tout ce que nous gagnons, nous<br />

le réinvestissons à chaque fois. Et nous prenons bien<br />

garde de ne pas augmenter la pression sur les frais de<br />

scolarité. Mais encore faudrait-il que le gouvernement<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

ne change pas tout le temps les règles. Qu’il s’agisse<br />

du coût de l’apprentissage comme de la défiscalisation<br />

des dons des entreprises aux écoles nous sommes à<br />

chaque fois atteints. Le gouvernement doit se demander<br />

s’il souhaite vraiment avoir des écoles de commerce de<br />

premier plan. Notre mission est de former des jeunes<br />

pour le compte de la collectivité.<br />

O. R : Un vif débat semble effectivement<br />

opposer Grandes Ecoles et universités<br />

au ministère du Travail sur le financement<br />

de l’apprentissage dans l’enseignement<br />

supérieur. Où en est-on ?<br />

A. G : Cette année SKEMA a connu un fort succès<br />

dans l’apprentissage avec une hausse de 40 % du<br />

nombre d’étudiants alternants. Maintenant nous avons<br />

le sentiment que, du côté du ministère du Travail, il y<br />

a une volonté de reprendre dans l’enseignement supérieur<br />

les financements qu’il souhaite consacrer au<br />

secondaire. Par idéologie peut-être. Déshabiller Paul<br />

pour habiller Jacques n’est pas une bonne idée. Mais<br />

nous n’obtenons aucun dialogue avec le ministère du<br />

Travail à ce sujet.<br />

Cette année rien ne va se passer. Les financements sont<br />

prorogés de même que les aides à tous les apprentis.<br />

Mais en 2022 il va falloir regarder de près l’évolution<br />

des « coûts contrats », le niveau auquel l’État finance<br />

chaque apprenti. S’il s’agit de les abaisser à 6 000 €<br />

quand nos coûts de revient sont à 15 000 ou 16 000€,<br />

c’est clair, nous ne tiendrons pas. Ce serait dramatique<br />

pour les étudiants alors qu’on sait que l’apprentissage<br />

est une voie royale vers l’emploi. Car même si les<br />

entreprises demandent à former des apprentis, elles<br />

ne payeront pas la différence.<br />

Plutôt que de réduire le financement de chaque contrat,<br />

il faudra peut-être réduire le nombre de contrats, sachant<br />

qu’aujourd’hui nous n’ouvrons une place que si<br />

les Opco et les territoires donnent leur accord.<br />

O. R : Plusieurs régions viennent d’être<br />

reconfinées. Comment imaginez-vous que<br />

vous se dérouler les concours, notamment<br />

les concours post-prépas cette année ?<br />

A. G : Nous n’avons aujourd’hui aucune alerte sur l’organisation<br />

de nos écrits. Et nous sommes également<br />

prêts à organiser les oraux en présentiel avec un plan<br />

B à distance. L’année dernière, ce n’était pas possible,<br />

notamment en raison de « zones blanches » où les<br />

candidats n’auraient pas eu les liaisons Internet suffisantes.<br />

Cette année l’ensemble des écoles s’engagent<br />

à recevoir tous les candidats sur leurs campus, quelle<br />

que soit l’école dans laquelle ils postulent, pour être<br />

certains qu’ils puissent passer des oraux à distance<br />

dans de bonnes conditions.<br />

© Skema BS<br />

C’est à Suzhou que Skema a implanté son campus chinois<br />

O. R : Dans les années à venir les concours<br />

post prépas sont appelés à évoluer comme<br />

les classes préparatoires ECG ont déjà<br />

évolué. Dans quelles directions ?<br />

A. G : C’est prématuré d’en parler. Un groupe de travail,<br />

comprenant des représentants des écoles comme de<br />

l’Association des professeurs de classes préparatoires<br />

économiques et commerciales (APHEC), va bientôt<br />

remettre ses conclusions. Beaucoup d’idées sont sur<br />

la table, qu’il s’agisse de donner des points bonus à des<br />

boursiers – ce que les étudiants boursiers refusent -,<br />

ou aux carrés, de généraliser les entretiens collectifs<br />

ou de faire évoluer les épreuves de langues.<br />

O. R : Une question importante semble se<br />

poser sur la place des mathématiques<br />

dans les concours et, en pendant, celle des<br />

classes préparatoires ECG « mathématiques<br />

approfondies » qui pourraient pâtir de<br />

la réforme si les étudiants ne voient pas<br />

d’avantage clair à s’y orienter lors des<br />

concours.<br />

A. G : C’est effectivement une question qu’il faudra<br />

traiter dès que nous aurons des statistiques d’inscription<br />

dans ces classes préparatoires. De notre côté,<br />

nous avons un important travail de communication<br />

avec l’APHEC pour expliquer clairement comment on<br />

intègrera nos écoles.<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Thomas Froehlicher<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE RENNES SB<br />

