Demande au vent
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grands frères, les Bubba. Parce que les types dans son genre, les<br />
faiblards qui se croient malins, sont le gibier le plus facile.<br />
J’allais encore exploser et Fab l’a senti. Il s’est garé devant la<br />
première boutique d’alcools.<br />
En sortant de voiture, j’avais le cerve<strong>au</strong> lancé en pleine folie.<br />
Et la sensation que mon corps pouvait lâcher à tout moment lui<br />
<strong>au</strong>ssi. La n<strong>au</strong>sée, de nouve<strong>au</strong>. Avec ces émotions en rafales, je<br />
n’avais pas dormi plus de quatre ou cinq heures les dernières<br />
nuits. Je me disais qu’un verre me relaxerait la tête et aiderait le<br />
corps à ne pas vomir ni mourir. J’espérais cette fois arriver à me<br />
calmer. Depuis des mois, le whisky ne réussissait plus qu’une<br />
fois sur deux.<br />
J’ai pris une bouteille et une cartouche de Marlboro et de<br />
retour dans la voiture j’ai dit à mon frère que j’étais désolé de lui<br />
avoir fait peur. Qu’en ce moment j’étais malade, incohérent,<br />
irresponsable. Voilà pourquoi je passais mon temps derrière les<br />
verrous. Il a fait la tête du type qui a tout compris. J’étais un<br />
débile profond, un dérangé, mais pour lui ça n’était pas un<br />
drame.<br />
De nouve<strong>au</strong> la Country roulait plein sud sur la Cienaga. « Tu<br />
as vu comme tu trembles ? dit-il.<br />
— Je sais, » dis-je. J’ai ouvert la bouteille et bu un coup <strong>au</strong><br />
goulot. « Ça devrait aller d’ici une minute ou deux.<br />
— Explique-moi, pourquoi t’es-tu acharné sur cette pédale ?<br />
Tu avais des yeux de fou, j’ai cru que tu allais le tuer. Tu te mets<br />
toujours dans cet état quand tu te bagarres ?<br />
— Au départ, c’est lui qui a pété les plombs. Et moi je n’ai pas<br />
pu me contrôler.<br />
— Tu étais conscient de tes gestes ?<br />
— Conscient mais insensible. Ça m’arrive de temps en temps,<br />
je ne sens plus rien. »<br />
Après une nouvelle et longue lampée, j’ai tendu la bouteille à<br />
Fab. Je regrettais mes paroles, mes provocations, et je n’étais<br />
pas sûr d’être déjà pardonné.<br />
Ça m’a fait drôle qu’il prenne la bouteille et boive un coup, et<br />
qu’il me la rende. La tremblote ralentissait.<br />
« C’est vrai, dit Fabrizio, la langue ensalivée par la brûlure<br />
du whisky, tu as hérité du point faible de papa, sa méchanceté.<br />
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