Miles #45 - ALFREDO HÄBERLIS - DESIGNER DU TEMPS ET DU COMPORTEMENT
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VOYAGE<br />
L’INDOLENCE DE LA COSTA BLANCA<br />
Tout le monde connaît le littoral de la Costa Blanca : Benidorm, les plages, la vie nocturne, la Méditerranée. Pourtant, derrière<br />
la côte blanche se cache une multitude de trésors. Nous partons à la découverte du concept Costa Blanca Slow…<br />
Ben Herremans , Photos : Mieke Florizoone<br />
JOUR 1<br />
Nous atterrissons sans encombre à Alicante. Ensuite, nous<br />
mettons le cap sur le nord, direction Valencia, au-delà de<br />
Benidorm, sa mer scintillante et ses immeubles d’appartements<br />
au loin. Nous traversons le Val de Pop et sillonnons<br />
l’un des territoires espagnols les plus montagneux, avec 26<br />
sommets de plus de 1.000 mètres.<br />
Le Val de Pop. Dans le dialecte local, la région s’appelle<br />
Jalón, ou encore Xaló. On y parle deux langues : l’espagnol<br />
et le valencien. « Le Val de Pop désigne un groupe de huit<br />
villages », raconte le guide. Il se fait appeler Joan ou Juan,<br />
mais en réalité, il est d’origine française et se prénomme<br />
Jean-Bernard.<br />
Des villages ? Disons plutôt des hameaux, de petits points<br />
qui constellent la vallée. Lorsque nous les traversons, certains<br />
s’éloignent déjà dans le rétroviseur au bout d’une rue<br />
à peine. Costa Blanca Slow ne fait pas seulement référence<br />
au rythme du voyageur, ce concept entend aussi préserver<br />
le patrimoine. « Ici, les choses peuvent rester telles qu’elles<br />
étaient », explique Joan. Nous aussi, nous ralentissons et flânons<br />
dans les rues comme si le temps s’était arrêté. Entretemps,<br />
les touristes de la côte sont partis, mais restent<br />
néanmoins proches : les plaisirs de la plage s’étendent à<br />
une dizaine de kilomètres à peine.<br />
Rêves et raisins<br />
Ce voyage, c’est aussi cueillir les fruits de la terre. Sur le<br />
plan architectural, la région se distingue par ses riurau. Ces<br />
constructions élémentaires ouvertes d’un seul côté se composent<br />
de colonnes et d’arches appelées ulls (yeux) qui sont<br />
dirigées vers le soleil. On y sèche le raisin depuis le XVIIIe<br />
siècle. À l’aide d’un panier en maille (escaldà de la pansa),<br />
les fruits sont tout d’abord plongés durant quinze secondes<br />
dans un mélange de Javel (lligiu) afin que leur peau devienne<br />
plus poreuse. Ensuite, ils sèchent sur des nattes en<br />
osier. Cette technique de séchage, les producteurs de raisins<br />
secs la doivent aux Arabes — les Maures se sont installés dans<br />
la région vers 711 jusqu’à la fin du XIIIe siècle, et leur présence<br />
a laissé des traces.<br />
Nous passons des raisins secs au vin. En viticulture, la population<br />
locale a également profité de l’enseignement de ses<br />
occupants : les Arabes à nouveau (ils ont aménagé les pentes<br />
en terrasses), mais auparavant aussi les Romains et les Phéniciens.<br />
Pepe Mendoza est une légende dans la région : les<br />
débouchés de cette maison viticole s’étendent bien au-delà<br />
des frontières. Sa spécialité est le moscatel, c’est-à-dire le raisin<br />
doux de muscat. « Ici, le cépage acquiert une note saline<br />
grâce à la proximité de la mer », peut-on entendre durant<br />
la visite guidée des vignobles. « D’autres éléments gustatifs<br />
sont le fer et l’argile, dont les sols regorgent. »<br />
Costa Blanca Slow, le<br />
charmant arrière-pays<br />
de Benidorm (ici : le<br />
village de montagne<br />
de Sella).<br />
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