« Être à Paris nous permet de jouer<br />

au plus haut niveau »<br />

Elle s’installe à Paris. Avec son dispositif<br />

de captation de cours eLive l’expérience<br />

de cours en distanciel se rapproche<br />

du présentiel. Et elle entend inventer<br />

aujourd’hui la salle de classe de demain.<br />

Rennes SB est en pleine transformation<br />

comme nous l’explique son directeur<br />

général, Thomas Froehlicher.<br />

Olivier Rollot : L’actualité de Rennes SB<br />

c’est son installation dès la rentrée <strong>2021</strong> à<br />

Paris, près de la gare Saint-Lazare, dans<br />

des locaux qu’occupait jusqu’ici Neoma.<br />

Qu’attendez-vous de cette première<br />

implantation en dehors de Rennes ?<br />

Thomas Froehlicher : Cette implantation faisait partie<br />

de notre plan stratégique 2018. Être à Paris nous donne<br />

un rayonnement international et une visibilité qui nous<br />

permet de jouer au plus haut niveau. Notamment parce<br />

que beaucoup de décideurs en executive education<br />

sont à Paris et qu’il est clé d’y être pour les toucher.<br />

De plus cela nous permet de nous rapprocher d’un<br />

grand nombre de nos diplômés, qui sont très actifs<br />

à Paris, tout en donnant des cours à nos étudiants<br />

en apprentissage qui souhaitent rester à Paris où<br />

s’effectuent 80 % de leurs contrats.<br />

Faire partie du top 10 des écoles de management françaises<br />

c’est aussi se donner les moyens d’obtenir des<br />

revenus importants des entreprises comme nous allons<br />

faire avec le manager de notre site parisien, Kirt Wood,<br />

un grand spécialiste des relations avec les entreprises.<br />

Par ailleurs, nous pourrons accueillir ponctuellement<br />

des entreprises bretonnes dans notre bâtiment.<br />

La campagne, un peu décalée, que nous avons faite<br />

pour expliquer notre implantation a reçu un excellent<br />

accueil.<br />

O. R : Depuis ce début février <strong>2021</strong> Rennes SB<br />

peut de nouveau recevoir assez largement<br />

ses étudiants. Comment analysez-vous la<br />

période difficile que nous venons de vivre ?<br />

T. F : Aujourd’hui notre campus est aussi plein que<br />

possible avec des étudiants heureux d’être là et de<br />

plus en plus respectueux des règles sanitaires. La<br />

vie associative reprend et nous comptons bien finir<br />

l’année en restant largement ouverts. Je crois que nous<br />

pouvons nous féliciter d’avoir toujours annoncé nos<br />

décisions bien en amont pour permettre à nos étudiants<br />

de s’organiser et à nos professeurs de se former. Avant<br />

Noël de nombreux étudiants, qui repartaient chez eux,<br />

nous ont demandé s’ils pourraient y rester – notamment<br />

ceux en dernière année de PGE et en alternance - et<br />

c’est une possibilité que nous leur avons donnée. En<br />

tout ce sont 40 % de nos étudiants qui ont ainsi préféré<br />

suivre leurs cours entièrement à distance.<br />

Le processus « ELive »<br />

En mars 2020 elle a été<br />

la première à annoncer la<br />

fermeture de son campus et le<br />

passage au distanciel. Dans le<br />

cadre du processus « ELive »<br />

et après une rentrée 2020 en<br />

présentiel puis en distanciel<br />

les cours ont aujourd’hui lieu<br />

en présentiel pour une partie<br />

de plus en plus importante<br />

des étudiants de Rennes SB.<br />

21 salles sont équipées pour<br />

un enseignement combinant<br />

dans une même situation<br />

pédagogique les interactions<br />

entre des étudiants en<br />

présence et à distance, y<br />

compris à l’étranger. Les<br />

étudiants non présents ont<br />

accès en direct aux mêmes<br />

cours et peuvent interagir<br />

comme les étudiants présents.<br />

Les cours demeurent<br />

également accessibles en<br />

replay pendant 6 mois.<br />

© Rennes SB<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

O. R : Distanciel / présentiel on ne fait plus la<br />

différence aujourd’hui ?<br />

T. F : Avec notre dispositif de captation de cours eLive<br />

(HiFlex), on ne se pose plus la question du distanciel vs.<br />

présentiel de la même manière. Nous avons pu équiper<br />

pas loin de 50 salles de dispositifs de captation vidéo<br />

et de barres son avec une centaine de e-modérateurs<br />

présents dans ces salles pour aider chaque professeur.<br />

Le « new normal » qui se profile doit intégrer les nouveaux<br />

comportements des entreprises. Et notamment<br />

en matière de recrutement. Les entreprises savent<br />

qu’aujourd’hui nos diplômés peuvent « pitcher en ligne »<br />

leur candidature et se mettre en valeur sur les réseaux<br />

sociaux comme Linkendin. Les salons carrière virtuels<br />

comme EFMD Highered Career Fair permettent de rencontrer<br />

des entreprises du monde entier. Recruteurs<br />

et candidats perdent le face à face mais y gagnent des<br />

opportunités d’entreprises mondiales et de nouvelles<br />

destinations.<br />

Aujourd’hui nous devons nous dire que cette pandémie<br />

nous fait basculer aussi dans un monde d’opportunités.<br />

Le mode bimodal devient la norme. Des systèmes immersifs<br />

de plus en plus intéressants se développent.<br />

Il faut cultiver son avatar !<br />

Il ne faut surtout pas parler de génération perdue mais<br />

au contraire de « génération agile ». Un exemple : nous<br />

créons des certificats – dont l’un avec Klaxoon - pour<br />

certifier les compétences en management digital. Nos<br />

étudiants ont acquis des compétences qui leur seront<br />

utiles toute leur vie.<br />

Je n’en mesure pas moins les mauvais moments par<br />

lesquels passnt nos étudiants. Si aujourd’hui on a<br />

dépassé le moment le plus difficile cet éloignement<br />

des campus a particulièrement été difficile à vivre<br />

pour les étudiants de première année. Et se posent<br />

également des problèmes financiers. Nous venons de<br />

verser début février 300 000 € de bourses sociales<br />

supplémentaires que les années précédentes à nos<br />

étudiants pour les soutenir. Sur l’année académique<br />

2020-<strong>2021</strong>, 1 million d’euros de bourses ont été versés<br />

par Rennes SB.<br />

O. R : Mais pour les plus âgés de vos<br />

étudiants la difficulté c’est maintenant<br />

d’arriver sur un marché de l’emploi déprimé…<br />

T. F : Nous avons effectivement des inquiétudes mais<br />

nous voyons aujourd’hui que l’emploi repart, en France<br />

et à l’international, même si secteurs sont plus difficiles.<br />

Les équipes de Rennes SB ont réalisé cette année un<br />

travail considérable pour aider nos étudiants à trouver<br />

des contrats en alternance, des stages et amener nos<br />

diplômés vers l’emploi.<br />

O. R : Et dans vos pédagogies qu’est-ce qui<br />

va encore changer ?<br />

T. F : Nous inventons aujourd’hui la salle de classe de<br />

demain pour 2024-2025 et un nouveau campus sur<br />

lequel nous travaillons déjà. Nous le pensons avec<br />

des salles de cours qui deviennent de vrais plateaux<br />

de diffusion avec tout ce que cela signifie en termes<br />

de qualité sonore ou de lumière. Avec des caméras qui<br />

suivent le professeur, d’autres qui se déplacent pour<br />

filmer ceux qui posent des questions on entre dans<br />

un autre univers, celui du théâtre, de la télévision,<br />

du spectacle. Et ensuite l’étudiant peut choisir l’angle<br />

qu’il préfère.<br />

Mais que d’opportunités s’ouvrent quand il devient<br />

possible de travailler avec des professeurs qui peuvent<br />

rester à 10 000 km de leurs étudiants tout en délivrant<br />

d’excellents cours. Et en plus c’est meilleur pour la<br />

planète ! Le tout est de se réveiller à des heures inhabituelles<br />

si on veut suivre les cours en synchrone. Et<br />

© Rennes SB<br />

Bientôt des locaux<br />

plus vastes à Rennes<br />

La chambre de commerce et<br />

d’industrie d’Ile et Vilaine,<br />

qui a impulsé la création de<br />

Rennes SB il y a presque 30<br />

ans, et dont l’école est voisine,<br />

va déménager et Rennes<br />

SB pourra alors bénéficier<br />

de 2,5 fois plus de terrain<br />

qu’aujourd’hui. Un campus<br />

plus vert avec plus d’espace<br />

pour l’expérience étudiante<br />

sera construit avec également<br />

plus de place consacrée aux<br />

partenaires de l’école.<br />

25


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

pour le professeur de ne pas oublier qu’il ne délivre<br />

pas son cours qu’aux étudiants qui sont en face de lui.<br />

En quelque sorte nous créons un « global campus ».<br />

O. R : Tout cela ne coûte-t-il pas très cher à<br />

mettre en œuvre ?<br />

T. F : C’est un investissement qui nous paraissait déjà<br />

indispensable avant la crise de la Covid. Une salle<br />

équipée eLive revient à environ 15 000 €. La prochaine<br />

génération d’équipements sera probablement un peu<br />

plus coûteuse. Mais il faut également penser que tout<br />

ne fonctionne pas ensuite automatiquement. C’est<br />

pour cela aussi que nous avons créé des postes de<br />

modérateurs e-live qui accompagnent les professeurs<br />

pendant leur cours.<br />

O. R : On sait qu’elle a été fortement impactée<br />

par la pandémie en 2020. Comment se porte<br />

l’Executive Education aujourd’hui ?<br />

T. F : Nous sommes en pleine croissance avec notre<br />

nouveau directeur, Jordane Pedron. Après un gel des<br />

formations jusqu’en octobre-novembre 2020 nous<br />

avons assisté à un complet basculement d’entreprises<br />

qui ont pris le virage du distanciel. La demande de salles<br />

interactives « eLive » est particulièrement forte pour<br />

ce public. Parce que les professeurs ont aussi besoin<br />

d’un public pour se mettre dans une certaine attitude,<br />

parce qu’il faut assurer la meilleure qualité possible,<br />

tenons à ce que nos professeurs viennent y donner<br />

leurs cours pour. À Paris c’est dans cet esprit que nous<br />

construisons notre campus.<br />

O. R : Vous avez évoqué l’apprentissage.<br />

Comment le développez-vous aujourd’hui<br />

alors qu’historiquement ce n’est pas une<br />

force de Rennes SB ?<br />

T. F : Nous assistons depuis deux ans à une explosion<br />

du nombre de nos alternants : + 40% entre 2018-2019<br />

et 2019-2020. Il est vrai en partant de très bas comme<br />

vous le soulignez en 2018 mais avec une dynamique qui<br />

ne se dément pas. Pour 2020-<strong>2021</strong> la hausse est de<br />

56 %. Nous passons ainsi de 240 à 390 étudiants de<br />

notre programme Grande école en apprentissage. L’an<br />

prochain, nous espérons entre 500 et 600 contrats<br />

d’alternance, en PGE3 pour la plupart de nos étudiants<br />

même s’il est possible d’être apprenti pendant deux<br />

ans en PGE2 et PGE3. L’alternance est aussi ouverte<br />

en Bachelor (IBPM) depuis cette année.<br />

O. R : Êtes-vous satisfait du niveau de prise<br />

en charge de vos apprentis par France<br />

Compétences, ce qu’on appelle le « coût<br />

contrat » ?<br />

T. F : Il est relativement bas et nous sommes amenés<br />

à travailler avec les entreprises pour que la prise<br />

en charge finale soit plus en rapport<br />

avec nos coûts. Je ne vous cache pas<br />

que c’est un sujet sur lequel je partage<br />

l’inquiétude de l’ensemble des écoles<br />

alors que de nouveaux arbitrages sont<br />

prévus pour 2022.<br />

O. R : On sait que vous êtes<br />

l’une des écoles les plus<br />

internationales qui soient – Le<br />

Point vient même de vous<br />

classer à la troisième place<br />

pour cet item - où en est le<br />

recrutement des étudiants<br />

internationaux à Rennes SB ?<br />

T. F : Ils reviennent ! Nous avons aujourd’hui<br />

250 inscrits de plus qu’il y a un<br />

an en formation initiale. Nous constatons<br />

notamment le retour des étudiants chinois<br />

et indiens qui savent que leurs cours<br />

leur seront délivrés qu’ils soient ou non présents en<br />

France. Nous gardons aussi l’acquis de la diversification<br />

des origines de nos étudiants étrangers constatée l’an<br />

passé. Mais il y a aussi des jeunes qui préfèrent rester<br />

à distance. Quant au classement que vous évoquez il<br />

souligne bien tout le travail effectué par l’école. Dans<br />

les quatre classements majeurs de la presse nous nous<br />

situons d’ailleurs aujourd’hui dans le top 10. Et nous allons<br />

encore progresser, avec cette année, par exemple, 15<br />

nouveaux professeurs qui nous rejoindront à la rentrée<br />

<strong>2021</strong> venant de nombreux horizons.<br />

O. R : C’est quand même difficile de suivre<br />

le même cours au même moment à Buenos<br />

Aires, Rennes et Shanghai !<br />

T. F : Pour peu qu’on considère la place des soirées, les<br />

journées sont longues. Les étudiants de trois continents<br />

peuvent tout à fait suivre deux tiers de cours synchrones<br />

pour un tiers d’asynchrones. Tous les cours eLive sont<br />

enregistrés et peuvent être suivis en « replay ».<br />

O. R : C’est une question que se posent<br />

beaucoup d’écoles : comment allez-vous<br />

organiser vos remises de diplôme cette<br />

année ?<br />

T. F : Nous devons même en réaliser deux : celle des diplômés<br />

2020 et celle des diplômés <strong>2021</strong>. Nous avons posé la<br />

question à nos étudiants : préférez-vous une remise des<br />

prix virtuelle en septembre sur une plateforme comme<br />

Virbela (distribuée en France par Laval Virtual), une remise<br />

hybride dès septembre ou attendre la fin 2020, voire<br />

début <strong>2021</strong> pour vous déplacer dans une zone tranquille<br />

et recevoir vos diplômes en présentiel. Le résultat est<br />

sans appel : 90 % des étudiants interrogés optent pour<br />

la troisième solution. Une sorte de super-graduation post<br />

Covid. Si tout va bien évidemment …<br />

© Rennes SB<br />

26


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Florence Legros<br />

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’ICN BS<br />

« Notre positionnement Art / technologie /<br />

management a le vent en poupe »<br />

L’ICN BS vient de connaître de beaux<br />

succès tant dans les palmarès que dans<br />

les inscriptions d’élèves de prépas.<br />

Directrice depuis 2015 de l’école,<br />

Florence Legros revient avec nous sur<br />

sa stratégie depuis bientôt six ans pour<br />

remettre l’ICN au centre du jeu.<br />

Olivier Rollot : ICN vient de vivre une très<br />

belle semaine. Côté programme grande école<br />

le nombre de candidats progresse de plus<br />

de 23 %. Côté bachelor l’Etudiant classe ICN<br />

premier et Le Parisien deuxième. Comment<br />

analysez-vous ces excellents résultats ?<br />

Florence Legros : Je pense que cela tient en premier<br />

lieu à notre triple accréditation. Déjà en mai 2020 quand<br />

nous avons été accrédités par l’AACSB (Association to<br />

Advance Collegiate Schools of Business) en plus d’Equis<br />

et Amba nous avions constaté une hausse du taux de<br />

transformation chez nos candidats issus de classes<br />

préparatoires. Et cette année près de 3 000 candidats<br />

ont coché la case ICN au sein du concours BCE.<br />

Les étudiants se disent également très intéressés par<br />

la possibilité d’effectuer indifféremment leur cursus sur<br />

nos campus de Nancy, Paris et Berlin et de passer de<br />

l’un à l’autre. Nous rencontrons ainsi pas mal d’étudiants<br />

inscrits en première année de PGE à Paris qui suivent<br />

leur deuxième année à Nancy.<br />

De plus notre positionnement « Art / technologie /<br />

management » hybride - ce que j’appelle notre « indisciplinarité<br />

» - a aujourd’hui le vent en poupe. Quand il<br />

faut casser les silos nous sommes précurseurs.<br />

À l’international nous avons su repositionner nos accords<br />

qui sont tous aujourd’hui avec des écoles accréditées.<br />

Enfin l’accompagnement individuel que nous proposons<br />

à nos étudiants, l’attention que nous portons à<br />

chacun de nos étudiants, le tutorat, sont au cœur de<br />

notre ADN. Fidèle à cette ADN, l’école a proposé un<br />

accompagnement pédagogique des élèves de classes<br />

prépas dans leurs révisions jusqu’au concours soutenu<br />

par l’implication de nos étudiants dans le cadre d’une<br />

stratégie adaptée aux attentes des élèves et de leurs<br />

professeurs.<br />

O. R : Cette progression n’est donc pas une<br />

surprise pour vous ?<br />

F. L : Nous savions déjà que nous étions sur une bonne<br />

trajectoire avec un recrutement d’élèves issus de classes<br />

préparatoires supérieur de 20 places à celui de 2020.<br />

Ce qui ne va pas nous empêcher d’être de plus en plus<br />

sélectifs. Le seul bémol pour nous c’est que nous ne<br />

pourrons sans doute pas proposer autant de places<br />

aux élèves issus de lycées qui nous soutiennent depuis<br />

longtemps que les autres années.<br />

O. R : C’est un vrai retour au premier plan<br />

pour ICN ?<br />

F. L : Après avoir longtemps été en situation de grande<br />

fragilité – le label Equis renouvelé pour seulement trois<br />

ans, un MBA que nous avons totalement refondu pour<br />

conserver Amba -, ICN retrouve peu à peu la place qu’elle<br />

n’aurait jamais dû quitter. L’obtention de l’accréditation<br />

AACSB nous a amenés à aller vite pour répondre aux<br />

demandes des experts.<br />

Le campus Artem<br />

En 2017 ICN Business<br />

School, Mines Nancy et<br />

l’École nationale supérieure<br />

d’art et de design de Nancy,<br />

les trois écoles membres<br />

d’Artem, se sont regroupées<br />

sur le même campus. La<br />

possibilité de travailler<br />

toujours plus ensemble dans<br />

l’esprit d’Artem alors que<br />

20 % des cours du PGE de<br />

l’ICN sont communs avec<br />

ceux des Mines. Tous les<br />

vendredis après-midi les<br />

étudiants des trois écoles se<br />

retrouvent autour de projets<br />

communs. Ils travaillent<br />

également sur des projets<br />

courts, « Artem Insight »,<br />

où ce sont les étudiants qui<br />

coachent les entreprises.<br />

© ICN BS<br />

27


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Maintenant quel est le futur des écoles de management<br />

