Turquie ou au Mali », « un livre sur Le Corbusier ou le souvenir d’une exposition Anni et Josef Albers à Paris (ndlr – au Musée d’Art Moderne en 2021) peuvent soudain déclencher une inspiration, trois collection plus tard », « la musique m’interpelle : opéra, pop, reggae, jazz, classique… , mais aussi la littérature et la poésie : Patti Smith ou Ocean Vuong, par exemple, pour la virtuosité de leur simplicité. » Si clichés et copies lui sont étrangers, des dénominateurs communs entre habits réalisés et portés à des époques ou en des lieux différents nourrissent une créativité qui s’exprime par une sorte de multiculturalisme inversé, très éloigné de l’acculturation ou de l’appropriation culturelle. « En voyage, le regard est plus alerte et la capacité d’émerveillement est plus grande, ce qui vous permet ensuite de tisser des liens avec vos propres culture et connaissance », souligne-t-il. Intemporel = durable La différence entre l’art et l’art appliqué est ténue dans le cas de Jan-Jan Van Essche : « je produis des objets utilitaires, destinés à être portés. Mais je ne répudie plus aussi catégoriquement qu’avant le terme artiste ». De collection en collection, chez lui, le thème reste souvent le même : « Je progresse tout simplement dans la découverte de ce qui a toujours nourri mon inspiration dans l’étude des patrons et formes vestimentaires, et la recherche de la liberté de mouvement et d’intemporalité ». Pour ce créateur, intemporel signifie d’ailleurs d’abord durabilité en matière de qualité des tissus, de la coupe et des couleurs. Et non pas une indépendance par rapport à l’époque : « Car nous sommes tous des enfants de notre époque. » « Mes habits sont en premier lieu conçus pour les personnes qui les portent et ensuite seulement, pour ceux qui les regardent. Je recherche aussi des coupes idéales universelles qui conviennent à pratiquement tout le monde. » Pour lui, enfiler un pantalon et remarquer tantôt l’absence de couture là où on en attendait une, tantôt une couture intérieure entièrement liserée, tout cela procure l’effet d’un cadeau raffiné qu’on se fait à soi. « Dans ma conception de la mode, c’est une question de respect pour le client, quand on appartient à un segment de prix/qualité donné. Nous sommes loin du tee-shirt affublé d’un logo dont l’intérieur affiche un simple assemblage avec un point overlock. Certains, dans la mode, sont adeptes d’un ton ironique, voire cynique ; moi j’ai plutôt besoin d’un regard bienveillant (« koesterend »). » Doux et obstiné Un visage souriant de jeune sage barbu à l’air patient, le regard aussi doux qu’obstiné - il faut l’être pour porter des dreadlocks qui toucheront bientôt terre - Jan-Jan Van Essche (ne vous risquez pas à l’appeler Jan tout court, il ne vous répondra pas…) cultive une vision aussi consistante pour ce qu’il veut faire que pour ce qu’il ne veut surtout pas faire. La reconnaissance à la suite du défilé florentin à Pitti Uomo, le salon de mode masculine le plus prisé de la planète, engendrera sans doute une plus grande demande. Ce à quoi l’homme ne répugne pas, pour autant qu’elle n’implique pas qu’il doive changer sa vision des choses... n www.janjanvanessche.com www.ateliersolarshop.be www.pittimmagine.com Jan-Jan Van Essche : un regard aussi doux qu’obstiné. 56 Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV
LITTÉRATURE AU-DELÀ <strong>DU</strong> ROMAN POLICIER Cette année marque les 120 ans de la naissance de l’écrivain belge Georges Simenon, le romancier de langue française le plus vendu, traduit et adapté du 20e siècle. <strong>Miles</strong> a rencontré son ls ohn . l nous a parlé de l’uvre de son pre et de son intért pour les montres et les belles voitures. Serge Vanmaercke Georges Simenon, l’auteur belge le plus vendu, traduit et adapté du 20e siècle. Toute copie non autorisée est strictement interdite sans le consentement écrit préalable de Produpress SA/NV 57