Miles #45 - ALFREDO HÄBERLIS - DESIGNER DU TEMPS ET DU COMPORTEMENT

DOSSIER MONTRES
CONSONNANCE BELGE
Certains noms de modèles horlogers ont atteint un statut tel qu’ils participent à la popularisation des garde-temps qu’ils
désignent : Royal Oak, Reverso, Nautilus… ou Big Bang. Ce dernier, nom de baptême d’un modèle réputé de la marque
Hublot, n’est pas étranger à la Belgique. Explications avec Ricardo Guadalupe, CEO.
Serge Vanmaercke
La Big Bang fait partie des modèles emblématiques
de la Maison Hublot et de l’horlogerie
suisse en général. Dans les milieux scientifiques,
ce nom réfère à une théorie visant à expliquer
l’origine de l’univers.
Et cette théorie du Big Bang repose sur celle
de l’atome primitif, approfondi et développé en
1933 par le chanoine belge Georges Lemaître
(1894-1966). A cette époque, ce professeur à Université Catholique
de Leuven, ami d’Albert Einstein, était considéré par la
communauté scientifique internationale comme le leader de
la nouvelle physique cosmologique.
C’est Fred Hoyle, un astrophysicien tenu pour original et qui a
sa vie durant été un détracteur de la théorie de Lemaître, qui a
ironiquement baptisé la théorie de ce dernier « Big Bang » lors
d’une émission à la BBC dans les années 1950. L’homme ne
se doutait pas que ce nom qu’il voulait dénigrant allait devenir
la formule phare retenue par l’humanité entière pour évoquer
la théorie du chanoine belge. Et encore moins qu’il représenterait
un modèle à succès de la fine horlogerie suisse.
Pourquoi Hublot a-t-il décidé de baptiser « Big Bang
» un nouveau modèle qui allait devenir une véritable
collection au sein de la marque ?
Ricardo Guadalupe - J’avais 15 ans quand Hublot
est né en 1980. A l’époque, la marque avait lancé une
montre en or jaune qui est un matériau millénaire, avec un
bracelet en caoutchouc qui était un matériau moderne. A
l’arrivée de Jean-Claude Biver chez Hublot, (ndlr : fameux
pour avoir déjà relancé Omega et Blancpain), j’ai lancé la
Big Bang avec lui en 2005 : également en or jaune avec
un bracelet en caoutchouc. Comme message de marque,
Biver estimait que par rapport à la toute première montre
de la Maison, Hublot représentait l’art de la fusion qui
connectait la tradition à l’innovation. Nous nous sommes
dits que pour une nouvelle collection, Big Bang serait un
nom fort à côté de Nautilus ou Royal Oak, par exemple.
C’est ainsi qu’elle est née.
128 dans le monde. La moitié nous appartient, l’autre
moitié est en franchise avec un détaillant. Et nous sommes
présents dans environ 600 points de vente multimarques,
qui passeront peut-être à 500 pour atteindre à terme 150
à 160 boutiques monomaques. Nous veillerons à respecter
un certain équilibre.
Le groupe LVMH, auquel vous appartenez, va relancer
les marques Gerald Genta et Daniel Roth. Hublot
intervient-il dans la relance de ces deux maques dont
le savoir-faire avait quelque peu légitimé l’horlogerie
Bulgari quand le bijoutier romain les avait rachetées
avant de cesser leur production, une fois inclus luimême
dans le groupe LVMH ?
Jean Arnault, le fils cadet de Bernard Arnault en
charge de l’horlogerie chez Louis Vuitton, chapeaute
cette relance opérée par sa propre manufacture, La
Fabrique du temps. Deux super-horlogers aussi réputés
qu’expérimentés, Michel Navas et Enrico Barbasini, se
penchent sur ces montres. Mais il existe évidemment
des synergies pragmatiques au sein du groupe. Puisque
Hublot est expérimenté en céramique, Louis Vuitton peut
profiter de notre expertise et nous-mêmes recourons au
légendaire mouvement El Primero de Zenith pour nos
pièces de forme tonneau, par exemple. n
Le CEO Ricardo
Guadalupe et l’artiste
japonais Takashi
Murakami.
Quatre points de vente en Belgique (Bruxelles,
Bruges, Anvers et Waregem), et quatre autres à
deux pas de nos frontières (Lille, Maastricht et deux
à Luxembourg), c’est beaucoup pour du haut de
gamme sur un territoire grand comme un mouchoir.
Ce n’est pas encore Dubaï où nous en avons 11, mais
il est vrai que votre marché est important pour Hublot. La
question qui se pose aujourd’hui est de savoir si Bruxelles
mérite par exemple qu’on y ouvre une boutique Hublot.
On y songe et on se dit qu’il y a une possibilité. Une
boutique à Bruxelles signifierait dans la foulée un arrêt en
multimarques. Mais nous ne prévoyons pas de remplacer
tous les points de vente par des boutiques. Nous en avons
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