en France ? Je vois trois possibilités : soit d’être avalées<br />

par des fonds et d’avoir les moyens de financement<br />

qui vont avec, soit d’être un gros paquebot, soit enfin<br />

de rester des écoles indépendantes à taille humaine.<br />

Des institutions d’environ 5 000 étudiants pour avoir<br />

la taille critique nécessaire et tout particulièrement<br />

pour posséder un corps enseignant.<br />

L’action que nous menons depuis quatre ans à ICN a<br />

permis de la remettre sur les bons rails. ICN est plus<br />

que jamais aujourd’hui une école de grande qualité qui<br />

garde son rang au sein des grandes écoles et ne cesse<br />

de progresser dans les classements. Notre projet est<br />

de rester une école à taille humaine tout en tendant vers<br />

les 5 000 étudiants à l’horizon 2026. C’est ce que nous<br />

indiquerons dans le futur plan stratégique quadriennal<br />

que nous sommes en train de réaliser.<br />

O. R : Se voir décerner le titre de premier<br />

bachelor de France ce n’est pas rien.<br />

Comment y êtes-vous parvenus ?<br />

F. L : C’est là aussi le résultat d’un très important travail<br />

sur le programme, son contenu, le corps enseignant,<br />

les partenaires internationaux mais aussi la sélection<br />

avec un changement de banque d’épreuves qui a été<br />

bénéfique. Dans ses conclusions sur l’obtention du<br />

grade de licence la Cefdg (Commission d’évaluation<br />

des formations et diplômes de gestion) a également<br />

salué notre proximité avec l’université de Lorraine et<br />

des institutions parisiennes.<br />

O. R : S’inscrire dans une politique de site est<br />

effectivement un critère important dans les<br />

attendus du grade de licence. Dites-nous en<br />

plus sur vos relations avec l’université de<br />

Lorraine qu’on sait privilégiées.<br />

F. L : Nos enseignants-chercheurs travaillent effectivement<br />

en commun avec ceux de l’université de<br />

Lorraine au sein de laboratoires mixtes. Là aussi c’est<br />

important pour acquérir la taille critique que j’évoquais.<br />

Nos publications représentent ainsi 50 % du total du<br />

Centre européen de recherche en économie financière<br />

et en gestion des entreprises (CEREFIGE).<br />

Cette proximité avec l’université nous permet également<br />

de proposer un double diplôme avec Mines Nancy mais<br />

aussi avec l’École nationale supérieure en génie des<br />

systèmes et de l’innovation (ENSGSI), qui sont toutes<br />

deux des composantes de l’université. C’est très important<br />

de casser les silos disciplinaires !<br />

O. R : En revanche vous ne touchez aucun<br />

financement de l’université de Lorraine ?<br />

F. L : Aucun. Nous remboursons même au CEREFI<br />

une partie de sa dotation universitaire. Notre seul<br />

financement public vient de l’Etat en notre qualité<br />

d’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt<br />

général (EESPIG). De plus nous ne versons pas<br />

de loyer pour notre bâtiment pour lequel nous avons<br />

juste à nous acquitter des charges locatives. En fait<br />

nous avons exactement les mêmes contraintes que<br />

toutes les écoles de management avec un financement<br />

à 98 % privé.<br />

O. R : Vous le répétez : il faut « casser les<br />

silos ». Votre outil pour cela c’est votre<br />

alliance Artem ?<br />

F. L : A Nancy, Paris comme Berlin nous mettons<br />

en avant notre positionnement « Art / technologie /<br />

management » dans le cadre de ce que nous avons<br />

appelé la « Station A ». À Paris et Berlin nous offrons<br />

la même expérience avec un « Club A international » et<br />

des partenaires spécifiques : les écoles Charpentier et<br />

Boulle à Paris, l’école d’art à Berlin, pour des ateliers<br />

conjoints en arts et design. Nous ne dupliquons pas<br />

Artem à l’identique partout. Nous avons le vent en<br />

poupe mais nous devons continuer à avancer pour<br />

affiner notre identité.<br />

O. R : Avez-vous de nouveaux projets à<br />

l’international en plus de votre campus<br />

berlinois ?<br />

F. L : Nous sommes présents en Chine, à Shanghai, où<br />

nous délivrons un E-MSc de concert avec la East China<br />

Science and Technology University. À Berlin il nous reste<br />

à mieux encore nous établir en augmentant la taille de<br />

notre corps professoral pour avoir la reconnaissance<br />

du Sénat berlinois et délivrer un diplôme Kaufmann.<br />

28<br />

Et les oraux ?<br />

L’ICN retient aujourd’hui<br />

trois scénarios : des oraux<br />

in situ, des oraux à distance<br />

et un retour à la situation<br />

de 2020. « Nous sommes<br />

assez prêts de la deuxième<br />

option. Si les oraux doivent<br />

finalement avoir lieu à<br />

distance nous nous sommes<br />

engagés collectivement au<br />

sein de la BCE à ouvrir<br />

nos écoles à tous les<br />

candidats du territoire qui<br />

habitent dans des zones<br />

mal connectées à Internet.<br />

Quelle que soit l’école dans<br />

laquelle ils postulent »,<br />

commente Florence Legros.<br />

© ICN BS


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Un atelier hybride à Artem<br />

Hybrider les savoirs :<br />

la nouvelle frontière<br />

Quand un manager devient également ingénieur,<br />

quand un étudiant d’école de commerce apprend<br />

à travailler avec un designer, lorsqu’une école<br />

d’art s’ouvre à d’autres profils tous forment des<br />

diplômés hybrides. Des diplômés que les entreprises<br />

s’arrachent pour leurs capacités à gérer des équipes<br />

multidisciplinaires autant que pour leurs capacités<br />

d’innovation à la jonction de plusieurs spécialités.<br />

© Artem<br />

29


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Maîtriser à la fois des compétences<br />

scientifiques et de management,<br />

de gestion et de droit, de design<br />

et de commerce, en un mot présenter<br />

un profil hybride est aujourd’hui un vrai<br />

atout pour intégrer une entreprise. Si<br />

l’obtention d’un double diplôme – le plus<br />

souvent en management en plus de son<br />

diplôme initial – est la voie la plus classique,<br />

les établissements d’enseignement<br />

supérieur offrent de plus en plus<br />

d’occasions de rencontrer et travailler<br />

avec d’autres profils. La problématique<br />

répond d’abord aux besoins d’entreprises<br />

dans lesquelles les équipes marketing,<br />

recherche et développement ou encore<br />

design ont le plus souvent beaucoup de<br />

mal à se comprendre. Mais elle répond<br />

aussi à une constante de l’innovation<br />

ces dernières années : elle s’établit<br />

plus en plus à la jonction de différentes<br />

disciplines. « Dans un monde de plus<br />

en plus complexe, nous voulons ouvrir<br />

nos étudiants à de nouveaux champs<br />

disciplinaires, en leur proposant des<br />

parcours de formation croisés avec<br />

d’autres institutions académiques, écoles<br />

d’ingénieurs, IEP ou autres », commente<br />

Emmanuel Métais, le directeur de l’Edhec<br />

dont l’hybridation est l’une des trois<br />

grandes aspirations du plan stratégique<br />

« Edhec for Future Generations ». C’était<br />

également l’un des objectifs du Livre blanc<br />

« Se former aux métiers de demain »<br />

qu’ont publié de concert en 2020 Arts<br />

et Métiers et Neoma dont la directrice<br />

générale, Delphine Manceau remarque :<br />

« Les compétences demandées par les<br />

entreprises sont en forte évolution. Les<br />

compétences de demain seront hybrides<br />

parce qu’il faut absolument apprendre à<br />

travailler avec des profils différents ». Une<br />

approche qui ne date pas d’hier à ESCP<br />

comme le souligne Frank Borunois : « En<br />

travaillant sur l’histoire de l’école pour le<br />

bicentenaire, nous avons redécouvert<br />

que l’approche multidisciplinaire était<br />

présente dès le début à l’ESCP : cours<br />

de chimie (aujourd’hui on fait du coding<br />

et du big data management), cours de<br />

langue, de géopolitique… Ce qu’on feint<br />

d’inventer un peu partout existe chez<br />

nous depuis 200 ans ! »<br />

Forger des alliances<br />

Les rapprochements entre différents<br />

types d’écoles peuvent être formalisés<br />

au sein d’alliances. « Notre positionnement<br />

Art / technologie / management<br />

hybride - ce que j’appelle notre « indisciplinarité<br />

» - a aujourd’hui le vent en<br />

poupe. Quand il faut casser les silos<br />

Poursuivre ses études<br />

pour s’hybrider<br />

La formule la plus<br />

classique d’hybridation<br />

des compétences est la<br />

poursuite d’études. À l’issue<br />

d’une Grande école elle est<br />

beaucoup plus fréquente chez<br />

les ingénieurs (7,8 %) que<br />

chez les diplômés des écoles<br />

de management (4,4 %). Pour<br />

les ingénieurs, c’est d’abord<br />

l’occasion d’acquérir une<br />

compétence complémentaire<br />

(57 % des cas), 32 %<br />

souhaitant acquérir une<br />

spécialisation dans le cadre<br />

de leur projet professionnel.<br />

Quant aux managers ils<br />

voient dans la poursuite<br />

d’études un moyen d’acquérir<br />

une spécialisation (52 % des<br />

cas) alors que, pour 34 %,<br />

c’est une façon d’acquérir une<br />

compétence complémentaire.<br />

Les mastères spécialisés<br />

accrédités par la Conférence<br />

des grandes écoles et les<br />

masters universitaires<br />

sont choisis, dans les<br />

deux tiers des cas.<br />

Source : Enquête Insertion<br />

jeunes diplômés de la<br />

Conférence des grandes<br />

écoles, juin 2020.<br />

Travail en groupe à Montpellier BS<br />

© MBS<br />

30


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

nous sommes précurseurs », se félicite<br />

Florence Legros, directrice de l’ICN, l’école<br />

qui a parmi les premières mis en avant<br />

l’interdisciplinarité en créant l’Alliance<br />

Artem de concert avec Mines Nancy et<br />

l’Ensad Nancy, qui insiste : « Il ne s’agit<br />

pas de saupoudrer plusieurs disciplines<br />

et de parler de pluridisciplinarité. Nos<br />

étudiants explorent des disciplines dont<br />

les vocabulaires sont très différents au<br />

travers de projets communs. Et l’étincelle<br />

naît souvent à la marge de chaque<br />

discipline quand les étudiants des autres<br />

écoles s’en emparent pour en repousser<br />

les frontières. Ils dépassent des frontières<br />

et pourront demain apporter beaucoup<br />

aux entreprises qui les recruteront ». À<br />

Paris comme à Berlin l’ICN propose aujourd’hui<br />

la même expérience Artem qu’à<br />

Nancy avec un « Club A international » et<br />

des partenaires spécifiques : les écoles<br />

Charpentier et Boulle à Paris, l’école d’art<br />

à Berlin, pour des ateliers conjoints en<br />

arts et design.<br />

L’Alliance qui lie Audencia, Centrale Nantes<br />

et l’École d’architecture nantaise est<br />

un autre exemple de rapprochements<br />

très forts entre trois types d’écoles. Et<br />

le directeur de l’école de management,<br />

Christophe Germain, entend aller encore<br />

plus loin aujourd’hui dans le cadre de<br />

son plan stratégique « ECOS 2025 » :<br />

« Nous voulons renforcer et augmenter<br />

l’hybridation des compétences chez<br />

nos étudiants. L’étudiant d’Audencia de<br />

demain, l’ « Homo Audenciens », devra<br />

posséder trois types de compétences :<br />

des compétences sociétales, des compétences<br />

professionnelles et des compétences<br />

comportementales validées<br />

par un passeport keys. Depuis 10 ans<br />

grâce à l’Alliance avec Centrale Nantes<br />

et l’ensa, nous avons été des pionniers<br />

dans ce domaine ».<br />

Créer des ensembles multidisciplinaires<br />

Les rapprochements se nouent également<br />

dans le cadre de grandes universités<br />

comme l’explique Herbert Castéran, le<br />

directeur de l’EM Strasbourg dont l’école<br />

est partie intégrante de l’Université de<br />

Strasbourg : « Faire partie d’une grande<br />

université c’est également hybrider les<br />

compétences avec les écoles d’architecture<br />

ou d’ingénieurs de l’université<br />

mais aussi Sciences Po Strasbourg et<br />

les autres composantes de l’université.<br />

Nous avons même organisé avec l’Ena<br />

un hackathon ».<br />

De même les groupes d’écoles permettent<br />

à leurs étudiants de se rapprocher. C’est<br />

le cas des écoles de l’Institut Mines Télécom<br />

(IMT) et singulièrement de l’Institut<br />

Mines Télécom business school et de<br />

Télécom SudParis qui étaient même à<br />

l’origine une seule école. « Aujourd’hui<br />

nous sommes deux écoles distinctes<br />

mais toujours intimement imbriquées.<br />

C’est unique en France. Nous délivrons<br />

toujours des cours en commun, plusieurs<br />

spécialités de 3 ème année sont mixtes<br />

ingénieurs-managers. Des projets d’entreprise<br />

hybrides naissent aussi dans<br />

notre incubateur, partagé aussi avec une<br />

autre école d’ingénieurs, l’ENSIIE », relate<br />

Denis Guibard, le directeur de l’Institut<br />

Hybrides à la base<br />

Alors que les doubles diplômes requièrent<br />

le plus souvent une année d’études<br />

supplémentaires se développent également<br />

des diplômes hybrides dans leur conception<br />

même. Alliant TEchnologie et MAnagement<br />

TEMA est ainsi un programme post-bac<br />

en 5 ans amenant ses étudiants vers une<br />

triple compétence autour du management,<br />

du digital et de la créativité. « TEMA inclut<br />

un semestre d’échange hors management,<br />

en deuxième année, dédié à la tech ou à<br />

la créativité, qui favorise la fertilisation<br />

croisée et développe l’habitude des<br />

étudiants à travailler avec des spécialistes<br />

de ces domaines », explique la directrice<br />

générale de Neoma, la maison mère de<br />

Tema, Delphine Manceau. Ils peuvent par<br />

exemple passer un semestre au sein de<br />

l’Epitech, de l’Université de Technologie de<br />

Troyes (UTT), de l’ESIGELEC ou du CESI<br />

pour les technologies et l’ingénierie, ou alors<br />

au sein de l’ESADHaR (École Supérieure<br />

d’Art et Design Le Havre-Rouen), à ESMOD<br />

ou à l’École de design de Y schools pour<br />

un échange plus orienté créativité.<br />

Depuis la rentrée universitaire 2020<br />

Sciences Po dispense une nouvelle licence<br />

interdisciplinaire, le Bachelor of Arts and<br />

Sciences (BASc) dès sa première année.<br />

Délivré à l’issue d’un double cursus d’une<br />

durée de quatre ans le BASc associe les<br />

sciences et les sciences humaines et<br />

sociales « À travers l’étude des grands<br />

thèmes transversaux de notre siècle dont la<br />

transition écologique, l’intelligence artificielle<br />

et les big data ou encore la manipulation<br />

du vivant et ses enjeux éthiques nous<br />

bâtissons des ponts entre les disciplines »,<br />

définit Nicolas Benvegnu, le directeur du<br />

nouveau bachelor. « Avec ce nouveau BASc<br />

nous souhaitons répondre au projet de<br />

Sciences Po depuis sa création : comprendre<br />

l’environnement dans lequel on vit et former<br />

des étudiants qui seront des acteurs de<br />

l’évolution du monde », confie Stéphanie<br />

Balme, la doyenne du collège universitaire,<br />

qui explique : « Aujourd’hui ce qui transforme<br />

nos sociétés ce sont essentiellement des<br />

objets liés aux sciences. D’où la nécessité<br />

d’aller chercher des enseignants-chercheurs<br />

en dehors de notre faculté pour donner<br />

une double réponse ». Dans ce cadre la<br />

philosophie politique, le droit, les SHS en<br />

général sont sollicitées pour « agir sur le<br />

monde et changer de pratique pour aller<br />

plus loin dans l’interdisciplinarité ».<br />

31


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Mines Télécom business school. Avec<br />

