Miles #45 - ALFREDO HÄBERLIS - DESIGNER DU TEMPS ET DU COMPORTEMENT

Pourtant, c’est un vin rouge du domaine, le Giró de Abargues,
que le critique Robert Parker a désigné Vin de l’Année en 2020.
« Je ne produis pas des vins, mais des rêves », prétend Don Pepe..
JOUR 2
Nous commençons la journée comme nous avons terminé la
veille : baignés dans le vin. À Xaló, Oscar (29 ans) et Marina (31
ans), frère et sœur, dirigent l’entreprise familiale Bodegas Rico
Winery avec beaucoup d’ardeur écologique. « C’est un travail
de 50 ans, mais les raisins s’améliorent déjà au bout de 4 ans »,
affirme Oscar. La dégustation confirme ses dires. « Nous retrouvons
des cépages oubliés et les remettons à l’honneur.
Nous intervenons le moins possible dans le vignoble et, au
besoin, nous privilégions toujours les solutions naturelles. En
effet, l’ingrédient principal d’un bon vin, c’est la terre. »
Délicieusement local
À Xaló, Carnisseria Campanatge et La Vicentica servent des
spécialités locales : chez le boucher, la sobrassada (saucisse
de porc tendre, deux variétés de paprika en poudre, sel et
poivre noir), la pelota (boulettes de viande) et la morcilla de
cebolla (boudin noir) ; chez le boulanger, empanadas (chaussons,
ceux aux amandes sont mémorables), ensaemadas
(brioches sucrées roulées) et cocas (pâte levée et garnie, existe
en version sucrée ou salée).
Nous prenons notre lunch à Senija, un village où l’on peut voir
des peintures murales. Casa Manola y propose une cuisine
locale : espencat (mélange de poivron rouge, d’aubergine,
d’oignon et de tomate), coca aux anchois, paquetitos de col
(feuilles de chou farcies au haché et cuites à la vapeur), calidero
(plat à base de poisson et de riz à la consistance d’une
soupe), bojos (pains de maïs farcis au fromage et au persil),
gigantesque poêle d’arroz con chancho (variante locale de
la paella, ici à base de porc, de poivrons rouges et de champignons).
À cela viennent s’ajouter trois généreuses parts de
tarte, dont une incomparable tarta de almendras (amandes).
L’ambiance est détendue et conviviale — encore une caractéristique
de l’esprit Costa Blanca Slow.
Près du cimetière haut perché de Lliber, nous quittons le Val
de Pop face à une vue grandiose : sous nos yeux s’étend la vallée,
agenouillée devant les montagnes de la Sierra de Alfaro.
Notre chemin se sépare aussi de celui de Joan/Juan/Jean-Bernard
— un bon guide, c’est le début d’une amitié. Mais avant
cela, celui-ci nous emmène à la station balnéaire de Calpe, car
nous voulons toucher El peñon de Ifach de nos yeux. Visible
à des kilomètres à la ronde, ce rocher de 332 mètres de haut
surplombant la mer caractérise le paysage tout entier.
JOUR 3
Le jardin des oliviers
Nous serpentons entre les sommets de la Sierra de Alfaro : le
trajet (64 km) de Benissa à Millena fait partie de la Ruta 99, un
itinéraire traversant treize villages oubliés de moins de 100 habitants.
Chaque virage se présente comme un livre d’images,
révélant des paysages vallonnés et verdoyants, et des grappes
de maisons négligemment agglutinées aux flancs des montagnes.
Ici, la priorité va à l’improvisation — faire halte où bon vous
semble pour faire une promenade ou toute autre activité de
votre choix. Mais nous, nous avons une destination, que nous
atteignons à midi : l’entreprise de production d’huile d’olive
de Millena, Almazara de Millena.
C’est une entreprise familiale. Le fils Mauro Ferrando Villaplana
(cinquième génération) nous conduit parmi d’innombrables
oliviers, son Range Rover crapahutant le long
de pentes abruptes. Ici, les terrasses empêchent l’érosion.
Il nous montre les différentes variétés d’olives — blanqueta,
arbequina, villalonga —, ainsi que le Phantom of the Opera,
Pepe Mendoza
(dont les produits
se vendent jusqu’en
Belgique) crée des vins
de rêve.
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