Demande au vent
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Je m’appelle Bruno Dante et voici ce qui m’arrive. Le 4<br />
décembre, le service des alcooliques et malades ment<strong>au</strong>x de<br />
l’hôpital Saint-Joseph de Cupertino, dans le Bronx sur Mosholu<br />
Parkway, m’a laissé sortir. On m’a relâché, pour changer.<br />
Comme à chaque cure, j’ai constaté l’<strong>au</strong>gmentation des tarifs.<br />
Cette fois, je m’étais poignardé pendant un trou noir. C’était<br />
encore pire que d’habitude et ils ont failli ne pas me prendre.<br />
Tout ce que je voyais, en arrivant à l’hôpital, c’était du sang, le<br />
sang qui coulait de mon <strong>vent</strong>re sur mes habits.<br />
La cure durait vingt-huit jours. L’assurance d’Agnès, ma<br />
femme, avait payé le premier séjour à Saint Joe, qui m’avait<br />
profité. J’ai fréquenté un psy pendant deux ans avant de<br />
rechuter – dix jours de cuite et tentative de suicide. Cocktail<br />
alcool-cocaïne. La deuxième fois, la note a s<strong>au</strong>té de huit mille<br />
cinq cents dollars à douze mille, et là nous en étions de notre<br />
poche. Il nous restait de l’argent à la banque, mais j’ai quand<br />
même arrêté le psy parce que ça n’allait pas mieux, je buvais<br />
toujours. Le dernier séjour, le troisième, j’y suis allé <strong>au</strong>x frais de<br />
l’Assistance. Sinon, ça m’<strong>au</strong>rait coûté vingt-cinq mille.<br />
Quand je bois plusieurs jours d’affilée, surtout du vin, je<br />
pense trop, ma tête a envie de me tuer. Et la dernière fois, je me<br />
suis retrouvé dans un trou de campagne, lit vissé <strong>au</strong> sol et moi<br />
sanglé sur le lit.<br />
C’est Agnès qui m’a fait transférer à Saint Joe. Une désintox,<br />
pour les gens norm<strong>au</strong>x, ce n’est pas la prison. Une personne<br />
normale, c’est quelqu’un qui ne se réveille pas un matin avec un<br />
coute<strong>au</strong> dans le <strong>vent</strong>re. Moi si, j’ai des moments d’absence et<br />
plus ça va, plus j’oublie ce que je fais pendant. Des trous noirs,<br />
exactement, je sais de quoi je parle.<br />
Si mon comportement est sou<strong>vent</strong> extrême, destructeur,<br />
c’est qu’à jeun, quand la mémoire revient ou qu’on me raconte<br />
mes exploits, je ne me supporte pas. Je rebois pour oublier. Du<br />
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