Télécom SudParis et l’ENSIIE son école<br />

organise chaque année depuis 20 ans le<br />

Challenge Projets d’Entreprendre® où les<br />

étudiants des trois écoles viennent pitcher<br />

leurs projets de start-up. « Dans toute la<br />

vie étudiante du campus nos étudiants<br />

se mélangent, et les associations sont<br />

mixtes, ce qui est très structurant. On ne<br />

peut jamais savoir qui est un ingénieur,<br />

qui est un manager quand on va sur notre<br />

campus commun ! Même dans l’administration<br />

des deux écoles plusieurs services<br />

sont communs », reprend le directeur.<br />

Le groupe Inseec U. regroupe également<br />

écoles de management – Inseec, ESCE,<br />

EBS – et d’ingénieurs avec l’ECE. « Nos<br />

étudiants ne doivent pas seulement être<br />

dans une école d’ingénieurs comme l’ECE,<br />

de management ou de communication.<br />

Notre force c’est de proposer une diversité<br />

d’intérêts et de réunir ces étudiants<br />

de différentes écoles sur nos campus<br />

ou entre nos campus en France et à<br />

l’étranger. Plus encore avec la réforme<br />

du bac général nous allons pouvoir hybrider<br />

les compétences. Un groupe qui<br />

n’est pas monolithique comme le nôtre<br />

est le mieux à même de faire vivre ensemble<br />

des disciplines différentes »,<br />

assure Mathias Emmerich, le président<br />

du groupe Inseec U.<br />

Des business schools qui étendent<br />

leurs compétences<br />

Les écoles de management étendent<br />

également considérablement le champ<br />

de leurs compétences. Témoin Skema<br />

qui entend aujourd’hui devenir un institut<br />

multidisciplinaire autour du business.<br />

« Nous avons déjà créé une école de droit<br />

(Law for Business) at Brésil et nous formalisons<br />

la maquette de notre école AI for<br />

Business aux États-Unis. En France nous<br />

travaillons à la création de notre propre<br />

école de design après avoir travaillé avec<br />

un partenaire », signifie sa directrice<br />

générale, Alice Guilhon. Mais c’est dans<br />

l’Intelligence artificielle (IA) que l’ambition<br />

de l’école est la plus forte avec notamment<br />

la création à Montréal d’un laboratoire<br />

dédié qui irrigue tous nos programmes.<br />

Revenons un peu en arrière. « Quand l’IA<br />

est apparue nous avons commencé par<br />

créer un double diplôme avec une école<br />

d’ingénieurs spécialisée, l’Esiea. Il y a<br />

trois ans nous nous sommes demandé<br />

quel était l’environnement emblématique<br />

en IA et Montréal nous est rapidement<br />

apparu comme la ville à privilégier. Làbas<br />

nos professeurs s’appuient sur tout<br />

l’écosystème montréalais pour dessiner<br />

des programmes qui sont ensuite basculés<br />

sur tous nos sites. Et notamment<br />

à Sophia Antipolis où nous possédons un<br />

institut d’IA qui compte 25 professeurs »,<br />

détaille la directrice.<br />

Pour renforcer l’hybridation de ses programmes,<br />

Audencia va les réformer pour<br />

y intégrer également des enseignements<br />

relatifs à l’intelligence artificielle (IA),<br />

les datas ou encore l’information responsable.<br />

Elle proposera également<br />

des parcours doubles compétences à<br />

l’international. Pour leur séjour à l’étranger,<br />

les étudiants pourront par exemple<br />

suivre un semestre dans une école de<br />

gastronomie à Florence, suivre des cours<br />

dans une école de gaming aux Pays-Bas<br />

ou bien dans une école de diplomatie à<br />

Washington, etc. « Nous voulons associer<br />

passion et professionnalisation, intérêt<br />

pour les métiers de l’image, les sciences<br />

politiques, l’ingénierie, l’architecture, les<br />

arts, la technologie, etc. et le management.<br />

Demain, le pourcentage d’étudiants<br />

« hybrides » devrait avoisiner les 40 % »,<br />

assure encore Christophe Germain, qui a<br />

également signé un accord avec Sciences<br />

Po Saint-Germain qui peut déboucher<br />

sur un double diplôme.<br />

Le Graal du double diplôme<br />

Ils ne sont pas encore nombreux mais<br />

chaque année des étudiants ingénieurs<br />

intègrent une école de management en<br />

cours de cursus pour y obtenir les diplômes<br />

des deux écoles. Et, encore moins<br />

nombreux, les étudiants en management<br />

– très forts en maths et en physique ! – qui<br />

s’ouvrent les portes d’écoles d’ingénieurs.<br />

C’est le cas de Raphaël, double diplômé<br />

Un manager<br />

sachant coder…<br />

Maintenant également partie<br />

intégrante de la formation<br />

des élèves de classes<br />

préparatoires économiques et<br />

commerciales, l’apprentissage<br />

du coding a droit de cité dans<br />

de plus en plus d’écoles de<br />

management. « La NEOMA<br />

Coding School que nous<br />

lançons permettra aux<br />

étudiants et diplômés de<br />

l’école d’aborder les bases<br />

du codage. En travaillant<br />

largement entre pairs sur<br />

le langage le plus utilisé,<br />

Python, mais également<br />

sur d’autres s’ils le<br />

souhaitent puisque plus de<br />

25 langages sont proposés<br />

avec des modules complets<br />

sur Python, HTML, CSS,<br />

PHP, JQuery, Ajax et<br />

MySQL », détaille Imen<br />

Mejri, la directrice du<br />

programme Grande école<br />

de Neoma BS qui insiste :<br />

« Notre objectif n’est pas de<br />

former des spécialistes du<br />

développement informatique<br />

mais de délivrer les<br />

fondamentaux de la culture<br />

digitale pour échanger<br />

plus facilement avec des<br />

experts. Tous les étudiants<br />

volontaires pourront s’y<br />

inscrire. Notamment ceux<br />

qui veulent créer leur<br />

propre entreprise ».<br />

32


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Voisines, Audencia et Centrale Nantes ont créé une Alliance<br />

© TBS<br />

de CentraleSupélec et de l’Essec : « Ce<br />

double diplôme a élargi mon horizon de<br />

concepts. J’ai pu poser des questions<br />

et faire des ponts entre des concepts<br />

auxquels je n’aurais pas pensé avant le<br />

double diplôme. Dans ce sens, le double<br />

diplôme est plus que la somme des parties,<br />

car il ajoute une dimension dans le<br />

processus de construction intellectuelle ».<br />

ESCP a ainsi développé une stratégie<br />

de double-diplômes depuis de longues<br />

années avec les écoles d’ingénieur :<br />

CentraleSupélec, ENSAE, ESTP, puis<br />

Mines ParisTech mais également avec<br />

le Politecnico deTurin ou le Politecnica<br />

de Madrid. « Notre stratégie de double<br />

diplôme dépasse les écoles d’ingénieurs.<br />

Depuis quatre ans, nous renforçons<br />

cette stratégie de double compétence<br />

avec l’approche ABCDE (Art, Business,<br />

Cultures, Diplomacy, Engineering). Cela se<br />

traduit par les doubles diplômes Master<br />

signés récemment avec l’IFM, Ferrandi<br />

et MGIMO sur la diplomatie en Russie. Et<br />

aussi notre accord d’échange avec l’École<br />

des affaires publiques de Tsinghua pour<br />

le MiM et l’École des Sciences Sociales<br />

de Tsinghua pour le Bachelor », détaille<br />

Frank Bournois.<br />

Dans le même esprit Sciences Po Lille et<br />

l’Edhec ont formalisé un rapprochement<br />

qui débouche également sur un double<br />

diplôme en management des politiques<br />

publiques. « Il nous paraît très intéressant<br />

de marier nos forces autour du<br />

management de la fonction publique.<br />

Encore plus aujourd’hui avec la pandémie<br />

même si nous avions lancé le projet bien<br />

avant », explique le directeur de Sciences<br />

Po Lille, Pierre Mathiot quand Emmanuel<br />

Métais met l’accent sur l’hybridation<br />

des profils que génère l’accord : « Il y a<br />

de vraies vertus pédagogiques à avoir<br />

des formations hybrides. Etre confronté<br />

à d’autres disciplines, savoirs, permet<br />

d’acquérir une gymnastique particulière.<br />

Cela facilitera ensuite l’intégration dans<br />

des équipes hétérogènes même s’il y a une<br />

sorte de cousinage entre nos étudiants ».<br />

Olivier Rollot<br />

Des certificats<br />

d’excellence<br />

TBS propose à ses étudiant<br />

d’obtenir des certificats<br />

d’excellence qui attestent<br />

de leurs compétences en :<br />

• « Big data » pour répondre à<br />

des problématiques business<br />

en manipulant les données<br />

de façon stratégique ;<br />

• « Scale-Up » pour<br />

savoir gérer les phases<br />

d’accélération d’une startup<br />

dans les trois à dix ans<br />

où elle peut connaitre une<br />

croissance exponentielle ;<br />

• « Consulting » avec nos<br />

partenaires (Capgemini,<br />

PwC, CGI, Wavestone et<br />

Sopra-Steria) pour développer<br />

une vraie connaissance du<br />

secteur au travers d’ateliers<br />

conçus par les professionnels<br />

de ces cabinets ;<br />

• « CSR » pour attester<br />

de leurs compétences<br />

opérationnelles en matière<br />

de responsabilité sociale<br />

des entreprises. Ce certificat<br />

est obligatoire parce que<br />

nous voulons former des<br />

managers responsables et<br />

que cela est dans l’ADN de<br />

TBS depuis des décennies.<br />

33


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

A TBS, une expertise<br />

supplémentaire pour tous<br />

les étudiants<br />

Proposer des formations différenciantes à forte valeur ajoutée :<br />

c’est l’objectif de TBS qui mise sur l’hybridation et la transversalité.<br />

Explications d’Anne Rivière, directrice du programme grande école.<br />

Depuis quelques années, l’hybridation a le vent<br />

en poupe dans les formations d’enseignement<br />

supérieur. « Plus qu’un effet de mode, il s’agit<br />

de donner des compétences transversales aux<br />

étudiants, pour faire en sorte qu’ils puissent résoudre<br />

des problèmes complexes, souligne Anne Rivière, directrice<br />

du programme grande école de TBS : l’objectif est<br />

d’éviter que les futurs managers que nous formons aient<br />

une vision trop cloisonnée et ce, quelles que soient les<br />

fonctions qu’ils se destinent à occuper ». Forte de cette<br />

conviction, l’école toulousaine a mis en place différents<br />

dispositifs qui permettent à chaque élève d’acquérir, en<br />

plus de son diplôme de master en management, une<br />

expertise adaptée à ses appétences et à son projet<br />

professionnel.<br />

L’OUVERTURE PERMISE PAR LES DOUBLES-<br />

DIPLÔMES<br />

Première manière pour une étudiante ou un étudiant<br />

d’élargir son spectre de compétences : décrocher un<br />

double-diplôme. Si ce type de partenariat existe depuis<br />

longtemps, TBS continue à entretenir et à développer ses<br />

relations avec d’autres établissements d’enseignement<br />

supérieur. Au niveau international, les accords avec<br />

22 universités étrangères, réparties partout dans le<br />

monde, offrent aux élèves une ouverture interculturelle<br />

indéniable, et l’occasion, pour certains, de commencer<br />

leur carrière à l’étranger.<br />

En France, l’école a surtout créé des liens au sein de son<br />

écosystème toulousain : le partenariat avec Sciences<br />

Po Toulouse apporte une autre vision des relations<br />

internationales, grâce à une dimension géopolitique qui<br />

complète l’approche managériale. Il permet aussi aux<br />

élèves qui le souhaitent de s’orienter vers les métiers<br />

de la presse. Les amateurs de technique, quant à eux,<br />

sont invités à suivre un cursus d’ingénieur-manager :<br />

après l’Insa, l’Enac et l’Ecole des mines d’Albi, TBS est<br />

en discussion avec l’école de Purpan, plus orientée vers<br />

les sciences du vivant et l’agriculture. Dans tous les cas,<br />

l’objectif est le même : permettre aux étudiants intéressés<br />

par l’industrie de travailler et d’interagir efficacement<br />

avec des interlocuteurs qui occupent des fonctions<br />

techniques. « Si ces diplômes d’ingénieur sont reconnus<br />

par la Commission des titres d’ingénieurs, nos étudiants<br />

restent des managers, précise Anne Rivière. Mais ils<br />

sont suffisamment avertis sur le plan technique pour<br />

être légitimes et avancer sur les projets dans lesquels<br />

ils sont impliqués. »<br />

L’EXPERTISE DES MASTERS OF SCIENCE<br />

Au-delà de ces accords avec des établissements partenaires,<br />

les étudiantes et les étudiants peuvent acquérir<br />

une double compétence ou un niveau d’expertise élevé<br />

au sein même de TBS : « depuis septembre 2020, les<br />

spécialisations de M2 ont en effet été déployées sur<br />

des maquettes de MSc (Masters of Science), formation<br />

la plus reconnue à l’international pour les diplômes<br />

de management », indique la directrice du PGE. Les<br />

étudiants peuvent se consacrer à un secteur en par-<br />

Un profil mixte grâce au Msc Management des activités<br />

créatrices et culturelles<br />

Férue de cinéma, Valentine Meiller est<br />

résolue à travailler dans ce secteur. En<br />

dernière année de TBS, la jeune fille de<br />

24 ans a opté pour le MSc Management<br />

des activités créatrices et culturelles :<br />

« l’idéal, d’après elle, pour avoir un profil<br />

mixte qui conjugue la passion et les<br />

compétences en management, alors que<br />

cette double culture est peu courante<br />

dans le milieu artistique. Avec ce master,<br />

on se forme en droit, gestion, négociation,<br />

marketing… », énumère Valentine. Autant<br />

de compétences utiles dans les métiers<br />

de la production auxquels elle se destine.<br />

D’autres pensent plutôt s’orienter vers la<br />

musique, le spectacle vivant ou les jeux<br />

vidéo. Au-delà des affinités personnelles<br />

qui déterminent le choix des stages, « le<br />

programme des cours reste transversal,<br />

souligne Valentine : on touche à tout, mais<br />

toujours dans la culture ». En outre, alors<br />

que TBS est présente depuis 20 ans ce<br />

secteur, les étudiants peuvent s’appuyer<br />

sur le réseau des alumni, un atout de taille<br />

pour pénétrer ce milieu difficile d’accès.<br />

34


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Dell et Microsoft pour le big data.<br />

