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ON EN PARLE<br />
FASHION<br />
Zenam<br />
TISSER LES IDENTITÉS<br />
CULTURELLES<br />
Les éléments visuels<br />
sont forts, donnant une<br />
profondeur à des habits<br />
chics et classiques.<br />
Le Camerounais Paul Roger Tanonkou<br />
travaille L’ICONOGRAPHIE DES TEXTILES,<br />
promouvant une mode afro-italienne<br />
qui ne craint pas les contaminations.<br />
Paul Roger<br />
Tanonkou.<br />
« ZEN<strong>AM</strong> » signifie « rayon de soleil » en bamiléké, parlée<br />
dans l’ouest du Cameroun. C’est aussi le nom du label de<br />
l’autodidacte Paul Roger Tanonkou, qui a présenté sa dernière<br />
collection, « L’Intrus », à l’Afro Fashion Week Milano. Celui<br />
qui compte parmi les organisateurs de l’événement a défilé<br />
pour la première fois, avec une ligne qui évoque son parcours<br />
dans l’univers de la haute couture. « Ça n’a pas été facile,<br />
je ne me suis jamais senti accueilli à bras ouverts », avoue<br />
le cinquantenaire. Fils d’un photographe et d’une couturière,<br />
le designer a toujours baigné dans l’art et la mode, mais<br />
ce n’est qu’une fois arrivé à Milan, il y a dix-neuf ans, qu’il<br />
s’est mis à dessiner lui-même des vêtements. Au milieu des<br />
années 2000, ses créations, réalisées avec des étoffes sourcées<br />
en Afrique, se vendent comme des petits pains. Sa recherche<br />
de textiles authentiques le pousse vers des communautés<br />
de tisserandes au Mali et au Burkina Faso, et son style inédit<br />
pique l’intérêt des blogueurs de mode et des investisseurs,<br />
qui lui ouvrent les portes du salon de Pitti Uomo. Moins présent<br />
sur le devant de la scène ces dernières années, il n’a cessé de<br />
travailler en coulisse pour promouvoir une mode qui met en<br />
avant l’identité culturelle des différentes régions du continent<br />
et ne craint pas les contaminations. Décidé à employer des<br />
tissus exclusifs pour ses collections, il développe à chaque<br />
fois une iconographie très personnelle. Dans « L’Intrus »,<br />
on retrouve des motifs inspirés de l’oiseau de paradis, une<br />
fleur typique de l’Afrique australe, mais aussi des formes<br />
géométriques tirées de l’art ndebele et le dessin d’un masque<br />
congolais. Des éléments visuels forts, qui donnent une autre<br />
profondeur à des habits chics et classiques. En revanche,<br />
point de motifs afro sur la veste croisée qu’il a réalisé pour<br />
le défilé en hommage à Giorgio Armani, organisé par Stella<br />
Jean et le collectif multiculturel We Are Made in Italy.<br />
Place ici au savoir-faire des artisans burkinabés, avec un faso<br />
dan fani étonnant, décliné en motif pied-de-poule. ■ L.N.<br />
JON BRONXL (3) - DR<br />
22 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>434</strong> – NOVEMBRE 2022