ON EN PARLE JACKIE LEE YOUNG 14 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>434</strong> – NOVEMBRE 2022
MUSIQUE VIEUX FARKA TOURÉ & KHRUANGBIN LA FL<strong>AM</strong>ME DU BLUES MALIEN Avec Ali, le fils du grand Farka Touré lui REND HOMMAGE, accompagné du groupe américain texan. DR QUELQUES MOIS après la sortie du très beau Racines, dédié à ses racines sonores maliennes et à l’œuvre de son père, Vieux Farka Touré réitère son hommage à ce dernier avec un disque qui porte tout simplement le prénom de son regretté géniteur. Mais il ne le fait pas seul. Cette fois, il collabore avec Khruangbin. Constitué du guitariste Mark Speer, de la bassiste Laura Lee et du batteur Donald Johnson, ce trio texan cultive un folk-rock tantôt psyché, tantôt funky. De quoi sublimer ces huit chansons reprenant le corpus de l’un des plus grands apôtres du blues du désert, disparu en 2006… Interprétés en fulfulde, tamasheq, songhay et bambara, les morceaux hautement électriques d’Ali Farka Touré mettent en exergue une dextérité à la guitare qui lui valut trois Grammy Awards et une reconnaissance bien au-delà des frontières africaines. Pourquoi VIEUX FARKA TOURÉ & KHRUANGBIN, Ali, Dead Oceans. Khruangbin ? « Parce que j'adore leur musique, indique Vieux Farka Touré, et ils sont un parfait exemple de ces musiciens issus d'une génération et d’une partie du monde différente, qui ont également été inspirés et influencés par mon père. » Dès l’hypnotique « Savanne », le collectif réussit à transcender le format de la simple réinterprétation. Se manifestant dans des grands classiques ou des faces B méconnues, le blues est irrésistible, parcouru de vent chaud, de rêves dont on se souvient à peine mais dont on garde néanmoins une sensation bien réelle – sans doute grâce à la spontanéité de l’enregistrement, bouclé en une semaine dans un garage du Texas. Vieux Farka Touré explique qu’il s’agit avant tout d’amour dans ce projet. Lorsque l’on entend les nouvelles versions du célèbre « Diarabi », de « Tongo Barra » ou de « Tamalla », matinée de trip hop, on ne peut en douter : les mélodies et les rythmiques s’entrelacent, portées par une chaleur humaine contagieuse. Ainsi, Ali palpite d’émotion, mais aussi de la joie partagée de faire résonner des cordes électriques au cœur des paysages arides. ■ S.R. AFRIQUE MAGAZINE I <strong>434</strong> – NOVEMBRE 2022 15