ticulier, comme l’aéronautique ou la culture, ou choisir<br />

de creuser un aspect spécifique lié à une fonction en<br />

entreprise : le marketing digital et le e-commerce, la<br />

finance corporate, l’entrepreneuriat et le développement<br />

commercial… Au total, 28 MSc sont disponibles dans le<br />

catalogue de formation.<br />

« Pour chaque spécialité, poursuit Anne Rivière, nous<br />

nous appuyons sur l’excellence académique de notre<br />

corps professoral : experts de leur domaine, nos enseignants-chercheurs<br />

ont aussi le souci de construire des<br />

profils hybrides ». Mises en situation, études de cas et<br />

rencontres doivent permettre aux élèves de développer<br />

une compréhension globale des enjeux professionnels<br />

du secteur qu’ils ont choisi. Ainsi, dans le MSc « Big data,<br />

marketing et management », l’accent est résolument<br />

mis sur la pluridisciplinarité puisqu’il s’agit à la fois de<br />

mesurer l’impact de l’intelligence artificielle dans le<br />

monde des affaires, de saisir l’importance stratégique<br />

des données et de maîtriser les outils permettant d’en<br />

faire une analyse stratégique.<br />

Très professionnalisants, les MSc comportent également<br />

une dimension recherche conséquente. Encadrées par<br />

des enseignants-chercheurs, ces formations visent en<br />

effet à « montrer aux étudiants comment la connaissance<br />

créée dans les centres de recherche peut être<br />

appliquée à des questions concrètes d’entreprise »,<br />

explique Anne Rivière.<br />

L’EXCELLENCE RECONNUE PAR DES CERTIFICATS<br />

Enfin, à côté des double-diplômes et des Masters of<br />

Science, TBS a mis en place depuis 2019 des certificats<br />

d’excellence : occupant un volume horaire moindre, ils<br />

sont conçus comme « des marqueurs d’excellence<br />

professionnelle » qui permettent de concrétiser des<br />

choix de spécialité et d’ajouter de la valeur au diplôme et<br />

aux compétences des étudiants. Au nombre aujourd’hui<br />

de huit, certains de ces certificats sont délivrés par<br />

des organismes professionnels ou des entreprises<br />

reconnues dans leur secteur, comme c’est le cas de<br />

D’autres certificats sont internes à TBS, qui s’unit parfois<br />

à des entreprises partenaires. Développés tout au long<br />

du cursus à travers des cours, des études de cas et<br />

en général la rédaction d’un mémoire de recherche, ils<br />

permettent d’acquérir des compétences spécifiques sur,<br />

par exemple, les problématiques de l’hypercroissance<br />

ou la gestion du climat. Si la plupart des certificats sont<br />

proposés aux étudiants qui souhaitent approfondir leurs<br />

connaissances dans un domaine, deux d’entre eux sont<br />

intégrés à tous les parcours parce qu’ils portent sur des<br />

sujets que TBS considère comme « des incontournables<br />

du management d’aujourd’hui » : les softs skills et la RSE<br />

(responsabilité sociétale des entreprises).<br />

LA TRANSVERSALITÉ COMME MOT D’ORDRE<br />

A travers ces différents dispositifs, l’école toulousaine<br />

s’attache ainsi à « former des managers ouverts, qui ne<br />

réfléchissent pas en silos, et responsables, parce qu’ils<br />

sont conscients des enjeux de la transition écologique,<br />

sociétale mais aussi numérique, à travers la question<br />

des données », observe Anne Rivière. Inscrites dans<br />

le socle commun, ces thématiques sont abordées sur<br />

l’ensemble du cursus et dans toutes les disciplines.<br />

La directrice du PGE entend également mettre davantage<br />

l’accent sur l’apport des sciences humaines et sociales<br />

pour le management : « la philosophie, la sociologie ou<br />

l’anthropologie sont des outils conceptuels qui alimentent<br />

la recherche en gestion et peuvent être utiles pour la<br />

prise de décision », insiste-t-elle. Et de conclure : « la<br />

transversalité fait partie de notre ADN. C’est cette<br />

excellence que TBS veut promouvoir. »<br />

Le certificat d’excellence Scale-Up,<br />

« un bonus pour élargir ses compétences »<br />

A l’issue de son DUT Gestion des<br />

entreprises et des administrations, Maxime<br />

Hugonenc a un objectif clair : approfondir<br />

ses connaissances et compétences en<br />

finance. Admis à TBS, il sait dès la L3<br />

qu’il se dirigera en fin de parcours vers le<br />

MsC Controlling and Risk management.<br />

En attendant, il choisit des cours pour<br />

commencer à se spécialiser dans le<br />

domaine de l’audit et aussi obtenir à terme<br />

le certificat d’excellence Scale-Up : « un<br />

bonus, dit-il, qui permet d’élargir sa palette<br />

de compétences car on acquiert une vision<br />

globale de l’évolution d’une entreprise ».<br />

Au programme du M1 : des cours sur les<br />

business models et l’hypercroissance, mais<br />

aussi un challenge dans le cadre duquel<br />

les élèves doivent proposer un plan de<br />

développement à une scale-up de la région<br />

: « travailler sur un projet très concret qui<br />

va peut-être servir à une entreprise locale,<br />

c’est vraiment un plus », estime Maxime.<br />

L’étudiant se réjouit aussi de pouvoir compter<br />

sur la notoriété de KPMG, partenaire du<br />

certificat : « cette reconnaissance par<br />

l’un des big four de l’audit et l’advisory...<br />

donnera de la plus-value à mon diplôme ».<br />

35


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Nicolas Arnaud<br />

DIRECTEUR DES PROGRAMMES DE AUDENCIA BS<br />

Annabel-Mauve Bonnefous<br />

DOYENNE DES PROGRAMMES DE EMLYON BS<br />

Quel sera l’enseignement de demain ?<br />

Cet entretien est issu du livre blanc<br />

« Des études à l’emploi, les Grandes écoles se réinventent »<br />

que vient de publier Audencia<br />

Ils dirigent l’ensemble des programmes<br />

de leur école. Nicolas Arnaud, directeur<br />

des programmes de Audencia BS et<br />

Annabel-Mauve Bonnefous, doyenne des<br />

programmes de emlyon BS, reviennent<br />

avec nous sur comment leurs écoles<br />

respectives ont su s’adapter aux<br />

contraintes de la pandémie et comment<br />

elles en tirent des conclusions pour<br />

mieux se réinventer.<br />

Olivier Rollot : Nous sortons peu à peu d’une<br />

période particulièrement difficile pour les<br />

étudiants comme pour vos institutions. Quel<br />

bilan – rapide - en tireriez-vous ?<br />

Annabel-Mauve Bonnefous : Cela a été une période<br />

dure. Les étudiants ont eu le sentiment de se faire<br />

voler leur jeunesse et leurs belles années d’études. Je<br />

retiens de notre côté l’engagement et le dévouement<br />

incroyable des équipes de l’école pour accompagner,<br />

soutenir et aider nos étudiants. Les professeurs ont<br />

également su faire preuve d’une grande flexibilité en<br />

adaptant les formats pédagogiques des cours et en<br />

suivant au plus près le quotidien des étudiants. La<br />

solidarité et la réactivité ont été les maitres mots de<br />

cette situation.<br />

Nicolas Arnaud : La contrainte est aussi source<br />

d’innovation. En mars 2020, nos équipes ont ainsi su<br />

relever le challenge du passage en distanciel de l’ensemble<br />

de nos enseignements en seulement quelques<br />

jours ! Depuis nous évoluons dans un environnement<br />

fait d’incertitudes, à un niveau encore jamais atteint.<br />

Tous les quinze jours, nous devons inventer de nouveaux<br />

scénarios d’organisation pour répondre aux nouvelles<br />

contraintes imposées ou potentiellement imposées...<br />

Et souvent cela ne suffit pas. Il faut alors en réinventer<br />

de nouveaux, plus innovants encore.<br />

Face à nous, les étudiants expriment naturellement le<br />

besoin d’avoir des perspectives claires et précises.<br />

Chose qu’il nous est extrêmement difficile de leur offrir,<br />

au vu du contexte. D’où la création de cellules de soutien.<br />

Toutefois, le point positif réside dans le fait<br />

une école de la<br />

que cela<br />

nous a aussi permis, paradoxalement, de retisser des<br />

liens encore plus forts et réguliers avec nos étudiants.<br />

Annabel-Mauve Bonnefous<br />

© emlyon BS<br />

LIVRE BLANC Des études à l’emploi : les Grandes Écoles se réinventent <strong>2021</strong><br />

