Essais & Simulations 154
Spécial Hydrogène Du point de vue des essais, où en est-on ?
Spécial Hydrogène
Du point de vue des essais, où en est-on ?
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DOSSIER<br />
QUELS SONT LES GRANDS CHANTIERS À VENIR POUR<br />
FRANCE HYDROGÈNE ?<br />
Ils sont de trois ordres. Le premier consiste, pour les<br />
porteurs de projet, à donner de la visibilité sur la ressource<br />
en électricité et son prix sur une période de dix à quinze<br />
ans. Ensuite, il s’agit de compléter la législation et la réglementation<br />
relative à l'hydrogène. L'hydrogène est encore<br />
trop souvent considéré comme un produit chimique : il<br />
doit acquérir au plus vite le statut de vecteur énergétique<br />
d'où des réglementations à créer ou à adapter. Enfin, le<br />
troisième chantier porte sur les dispositifs de formation ;<br />
il fait suite aux travaux réalisés par France Hydrogène en<br />
2021 (référentiel métier), en 2022 (adaptation des métiers<br />
aux spécificités de l'hydrogène) et plus récemment au projet<br />
DEF’HY (identifier l'ensemble des formations disponibles<br />
et établir des recommandations pour améliorer les dispositifs<br />
de formation).<br />
L'HYDROGÈNE SEMBLE ENCORE SOUFFRIR DE SON<br />
COÛT EN MATIÈRE D'INSTALLATIONS ET D'UNE<br />
RÉPUTATION PARFOIS D'ÊTRE UNE MOLÉCULE<br />
PRÉSENTANT DES DANGERS. QUE RÉPONDEZ-VOUS<br />
AUX DÉTRACTEURS DE L'HYDROGÈNE ?<br />
Il est vrai que le coût des technologies de l'hydrogène est<br />
encore élevé en raison de la faible massification et d’une<br />
industrialisation qui a à peine commencé en France. C'est<br />
pourquoi, après une phase marquée par le développement<br />
de démonstrateurs financés par L’Europe, par l'Ademe<br />
et/ou par les collectivités, il faut aller maintenant vers la<br />
constitution d'écosystèmes territoriaux d'envergure. Pour<br />
ce faire, il faut mutualiser les usages entre la mobilité et<br />
l'industrie de façon à massifier et bénéficier des effets de<br />
taille. La construction de gigafactories pour la production<br />
massive d’électrolyseurs, de piles à combustible, de réservoirs<br />
d’hydrogène pour la mobilité ainsi que de véhicules,<br />
va permettre également de passer à l'échelle industrielle<br />
et de réduire les coûts.<br />
En matière de sécurité, il est important de rappeler que<br />
toute utilisation d’énergie présente des dangers et des<br />
risques. S’agissant de l’hydrogène, les approches de maitrise<br />
des risques doivent tenir compte de ses propriétés physico-chimiques.<br />
Aussi, l’hydrogène est utilisé en grandes<br />
quantités depuis plusieurs décennies dans l’industrie (raffinage,<br />
ammoniac, chimie) ; ce n’est donc pas un gaz nouveau<br />
pour les industriels. Pour l’industrie, la substitution d’hydrogène<br />
issu du vaporeformage par de l’hydrogène électrolytique,<br />
généralement au sein de plateformes chimiques/<br />
industrielles qui en utilisent déjà, présente peu d’enjeux<br />
nouveaux en matière de sécurité. Un des défis consistera en<br />
revanche à maitriser les technologies d’électrolyse de très<br />
Afin de résoudre<br />
le problème lié<br />
aux coûts encore<br />
élevés de l’hydrogène,<br />
il est<br />
essentiel de<br />
mutualiser les<br />
usages entre la<br />
mobilité et l'industrie<br />
(DR)<br />
forte puissance (supérieures à 100 MW) pour lesquelles<br />
on dispose encore peu de retours d’expérience.<br />
L’enjeu en matière de sécurité se situe principalement au<br />
niveau du déploiement des nouveaux usages, notamment<br />
dans la mobilité pour laquelle les infrastructures de production<br />
et de distribution seront plus petites et également plus<br />
diffuses, ce qui multipliera le nombre d’installations et<br />
donc augmentera nécessairement les risques. Les technologies<br />
(électrolyseurs, stockages et réservoirs composites,<br />
compresseurs, stations de distribution, piles à combustible…)<br />
disposent encore peu de retours d’expérience quant<br />
à leur utilisation en conditions réelles, hors des démonstrateurs.<br />
Il est possible en revanche de s’appuyer sur l’expérience<br />
d’autres filières comme le GNV par exemple, qui<br />
utilise des technologies similaires (réservoirs composites)<br />
et des hautes pressions (supérieures à 200 bar).<br />
Aussi, comme pour toute nouvelle énergie qui se développe<br />
(comme celle des batteries), il faut veiller à recenser<br />
efficacement les accidents/incidents et analyser/profiter de<br />
ce retour d’expérience pour améliorer nos connaissances<br />
et en tirer des leçons afin d’adapter nos pratiques et, in<br />
fine, les règlementations et les normes associées. Il faut<br />
également mettre en place les canaux de partage entre les<br />
différentes filières (industrie, mobilité routière, fluviale,<br />
maritime, aérienne…) afin que les connaissances et les<br />
bonnes pratiques acquises dans l’un des secteurs puissent<br />
bénéficier aux autres, sur les hypothèses de défaillance<br />
d’équipements et de composants, ou encore sur les mesures<br />
de maitrise et de gestion des risques mises en place. Enfin,<br />
on doit s’assurer de développer en parallèle les formations,<br />
les habilitations et les certifications pour les personnels<br />
amenés à manipuler les technologies utilisant l’hydrogène.<br />
C’est en particulier sur ces points que France Hydrogène<br />
travaille.<br />
Propos recueillis par Olivier Guillon<br />
32 I IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>154</strong> • N°<strong>154</strong> • mai • octobre - juin - juillet - novembre 2022 - décembre 2023