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ON EN PARLE<br />
Halle Bailey<br />
dans le prochain<br />
film de Disney,<br />
prévu pour<br />
mai 2023.<br />
DÉCRYPTAGE<br />
TÊTE À QUEUE…<br />
DE POISSON<br />
Une « PETITE SIRÈNE »<br />
NOIRE ! Aux premières<br />
réactions racistes ont vite<br />
répondu les sourires surpris<br />
des petites Afro-Américaines.<br />
IL Y A TRENTE-TROIS ANS, Disney adaptait le célèbre<br />
conte d’Andersen en dessinant une femme-poisson<br />
rousse, prénommée Ariel… En mai 2023, dans<br />
une version incarnée par de vrais comédiens,<br />
elle aura une peau d’ébène : celle de Halle Bailey,<br />
ex-youtubeuse d’Atlanta. Les premières images de<br />
La Petite Sirène diffusées en septembre ont provoqué<br />
les commentaires les plus racistes sur les réseaux<br />
sociaux (#NotMyAriel), mais aussi l’étonnement<br />
ravi d’une majorité d’autres, racontant ou filmant<br />
la surprise et le sourire de leurs filles découvrant que<br />
la nouvelle petite sirène avait la même pigmentation<br />
qu’elles. Un référent bienvenu, Disney ayant mis<br />
du temps avant de mettre un personnage noir<br />
en haut de l’affiche : en 2009, La Princesse et la<br />
Grenouille proposait une princesse noire… mais elle<br />
apparaissait en batracien vert la moitié du temps.<br />
Et dire que dans le port de Copenhague, la statue<br />
de la Petite Sirène, installée en 1913, est faite d’un<br />
bronze qui a noirci au fil des ans ! Quand elle n’est<br />
pas peinturlurée de rouge ou d’autres couleurs en<br />
fonction des revendications de ses contempteurs,<br />
jusqu’à l’inscription sous sa grande nageoire « racist<br />
fish » (poisson raciste) il y a deux ans, en pleine<br />
vague de déboulonnages des statues de « héros »<br />
des États coloniaux ! Quoi qu’il en soit, la polémique<br />
américaine doit tristement faire sourire sous l’eau<br />
la Mami Wata des contes africains… ■ J.-M.C.<br />
ESSAI<br />
AU NOM DE LA NATURE<br />
Une analyse coup de poing sur l’absurdité<br />
des politiques de conservation en Afrique.<br />
À TRAVERS L’HISTOIRE des parcs<br />
nationaux sur le continent de 1850<br />
à 2019, Guillaume Blanc, historien<br />
de l’environnement et spécialiste de<br />
l’Afrique contemporaine, dénonce la<br />
naturalisation forcée des espaces par les experts occidentaux,<br />
avec la complicité des ONG et des dirigeants du continent.<br />
Notamment, par la transformation d’espaces agropastoraux<br />
et l’expropriation illégitime et violente des populations<br />
autochtones. Un système symptomatique des contradictions<br />
et des visions fantasmées des pays développés. « La nostalgie<br />
d’une nature africaine intouchée est aussi vieille que l’idée de<br />
sociétés africaines hors du temps, incapables qu’elles seraient<br />
de s’arracher à l’ordre naturel du monde », s’indigne, dans<br />
la préface, François-Xavier Fauvelle, titulaire de la chaire<br />
d’histoire et archéologie des mondes africains au Collège<br />
de France. Si les mythes hérités de la période coloniale<br />
ont la peau dure, il est temps de les déconstruire. ■ C.F.<br />
GUILLAUME BLANC, L'Invention du colonialisme<br />
vert : Pour en finir avec le mythe de l'Éden africain,<br />
Flammarion (poche), 356 pages, 12 €.<br />
RÉCITS<br />
DE GÉNÉRATION<br />
EN GÉNÉRATION<br />
La poétesse et slameuse camerounaise<br />
Ernis livre un premier roman juste et fort.<br />
« IL FAUT PARTIR de bonne heure<br />
pour embrasser la terre des aïeux. »<br />
En ouvrant son récit avec cette phrase,<br />
que l’on voudrait scander à voix haute, la lauréate du prix<br />
Voix d’Afriques 2022 a-t-elle voulu faire écho à l’incipit<br />
proustien : « Longtemps, je me suis couché de bonne<br />
heure »? Une manière de marquer le déterminisme et la<br />
quête de son héroïne, à l’encontre de l’immobilisme. Car<br />
c’est à la fois un retour vers les femmes de son village natal<br />
et une exploration de l’héritage des traditions, des valeurs<br />
et de la liberté qu’elles lui ont légué, qui nous sont racontés,<br />
au fil d’une écriture vivante. Où les mots s’allient avec<br />
rythme. Presque un slam narratif, de plus de 300 pages.<br />
Par cette poésie de la vie et du vrai, l’écrivaine de 28 ans va<br />
et vient du passé au présent, du sacré au désir de s’affranchir,<br />
dans un texte porté par la force des femmes de son pays.<br />
Un destin commun. Avec ses aléas. Et ses ambiguïtés. ■ C.F.<br />
ERNIS, Comme une reine, JC Lattès, 240 pages, 19 €.<br />
COURTESY OF DISNEY - DR (2)<br />
18 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>434</strong> – NOVEMBRE 2022