LIVRE BLANC<br />

Des études<br />

à l’emploi :<br />

les Grandes Écoles<br />

se réinventent<br />

une école de la<br />

Un livre blanc<br />

post pandémie<br />

<strong>2021</strong><br />

Le livre blanc « Des études à<br />

l’emploi, les Grandes écoles<br />

se réinventent » que vient<br />

de publier Audencia avec<br />

le concours de HEADway<br />

Advisory retrace le chemin<br />

parcouru depuis un an. Les<br />

articles de cet ouvrage de 72<br />

pages en libre accès font la<br />

part belle aux témoignages<br />

de nombreux responsables<br />

et membres d’écoles<br />

d’ingénieurs, de commerce,<br />

ou encore de sciences<br />

politiques, mais aussi<br />

d’étudiants et d’entreprises.<br />

En s’attardant sur les trois<br />

dimensions clés : celles<br />

de l’enseignement, de la<br />

solidarité pour soutenir les<br />

étudiants en difficulté, et de<br />

l’accompagnement carrière.<br />

36


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

© Audencia BS<br />

Nicolas Arnaud<br />

Notamment à travers des points hebdomadaires que<br />

nous ne faisions pas aussi régulièrement avant.<br />

A-M. B : Cela nous a également permis de faire comprendre<br />

à nos étudiants ce qu’était l’incertitude dans le<br />

management de façon concrète. Maîtriser ses émotions<br />

et créer différents scénarios lors de grandes incertitudes<br />

sont des compétences clés des managers.<br />

O. R : Avec ce que vous a appris la crise du<br />

Covid-19 qu’est-ce qui va changer sur les<br />

campus une fois le retour à la normale ?<br />

N. A : Dans le monde de demain, nos programmes<br />

devront être encore plus flexibles. Le choix entre<br />

présentiel et distanciel se fera selon les programmes et<br />

leur nature. Les temps de cours en présentiel devront<br />

être encore plus intenses et riches qu’avant. Dans notre<br />

esprit, les campus doivent être des mondes de forte<br />

intensité intellectuelle pour montrer que l’interaction<br />

est force de création et de transformation individuelle,<br />

collective voire sociétale.<br />

A-M. B : Déjà, nous avons hâte que les étudiants<br />

reviennent à 100 % sur nos campus et puissent vivre<br />

pleinement leur vie étudiante ! Les campus sont des<br />

lieux de vie, de socialisation autant que des lieux d’apprentissage.<br />

Les campus ont un peu changé car nous avons considérablement<br />

investi dans des salles de cours HighFlex ou<br />

bimodale, permettant de suivre les cours aussi bien à<br />

distance qu’en présentiel. C’était prévu dans notre plan<br />

de développement mais nous avons dû aller beaucoup<br />

plus vite dans l’équipement. Maintenant, je sais que les<br />

étudiants ne rêvent que d’une chose : retrouver leur<br />

terrasse comme avant, pour des soirées de travail,<br />

d’échanges et de discussion.<br />

O. R : Dans quelle proportion faut-il<br />

conjuguer enseignement présentiel et<br />

distanciel dans l’avenir ?<br />

A-M. B : Cela dépend des années et des programmes<br />

d’études. Avant la pandémie, nous délivrions déjà des<br />

cours en 100 % distanciel mais avec une répartition<br />

différente en fonction des années : nous avons réduit la<br />

part de distanciel en première année car les étudiants<br />

n’y sont pas habitués et qu’ils ont besoin d’entrer dans<br />

l’esprit et la communauté de l’école. En dernière année,<br />

ils sont eux-mêmes en demande de cours à distance ;<br />

un étudiant, qui a construit sa vie à New York grâce à<br />

ses stages et qui doit terminer son dernier semestre<br />

d’école, préfère suivre les cours en distanciel plutôt<br />

que de revenir.<br />

Il faut aussi rappeler que l’apprentissage à distance<br />

nécessite un accompagnement renforcé et plus individualisé<br />

de notre part. Nous créons actuellement une<br />

nouvelle catégorie de professeurs « facilitateurs », qui<br />

sont là pour suivre et motiver chaque étudiant afin qu’il<br />

réussisse. Entre présentiel et distanciel, la question est<br />

surtout de s’assurer que le dispositif pédagogique mis<br />

en place est celui qui correspond le mieux à l’étudiant<br />

et aux objectifs de sa formation.<br />

N. A : Demain, bien plus qu’hier, tous les programmes<br />

auront une part de contenus en distanciel. Notamment<br />

parce que le monde du travail s’est profondément<br />

transformé et que notre mission est de former les<br />

futurs managers à cette réalité. Aujourd’hui savoir<br />

travailler et manager à distance est devenu encore<br />

plus indispensable qu’hier. Savoir travailler en équipe<br />

à distance est essentiel. Demain nos programmes en<br />

Executive Education, Mastères spécialisés ou encore<br />

MSc seront pensés dès leur conception pour être délivrés<br />

avec telle ou telle intensité de distanciel, synchrone ou<br />

asynchrone. Pour des raisons de valeur également,<br />

que ce soit pour réduire l’empreinte carbone de nos<br />

programmes ou pour les proposer dans des pays où<br />

il est difficile de facturer les mêmes frais de scolarité<br />

qu’en France.<br />

Soutenir les étudiants<br />

C’est toute la vie étudiante<br />

qui pâtit du virus et<br />

notamment des jobs<br />

étudiants et des stages qui<br />

permettent à beaucoup<br />

d’étudiants de financer leurs<br />

études. Voire de survivre<br />

pour les plus défavorisés<br />

que les établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

vont particulièrement<br />

soutenir. Dans ce cadre les<br />

fondations vont jouer un rôle<br />

essentiel. C’est même dans cet<br />

esprit que la Fondation Paris<br />

School of Business a lancé<br />

en 2020 son activité et ouvert<br />

un fonds d’aide COVID-19.<br />

Créée à l’initiative de<br />

plusieurs diplômés de Paris<br />

School of Business elle est<br />

dotée d’un budget de plus de<br />

200 000 € afin d’« œuvrer<br />

pour une société plus<br />

égalitaire et durable ». Et<br />

parce que la situation a été<br />

particulièrement difficile pour<br />

les étudiants internationaux<br />

les écoles ont créé des<br />

cellules de soutien en ligne<br />

et médicales dans différentes<br />

langues pour répondre aux<br />

questions des étudiants dans<br />

leur langue et leur culture.<br />

37


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Les associations<br />

étudiantes se sont<br />

mobilisées<br />

Passée la période de<br />

sidération, les associations<br />

étudiantes ont également<br />

su réinventer leur rôle pour<br />

recréer un lien, même<br />

virtuel, entre les étudiants.<br />

À l’Essec, il a par exemple<br />

fallu repenser les parrainages<br />

des nouveaux étudiants par<br />

les actuels en virtuel. À<br />

CentraleSupélec le Bureau<br />

des arts (BDA) n’a pas voulu<br />

abandonner sa « Semaine des<br />

Arts » et l’a remplacée par<br />

des échanges de poèmes, etc.<br />

© Audencia BS<br />

On espère bien revoir à la rentrée <strong>2021</strong><br />

les journée de rentrée d’Audencia :<br />

ses « Audencia Talents »<br />

O. R : Qu’est-ce que le recours au distanciel<br />

permet de faire mieux que le présentiel<br />

« pur » ?<br />

A-M. B : Nous avons pu organiser un plus grand<br />

nombre de conférences et de témoignages inspirants<br />

avec nos alumni et notre réseau académique. Quand<br />

nos alumni sont loin, on se pose toujours la question<br />

de les faire venir sur nos campus pour intervenir, pour<br />

des raisons financières d’un côté, mais surtout pour<br />

des raisons de responsabilité environnementale et<br />

d’empreinte carbone. Un autre effet qui m’a marqué est<br />

le développement de réseaux sociaux privés incluant<br />

les étudiants et leurs professeurs. Les relations ont<br />

été plus étroites, il y avait plus d’interactions autour<br />

des cours. C’est un effet à conserver.<br />

N. A : La question des déplacements de nos étudiants<br />

à l’étranger nous interroge. Jusque-là, les business<br />

schools françaises ont créé de nombreux campus à<br />

l’international. Mais, dans une réflexion plus globale, ne<br />

faudrait-il pas privilégier davantage ces enseignements<br />

aux étudiants locaux et réfléchir à la place que nous<br />

donnons aux séjours internationaux et à leur empreinte<br />

carbone ? C’est une vraie problématique éthique et responsable<br />

qui se pose ici et que nous devons adresser<br />

collectivement à l’avenir en trouvant le bon équilibre<br />

entre la richesse nécessaire d’une expatriation et les<br />

enjeux environnementaux. Il faut aussi que les ranking<br />

et autres accréditations l’intègrent je pense, c’est un<br />

enjeu sociétal pour lequelles nos écoles et leurs parties<br />

prenantes ont clairement un rôle à jouer, afin d’aligner<br />

le discours avec les actes.<br />

A-M. B : Le contenu pédagogique doit vraiment justifier<br />

les déplacements et nous devons les challenger par<br />

des solutions plus proches. Il y a une vraie réflexion<br />

à avoir à ce sujet. Mais il faut aussi bien prendre en<br />

compte que les « voyages forment la jeunesse ». emlyon<br />

propose à ses étudiants de partir six mois en stage à<br />

l’étranger dès la fin de leur première année, et ils en<br />

reviennent avec une maturité et une richesse intellectuelle<br />

qui accélèrent le processus de développement<br />

des dirigeants.<br />

O. R : Quelles autres grandes évolutions de la<br />

pédagogie prévoyez-vous dans les années à<br />

venir ?<br />

A-M. B : Une pédagogie d’hybridation, entre des<br />

sciences différentes et des métiers différents. L’unité<br />

d’enseignement ne repose plus sur un cours mais<br />

sur une ou plusieurs compétences à acquérir. La<br />

pédagogie doit être la plus adaptée à l’acquisition de<br />

telle ou telle compétence, cela nécessite des temps<br />

d’apprentissage variés et multimodaux, des alliances<br />

et des passerelles entre sciences et institutions, et<br />

toujours plus d’inventivité et de créativité de la part<br />

de nos professeurs.<br />

38


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

N. A : Les espaces de temps et de lieux se croisent,<br />

évoluent, changent dans un environnement pédagogique<br />

en perpétuel mouvement. Ainsi, chaque professeur<br />

devient de plus en plus un expert et un animateur qui<br />

accompagne les étudiants dans leur apprentissage<br />

global et transversal en temps réel ou décalé, en salle<br />

de classe et en dehors.<br />

Comme ici à Lyon les campus sont prêts à retrouver leurs étudiants<br />

O. R : Quelles nouvelles thématiques<br />

émergent dans les enseignements ?<br />

A-M. B : L’enseignement de la RSE (responsabilité<br />

sociétale des entreprises) se systématise enfin dans<br />

l’ensemble des disciplines ! C’est une excellente nouvelle<br />

pour notre planète et notre société. D’autres thématiques<br />

se renforcent également : par exemple, la nécessité de<br />

maîtriser les soft skills, c’est-à-dire des savoirs-être<br />

individuels et collectifs. Le retour massif au distanciel<br />

a montré que les qualités communicationnelles étaient<br />

prépondérantes. Alors que la communication est normalement<br />

à 80 % non verbale on perd quasiment toute<br />

cette dimension quand on travaille en distanciel. Il faut<br />

être d’autant plus explicite qu’on ne peut plus détecter<br />

des signaux faibles. Cela nous ramène d’ailleurs à la<br />

maîtrise de l’orthographe, de la langue : il faut plus que<br />

jamais savoir clarifier sa pensée et trouver les mots<br />

justes. Il faut aussi pouvoir s’adapter à l’autre et être<br />

tolérant, accepter les différences.<br />

N. A : Les enjeux écologiques et sociétaux vont devenir<br />

de plus en plus prégnants. Les cours de comptabilité,<br />

de finance, de marketing, doivent se réinventer en<br />

intégrant de manière visible ces dimensions. Les enjeux<br />

sociétaux doivent entrer au cœur – plutôt que rester<br />

encore trop souvent en périphérie - des fondamentaux<br />

du management et de l’ensemble des spécialisations<br />

métiers. De même, nous devons y intégrer des dimensions<br />

techniques, d’Intelligence artificielle (IA) et de<br />

gestion des données notamment. Enfin l’hybridation des<br />

savoirs et l’ouverture à l’autre ouvrent des champs de<br />

perspectives pour comprendre les nouveaux enjeux des<br />

organisations. Autant de dimensions que nous devons<br />

implémenter dans des environnements mouvants et<br />

des cycles de plus en plus courts.<br />

O. R : Vous l’avez évoqué : les entreprises, la<br />

société évoluent. Les étudiants apprennent<br />

de nouvelles règles de travail. Que leur dire<br />

aujourd’hui pour mieux se préparer ?<br />

A-M. B : Malgré le développement incroyable de la<br />

technologie, on se rend compte à chaque fois que<br />

ce qui fait la force et la réussite des managers, c’est<br />

leur capacité à se soucier de l’humain et des relations<br />

humaines. Les étudiants viennent de vivre, ils vivent,<br />

des moments violents pour cet animal social qu’est<br />

l’homme. Le développement de leur intelligence émotionnelle,<br />

c’est-à-dire de leur capacité à gérer leurs<br />

propres émotions et celles des autres, est une clé de<br />

leur réussite. Ils doivent devenir ceux qui créeront ce<br />

lien social et fédéreront autour d’eux.<br />

Un autre enseignement-clé est de savoir concilier des<br />

principes opposés et complémentaires du management<br />

: savoir à la fois prendre de la hauteur et être en<br />

proximité avec le terrain, savoir clarifier les situations<br />

et fixer un cap pour tous, tout en acceptant l’incertitude<br />

et en sachant saisir des opportunités. Ces aptitudes,<br />

assurément humaines, leur permettront d’évoluer avec<br />

agilité et succès dans les entreprises.<br />

N. A : Je conseillerais à nos étudiants de montrer<br />

toujours plus de curiosité, d’ouverture. Aujourd’hui<br />

nous sommes trop souvent face à des étudiants qui<br />

ne se donnent pas toujours la chance de s’ouvrir à<br />

de nouveaux horizons, à des métiers qu’ils ou elles<br />

connaissent peu ou mal. C’est en restant ouverts, face<br />

à un monde en constante évolution, qu’ils prendront<br />

pleinement conscience du champ des possibles qui<br />

s’ouvre à eux.<br />

« Hyflex »<br />

Les écoles ont investi dans<br />

des sales dites « Hyflex »<br />

pour mixer physique et<br />

distanciel de façon à ce que<br />

les professeurs délivrent<br />

leurs cours indistinctement<br />

aux étudiants devant eux<br />

et à distance. À Grenoble<br />

EM chacune des salles<br />

permet d’accueillir jusqu’à<br />

40 places assises (plus deux<br />

salles de 120 places) et<br />

peut accepter jusqu’à 300<br />

connexions simultanées soit<br />

une capacité totale théorique<br />

de plus de 10 000 places.<br />

© emlyon BS<br />

39


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Imen Mejri<br />

DIRECTRICE PROGRAMME GRANDE ÉCOLE NEOMA<br />

« Le plus difficile dans une promotion<br />

de PGE est de gérer l’hétérogénéité »<br />

Elle dirige le programme Grande école<br />

(PGE) de Neoma depuis l’été 2020.<br />

Un challenge passionnant pour la<br />

professeure Imen Mejri après douze<br />

années passées au sein de Neoma.<br />

Olivier Rollot : Après être entrée à Neoma<br />

en 2008 vous avez pris la direction du<br />

programme Grande école de Neoma en 2020.<br />

Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre ce<br />

poste ?<br />

Imen Mejri : J’apprécie les challenges et cela me paraissait<br />

un cheminement normal de diriger ce programme<br />

que je connaissais bien de l’intérieur pour y coordonner<br />

déjà plusieurs cours et diriger une spécialisation.<br />

O. R : Pensez-vous faire évoluer le PGE dans<br />

les mois à venir ?<br />

I. M : Il y aura des évolutions normales pour l’adapter.<br />

Un programme qui n’évolue pas devient vite obsolète<br />

et il est normal de le faire évoluer, que ce soit pour répondre<br />

aux mutations et assurer l’employabilité durable<br />

de nos diplômés ou sur la forme, avec de nouveaux<br />

dispositifs et innovations pédagogiques.<br />

O. R : Comment gérez-vous le continuum<br />

avec les classes préparatoires aux grandes<br />

écoles ?<br />

I. M : Nous sommes en lien constant avec les professeurs<br />

de prépas ECG. Différentes matières font partie<br />

intégrante de notre programme grande école, comme<br />

les humanités, la géopolitique ou encore les langues<br />

vivantes. Alors que la programmation sur Python est<br />

enseignée tout au long de l’année dans les programmes<br />

des nouvelles classes préparatoires ECG, nous proposons<br />

également aux professeurs qui le souhaitent<br />

d’utiliser la Coding School que nous lançons.<br />

Malheureusement nous avons dû interrompre notre<br />

programme de conférences de culture générale, cette<br />

année. Mais nous comptons renouveler l’expérience<br />

dès que la situation sanitaire le permet. Aussi nous<br />

renouvelons notre dispositif LEADERS @NEXT GENE-<br />

RATION qui offrira la possibilité à des élèves de 1 re année<br />

de classes préparatoire ainsi qu’à leurs professeurs<br />

de vivre une expérience immersive inédite en Chine.<br />

O. R : Maîtriser le codage et ses langages est<br />

devenu une compétence indispensable dans<br />

une école de management ?<br />

I. M : La NEOMA Coding School que nous lançons permettra<br />

aux étudiants et diplômés de l’école d’aborder les<br />

bases du codage. En travaillant largement entre pairs<br />

sur le langage le plus utilisé, Python, mais également<br />

sur d’autres s’ils le souhaitent puisque plus de 25<br />

langages sont proposés avec des modules complets<br />

sur Python, HTML, CSS, PHP, JQuery, Ajax et MySQL.<br />

Notre objectif n’est pas de former des spécialistes<br />

du développement informatique mais de délivrer les<br />

fondamentaux de la culture digitale pour échanger<br />

plus facilement avec des experts. Tous les étudiants<br />

volontaires pourront s’y inscrire. Notamment ceux qui<br />

veulent créer leur propre entreprise.<br />

O. R : La création d’entreprise fait également<br />

partie des fondamentaux de l’enseignement<br />

au sein de votre PGE ?<br />

I. M : Nous voulons développer de plus en plus l’esprit<br />

d’entreprendre chez nos étudiants. Tous les étudiants<br />

du pré-master participeront à un Hackathon entrepreneurial,<br />

à partir de la rentrée prochaine. Le tout nouveau<br />

40<br />

© Neoma BS<br />

Le campus numérique<br />

de NEOMA<br />

NEOMA a ouvert un<br />

quatrième campus, 100%<br />

numérique, développé en<br />

partenariat avec l’association<br />

Laval Virtual, experte des<br />

technologies immersives VR/<br />

AR. Ce nouveau campus<br />

numérique est conçu<br />

comme un environnement<br />

complémentaire aux espaces<br />

d’apprentissages existants.<br />

Les étudiants, via un avatar<br />

qu’ils personnalisent, évoluent<br />

dans ce nouvel espace<br />

comme s’ils étaient dans un<br />

véritable campus. Une fois<br />

connectés, ils accèdent au<br />

bâtiment virtuel pour suivre<br />

un cours, rejoindre un groupe<br />

de travail ou assister à une<br />

conférence. De son côté, le<br />

professeur accède aux outils<br />

de présentation pour afficher<br />

son cours et interagir avec<br />

tout ou partie de la classe.<br />

physiques du quotidien<br />

qui rendent l’expérience<br />

naturelle et agréable ».<br />

En plus des programmes,<br />

l’écosystème de services<br />

de l’école, comme le Talent<br />

& Carrière, le Wellness<br />

Center, la bibliothèque et<br />

les incubateurs y sont aussi<br />

accessibles. Accessible 24<br />

heures sur 24 et 7 jours<br />

sur 7, ce nouveau campus<br />

numérique accueille aussi<br />

des séminaires et des<br />

réunions. Il pourra également<br />

servir d’espace de travail<br />

collaboratif pour faciliter<br />

les échanges entre les<br />

membres de la communauté<br />

de NEOMA : étudiants,<br />

professeurs et collaborateurs.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

dispositif Entreprendre sans frontières concerne déjà<br />

25 étudiants qui ont pu partir à Berkeley ou ailleurs.<br />

Sans oublier le MSc Entrepreneurship & Innovation qui<br />

permet aux étudiants qui le souhaitent d’approfondir<br />

cette expertise en Master 2. J’ajoute que 70 % des<br />

entreprises que nous avons incubées depuis 2012<br />

sont toujours en vie.<br />

O. R : La question de l’organisation des<br />

concours reste épineuse alors que la<br />

pandémie ne faiblit toujours pas. Comment<br />

les envisagez-vous cette année ?<br />

I. M : Dans le cadre du Concours Ecricome tout est<br />

organisé pour se dérouler en présentiel. Dont les oraux<br />

qui permettent aux candidats de visiter les campus et<br />

d’avoir un premier contact. Mais nous serons également<br />

prêts à d’autres modalités si les candidats ne peuvent<br />

finalement pas se déplacer. Les oraux auront lieu ! Les<br />

candidats en ont besoin pour nous convaincre de les<br />

recruter comme pour poser des questions.<br />

O. R : Depuis le 11 janvier vos étudiants ont<br />

petit à petit repris le chemin des campus.<br />

Comment cela se déroule-t-il ?<br />

I. M : Nous recevons nos étudiants volontaires pour<br />

revenir dans des salles à 50 % de leurs capacités.<br />

Tous nos professeurs sont revenus pour dispenser<br />

un enseignement hybride et bimodal (distanciel sur<br />

zoom et présentiel). Nous avons également investi<br />

sur des caméras qui filment la salle à 180° pour des<br />

professeurs qui se déplacent beaucoup.<br />

O. R : Quelles sont les limites de<br />

l’enseignement distanciel aujourd’hui ?<br />

I. M : L’élément positif de l’enseignement distanciel est<br />

que nous pouvons travailler conjointement avec nos deux<br />

campus. Qu’ils soient à Reims ou à Rouen nos étudiants<br />

peuvent se connaître et créer des liens. Ensemble ils<br />

réalisent des projets sur le développement durable et<br />

l’entrepreneuriat responsable, par exemple. Ils peuvent<br />

même s’entraider en peer learning. Bien après la fin de<br />

la Covid nous pourrons tirer parti de ces liens.<br />

Cependant, je ne suis pas favorable au 100 % distanciel.<br />

Il faut permettre aux étudiants d’apprendre autrement<br />

alors que nous voyons bien qu’ils ont du mal à passer<br />

à la classe inversée. La solution est à trouver du côté<br />

de l’adaptative learning. Pour soutenir des étudiants<br />

qui n’ont pas tous le même niveau il faut permettre à<br />

certains d’aller plus loin et en aider d’autres. Certains<br />

ont juste besoin d’apprendre à travailler sur Excel – Le<br />

e-learning le permet sans problème - quand d’autres<br />

veulent rencontrer des experts, en présentiel.<br />

O. R : Le peer learning est une nouvelle<br />

dimension de l’enseignement importante ?<br />

I. M : Nos étudiants issus de classes préparatoires<br />

littéraires peuvent être soutenus en économie ou en<br />

comptabilité et soutenir les autres en cours de langues,<br />

par exemple. Nos étudiants en MSc Entrepreneurship<br />

viennent aider les étudiants de première année dans le<br />

cadre du Hackathon, etc. Ainsi l’étudiant devient acteur<br />

de son enseignement mais toujours encadré par des<br />

professeurs qui délivrent des formations au mentorat.<br />

O. R : Qu’attendez-vous dans deux ans de vos<br />

futurs étudiants issus des nouvelles classes<br />

préparatoires ECG ?<br />

I. M : Le plus difficile dans une promotion de PGE est<br />

de gérer l’hétérogénéité avec des étudiants qui ont des<br />

formations initiales différentes. Mais c’est également une<br />

richesse incommensurable. Les classes préparatoires<br />

vont devoir également gérer cette hétérogénéité avec<br />

des élèves qui ont fait de larges choix de spécialités.<br />

À nous aussi d’informer en amont les élèves dans les<br />

lycées sur les meilleurs choix.<br />

O. R : Et comment s’intègrent vos étudiants<br />

issus de classes préparatoires littéraires ?<br />

I. M : Ils sont 80 chaque année à nous rejoindre dans<br />

le cadre du concours BEL après des oraux de motivation.<br />

Parmi nos étudiants ce sont sûrement ceux<br />

qui acquièrent le plus de compétences en plus des<br />

capacités de raisonnement qu’ils ont acquises en<br />

CPGE. Il faut juste les accompagner davantage dans<br />

certaines matières comme en analyse de données, par<br />

exemple, avec des cours supplémentaires.<br />

© Neoma BS<br />

41


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Damien Framery<br />

PRÉSIDENT DE L’APPLS<br />

Nicolas Thibault<br />

VICE-PRÉSIDENT DE L’APPLS<br />

« La BEL a permis d’élargir les débouchés<br />

des classe préparatoires littéraires »<br />

Si elles ne sont pas directement<br />

impactées par la réforme du bac<br />

général, les classes préparatoires<br />

littéraires n’en doivent pas moins<br />

reconsidérer leur recrutement en<br />

fonction des nouvelles spécialités.<br />

Les explications de l’association qui<br />

réunit l’ensemble des associations de<br />

professeurs de classe préparatoires<br />

littéraires, l’APPLS, représentée par son<br />

président et son vice-président : Damien<br />

Framery et Nicolas Thibault.<br />

Olivier Rollot : Qu’est-ce que la réforme<br />

du bac général change pour les classes<br />

préparatoires littéraires ?<br />

Damien Framery : Elle n’a pas véritablement eu d’impact<br />

dans la mesure où nous recrutions dans toutes<br />

les filières du bac général. De plus le tronc commun<br />

du bac général est largement consacré aux disciplines<br />

littéraires et SHS (sciences humaines et sociales) ce<br />

qui convient très bien aux CPGE littéraires.<br />

O. R : Quel type de spécialités s’imposent<br />

pour intégrer les classes préparatoires<br />

littéraires avec le nouveau bac ?<br />

Nicolas Thibault : Du fait du tronc commun du lycée<br />

général, il n’y a pas de prérequis en A/L. En B/L, il est<br />

nécessaire d’avoir suivi la spécialité Mathématiques<br />

en première et de suivre soit la spécialité Mathématiques<br />

soit l’option Mathématiques complémentaires<br />

en terminale.<br />

Sans être un prérequis, toutes les spécialités du domaine<br />

des lettres et des SHS sont une bonne préparation, que<br />

ce soit Histoire-géographie, géopolitique et sciences<br />

politiques (HGGSP), Humanités, littérature et philosophie<br />

(HLP), Langues, littératures et cultures étrangères et<br />

régionales (LLCER), Littérature, langues et cultures de<br />

l’Antiquité (LLCA), auxquelles s’ajoutent pour la filière<br />

A/L les spécialités artistiques et pour la filière B/L les<br />

Damien Framery<br />

Une association<br />

fédérative<br />

Les associations de<br />

professeurs de CPGE<br />

littéraires sont très<br />

nombreuses si on les<br />

compare à celles des classes<br />

préparatoires scientifiques<br />

ou économiques et<br />

commerciales. L’APPLS<br />

est une association<br />

pluridisciplinaire qui parle<br />

au nom des professeurs de<br />

toutes les disciplines dès<br />

lors qu’il s’agit de questions<br />

institutionnelles, de relations<br />

avec les Grandes écoles ou<br />

des ministères de tutelle. Les<br />

associations disciplinaires<br />

représentent quant à elles<br />

les professeurs pour les<br />

questions de rapports avec<br />

les jurys ou d’esprit des<br />

épreuves, ou des questions<br />

scientifiques et pédagogiques<br />

propres à leur champ d’étude,<br />

en articulation avec les<br />

Inspections générales.<br />

42


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Nicolas Thibault<br />

N. T. : Il est ainsi tout à fait possible d’intégrer une<br />

école de commerce sans avoir suivi d’enseignement de<br />

mathématiques après le bac. Quand on pose la question<br />

de savoir pourquoi il n’y a pas de classe préparatoire<br />

économiques et commerciale sans enseignement des<br />

mathématiques, la réponse est simple : nos classes<br />

assurent également ce rôle. Et singulièrement les<br />

classes préparatoires A/L qui sont pluridisciplinaires<br />

et très bien adaptées au profil que recherchent les<br />

écoles de commerce et management.<br />

O. R : 75 % de vos étudiants vont à<br />

l’université. Il n’y a plus aujourd’hui aucun<br />

problème d’équivalences ?<br />

Sciences économiques et sociales (SES). Nous ne<br />

faisons pas de hiérarchie entre toutes ces spécialités.<br />

Les enseignements facultatifs peuvent aussi constituer<br />

un bon signal. Ce que nous attendons des candidats,<br />

c’est une cohérence dans leurs choix et d’aimer nos<br />

disciplines.<br />

O. R : La création des spécialités a<br />

bouleversé la notion de classes. De quels<br />

éléments disposez-vous cette année pour<br />

sélectionner vos élèves ?<br />

N. T : Nous souhaitions conserver la notion de rangs<br />

des élèves dans la classe et cela va être possible, en<br />

tronc commun et par groupes de spécialités. De plus<br />

nous devrions encore connaître le lycée d’origine, ce<br />

qui est indispensable pour sélectionner nos élèves de<br />

façon efficace : chaque CPGE connait bien son bassin<br />

de recrutement.<br />

D. F : Ils vont à l’université mais aussi dans de Grandes<br />

écoles qui ne font pas partie du concours BEL comme<br />

l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales)<br />

ou Sciences Po. Depuis que les classes préparatoires<br />

sont conventionnées avec des universités – c’est-à-dire<br />

avec au moins une université - il n’y a plus de soucis<br />

d’équivalences. Après deux années de classes préparatoires<br />

l’intégration en troisième année de licence est<br />

très fluide. Les parcours sont sécurisés.<br />

Le seul cas qui peut poser problème est celui d’élèves<br />

qui sont restés trois ans en classe préparatoire. Certaines<br />

universités demandent alors que les étudiants<br />

aillent en troisième année de licence quand d’autres les<br />

admettent directement en master. Avec la réforme du<br />

master certaines universités ont en effet une politique<br />

d’accueil restrictive. D’autant qu’elles doivent réserver<br />

des places en master à tous leurs étudiants titulaires<br />

d’une licence.<br />

O. R : Les écoles normales supérieures<br />

(ENS) recrutent très peu d’étudiants. A quoi<br />

mènent aujourd’hui les classes préparatoires<br />

littéraires ?<br />

D. F : Parmi les 5 000 à 6 000 candidats que nous<br />

préparons chaque année aux concours les ENS sont<br />

effectivement une petite porte de sortie en nombre.<br />

Mais depuis 11 ans la BEL (Banque d’épreuves littéraires)<br />

a permis d’élargir les débouchés aux grandes écoles<br />

de commerce et management, de communication ou<br />

encore à Saint-Cyr. Aujourd’hui ce sont un quart de<br />

nos élèves qui intègrent l’ensemble de ces écoles.<br />

Neoma BS<br />

Comme l’ensemble des écoles du concours Ecricome, Neoma réserve<br />

des places aux étudiants issus de classes préparatoires littéraires<br />

43


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS REPÈRES<br />

AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

Covid-19, comment<br />

les Grande écoles se sont<br />

réinventées<br />

La révolution numérique<br />

Ce fut, c’est, LA solution à la pandémie<br />

: sans le numérique l’enseignement<br />

supérieur se serait tout bonnement arrêté.<br />

Retour sur un an de révolution<br />

numérique avec le livre blanc « Des<br />

études à l’emploi, les Grandes écoles<br />

se réinventent » que vient de publier<br />

Audencia.<br />

Audencia vient de publier un livre blanc<br />

sur les Grandes écoles et comment elles<br />

se sont réinventées un an après le début<br />

de la crise sanitaire. En 72 pages le<br />

livre blanc « Des études à l’emploi, les<br />

Grandes écoles se réinventent » retrace le<br />

chemin parcouru. Sous la direction éditoriale<br />

de HEADway Advisory, une dizaine<br />

de journalistes ont planché pendant<br />

six mois sur les trois axes prioritaires que<br />

sont « Comment maintenir la qualité de<br />

la pédagogie ? », « Comment soutenir les<br />

étudiants et diplômés ? » et « Comment<br />

assurer l’insertion professionnelle ? ».<br />

« L’enseignement supérieur vit une profonde<br />

mutation. Contrainte et accélérée<br />

par la pandémie, mais aussi salutaire à<br />

certains égards », assure le directeur général<br />

de Audencia, Christophe Germain<br />

qui insiste : « En mobilisant nos équipes<br />

et en inventant de nouvelles formes d’enseignement<br />

et d’accompagnement, nous<br />

avons toujours eu en ligne de mire un<br />

objectif : assurer dans les mêmes conditions<br />

de qualité qu’avant la pandémie<br />

un enseignement à même d’amener nos<br />

étudiants à l’emploi. C’est la mission des<br />

Grandes Écoles. »<br />

Au travers notamment de nombreux<br />

témoignages issus du Livre blanc « Des<br />

études à l’emploi, les Grandes écoles se<br />

réinventent » nous vous proposons ce<br />

mois-ci la première partie d’une suite de<br />

trois articles consacrés au bilan de la pandémie<br />

et à ses conséquences dans l’avenir.<br />

Distanciel / présentiel : la nouvelle réalité.<br />

C’est le « new normal » et il est par-<br />

ti pour durer. Avec la pandémie un nouvel<br />

enseignement supérieur voit le jour<br />

constitué de nouvelles briques numériques.<br />

Plus souple, plus résilient il s’impose<br />

à tous. Pour longtemps… « Dans le<br />

monde de demain, nos programmes devront<br />

être encore plus flexibles. Le choix<br />

entre présentiel et distanciel se fera selon<br />

les programmes et leur nature. Les<br />

temps de cours en présentiel devront être<br />

encore plus intenses et riches qu’avant.<br />

Dans notre esprit, les campus doivent<br />

être des mondes de forte intensité intellectuelle<br />

pour montrer que l’interaction<br />

est force de création et de transformation<br />

individuelle, collective voire sociétale »,<br />

confie Nicolas Arnaud, le directeur des<br />

programmes de Audencia BS.<br />

Car le distanciel présente bien des<br />

atouts au-delà de la crise que nous<br />

vivons. « Le distanciel permet aux<br />

étudiants de se familiariser avec des<br />

concepts en amont des cours, donnant<br />

au présentiel toute sa valeur : favori-<br />

44<br />

ser les interactions et le travail en petit<br />

groupe », explique ainsi Anne Zuccarelli,<br />

directrice de l’expérience étudiante et<br />

des opérations de l’Edhec. Une réflexion<br />

qui rejoint celle de Valérie Fernandes,<br />

doyenne du corps professoral d’Excelia :<br />

« Le distanciel induit un apprentissage<br />

par les pairs et auto-dirigé, plus d’autonomie,<br />

de maturité, de travail collaboratif<br />

en mode projets. Or, les étudiants<br />

seront amenés à télétravailler dans leur<br />

futur emploi, ces nouvelles compétences<br />

sont donc devenues indispensables ».<br />

Une révolution numérique déjà bien<br />

engagée. La révolution entamée cette année<br />

est en fait largement une évolution de<br />

pratiques pédagogiques qui entraient peu<br />

à peu dans les mœurs. « En 2020-<strong>2021</strong>,<br />

nous avons réalisé en quelques mois des<br />

transformations que nous pensions ne<br />

pouvoir accomplir qu’en plusieurs années.<br />

Nous le savions : l’enseignement<br />

supérieur allait devoir s’adapter rapidement<br />

aux évolutions structurelles de la<br />

Cours en salles Hyflex à la fois en distanciel et en présentiel à Grenoble EM<br />

© Grenoble EM


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

REPÈRES AVRIL <strong>2021</strong> N° 48<br />

© Neoma<br />

Un cours sur le campus virtuel de Neoma<br />

société. La montée en puissance du numérique<br />

était déjà au cœur des stratégies<br />

des écoles, avant de s’imposer ces derniers<br />

mois et de façon radicale, à marche<br />

forcée en raison de la crise du Covid et<br />

notamment du premier confinement »,<br />

analyse Christophe Germain. Et d’insister<br />

: « Le numérique va bien au-delà de<br />

la continuité pédagogique en distanciel.<br />

L’outil transforme la manière d’aborder<br />

les sujets, qu’il s’agisse d’enseignements,<br />

d’accompagnement carrière ou<br />

encore de vie associative. Un étudiant<br />

peut suivre ses classes partout dans le<br />

monde, interagir différemment dans un<br />

cours, le voir et le revoir à toute heure,<br />

assister à un forum de recrutement virtuel,<br />

à un webinar pour booster sa candidature<br />

ou échanger avec un diplômé<br />

à l’autre bout du monde. Des ressources<br />

dont les limites ont été repoussées, pour<br />

explorer toujours plus de possibles. Aujourd’hui,<br />

le distanciel est une contrainte<br />

pour beaucoup, demain une latitude pour<br />

ceux qui le souhaiteront ».<br />

Ce que confirme Annabel-Mauve Bonnefous,<br />

doyenne des programmes de emlyon<br />

BS : « Dans le monde de demain, nos<br />

programmes devront être encore plus<br />

flexibles. Le choix entre présentiel et distanciel<br />

se fera selon les programmes et<br />

leur nature. Les temps de cours en présentiel<br />

devront être encore plus intenses<br />

et riches qu’avant. Dans notre esprit, les<br />

campus doivent être des mondes de forte<br />

intensité intellectuelle pour montrer que<br />

l’interaction est force de création et de<br />

transformation individuelle, collective<br />

voire sociétale ». Une réflexion qu’on a<br />

également du côté de l’Edhec comme<br />

l’explique Anne Zuccarelli : « Nous étions<br />

à la croisée des chemins et on a fait un<br />

bon en compétences sur l’enseignement<br />

à distance incroyable. D’autant que les<br />

atouts du numérique sont nombreux : ils<br />

facilitent le suivi individualisé des étudiant<br />

via des outils comme les learning<br />

analytics qui captent leurs activités sur<br />

les plateformes, ils permettent davantage<br />

d’autonomie, de souplesse et de flexibilité,<br />

une gestion du temps et des rythmes<br />

d’apprentissage adaptés à chacun. Après<br />

un quiz, les professeurs peuvent mieux<br />

repérer les lacunes et approfondir là où<br />

c’est nécessaire… ».<br />

Des concours sous le choc. En 2020 les<br />

oraux de la plupart des concours n’ont<br />

pas pu avoir lieu. En <strong>2021</strong> nul ne sait s’ils<br />

pourront avoir lieu en présentiel mais<br />

c’est clair pour les écoles de commerce :<br />

ils auront au moins lieu en distanciel.<br />

« On se demande comment maintenir<br />

une équité de traitement, comment mettre<br />

au point une surveillance pour éviter<br />

toute triche… Mais il y a, à côté, de vrais<br />

intérêts, assure Jean-François Fiorina,<br />

président du concours Passerelle. D’une<br />

part, on peut parvenir à attirer des étudiants<br />

qui ont choisi de partir à l’étranger,<br />

en séjour académique ou en stage,<br />

et qui n’auraient pas la possibilité de revenir<br />

uniquement pour des entretiens.<br />

D’autre part, il y a l’enjeu écologique.<br />

Faire le tour de France des écoles n’est<br />

pas l’idéal pour la planète. »<br />

Si les oraux ont été tout bonnement supprimés<br />

en 2020 les écrits ont été également<br />

touchés. Au point que certaines<br />

écoles ont pris le pli cette année de recommencer.<br />

« L’année dernière, en raison<br />

de la crise sanitaire, nous avons été<br />

contraints d’abandonner nos écrits et nos<br />

oraux. Pour être cohérent avec l’esprit<br />

du concours et notre volonté de nous intéresser<br />

à l’élève dans sa globalité, nous<br />

avions décidé de nous pencher particulièrement<br />

sur l’aspect qualitatif du dossier.<br />

On s’est alors rendu compte que les<br />

données et informations sur Parcoursup<br />

étaient très riches et qu’il était dommage<br />

de passer à côté », explique Karine Gounot,<br />

directrice du concours Advance (EPI-<br />

TA, l’ESME Sudria, l’IPSA et Sup’Biotech)<br />

qui a décidé encore une fois en <strong>2021</strong><br />

de se concentrer sur les informations de<br />

Parcoursup et de supprimer ses QCM.<br />

A contrario le concours Accès (menant à<br />

l’IESEG l’ESSCA et l’ESDES) maintient<br />

ses écrits cette année tout en les passant<br />

au format numérique. « L’année dernière,<br />

nous avons été obligés de nous baser sur<br />

le dossier scolaire. Mais notre ADN reste<br />

le concours qui met sur un même pied<br />

d’égalité tous les candidats », explique<br />

Céline Verdriere, responsable recrutement<br />

et concours à l’ESDES. Une numérisation<br />

qui pourrait s’étendre à d’autres concours.<br />

Et pourquoi pas après des prépas. Un niveau<br />

auquel il est de toute façon impossible<br />

de se reposer sur les notes comme<br />

il est possible de le faire lorsqu’on parle<br />

de sélection postbac.<br />

Sébastien Gémon<br />

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